Maurice Philippe CALMETTES 1913 – 1991

Garrison cap of Lieutenant Maurice Calmettes from the 1st Moroccan Spahi Regiment (reconnaissance unit of General Leclerc’s 2nd Armoured Division, Spahis were originally horse mounted troops) with his dog tags and his commemorative medal for voluntary service for Free France (markings on the back: 18 June 1940 – 8 May 1945).
Maurice Philippe Calmettes (1913-1991):
My name is Maurice Roger Philippe Calmettes and I was born on 19 June 1913 in the 10th district of Paris.
I was called up for military service in 1933. I waived my deferment on 10 October 1935 and was assigned to the 3rd Hussars Regiment.
I was appointed as Brigadier-chef (litterally senior corporal, rank wich doesn’t exist in the US Army) and went in the Ecole de cavalerie in Saumur (Maine-et-Loire) late April 1936.
On 3 October, I was promoted Sous-lieutenant (2nd Lieutenant) in the reserve and assigned to the 1st Dragoon Battalion. I got sent back home on 3 October 1936.
In July 1938, I became part of the reserve of the colonial infantry and got called up in the motorised platoon in Djibouti on 3 September 1939.
After the French defeat, I was demobilised on 18 September 1940.
Then, I was called up once more and was assigned to the Senegalese Tirailleurs Regiment on 1 October 1941. On 1 April 1942, I was again demobilised and sent back home on 14 May 1942.
On 16 February 1943, I volunteered to enlist in the Free French Forces and was assigned to the 1st Moroccan Spahi Regiment on 30 October.

I left the Somali cost on 17 November 1943 and landed in Rabat (Morocco).
On 24 April 1944, I embarked in Oran (Algeria) with my unit to arrive in the UK on 12 May 1944. Then, on 30 July we embarked in Southampton to land in Normandy in Grand-Camp on 1 August.
With the 5th squadron of the 1st Moroccan Spahi Regiment of General Leclerc’s 2nd Armoured Division, I took part in the end of the Normandy battle, Paris liberation and Vosges Campaign, during which I got injured on 25 November. I joined again my unit on 8 March 1945 after my recovery. On 25 June, I was promoted Captain in the reserve.
I stayed in the operational reserve (Air Force weather service) until 1967.
After the war, I worked in Paris as an engineer in Météo-France.
Maurice Calmettes died on 20 August 1991 in Créteil (Val-de-Marne) and was buried in Père-Lachaise cemetery in Paris.
Commendation in the order of the Division #66 on 1 November 1944:
“Platoon chief full of enthusiasm in charge on 23 September 1944 of the reconnaissance of the edge of Mondon Forest and the village of Bénaménil (Meurthe-et-Moselle). Perfectly accomplished this mission. Taken into an action near the village by 2 enemy anti-tanks with 1 tank destroyed and another broken down under fire. Despite the violent enemy reaction, managed to unhook his detachment, bring back the wounded and made the resumption of forward movement easier for another detachment.”

His decorations:
Chevalier of the Legion d’honeur
Ordre national du Mérite
Croix de guerre 1939-1945
French Resistance Medal
Volunteer combatant’s cross 1939-1945
Aeronautical Medal
Colonial Medal of the Somalis Costs 1940-1941
Commemorative Medal 1939-1945 with “volunteer” clasp

Tombe de Maurice Calmettes au cimetière du Père-Lachaise à Paris
Guy Edouard Georges HUBER 1925 – 1945

My name is Guy Huber and I was born on 19 August 1945 in Paris.
Before I enlisted on 9 November 1944 for 3 years in the general service of the Troupes coloniales (French Colonial Troops), I was a metal turner.
I was assigned to the 7th Company (II Battalion) of the 6th Colonial Infantry Regiment (RIC in French).
On 23 January 1945, I was killed by a shrapnel in Kingersheim (Haut-Rhin) during one of the numerous bombings of the German artillery.
After the 20 January 1945, the 6th RIC has lost 65 officers, non-commissioned officers or soldiers, either wounded or dead.
I rest in peace next to my brothers in arms in the National Necropolis “Les Vallons” in Mulhouse (Haut-Rhin). There lie 1,675 French or foreign soldiers, resistants, prisoners of war and draftees of the Reichsarbeitsdienst (Reich Labour Service) of all religions.

Guy Huber was posthumously commended on the order of the Brigade by decision #7: HUBER Guy Edouard Georges – 2nd Class (private) – 6th RIC – age group 1945 – identification 47114 – 1st region recruitment :
“Brave and fearless soldier. Had a glorious death during the fight in Kingersheim on 23 January 1945”
on 22 March 1952 in Paris signed by Pierre de Chevigné (Secretary of State for War from 1951 to 1954).

In 1952, he was posthumously awarded the Military Medal with the following commendation: HUBER Guy Edouard Georges – 2nd Class (private) – 6th RIC – age group 1945 – identification 47114 – 1st region recruitment :
“Brave and fearless soldier. Had a glorious death during the fight in Kingersheim on 23 January 1945. Was commended.”
On 23 May 1952 in Paris signed by Vincent Auriol (President from 1947 to 1954).




