Henri Louis Paul DEON 1920 – 2016

Henri DEON – fonds famille DEON – colorisation klm127.

Henri Déon est né le 21 février 1920 à Vitry-sur-Seine (94) au foyer de Marcel Déon et Marguerite Dutoit. A partir de 1923 ils habitant à Orly.

En 1940 il suit avec tous les jeunes de son âge, les cours de préparation militaire (Brevet Préparation Militaire Elémentaire).

Insigne de la ville de Paris et du Brevet Préparation Militaire Elémentaire d’Henri Déon – fonds DEON.

Comme l’indique le document ci-dessous, il devait passer les examens finaux à la session de juin 1940 mais en raison des évènements il ne les passera jamais.

fonds DEON.

Au moment de sa mobilisation le 9 juin 1940 il exerce la profession de Tourneur sur métaux. Il fait parti du 1er contingent de la classe 1940 et il est affecté au 51ème Régiment d’Artillerie Lourde à Angoulême au quartier Fayolle. Il n’aura pas le temps de participer aux combats.

Après l’armistice du 22 juin 1940 Henri et ses camarades sont fait prisonniers par les troupes allemandes et internés dans leur caserne pendant plusieurs semaines.

source internet.

Puis il est versé dans un des premiers chantiers de jeunesse : celui du groupement 34 “Sully” à Mézières en Brenne dans l’Indre.

Insigne du groupement 34 “Sully” – source internet.

Le 20 février 1941 il est “libéré” du chantier de jeunesse et il rentre chez lui à Orly.

En raison de l’occupation allemande il décide le 9 mars 1941 de rejoindre la zone libre. Il passe clandestinement la ligne de démarcation en traversant le cimetière de la Rochefoucault. Son objectif est de rejoindre le Général de Gaulle et il va sillonner le sud-ouest en espérant trouver un échappatoire. Nous savons qu’il passé par Pamiers(09) – Latour-de-Carol(66) – Font-Romeu (66) – Port Vendres(66).

Parcours d’Henri Déon en mars-avril 1941.

C’est à Port-Vendres, où il arrive début avril 1941, qu’il va rester 2 mois et demi et faire plusieurs “petits boulots” pour survivre (Docker, charbonnier, vigneron..) en attendant de trouver un moyen de rejoindre l’Afrique du Nord.

Par deux 2 attestations faites en 1988 nous apprenons que Monsieur Lebrun l’a fait embaucher aux “grands travaux de Marseilles” pour lui permettre d’accéder au port et préparer son évasion car il était très difficile de quitter la France à cause de la surveillance des commissions d’armistice allemande et italienne. Ainsi que Madame Dobis qui exploitait le bar des Sports à Port-Vendres où Henri venait après son travail, qui lui a remis quelques vivres avant d’embarquer clandestinement sur le “Gouverneur Général Cambon” entre le 18 et 19 juin 1941 en se cachant en fond de cale sous des cageots vides.

le “Gouverneur Général Cambon” – source internet et colorisation klm127.

Arrivé dans le port d’Alger il débarque discrètement entre le 21 et 22 juin 1941. N’ayant aucune autorisation officielle de séjour en Afrique du Nord il va vivre en toute discrétion jusqu’au 8 novembre 1942 et le débarquement des Alliés (opération “Torch”). Comme civil va même y participer en prêtant main forte à aux policiers d’Alger qui s’étaient rallies aux nouveaux arrivants.

Certificat de nationalité d’Henri DEON établit à Alger le 13 février 1942 – fonds DEON.

Dès le 11 novembre 1942 Henri Déon s’engage volontairement pour la durée de la guerre au 5ème Régiment de Chasseurs d’Afrique (5ème RCA) qui se trouvait à Alger.

Insigne du 5ème RCA – source internet.

Il arrive au depot du ème RCA le 18 novembre 1942 son parcours est lié à celui du régiment  jusqu’à la fin de la guerre. Il est affecté à l’Escadron Hors Rang (HER) et nommé au grade de brigadier à compter du 1er août 1943. Il a comme spécialité, celle de dépanneur-mécanicien des chars.

Photo d’Henri Déon de son permis de conduire – fonds DEON.

Un an plus tard il embarque dans le port d’Oran le 8 août 1944 et débarque à Saint-Tropez le 18.

Il participe avec le Combat Command 2 de la 1ère Division Blindée (1 DB) à laquelle est rattaché le 5ème RCA à toute la campagne de France (vallée du Rhône – Haute-Saône – Vosges-Alsace) et  à la campagne d’Allemagne (IL franchit la frontière franco-allemande le 5 avril 1945).

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Pendant la campagne des Vosges, photo prise en Haute-Saône à La Longine le 24 octobre 1944, rue des écluses – photo famille Déon.
Photo prise en décembre 1944 à Illfurth dans le Haut-Rhin – photo famille Déon.
Photo prise lors de l’occupation en Allemagne dans le secteur de Schifferstadt – photo famille Déon.

Le 12 août 1945 il est nommé au grade de Maréchal des Logis.

Après une période d’occupation en Allemagne, il rentre en France le 21 octobre 1945 et est définitivement démobilisé le 31 janvier 1946.

Verso de la fiche de démobilisation d’Henri DEON – Fonds DEON.

Il retourne à la vie civile et rentre à Orly.

En 2009 à Orly – photo famille DEON
A l’occasion du 70ème Anniversaire de la Libération de Paris, un diplôme d’honneur des combattants de l’armée française est remis à Henri DEON et ses camarades, le 29 août 2013 – document famille DEON.