The other 6th RIC soldiers killed on 23 January 1945 who are buried in the National Necropolis “Les Vallons”:












Bernard Arnoux de MAISON ROUGE 1908 – 1967

En récupérant ses plaques d’identification du modèle us, un grade de boutonnière de Capitaine, ses pattes de col régimentaire et un insigne de poitrine du 5ème Régiment de Chasseurs d’Afrique (5ème RCA) où il fut affecté le 16 mars 1943 nous sauvegardons la mémoire d’un Grand soldat ayant consacré toute sa vie au service de la France, particulièrement lors des campagnes de France, d’Indochine et d’Algérie.
Pour définir l’esprit qui l’anime on peut lire en introduction dans un livre écrit post mortem, qui raconte sa vie et son parcours militaire : “…il coulait dans ses veines, tant du côté paternel que maternel, un sang généreux qui avait fait ses preuves au long des siècles. Ses aïeux lui avaient tracé le chemin du Devoir, de la Droiture, du Don de soi et de l’Honneur.”
-Grand-officier de la Légion d’honneur,
-Croix de guerre 1939-1945 (7 citations),
-Croix de guerre des théâtres d’opérations extérieurs (2 citations),
-Croix de la Valeur militaire (4 citations),
-médaille coloniale avec agrafes « Tunisie 1942-1943 » et « Extrême-Orient »,
-médaille commémorative 1939-1945, médaille commémorative d’Indochine,
-médaille commémorative des opérations de maintien de l’ordre en Afrique du Nord,
-médaille des Blessés,
-chevalier des Palmes Académiques, médaille d’honneur de l’Éducation physique et des Sports,
-officier de l’Ordre du Million d’Éléphants et du Parasol blanc (Siam),
-commandeur de l’Ordre national (Vietnam),
-commandeur de l’Ordre du Mérite militaire (Brésil).
Il était en outre légionnaire de première classe honoraire.
Né le 3 février 1908 à Provins (77), enfant, il a le malheur de perdre sa mère, puis deux frères, Gilbert-Antoine (1892-1918), et Antoine (1895-1917), officiers pilotes morts pour la France au cours de la Première Guerre mondiale. Entré à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr le 6 octobre 1927, il en sort deux ans plus tard classé 36e sur 339 élèves (promotion maréchal Gallieni).
Le 9 février 1939, il rejoint l’école militaire et d’application de la cavalerie et du train où il est promu capitaine le 25 juin 1939.
Le 27 août 1939, à la mobilisation, il est affecté à l’état-major des forces aériennes de la 2e division de cavalerie. Il y reçoit le baptême du feu comme observateur en avion.
Il se montre tout de suite un commandant d’unité remarquable, intelligent, actif, clairvoyant. Au cours des opérations actives, il se révèle un combattant de grande classe, d’un cran magnifique, entraîneur d’hommes. Blessé par balle à la main le 12 mai 1940 à Dornac en Belgique, au cours d’un dur combat d’arrière-garde, il rejoint le régiment après la destruction des ponts de la Meuse.
Le 28 juin 1940, il sera cité à l’ordre de l’armée. « Magnifique officier, chargé le 12 mai 1940 de protéger le repli du régiment devant Dornac a tenu jusqu’à la dernière limite, restant seul avec un sous-officier et un cavalier pour servir un FM et remplissant intégralement sa mission. Après le repli de ses pelotons, a réussi à s’échapper à pied et à traverser la Meuse après l’explosion des ponts. Blessé à la main droite au cours de l’action. »
Au cours de la retraite du 17 au 24 mai, il fait preuve d’une grande résistance physique et d’un sens aigu de la situation, secondant admirablement son chef et contribuant à ramener un détachement monté du régiment de la Belgique au Sud de la Seine. Le 1er juin 1940, le 31e RDP ayant été réorganisé, il reçoit le commandement du 2e escadron, unité de fusiliers-voltigeurs, qu’il mène au feu à peine constitué avec un brio extraordinaire, prenant part à tous les combats de la 7e DLM du 10 au 16 juin. Encerclé le 16 juin étant en arrière-garde, il réussit à rejoindre les lignes françaises, faisant en quinze jours plus de 200 kilomètres à pied en région occupée.
Le 23 juin 1940, il est cité à l’ordre de la 7e DLM : « Commandant un escadron chargé le 12 juin 1940 de couvrir l’aile gauche d’un régiment voisin, a pris le contact avec la plus grande énergie devant Hauvillers (Marne) et a arrêté la progression d’un ennemi supérieur en nombre et en moyens. Entraîneur d’hommes obtenant de son unité de magnifiques résultats. »
Le 21 août 1940, il est fait chevalier de la Légion d’honneur (rang du 4 juillet 1940) avec la citation suivante : « Officier qui, s’est signalé par son courage, son entrain, sa foi inébranlable. Toujours sur la brèche au cours des durs combats du 10 juin 1940 devant Juniville (Ardennes), du 11 juin devant Selles (Marne), du 12 juin devant Hauvillers (Marne), du 13 juin devant Vauciennes (Marne) a galvanisé son unité à bout de souffle et ne s’est jamais replié que sur ordre. En arrière-garde du régiment, le 16 juin, et encerclé à Saint-Léger-Vauban (Yonne) par des chars ennemis, a fractionne son escadron en petits groupes et a réussi avec l’un d’eux à rentrer dans les lignes françaises parcourant à pied en pays entièrement occupé plus de deux cents kilomètres en 14 jours. »
Affecté au 14e régiment de dragons portés le 10 juillet 1940, après la dissolution du 31e, puis au 8e, à Issoire, le 1er septembre, après la dissolution du 14e, il reçoit le commandement du 2e escadron à cheval ; il se dépense sans compter pour mettre sur pied un escadron formé d’éléments les plus divers ; grâce à son influence, il réussit à constituer une unité très soudée, aimant son chef, animé d’un esprit de discipline très stricte. Sa connaissance de la région lui permet d’organiser sans délai la résistance en camouflant des stocks d’armes et de munitions, et jusque dans sa maison familiale de La Roche, près d’Aigueperse