Henri DEON est titulaire de :

– La Médaille des Evadés,

– La Croix du Combattant,

la Médaille des Engagés volontaires avec agrafe.

Permis de conduire d’Henri DEON – fonds DEON.

Antoine CHALLET 1890 – 1961

colorisation klm127 – photo https://1erbataillondechoc.forumactif.com/

Antoine CHALLET est né le 24/11/1890 à Saint Etienne (42).

Il s’engage le 3 août 1911 dans l’Artillerie Coloniale, puis passe au 7ème Régiment d’Infanterie Coloniale le 20/1/1912.

Il est décoré deux fois lors de la première guerre mondiale.

De retour au MARO, au 5ème Régiment d’Infanterie Coloniale du Maroc (5ème RICM) jusqu’au 3/8/1926 puis quitte l’ Armée comme Sous-Lieutenant de réserve.

Pour cette première période il est décoré de la Légion d’Honneur, de la Croix de Guerre 1914-1918, de la Médaille militaire, de la Médaille Coloniale avec agrafe Maroc et de la Médaille de Chevalier d ‘Anjouan et des Comores.

Le 2 septembre 1939 , il est mobilisé (à 49 ans) au 6ème puis 3ème Régiment de Tirailleurs Sénégalais (RTS).

Suite à la défaite française il est démobilisé le 15 août 1940. 

Il se réengage le 9 février 1943 au titre de la 9ème Division d’Infanterie Coloniale et il est nommé Capitaine.

C’est en Corse, en mai 1944 qu’il passe au Bataillon de Choc.

Insigne peint du Bataillon de Choc, de fabrication locale en Algérie en 1943.

Il est muté à l’ Etat-Major du Bataillon(Peloton Hors Rang).

Il participe aux combats de l’île d’Elbe, du débarquement de Provence et de la Campagne de France pour libérer la métropole du joug nazie.

Du fait de son grand âge et de son attitude très paternaliste envers ses hommes (à toujours cherché à minimiser les pertes) les Chasseurs l’appelaient respectueusement « Papa CHALLET ».

Eté 1945 le Capitaine CHALLET et le Choc – photo https://1erbataillondechoc.forumactif.com/
Belfort le 25/11/45 : le Capitaine CHALLET et la garde au drapeau du 235ème R.I confié par le Général de GAULLE au 1er Groupement de Choc (Choc et Cdos de France) – photo https://1erbataillondechoc.forumactif.com/

Belfort le 25/11/45 : le Capitaine CHALLET à la tête du 3ème Groupement de Choc  ,5ème Choc Commandos d’ Afrique et 6ème Choc Commandos de Provence – photo https://1erbataillondechoc.forumactif.com/

Il est démobilisé le 2 janvier 1946 et élevé au grade d’Officier de la Légion d’ Honneur.

Il reste dans l’ Armée au titre d’Attaché  Administrateur de 1ère classe (Commandant)et reste en Allemagne.

Il quitte définitivement l’ Armée le 30 septembre 1950 à l’âge de 60 ans.

A la fin des années 50, Antoine CHALLET  devient Président de l’Amicale des Anciens du Bataillon de Choc.

Il décède à Paris le 16 mai 1961.

Merci à Henri Simorre pour le partage du parcours d’Antoine Challet et son site incontournable concernant le Bataillon de Choc : https://1erbataillondechoc.forumactif.com/.

Maurice ANDRIEUX 1925 – 2020

Pierre Marie MORINAUX 1920 – 1945

Pierre est né le 7 février 1920 à Berric dans le Morbihan.

Il est Issu d’une famille nombreuse  composée de 10 enfants dont le père est tailleur de pierre. 

Avant guerre il se forme au métier de menuisier.

Il est déclaré inapte pour l’infanterie et est affecté au Bataillon de l’Air n°109 à Tours, où il arrive le 8 juin 1940 en tant que soldat de 2ème classe.

Pierre Morinaux au Bataillon de l’Air – coll. famille Morinaux.

Suite à la capitulation de la France, il est démobilisé le 22 juin 1940 et remis au camp de jeunesse(CJ) n°31 « Guynemer » à ARUDY(64), basé sur le plateau du Benou dans la vallée d’ Ossau  dans les Pyrénées le 1 août 1940.

Le camp de jeunesse n°31 « Guynemer » à ARUDY dans les Pyrénées-Atlantiques(64) – source : Chantier de jeunesse Guynemer 31

Le 25 août 1940 il est affecté au chantier de jeunesse d’Issoudun dans l’Indre et il est rayé définitivement des contrôles de l’armée le 1 octobre 1940.

Avec son frère Adrien, il franchit la ligne de démarcation et rejoint la zone libre ( nous n’avons pas d’autre information à ce sujet).

Le 23 janvier 1941 il embarque avec son frère Adrien à Marseille et débarque à Casablanca (Maroc) le 4 février 1941.

Parcours de Pierre de juin 1940 à février 1941 – carte klm127.

Le 1 mars 1941, il se réengage (avec son frère Adrien qui fête ses 20 ans ce jour-là) pour 3 ans à l’intendance Militaire de Rabat au Maroc au titre du 1er Régiment de Chasseurs d’Afrique (1 RCA).

Pierre Morinaux au 1er RCA – coll. famille Morinaux.

Son engagement est à effet rétroactif au 1er janvier 1941.

Insigne du 1er RCA – source internet.

Il passe la frontière algéro-marocaine à Oujda.

Photo de groupe faite au 1er RCA, Pierre est le troisième en partant de la gauche au premier rang, date inconnue – coll. famille Morinaux.