Dès la lutte reprise, les cadres de l’École constituent, en Tunisie, l’état-major de la 1re brigade légère mécanique ; le 1er décembre 1942, le capitaine de Maison-Rouge prend la fonction de chef d’état-major du groupement nord. En décembre 1942, au cours des furieuses attaques de Kesselring, dans la région de Pichon, il se distingue par son attitude courageuse et son esprit de décision ; noté par le général Touzet du Vigier comme un « chef d’une trempe exceptionnelle », il est cité à l’ordre de l’armée le 21 avril 1943 : « Chef d’état-major d’un groupement, a secondé son colonel d’une façon remarquable. Au cours de l’attaque ennemie sur Pichon le 19 décembre 1942 a fait preuve des plus belles qualités d’énergie, de sang-froid et de bravoure en réorganisant sous le feu la défense fortement éprouvée par la violence de l’attaque ennemie. » Il est en outre proposé pour chef d’escadrons à titre exceptionnel.
Le 16 mars 1943, il est affecté au 5e régiment de chasseurs d’Afrique, à Alger, où il prend le commandement du 8e escadron.
Promu chef d’escadrons à titre temporaire le 27 juillet 1944 (rang du 25 juin), il est muté le 1er juillet au 2ème régiment de cuirassiers (colonel Durosoy), avec lequel il débarque en Provence, à Sainte-Maxime, le 15 août. Après les combats de Notre-Dame-de-la-Garde, des rives du Rhône, il se bat pour Beaune, Dijon et Langres. Dans les Vosges, au Bois le prince, en tête de groupements successifs à lui confiés, il mène des contre-attaques chars-infanterie, puis des coups de main, des embuscades de nuit où il ramène des prisonniers faits de sa main, tandis que les canons des chars, la fusillade et les grenades retentissent fantastiquement dans les sapins déjà glacés de la Haute-Moselle.
Le 12 janvier 1945, il est cité à l’ordre de l’armée :
« Chef dont la splendide bravoure et l’intelligente ardeur viennent à nouveau de se manifester avec éclat. Bien que chargé du service auto du régiment, a personnellement participé à l’action en première ligne spécialement à Marseille, puis au combat de Langres le 13 septembre où il a atteint le premier les portes de la ville. S’est distingué aux combats de Bois-le-Prince en exploitant avec succès l’attaque du 4 octobre, puis en nettoyant la position du Haut de la Parère, causant à l’ennemi des pertes sévères. Le 13 octobre, a commandé avec succès l’attaque de la Tête de Chapechatte solidement tenue, tuant un ennemi de se main et faisant des prisonniers. Le 15 octobre a brillamment réalisé l’occupation de Travexin à la tête des chars et d’une compagnie de parachutistes. »
Le 7 avril 1945, il est cité à l’ordre de la 1ère Division Blindée :
« Vient de donner de nouvelles preuves de ses qualités militaires et de sa bravoure en Alsace du 20 au 25 novembre en s’emparent le 21 novembre du village de Wittersdorff, solidement tenu, puis en pénétrant dans Altkirch libérée malgré une sérieuse défense antichars et des chars ennemis. A assuré la défense de la partie nord de la vielle face à Anspach pendant quatre jours, au contact d’un ennemi nombreux, sous un tir ininterrompu de mortiers et d’artillerie. »
Au cours de la campagne d’Allemagne, il force le passage du Neckar et du Danube, enlève Uttenveiler, sur la route d’Ulm, après un dur combat. C’est enfin l’Autriche dont il franchit la frontière l’un des premiers, s’emparant de centaines de prisonniers dont deux généraux. Le 23 juin 1945, il sera fait officier de la Légion d’honneur avec la citation suivante : « Splendide officier supérieur, chef de guerre dont la rayonnante bravoure et l’audace manœuvrière se sont encore surpassées au cours de la campagne d’Allemagne.
Bousculant l’ennemi à l’Est du Neckar à Weildorf et Geislingen, s’est emparé le 20 avril 1945 de Balingen, puis le 21, réduisant une forte résistance ennemie à Schweningen, a atteint et franchi de vive force le Danube à Haussen-Imtal. Au cours de la marche sur Ulm le 23 avril, a livré en tête de notre avant-garde un violent combat à Uttenweiler et s’en est emparé malgré une résistance acharnée, capturant 400 prisonniers et 11 canons. Le 24 avril, brisant les défenses ennemies à Wiblingen, a atteint avec nos premiers chars le pont d’Iller Brücke à la porte d’ULM. A ensuite capturé plus de 2000 prisonniers et 20 canons au cours des opérations de nettoyage au sud du Danube. Chargé à nouveau de l’avant-garde d’un groupement tactique en direction du coure supérieur de l’Iller, a atteint Immenstadt le 30 avril après un dur combat, puis nettoyé la région et franchi le premier la frontière autrichienne, capturant en particulier un état-major d’armée hongroise, un général de division allemand, leurs états-majors et plus d’un millier de prisonniers. Ces hauts faits font de lui l’un des meilleurs artisans de notre victoire sur l’Allemagne, après avoir été celui de la libération de notre pays. ».
Le 19 mai 1945, il est affecté à la 5e division blindée comme chef d’état-major du CC4. Il fait preuve à ce poste de très belles qualités d’initiative et d’ardeur. Le 1er septembre 1945, sa nomination de chef d’escadrons à titre temporaire est transformée de droit en nomination définitive. Chargé par le général de Lattre de la mise sur pied de l’École des cadres de l’armée, à Rouffach, il en conduit parfaitement la réalisation malgré des conditions difficiles.
Le 19 novembre 1945, il est nommé commandant de l’école de sous-officiers de Langenargen en Allemagne. Grâce à ses remarquables qualités et par le rayonnement de son magnifique passé, il fait bénéficier ses cadres et les nombreux stagiaires sortis de son école, des fruits de son expérience et leur communique son dynamisme et sa foi ardente dans l’armée et les méthodes d’instruction nouvelles. A plusieurs reprises, il reçoit des témoignages de satisfaction tant pour la présentation et l’organisation de l’école que pour la tenue irréprochable des élèves. Il est promu lieutenant-colonel le 1er janvier 1949.
Suivront les guerres d’Indochine et d’Algérie.
Victime d’un grave accident de santé en avril 1962.
Mis en disponibilité sur sa demande à compter du 1er janvier 1966, il est placé par anticipation, sur sa demande, dans la section de réserve le 1er mars 1966, laissant le souvenir d’un chef ardent et passionnément attaché au métier des armes.
Retiré au château de la Bâtisse, à Chanonat(63), il se consacre à la sauvegarde du patrimoine architectural de l’Auvergne et du Limousin.
Le général de division Arnoux de Maison-Rouge est décédé le 14 octobre 1967 à Chanonat (Puy-de-Dôme). Il est inhumé à Entraigues(84).



Roger Louis Henri GUILLAUME 1920 – 2006

Modèle réduit du chasseur-bombardier P-47D type 27RE Thunderbolt serial number 42-227295 sur lequel volait Roger GUILLAUME le 20 novembre 1944 lorsqu’il a été abattu au-dessus de Colmar par la défense anti-aérienne allemande. Il s’agissait du nouvel appareil du commandant du Groupe de Chasse GC II/5 La Fayette (d’où la présence de l’insigne avec les 2 escadrilles du Groupe : l’escadrille SPA 124 ‘La Fayette” avec la tête de séminole et l’escadrille SPA 167 Cigogne blanche à ailes hautes)
Mon Histoire :
Je m’appelle Roger GUILLAUME je suis né le 26/09/1920 à Libourne (33).
Enfant on père m’avait emmené voir un film d’aviation au cinéma : je suis émerveillé et je lui dis que je voulais devenir pilote !
En 1938 je m’engage enfin dans l’armée de l’air pour rejoindre le personnel naviguant. Elève observateur en 1940 ma formation est interrompue suite à l’armistice et la défaite de la France et je suis démobilisé sans avoir pu combattre.
Ayant pu rejoindre l’Afrique du nord , après le débarquement des troupes américaines en novembre 1942 je m’engage à nouveau et je rejoins le Centre de Formation du Personnel Naviguant en Amérique dans l’Alabama (CFPNA) en septembre 1943. Je fais parti du détachement n°3 et suis le cycle complet de l’US Air Corps (J’effectue mon premier vol solo après seulement 10h de vol). J’ai piloté un BT13 puis un T6 jusqu’à l’obtention de mon brevet de pilote de chasse le 12 mars 1944. Je suis ensuite formé sur chasseur-bombardier P-47 Thunderbolt.
A mon retour en France je suis affecté en tant que sous-Lieutenant au Groupe de Chasse GC II/5 La Fayette qui se trouvait à Lyon-Bron en octobre 1944.

Debout (de G à dte): Robert Gladel – Telliez (?) – Jean-Pierre Coayrehourcq – Louis Ducheix – Georges Jacquet – Joseph Fabre – Jean Marie (Jacques) Meline.
Accroupis: Aspt Roger Guillaume – Lt Jacques Saiget – Aspt Nessi (?) – Aspt Jean Ardent. Source : http://patrice.laverdet.pagesperso-orange.fr/…/cfpna….
Je pilote un P-47 Thunderbolt. Nous partons d’Ambérieu ou de Lyon-Bron pour bombarder l’Allemagne au nord de la forêt-Noire (mission sur Fribourg en Breisgau) ou en Alsace en vingt minutes. Les objectifs changeaient tous les jours. Il y avait huit mitrailleuses de 12,7 mm (calibre 50) sur nos appareils, 4 dans chaque aile avec lesquelles nous mitraillons nos objectifs (camions, batteries d’artillerie…) nous lâchons 2 bombes de 254 kilos chacune (500 Lbs). Pour cela nous descendons en piqué et à 80 mètres du sol, larguons nos bombes puis nous redressons rapidement notre appareil. Tous les matins on largue des bombes sur le pont flottant de Chalampé… que les allemands reconstruisent à chaque fois.