Il est nommé Brigadier par ordre n°52 du 4 avril 1942 à compter du 1 avril 1942.

Nommé Brigadier-chef par ordre n°72 du 8 juillet 1943.

Pierre Morinaux rejoint le 1er Cuirassier (par dédoublement du 1er RCA) en septembre 1943.

Insigne du 1er Cuirassier – source internet.

Il est nommé Maréchal-des-logis (Sergent) par ordre n°14 du mars 1944 à compter du 1 mars 1944.

Il « retrouve » son frère Adrien en février 1944 à Rabat au Maroc.

Il suit un entraînement intensif avec son unité afin de maîtriser parfaitement les chars Sherman livré par les Etats-Unis.

Début avril 1944, une commission américaine ainsi que le Général de Gaulle en personne inspectent son unité  afin de valider son aptitude au combat.

Parcours de Pierre du 4 février 1941 à début octobre 1944 – carte klm127.

Les hommes du 1er Cuir embarquent avec leur matériel à bords des LST(Landing Ship Tank) le 13 septembre 1944 à Oran (Algérie) et débarquent sur les côtes de Provence a St Raphael  les 19-20 et 21 septembre 1944.

Le 1er Cuir est un Régiment de cavalerie de la 5ème Division Blindée qui est commandée par le Général de Vernejoul.

Dans le cadre de la campagne de libération du territoire national, Pierre va combattre au sein du 2ème Escadron – 2ème peloton du 1er Régiment de Cuirassiers (1er Cuir) qui est rattaché au Combat Command 4 (C.C.4) du Colonel Schlesser. 

Pierre Morinaux, chef du char « Lynx » – coll. famille Morinaux.

Pierre Morinaux est le chef du char Sherman M4A4 « LYNX » dont l’équipage se compose des membres suivants :

Chef de Char : Maréchal des Logis MORINAUX
Tireur : Brigadier-Chef HELMSMOORTEL
Conducteur : Brigadier PAGES
Aide-pilote : Cuirassier DURIEUX
Chargeur. : Cuirassier SALOMON

Le Sherman M4A4 « Lynx » – coll Salomon via site chars français.



Une fois débarqué c’est en train que Pierre et les chars du 1er Cuir vont rejoindre le secteur de Vesoul(70) en octobre 1944. Le Régiment reçoit l’ordre de se fractionner dans les sous-groupements (A, B et C) du C.C.4 (Combat Command n°4) qui sont mis à la disposition de la 2e Division d’Infanterie Marocaine. Celle-ci a pour mission de rompre la position défensive autour de Belfort en portant l’effort sur Héricourt. Le C.C.4 est chargé d’exploiter l’attaque le long de la N.83 en direction d’Arcey-Héricourt.

On peut lire dans le journal de marche du régiment le 16 novembre 1944 :

Le sous-groupement « B » marche sur Aibre et les points à l’Est de Héricourt. Le sous-groupement « A » débouchera derrière lui d’Arcay vers Echenans et Héricourt. Le sous-groupement « C » est en réserve sur le même axe ; —le mouvement commence à 8 h. 40. Le peloton LEFEBVRE en tête est arrête par des abatis minés et une arme anti-chars. Le « Lynx » est tiré mais détruit un 75 Pak sans lui-même être atteint. Mercier, puis Courson, déployés à droite de Lefebvre, poussent avec lui jusqu’à Déscendans. Fouille très longue du village.
L’ensemble Escadron-Compagnie fait 180 prisonniers environ. Du matériel est pris dont deux 75 Pak. Grosses pertes à la Légion qui perd plus du tiers de ses combattants. A 16h, la progression reprend derrière le peloton GUIBOUT et les T.D. Aibre est pris sans résistance et gardé pour la nuit.

Pour son action lors de ces combats Pierre Morinaux obtient sa première citation :

« Chef de char particulièrement courageux et adroit. Le 16 novembre 1944 devant Descendans, arrêté par un abattis et tiré par un Pak 40 riposte et détruit un deuxième Pak 40. Le 18 à Echenans, exploitant le renseignement d’un prisonnier qu’il interroge lui-même, s’avance dans le champs de tir d’un 88 et le détruit avant même qu’il ait pu tirer ».

Cette citation comporte l’attribution de la Croix de Guerre 1939-1945 avec Palme. 

Le 21 novembre 1944 il participe à la libération de Mulhouse.

On le retrouve avec son équipage, dans le journal de marche du 1er Cuir en décembre 1944 sur les contres-fort vosgiens  le 22 décembre 1944 :

« Après une nuit passée en alerte, l’infanterie attaque le village de La Place appuyée par les chars. Les Allemands résistent, retranchés dans les maisons. « L’ASPIC » est mis en flammes par un Panther, tout l’équipage sort indemne. « LA NOE » détruit un Sturmgeschutz. Le « LAON » met le char allemand Panther hors de combat et le « LEOPARD » l’achève. Le peloton Lefebvre avec les tirailleurs poursuit le nettoyage de la Place. A 14 h., un deuxième Sturmgeschutz, manœuvré par Sciard se replie et est mis en flammes par le « LYNX ». Le peloton Courson nettoie un hameau et fait 20 prisonniers, dont un officier. Pendant ce temps, violents tirs d’artillerie sur LA CHAPELLE et La PLACE, qui, malgré tout, finit par tomber entre nos mains. »

Du 1 octobre 1944 à la date fatidique du 2 février 1945 – carte klm 127.

Le 1 février 1945 :

 » le 2ème Escadron du 1er Cuir à 9 chars et nettoie les bois qui séparent FORTSCHWIHR de NEUF-BRISACH. Attaque normale, sans pertes ; peu de prisonniers : une vingtaine à HEXENACKER. Tirs des chars à grande distance sur la route APPENWIHR—LOGELHEIM. Plusieurs camions sont détruits. Des coups au but sont marqués par un Jagdpanther.
A 18 h. le sous-groupement est relevé par les Américains. Il remonte vers 20 h. sur BISCHWIHR et va prendre position près de Houssen au milieu de la nuit, en vue d’attaquer COLMAR par le Nord. « 

Manoeuvre du C.C.4 du 2 février 1945 avec en bleu l’approche du sous-groupement B où se trouvait Piere Morinaux et l’équipage du Sherman « Lynx » – source annuaire société Histoire de Colmar ed. 1985.

Le 2 février 1945,  Le 109th Régiment d’Infanterie US de la 28th Division d’Infanterie américaine laisse l’honneur au C.C.4 d’entrer en premier dans Colmar.

 » A 6 h. 30 le sous-groupement B démarre. Le Combat Command 4 attaque Colmar. Le sous-groupement de Preval doit traverser, la ville en vitesse, nord-sud, et établir ensuite des bouchons face au sud et à l’ouest. Le peloton Courson en tête tombe sur le fossé anti-chars et doit le contourner pour finalement entrer dans la ville par la route 83. Les Allemands sont surpris, et n’attendaient pas l’attaque sur ce côté-là. Pour l’Escadron, pas de résistances importantes, mais de petits groupes qui s’attaquent surtout à l’infanterie. »

Un jeune Colmarien réfractaire de 17 ans, Marceau Hoeblich, s’est porté, de nuit, à la rencontre de la colonne du C.C.4 et après avoir pris contact avec le lieutenant de Courson, il guide la colonne du C.C.4 afin de contourner les fossés antichars et rejoindre la route de Strasbourg (actuellement rue de la 1ère Armée).

Carte dessinée par Marceau Hoeblich qui nous permet de voir son parcours pour rejoindre le CC4 (flèches rouges sur fonds vert) puis son parcours sur le Char « Lynx » (flèches bleues et rouges sur fonds bleu) jusqu’au lieu où le Lynx a été touché au carrefour de la rue Fleischauer – coll Marcel Hoeblich.

Il raconte :  » Je suis monté à l’arrière du char(le Lynx) de mes amis français en me cramponnant à la tourelle. Au carrefour de la rue Fleischhauer, un tir de Panzerfaust atteint le côté avant gauche qui déchenille. Je saute en bas du char et, en courant, remonte la colonne à l’arrêt jusqu’à la patte d’oie (route de Selestat) ».

L’un des premiers chars (peut-être le Lynx) à entrer dans Colmar le 2 février 1945 accompagné par l’infanterie du Régiment de Marche de la Légion Etrangère.

Le « Lynx » du 2ème peloton est « bazooké » par un panzerfaust allemand…le Maréchal des Logis Pierre MORINAUX est blessé mortellement et 2 autres membres d’équipage sont blessés dans le char. La Légion qui les accompagne a 14 tués et blessés.
Malgré cela, le sous-groupement traverse la ville, assez compact, sans gros accrochages. Des prisonniers sont ramassés sur la place Rapp. Le sous-groupement atteint la Croix-Blanche, puis l’agglomération côte 214 devant WINTZENHEIM, vers 12h. 30. C’est l’objectif fixé. « 

Pierre MORINAUX décède le 2 février 1945 des suites de ses blessures au 14ème Bataillon Médical (2ème Cie).

Il est inhumé provisoirement au cimetière de Sainte Marie aux Mines (68) puis à Mulhouse jusqu’en 1948 date à laquelle sa famille récupère son corps pour l’enterré dans le cimetière communal de Berric dans son Morbihan natal.

Courrier de restitution du corps à la famille – coll famille Morinaux.

A titre posthume pour son sacrifice ultime on lui décerne la Médaille Militaire avec la citation suivante :

« Jeune chef de char plein d’audace et de courage. S’est distingué dans tous les combats auxquels il a pris part, détruisant personnellement 4 canons de 75. Le 2 février 1945 entrant le premier dans Colmar y a trouvé une mort glorieuse alors qu’il cherchait à repérer les tireurs d’élite ennemis embusqués dans les maisons. Demeure un exemple pour les équipages de son escadron ».

Extrait du décret du 23 juin 1945 décernant la Médaille Militaire à titre posthume à Pierre Morinaux – coll. famille Morinaux.

« Mort pour la France » …il devait fêter ses 25 ans le 7 février 1945.

Ce n’est en 2002 que Marceau Hoeblich, le jeune colmarien qui était grimpé sur le Lynx pour entrer dans Colmar, apprend du Général Sciard la mort de Pierre Morinaux :

« Dans la lettre qu’il m’a adressée le 20 mars 2002 (…) le général Sciard m’informe que le Sherman « bazooké » était le Lynx. De sa tourelle ont été retirés le brigadier chef Helmsmoortel (tireur) le cuirassier Salomon (chargeur) tous deux blessés et un tué : le Maréchal des Logis Morineau (erreur d’orthographe sur ses papiers militaires) chef de char. Cette tragique conséquence m’était restée ignorée… » extrait de « Marceau Hoeblich La Libération de Colmar » aux éditions Jérôme Do Bentzinger 2002

 En 2005, un an avant son décès, Marceau Hoeblich fait ériger une stèle pour Pierre Morinaux à l’endroit où le char Lynx a été touché, au croisement de la Rue de la Première Armée et de la rue Fleichhauer… où l’on peut toujours s’y recueillir.

coll. famille Morinaux.