J’ai accompli ma 8ème et dernière mission le 20/11/1944 sur Colmar…
J’ai décollé avec ordre de tirer sur « tout ce qui bouge » entre Belfort et Colmar.
A la verticale de Colmar, mon chef de ma patrouille annonce : « il y a un train allemand en gare, on tire sur la loco ! ». Nous étions douze avions, quatre en couverture haute pour surveiller et protéger notre dispositif et les 8 autres pour attaquer la gare. Quand ce fut mon tour alors que je mitraillais la gare de Colmar j’ai ressenti un énorme choc…la Flak allemande en action ! Mon chef m’a annoncé par la radio « ton réservoir d’huile brûle ». Je lui ai répondu « alors ça ne va pas durer longtemps ». Une ou 2 minutes plus tard ça a commencé à « cogner » et je ne voulais pas sauter parce qu’on m’aurait certainement abattu alors j’ai atterri, train rentré, dans un champs près de l’hôtel du Ladhof entre Colmar et Holtzwihr. Heureusement c’était tellement humide que mon avion s’est posé comme sur de l’eau et le feu s’est éteint par la même occasion.

Le moteur a piqué du nez dans la terre, mes bretelles de sécurité ont cassées net et j’ai cogné ma tête contre le tableau de bord et perdu immédiatement connaissance.

Plus où moins conscient lorsque 2 soldats allemands m’ont sorti de l’appareil pour m’emmener à l’hôpital de Colmar, un policier alsacien m’a murmuré dans l’ambulance « je vais essayer de vous faire évader, restez à l’hôpital le plus longtemps possible » mais je n’y suis resté qu’un après-midi : une infirmière alsacienne me servait de traductrice car ils voulaient m’opérer puis un médecin militaire est arrivé en hurlant qu’il avait besoin de tous les lits et qu’un soldat français n’avait rien à faire ici, qu’il fallait me mettre en prison. On m’a transporté dans une cellule à Strasbourg pour terminer mon parcours en Allemagne dans la forteresse de Colditz (avec l’as anglais Douglas Bader entre autre) d’où j’ai été libéré en avril 1945 et j’ai rejoins mon unité le La Fayette à Colmar. Je suis décoré de la Croix de Guerre avec palme.
Je me souviens d’avoir mangé au restaurant des têtes à Colmar en mai 1945 avec mes camarades … j’y suis retourné en 2004, 60 ans plus tard : que d’émotions en retrouvant ces lieux qui n’avaient quasiment pas changé à mes yeux et qui me rappelait cet incroyable sentiment de liberté avec la fin de cet horrible guerre.

En 1946 j’entre chez Air France et vole sur Goéland, Junkers 52, DC3, Bloch 161, DC4 et Lockheed Constellation.
En 1948 je rejoins la SATI (puis UAT) et vole sur B24 Libérator, DC4, le tout nouveau De Havilland Comet, DC6 et DC8 et DC10. J’effectue mon dernier vol le 27 août 1978 et comptabilise 23580 heures de vol.
Je profite alors d’une retraite bien mérité et me retire dans le Sud de la France.

Je décède le 29/11/2006 et suis inhumé à côté de ma très chère épouse à Biot (06).





sources : mmcpc – Roger Guillaume – archives SHD – http://patrice.laverdet.pagesperso-orange.fr/…/cfpna…..
240mm Howitzer M1 shell and is metallic container propelling charge.

This 240mm shell is from an American howitzer, the 240mm Howitzer M1.
To shoot a shell of this type, a propelling charge is stored in a metallic container like this one.
This is the most powerful artillery weapon used by the American Army during the fights of the Colmar Pocket. The 240mm Howitzer is carried on 2 pneumatic wheel trollies pulled by a M6 or M35 trailer (on a Tank Destroyer M-10 chassis). The firing position is assembled and disassembled by a M2 crane.
The M1 shell weighs approximately 160kg and can be fired up to 22,800m. The 240mm Howitzer M1 weighs 29,300kg in firing position and about 15 men are needed to fire 1 shell. 315 Howitzer were built between 1942 and 1945.
See the 240mm Howitzer in motion:
Paul HEINRICH-BEAUMONT 1904 – 1995

My name is Paul Heinrich and I was born in Alsace, in Lutterbach (Haut-Rhin) on March 29, 1904.
In 1939 I was mobilized like all the French as reserve second lieutenant and I obtained my first citation in 1940 for the heroïc defense of the Fort de la Justice in Belfort (Belfort territory). Taken prisoner like thousands of my comrades, I was interned for 6 months in oflag 17A before returning to my native Alsace.
Excellent soccer player, banned from stadiums because refusing to perform the Hitler salute, I took advantage of my “spare time” to help French escapees to cross the Franco-German border. From March 1942, the Gestapo infiltrated the “Rohmer” network which I was a member. It was completely dismantled in September 1942. Warned just in time by a friend I was able to cross the Swiss border, hooked to a wagon and finally to reach Clermont-Ferrand. There I was assigned as an interpreter officer attached to the 13th French Division’s headquarter.
Under an assumed name I took a job as a coach-player in Mr. Michelin’s soccer club (from the tires corporation Michelin). Quickly spotted by the Nazis due to my soccer skills, I narrowly escaped arrest hiding in Mr. Michelin’s car. He took me out of the stadium in the face of of the Gestapo. I then continued my journey to Morocco where I wanted to join the 1st Parachute Regiment. I was not selected because I was too old. It took more to discourage me so I falsified my identity card by rejuvenating myself 10 years. I went to another recruiting office…which validated my application. I “became” Jean-Paul Beaumont (an alias to protect my family from Nazi reprisals…deportation for the relatives of any Alsatian who did not answer the German draft following the decree of August 25, 1942 proclaiming the conscription of 100,000 Alsatians and 30,000 Moselle inhabitants by force and the firing squad for me).
I underwent intensive training and was certified as a paratrooper (jump wings number 1825) on May 1, 1944 in Sicily. From 1944 I participated in all the campaigns of the regiment: Sicily – Italy – France.