Nous rendons hommage au courage et au sacrifice ultime de Pierre Morinaux pour libérer notre région du joug nazi.

Nous ne l’oublierons pas !

Cérémonie du 8 mai 2025 sur la tombe de Pierre Morinaux avec la mise en place de son Qr code – photo Marie-France MORINAUX-HARDEBOLLE.
Destins croisés…le périple d’Adrien et Pierre pendant la seconde guerre mondiale – carte klm127.

Pour découvrir l’Histoire de son frère Adrien : https://musee.turckheim-alsace.com/cartel/adrien-francois-morinaux-1921-1994/

Adrien François MORINAUX 1921 – 1994

Portrait d’Adrien Morinaux, conducteur de char au 12ème Régiment de Chasseurs d’Afrique de la 2ème Division Blindée du Général Leclerc – coll. famille Morinaux.

Il est né le 1 mars 1921 à Berric dans le Morbihan.

Adrien est Issu d’une famille nombreuse  composée de 10 enfants dont le père est tailleur de pierre. 

Adrien avec toute sa famille – col. famille Morinaux.

Adrien quitte sa famille vers l’âge de 14 ans, puis suit une formation de chaudronnier.

Il travaille dans les années 30, dans les chantiers navals de St Nazaire.

Paquebot « Normandie » aux chantiers de Saint-Nazaire – source internet.

Il s’engage volontairement pour la durée de la guerre le 25 octobre 1939 à l’Intendance Militaire de Vannes au titre du 505ème Régiment de Chars de Combat (505ème RCC) qu’il rejoint le jour même. Il est nommé caporal par ordre n°12 du 27 mars 1940.

Adrien en novembre 1939 au 505ème RCC – col. famille Morinaux.

Après la défaite de la France en juin 1940 il est démobilisé le 23 août 1940 et rayé des contrôles de l’Armée d’active. Avec son frère Pierre, il franchit la ligne de démarcation et rejoint la zone libre ( nous n’avons pas d’autre information à ce sujet).

Parcours connu d’Adrien de 1921 à 1941 – carte klm127.

Le 23 janvier 1941 il embarque avec son frère Pierre à Marseille et arrive à Casablanca (Maroc) le 4 février 1941.

Le 1 mars 1941, jour de ses 20 ans, il se réengage (avec son frère Pierre) pour 3 ans à l’intendance Militaire de Rabat au Maroc au titre du 1er Régiment de Chasseurs d’Afrique (1 RCA). Son engagement est à effet rétroactif au 23er janvier 1941.

Adrien et un camarade sur une moto à Casablanca en juin 1941 – col. famille Morinaux.

Le 25 novembre 1941 il est affecté au 12ème G.A.C.A. (Groupe Autonome de Chasseurs d’Afrique) : il embarque à Casablanca le 12 décembre et débarque à Dakar au Sénégal le 19 décembre 1941. 

A Dakar c’est une longue préparation des hommes et du matériel au camp de Thiès ; dans la chaleur, la faim et le paludisme.

Adrien las d’attendre veut se battre contre l’occupant nazi et « déserte » pour tenter de rejoindre les soldats de la France Libre mais il est repris et mis aux arrêts (unité encore fidèle au régime de Vichy). Longtemps après son décès, son ancien geôlier, le DKL Vélut en fera le récit à son fils Bernard à l’occasion d’une commémoration à Ballon, Mezières sous Ponthouin. Commémoration des premiers engagements forts de la 2ème DB en Normandie. 

Périple d’Adrien de Marseille à Alger de 1941 à 1943 – carte klm127.

Son unité quitte Dakar le 12 janvier 1943 à bord des navires « Medie II » et « Jamaïque » et arrive à Casablanca où les Chasseurs logent quatre jours à la caserne « Malakoff », avant de réembarquer le 21 janvier vers Alger, avec une escale à Gibraltar. Ils arrivent sans encombre à Alger le 7 février 1943, après avoir subi une attaque nocturne par des vedettes et des sous-marins allemands au large de la ville de Mostaganem(Algérie). 

Le 15 février 1943 le 12ème GACA devient officiellement le 12ème Régiment de Chasseurs d’Afrique (12ème RCA) qui est sous le commandement du Lt-Colonel de Langlade.

Insigne du 12ème RCA avec sa devise « Audace n’est pas déraison » – source internet.

Il participe à la campagne de Tunisie (du 17/03/1943 au 13/05/1943) avec son unité.

Le 1er septembre 1943, le 12e R.C.A. est formé en Régiment de Chars type léger, à quatre escadrons de combat. Le lieutenant-colonel de Langlade en conserve le commandement. Il donne naissance par dédoublement au 12e Cuirassiers. Le 19 septembre, les deux Régiments sont désignés pour faire partie de la 2e Division Blindée. Ainsi le 12e Chasseurs passe sous les ordres du prestigieux général Leclerc, qui le conduira de victoire en victoire. (source JMO du 12ème RCA).

Le régiment passe la frontière algéro-marocaine le 30 septembre 1943 et sert au titre des réserves à compter du 23 janvier 1944. Stationnant en forêt de Témara, il continue son entraînement sur le nouveau matériel américain, chars légers et moyens.

Depuis décembre 1943, la 2e D.B. est articulée en trois groupements tactiques. L’un d’eux, le G.T.L, est commandé par le colonel de Langlade qui, conservant le commandement officiel du Régiment, est remplacé à sa tête par le Chef d’Escadrons Minjonnet.

Le 6 avril 1944, les permissions sont suspendues. Le général Leclerc convoque les Chefs de Corps et leur annonce que la Division doit embarquer à partir du 10. Le 12e R.C.A. fait mouvement sur Casablanca et embarque dans les L.S.T. américains. Après une traversée sans encombre, elle débarque à Swansea(Pays de Galle) le 22 avril 1944.

De mars 1943 à début août 1944 – carte klm127.

Le 1er juin, le Chef d’Escadrons Minjonnet prend officiellement le commandement du Régiment. Le 3 juillet, au cours d’une cérémonie qui se déroule dans le parc de Dalton Hall(Yorkshire – Angleterre), en présence de délégations d’officiers des Armées alliées, le général Kœnig, commandant les Forces Françaises de Grande-Bretagne, remet son étendard au 12e Chasseurs d’Afrique. Cet étendard lui est offert par l’association des Français de Grande-Bretagne. Pour la première fois, le Régiment porte le calot de tradition bleu ciel à fond jonquille, qui vient de lui être attribué. Cet étendard, fabriqué en Angleterre, est bien un emblème de guerre avec ses franges de soie, sa lance britannique, sa cravate très simple. Mais il porte déjà sur sa soie son premier titre de gloire, « Tunisie », auquel bien d’autres vont venir s’ajouter.

En Angleterre Adrien est à l’Escadron HR :

Dalton Hall, le 3 juillet 1944, photo de groupe de l’Escadron Hors Rang du 12ème RCA. Adrien est le troisième assis en partant de la gauche – col. famille Morinaux.

puis on le retrouve au 4ème escadron au Peloton de Miscault…

Adrien avec ses camarades du Peloton de Miscault du 4ème Escadron du 12èeme RCA – source : livre d’Arthur Kaiser « Un artisan Alsacien dans la Division Leclerc ».

A partir du 1er août vers minuit trente, le 12ème RCA commence à débarquer sur la plage normande d’UTAH BEACH et se regroupe à Vesly près de Saint-Germain-de-Varreville.

Le 12ème RCA entre dans la bataille le 10 août en direction d’Alençon. Le 12 nettoyage de la forêt d’Ecouves,Adrien est blessé accidentellement à la main le 13 août 1944 à Chahains ( un doigt écrasé) . Dans le journal de marche on peut lire « Le 13 août, le Régiment atteint Chahains, détruisant trois automoteurs, huit chars, capturant 150 prisonniers ». 

Le 12ème RCA participe à la Libération de Paris le 25 août 1944, puis c’est Vittel le 12/9, Dompaire le 13 : a conquis les 13 et 14 septembre la position DAMAS, résistant à deux violentes contre-attaques ennemies et détruisent 21 chars « Panther » au cours de 30 heures d’une lutte ininterrompue. A ainsi réalisé un des plus beaux faits d’Armes depuis le débarquement allié du 6 juin.

Du 15 septembre au 31 octobre, le régiment reste en position défensive, mission difficile et épuisante pour une unité blindée. L’artillerie ennemie, très active, lui occasionne des pertes sérieuses. Des accrochages de patrouilles ont lieu chaque jour. Le 1er Novembre Baccarat, Strasbourg le 23/11/44 puis les combats de la poche de Colmar jusqu’au 8 février 1945 à Fessenheim et Blodelsheim. C’est le dernier combat du Régiment dans cette Alsace où il laisse beaucoup des siens.

Adrien Morinaux ne participe pas à la libération de Paris mais il combat à Dompaire, Baccarat, Strasbourg et lors des combats de la poche de Colmar en tant que conducteur de chars.

La « chevauchée » d’Adrien avec le 12ème RCA et la 2ème DB d’août 1944 à février 1945 – carte klm127.

Le 8 avril, le Régiment est mis à la disposition du Détachement d’Armée de l’Atlantique. Il va apporter aux Forces Françaises de l’Ouest, luttant pour Royan, l’appui de ses chars et de leurs canons.

Le 22 avril, des éléments du 12e R.C.A. participent à la prise d’armes qui marque la fin des opérations sur le Front de l’Atlantique. Le 24, le Régiment quitte la région de Royan. Ses chars sont embarqués sur voie ferrée, ses véhicules à roues font mouvement par la route. Le 1er mai, il est regroupé à l’ouest d’Augsbourg, ayant franchi le Rhin et pénétré en Allemagne. Il y arrive trop tard pour prendre part aux derniers combats de la guerre, et y apprend l’Armistice.

 Adrien franchit la frontière franco-allemande le 29 avril 1945 et repasse la frontière germano-française le 27 mai 1945.

Le 22 juin 1945, à Fontainebleau, le général Leclerc fait ses adieux à la Division et c’est au cours de cette prise d’armes, qu’il remet à l’étendard du 12e R.C.A. sa deuxième palme :

« Régiment de Cavalerie d’élite qui, sous les ordres du lieutenant-colonel Minjonnet et du chef d’escadron Gribius, n’a cessé depuis le début de la Campagne de donner les preuves de sa magnifique tenue au feu. A pris une large part à la libération de Strasbourg par ses chars qui, en tête de la 2e D.B., ont traversé les Vosges, pris Saverne et son col, ouvrant la route aux Divisions Alliées. Pendant la période du 18 novembre 1944 au 16 février 1945, libère de nombreux villages de Lorraine et d’Alsace, battant, malgré de dures pertes, l’ennemi partout où il résistait, lui faisant 2.580 prisonniers, dont 2 généraux, lui détruisant 24 chars, 39 canons de différents calibres, de nombreuses mitrailleuses et plus de 200 véhicules automobiles ou hippomobiles. « 

Adrien Morinaux en tenue de sortie. On distingue parfaitement l’insigne de la 2ème DB et du 12ème RCA sur son col droit – col. famille Morinaux.