As an intelligence officer of the Regiment, my “specialty” was patrolling deep into the enemy lines to bring back prisoners and intelligence of the highest importance. My “commando” missions were numerous and punctuated with authentic feats of arms.
I was never wounded because I was lucky enough to always appreciate the risk and act with energy, but never blindly. I have no regrets and if I had to, I would do it again.
Lieutenant-Colonel Paul Heinrich-Beaumont holds:
– the Officer’s Cross of the Legion of Honor
– the Commander’s Cross of the National Order of Merit
– the Croix de Guerre 39-45 with five citations
– the Medal of the Resistance
– the Military Valor Cross with 2 citations
– Citation to the Army Order – Decision #59 from the Secretary of State for the Army “War” – Paris, November 7, 1949.
“On January 1 and 2, 1945, conducted deep patrols inside the enemy’s positions in the Lapoutroie and Orbey sector. On January 9 and 12, entered the enemy lines south of Frisenheim and, despite the presence of minefields and close enemy surveillance, brought back prisoners and informations of the highest interest. During the capture of Jebsheim, played a particularly important role. Faced with an enemy constantly reinforced, defended the houses step by step and during fierce fighting going up to hand-to-hand combat, carried out a series of actions in which exceptional sense of terrain and street fighting gave it the superiority everywhere. Taking prisoners, destroying resistance, he was constantly on the breach, obtaining magnificent successes with minimal losses. On January 29, at the capture of the village of Widensolen, was again noted for his astonishing coolness and courage.
– Citation to the order of the Air Corps by order dated October 8, 1945, of Air General Bouscat, Inspector General of the Air Force.
“Magnificent officer of remarkable courage and calm. Always willing to take on dangerous missions, performed invaluable services during the operations in the Colmar pocket from January 25 to February 5, 1945, in particular at Jebsheim and Widensolen”.

Audie Leon MURPHY 1925 – 1971

I was born on June 20, 1925 in Texas in a large family (7th of 12 children).
With the help of my older sister who changed my date of birth, I enlisted in the US Army on June 30, 1942, when I was barely 17 years old.
I learned my job as a soldier at Fort Wolters where I distinguished myself by my shooting skills. I embarked in January 1943 for Casablanca where I arrived on February 20, 1943 and was assigned to the 15th Infantry Regiment (15thIRUS) of the 3rd US Infantry Division (3rd IDUS). The Italian campaign began for me on July 10, 1943.
On August 15, 1944, I was part of the first wave of the Provence landing and landed near Ramatuelle (83) where I was awarded the Distinguished Service Cross for my action. During the French campaign I fought in the Vosges in September 1944 where I was slightly wounded and distinguished myself once again in combat (Silver Star). On 14 October 1944 I was promoted to Second Lieutenant (on 7 May 1943 I was only a Private First Class). On 26 October 1944 I was shot in the thigh following an intense fight with German snipers (I took two prisoners and killed the one who wounded me) and then sent to the rear to be operated on.
I joined the comrades of my company (B) in Alsace on January 14, 1945 in the sector of Ribeauvillé. After having crossed the river Îll at the place called “Maison Rouge” I am sent in edge of the village of Holtzwihr where on January 26, 1945, at the beginning of afternoon we undergo, the 18 still valid men (on 235) of my company, a violent German counter-attack with several Jagdpanther. Being the last valid officer I took command of the position. 2 M-10 Tank-Destroyer which accompany us are very quickly hit by German shells. In view of the violence of this attack and while waiting for reinforcements I ask my men to take cover and remain on the spot, in spite of my wounds, to direct by telephone the American artillery under the enemy fire. Arrived at a few tens of meters from our positions, I climb on one of the 2 tanks on fire which risks at any moment to explode, and fires with its 50 calibre machine gun (12.7 mm) on the German infantry which approaches dangerously. Having run out of ammunition (cal 50) I counterattack with my men afterwards. After more than an hour of fighting and having killed or wounded about fifty of them, the enemy infantry retreated followed by their tanks which found themselves without any support. For my action that day I was awarded the highest American military distinction: the Medal of Honor.
After the war, I played in more than 40 films and television series (mainly westerns), including the one in 1955 where I played myself in “L’enfer des hommes” (The Hell of Men), based on my memoirs published in 1949.
Suffering from symptoms of post-traumatic stress disorder, I sleep permanently with a gun under my pillow, regularly suffering from insomnia and depression. In the 1960’s I used my fame to make this combatant’s “disease” known in order to improve the assistance to returning soldiers suffering from this pathology.
Shortly after my death on May 28, 1971 in a plane crash in Virginia, the Audie L. Murphy Memorial VA Hospital in San Antonio was established. Murphy Memorial VA Hospital in San Antonio was established to assist veterans.
NB: The graves of Medal of Honor recipients are usually decorated with gold leaf, but Audie Murphy specifically requested that his headstone be unmarked and look like that of an ordinary soldier.
His Decorations:
Medal of Honor
Distinguished Service Cross
Silver Star Medal (2)
Legion of Merit
Bronze Star
Purple Heart (3)
Army Good Conduct Medal
Distinguished Unit Citation (2)
American Campaign Medal
European-African-Middle Eastern Campaign Medal (9 campaigns)
World War II Victory Medal
Army of Occupation Medal with clasp “Germany
Chevalier de la Légion d’honneur
Croix de Guerre 1939-1945 with a silver star
Croix de guerre 1939-1945 with palm (2)
Medal of Liberated France
Fourragère in the colours of the Croix de Guerre (France)
Croix de Guerre (Belgium) with Palm Leaf
Combat Infantryman Badge
Marksman Badge (en) with Rifle Clasp
Expert Badge (en) with the clasp “Bayonet
Outstanding Civilian Service Medal
André FINDELI 1923 – 2012

HISTOIRE d’un accordéon pas comme les autres…
Je suis l’accordéon d’un “Malgré Nous” de Ribeauvillé(68), rescapé de la 2ème Guerre
mondiale et dont j’ai été son fidèle compagnon de route pendant toute la durée des hostilités.
Depuis son incorporation de force dans le R.A.D / K.H.D au printemps 1942, il avait alors 18 ans seulement, jusqu’a 1946, date de la fin de son engagement dans l’armée Française. J’en ai vu de toutes les couleurs pendant ces 4 longues années, passant d’une armée à l’autre.
Je vais vous raconter les faits les plus marquants, me concernant moi et mon jeune propriétaire, durant cette période tragique.
Au R.A.D. (Reichsarbeitsdienst) où j’ai accompagné mon propriétaire dès le début à Haguenau (67) puis au K.H.D. (Krieghilfsdienst) près de Hildesheim au sud de Hanovre (Allemagne), j’ai vécu quelques bons moments pendant des séances de « pluches » (corvée de pommes de terre) que j’accompagnais en musique et en chansons, à l’entière satisfaction du personnel et de mes chefs de troupe présents à ces moments là.
Puis mon jeune propriétaire a été incorporé de force (comme beaucoup d’alsaciens et mosellans à cette époque) dans la Wehrmacht où je n’ai pu le suivre de suite (pendant ses “classes” et sa formation de soldat dans l’armée allemande).
Ce n’est que lors de la campagne de Russie qu’il obtint une permission spéciale
pour aller me récupérer et me ramener avec lui dans son unité, la 331° D.I.(division Infanterie) dans le secteur de Velikye Lucki (Russie).
Vous vous imaginez bien que les conditions de vie n’étaient pas très facile, et pour Noël 1943 on me demanda de faire une tournée en première ligne, de Bunker en Bunker, pour aller jouer des chants de Noel aux combattants afin de leur apporter un peu de réconfort. Nos premières lignes étaient à peu près à environ 100 m des lignes russes et cette visite le long des tranchées, ce n’était pas des plus confortables. N’empêche que j’ai gardé de ces instants, un souvenir particulier et une émotion forte et touchante.