Il est titulaire de la Médaille commémorative française de la guerre 1939-1945 avec barrettes « ENGAGE VOLONTAIRE – AFRIQUE – LIBERATION – Allemagne » et de la Présidential Unit Citation décernée par le Géneral Eisenhower aux Libérateurs de Strasbourg.

Adrien est rayé définitivement des contrôles de l’Armée d’active le 11 septembre 1945 pour retourner à la vie civile.

La fiche de démobilisation d’Adrien – col. famille Morinaux.

 Après-guerre, chaudronnier de formation, il fait carrière dans la société Carrier comme soudeur puis chef de chantier.

Adrien avec ses lunettes de soudeur, fin des années 50 – col. famille Morinaux.

Il entre ensuite chez TUNZINI où il deviendra conducteur de travaux puis directeur de travaux avec 500 personnes sous sa responsabilité. L’activité de l’entreprise, chauffage et climatisation industrielle, s’oriente à partir des années 70 vers la protection incendie des bâtiments. Il crée pour Tunzini une usine de préfabrication de lignes de Sprinkler, à Ressons le Long dans la zone industrielle de Vic Sur Aisne dans l’Aisne où il habite à partir des années 1960.

Adrien est chef de chantier chez Tunzini au début années 60 – col. famille Morinaux.

Pour l’anecdote il embauchera chez Tunzini comme collaborateur le fils du Général de Rouvillois qui commandait le 12ème Cuir au sein de la 2ème DB et est l’un des premiers à entrer dans Strasbourg le 23 novembre 1944 (En milieu de matinée, il est devant la cathédrale et envoie au Général Leclerc le message devenu célèbre ‘’Tissu est dans iode’’ afin de l’informer que la 2e division blindée est dans Strasbourg).

Il se marie avec Madeleine Gérard, sœur d’un compagnon d’armes du RMT (Jacques Gérard) rencontré à Strasbourg alors qu’ils logeaient chez l’habitant. De cette union nait son fils ainé Bernard en 1947 (deux petites filles). L’union ne dure pas et le divorce survient rapidement.

En 1953 il épouse en secondes noces Geneviève Charpentier avec qui il aura une fille prénommée Marie-France en 1957 (5 petits enfants) et un fils Jean-François (deux petits enfants) en 1966. 

Lors d’un concours de danse avec Geneviève son épouse, à la fin des années 50 – coll. famille Morinaux.

Parmi ses petits enfants une des deux filles de Bernard habite actuellement Strasbourg.

Les deux petites filles (filles de Bernard) devant la Cathédrale de Strasbourg – coll. famille Morinaux.

Ils s’installent en Bretagne, à Port Navalo pour profiter d’une retraite méritée.

Il a fait beaucoup de recherches sur son frère décédé mais qui n’ont malheureusement pas abouti quand internet n’existait pas encore.

Il participe de nombreuses années aux réunions et commémorations des Anciens Combattants et c’est lors d’un voyage en Allemagne avec ses camarades de la 2ème DB, qu’il a pu conduire un char AMX30.

Adrien Morinaux en 1993 entouré de tous ses enfants et petits enfants (deux de plus sont nés après son décès). Ses enfants : Bernard tout en haut, Marie France en jaune à la droite de Bernard, Jean François chemise rose en bas à droite – coll. famille Morinaux.
 

Il décède à Nantes le 1er juillet 1994 à l’âge de 73 ans des suites d’une longue maladie.

Nous remercions très sincèrement Madame Marie-France MORINAUX-HARDEBOLLE, sa fille, ainsi que l’ensemble de sa famille pour le partage de son histoire familiale qui nous permet de rendre hommage à Adrien Morinaux et à tous ses camarades du 12ème RCA qui nous ont libéré du joug nazi et à qui nous devons nos libertés.

Affaires personnelles d’Adrien Morinaux – coll. famille Morinaux.
Gros plan des plaques militaires d’identification « dog tags » d’Adrien avec comme porte bonheur Notre Dame de Lourdes et de la Garde – coll. famille Morinaux.
Destins croisés…le périple d’Adrien et Pierre pendant la seconde guerre mondiale – carte klm127.

Pour découvrir l’Histoire se son frère Pierre : https://musee.turckheim-alsace.com/cartel/pierre-marie-morinaux-1920-1945/

Gustave LHERMITE 1904 – 2003

Gilbert François CHAROY 1919 – 1970

Gilbert Charoy est né le 12 janvier 1919 à Romilly-sur-Seine dans l’Aube, fils de Georges et Lucie Lacour domiciliés à Vertus dans le département de la Marne.

De sa jeunesse nous ne savons pas grand-chose étant donné qu’il n’en parlait jamais.

Il s’engage volontairement le 13 avril 1939 à l’intendance militaire de Châlons-sur-Marne au titre du 66ème Bataillon de Chars de Combat (6ème BCC) qui est équipé de char Renault FT-17.

Le 22 avril 1939 il embarque à Marseille et débarque à Casablanca au Maroc où il est affecté le 29 avril 1939 à la 1ère compagnie comme chasseur de 2ème classe.

L’insigne du 6ème BCC représente une étoile chérifienne verte et rouge (couleurs du Maroc) chargée d’un éléphant.

Après la défaite française, le 16 novembre 1940, le 66ème Bataillon de Chars est dissout et ce jour  même, Gilbert Charoy arrive au 6ème Régiment de Tirailleurs Marocains (6ème RTM) dans la 101ème compagnie.

Le 2 septembre 1941 il est affecté au 2ème RTM dans la 104ème compagnie.

Le 1er février 1942 il quitte le 2ème RTM et il rejoint le 1er Régiment de Chasseurs d’Afrique (1er RCA).

Il arrive en fin de contrat le 13 avril 1942, date à laquelle il est démobilisé et se retire à Sidi Slimane.

Il est rappelé sous les drapeaux au 1er RCA à Rabat (Maroc) le 15 décembre 1942 et est affecté au peloton des transmissions de l’Escadron Hors Rang.

Le 10 février 1943 il rejoint le 11ème Régiment de Chasseurs d’Afrique (11RCA) et affecté au 2ème escadron (TANK DESTROYERS M10) commandé par le capitaine Duchesne.

Le 5 Avril 1943 le Régiment fait mouvement de Marrakech sur le camp d’ AÏN-SIBARRA (Région de camp Marchand).

Le 3 Mai 1943, arrive au camp les onze premiers tanks Destroyers américains.

Au 29 juin 1943 l’effectif du 11ème RCA est de 25 officier, 110 sous-officiers et 754 Brigadiers et Chasseurs.

Le 11 Juillet 1943, le Régiment fait mouvement de SIBARRA sur RABAT et le 14 juillet il défile devant Sa Majesté le Sultan.

Du 3 au 5 août 1943, le Régiment fait mouvement sur SEBDOU (Algérie). Le 7 septembre 1943,
le 11ème R.C.A. qui était en réserve d’Armée est rattaché à la 5ème Division Blindée par Ordre général n°5 du Général de VERNEJOUL.

Le 10 décembre 1943, le régiment est réparti en trois Combat Command :
1. C.C.4. Aux ordres du Colonel SCHLESSER (3ème Escadron).
2. C.C.6. Aux ordres du Colonel TRITSCHLER (4ème Escadron).
3. C.C.5. Aux ordres du Colonel d’OLEON (2ème Escadron) et l’Etat-Major et le 1er Escadron sont rattachés à ce groupement pour l’instruction.

Le 25 décembre, le Général DE LATTRE DE TASSIGNY visite au cours de l’après-midi les cantonnements de la 5ème D.B.

Du 6 au 9 Janvier 1944, le 11ème RCA fait mouvement sur MARTIMPREY DU KISS.

Le 10 Avril le Régiment livre des véhicules de combat (T.D, Half-Tracks et Scout Cars) au Régiment Blindé de Fusiliers Marins (RBFM – 2ème DB).
En date du 1er mai 1944 Gilbert Charoy est nommé chasseur de 1ère classe.

Le 2 Mai le Régiment fait mouvement sur le camp d’instruction de Bedeau.

Le 23 Mai 1944 livraison de 29 Tank- Destroyers M10.

Au 31 juillet 1944 l’effectif du 11ème RCA est de 30 officiers,
99 sous-officiers dont 6 sous-officiers indigènes,
439 hommes de troupe et 144 Chasseurs Indigènes.

Le Régiment quitte la zone d’attente pour ORAN où a lieu son embarquement (suite au débarquement de Provence du 15 août) le 26 septembre 1944.

Après Cinq jours de traversée Oran-Marseille, Il débarque le 1er octobre 1944.

A partir de cette date il participe à toute la campagne de France avec l’équipage du Tank Destroyer « Montenotte » du 2ème Escadron, 2ème peloton du 11ème Régiment de Chasseurs d’Afrique qui est composé de :

 Chef de char : Perrin Henri
Tireur : Vinson
Pilote :  Prat Maurice (tué le 5 avril 1945).
Aide-Pilote : Valuy René
Chargeur : Charoy Gilbert (grièvement blessé le 5 avril 1945).

Le 2ème Escadron du 11ème RCA où se trouve Gilbert Charoy arrive en Haute-Alsace le 25 novembre 1944, et est envoyé au feu dans le secteur d’Altkirch-Spechbach-Aspach . Il se regroupe le 30 novembre à Eschwiller et passe en réserve d’Armée.

Mi-décembre le 2ème Escadron combat dans le secteur Hachimette-Kaysersberg- Kientzheim-Ammerschwihr et participe à la libération de ces villages.

Le 29 décembre le 2ème peloton (Lt d’Elloy) du 2ème Escadron quitte Kaysersberg pour rejoindre Lièpvre en passant par Aubure et Ste-Marie-aux-mines. Le 30 on le retrouve à Sélestat et Rombach-le-franc.

Le 7 janvier 1945, le peloton d’ELLOY appuie l’attaque sur GAMBSHEIM et se trouve en fin de journée à LAMPERTHEIM où il passe la nuit. Le 9 il se porte à Lampertheim, le 10 à Herbsheim, le 11 à Benfeld et Kertzfeld, le 12 à Westhouse, le 17 à Barr, le 24 à St-pierre, le 26 à Sélestat.

Le 28 janvier 1945 il est engagé dans les âpres combats de Jebsheim, le 29 à Grussenheim, le 31 il appuie à 23 h l’attaque de Widensolen. Le 1 février le Lieutenant d’ELLOY (chef du 2ème peloton) est blessé par éclat d’obus à 3 h devant Widensolen. Le 3 il se porte à Artzenheim puis Colmar le 5.

A Colmar, le 8 Février 1945 le 2ème Escadron participe au défilé de la 5ème D.B et le 10 Février 2 T.D. participent à la prise d’armes en l’honneur du Général DE GAULLE.

Le 24 Février 1945 le 2ème