Le deuxième grand évènement de cette campagne fut quelques semaines plus tard
lors de la grande offensive russe de janvier-février 1944 dans le secteur Nord au cours de
laquelle notre 33 l° Division ne fut pas loin d’être encerclée et subit de lourdes
pertes. Le repli allemand était total sur l’ensemble du front et nous purent nous échapper par miracle, sans savoir encore aujourd’hui comment nous y sommes arrivé.
Après le regroupement des unités restantes à l’arrière du front, la décision d’un rapatriement vers l’Allemagne fut prise par le O.K.W. (grand commandement allemand) afin de reconstituer et recompléter les effectifs de notre Division. La chance a
voulu que tous deux nous soyons du voyage vers Cologne ; ville d’où était originaire notre Division. Après la reconstitution de nos effectifs, nous sommes reparti en
train de marchandises vers une destination encore inconnue lors de notre départ.
Ce n’est qu’après le passage des gares de Bruxelles et de Lille, que nous avons été fixés :
c’était en France que nous allions, plus exactement à Licques, dans le Pas de Calais, en vu d’un hypothétique débarquement alliés (c’est dans ce secteur que les Allemands privilégiaient un éventuel débarquement plutôt qu’en Normandie).
J ’ai appris plus tard que ma présence dans ce convoi était principalement dû au fait que mon propriétaire Alsacien parlait couramment Français et pouvait ainsi servir d’interprète (en principe les Alsaciens et Mosellans n’étaient pas stationnés en France, par crainte de les voir sympathiser avec la population locale et d’en profiter pour déserter).
Notre premier cantonnement se trouva donc à Licques, non loin de Saint Omer où les
Allemands avaient aménagé des rampes de lancement de fusées V1, les nouvelles armes de représailles allemandes dont tout le monde avait entendu parler depuis quelques temps.
Au Café des Sports à Licques j’ai le souvenir d’une soirée d’accordéon et de chansons au
milieu de civils Français lorsque vers 22 heures surgit une patrouille allemande dont le
Unteroffizier (sous-officier allemand) qui la commandait nous demanda violemment d’arrêter cette fête qui n’était pas à son goût. Mon propriétaire fut convoqué dès le lendemain au bureau du commandant, qui fut très compréhensif à notre égard, et il n’y eu heureusement pas de suite fâcheuse pour nous (tout rentra dans l’ordre).
Contrairement aux prévisions allemandes, le débarquement eut finalement lieu le 6 juin 1944 en Normandie. Le 13 juin nous furent tous “invités” à assister, à minuit pile, au lancement
des premières fusées V1 sur Londres. Nous n’avions jamais vu « pareil spectacle », quel surprise cela fut pour nous, entre fascination et terreur!
Le 1er aout, notre 331° D.I. reçut l’ordre de se mettre en route pour la Normandie, afin de venir en aide à la 7 ° Armée allemande, qui était encerclée dans la Poche de Falaise. Celle-ci ne s’en sortit qu’avec de lourdes pertes en hommes et en matériels. Ce n’est que vers le 15 aout qu’Hitler en personne autorisa et donna son ordre de repli des troupes allemandes vers la Seine. Mon propriétaire profita de ce repli pour se “faire la malle” et me cacha dans la grange à foin d’un cultivateur local.
A la faveur d’un subterfuge (qu’il serait trop long à raconter ici) il réussit à se détacher de la colonne allemande en plein repli pour venir se réfugier à son tour dans cette grange à mes côtés.
Tout s’est bien passé et quelques jours plus tard ce secteur fut totalement libéré.
Commença alors pour moi une période de bals de la Libération, à la grande joie des habitants de La Ferté-Fresnel, notre lieu d’habitation provisoire pour cette période. J’étais devenu en quelque sorte un “accordéon-héros” et on venait de partout nous demander pour jouer à des mariages et autres manifestations festives, après toutes ces années de souffrances et de peines.
A présent, pour la suite du récit, je laisse la « parole » à l’accordéoniste, ex incorporé de force dans l’armée allemande, pour vous raconter la suite de notre histoire :
“Début septembre 1944 avait lieu en France le recensement de la classe 1923, l’année de ma naissance. Je suis donc parti à Alençon avec les appelés de la Ferté-Fresnel où je m’étais engagé comme volontaire dans la première Armée française, pour me battre contre l’occupant allemand et libérer le reste du territoire français encore occupé(dont l’Alsace), non sans avoir du subir au préalable un interrogatoire des plus corsé, dirigé par un ancien capitaine du 152° RI de Colmar, qui connaissait parfaitement Ribeauvillé(68) et qui me recommanda de faire très attention et d’être particulièrement vigilant, car il pensait que la guerre allait bientôt se terminer, et que ce n’était pas le moment de mourir bêtement.
La veille de Noël 1944 nous sommes partis d’Alençon vers Nancy où un Bataillon “Alsace”
composé uniquement de ressortissants alsaciens, “évadés” de l’Armée allemande était en
cours de formation. Il va sans dire que mon accordéon n’a pas chômé à Nancy.
Le 4 janvier, nous sommes partis en camions pour Strasbourg qui, bien que libéré depuis
novembre 1944, était entrain de vivre de mauvais moments, car privée des unités américaines devant la protéger, la ville risquait d’être reprise par la contre-attaque allemande en cours. La population Strasbourgeoise redoutait particulièrement le retour possible des Allemands et des représailles en retour.
Heureusement ce même jour arriva le général Guillaume et sa 3° D.I.A. (Division Infanterie Algérienne) envoyé par le Général de Lattre, qui avait promis de défendre coûte que coûte Strasbourg (n’en déplaise aux Américains qui voulaient se retirer derrière les Vosges, pour réduire le front à tenir, à cause de l’offensive allemande dans les Ardennes et l’opération “Nordwind).
Heureusement tout rentra dans l’ordre (après quelques combats acharnés quand même) et la route de Strasbourg – Colmar fut bientôt libre, ce qui permit à mon accordéon et moi-même de rentrer enfin chez moi, à Ribeauvillé, revoir ma famille (après tous ces mois d’absences) dont je n’avais plus de nouvelles depuis très longtemps.
En février 1945, le Bataillon “Alsace” fut affecté au 23° R.I. nouvellement créé, ce dernier étant lui-même une des composante de la 3° D.I.A. Le même mois, le 23° R.I. se dota d’une musique régimentaire dans laquelle je me suis inscrit comme caporal-tambour sous le
commandement du capitaine Leroy, de Nancy, dont je fus l’un de ses bons élèves, certificat à l’appui. Un peu plus tard nous avons même formé un orchestre de jazz où mon accordéon tint une bonne place.
Après que le général de Lattre passa le Rhin le 31 mars 1945, à la date que lui
avait demandé le général de Gaulle, notre musique régimentaire du 23° R.I. prit d’abord
ses quartiers à Karlsruhe(Allemagne), puis à Spire (Allemagne) où était installé l’état-major de la 3° D.I.A.
Le 8 mai 1945, jour de la victoire définitive face à l’Allemagne nazi, nous avons défilé, et avons fêté cela en musique en pleine rue avec mon accordéon, qui était tout naturellement de la partie ! Quels souvenirs !
Je fus démobilisé le 6 janvier 1946, et retrouvais à ce moment là, la vie civile et professionnelle, à 23 ans. Tout au long de ma vie, mon accordéon, ici présent, m’accompagna comme il se devait ! J’ai décidé à 89 ans, d’en faire don au Musée Mémorial, après avoir passé plus de 70 ans à ces côtés, pour témoigner de cette période tragique et raconter aux générations futures ce que nous avions vécu, et comment grâce à cet accordéon nous avions surmonté toutes ces épreuves.
ANDRE FINDELI

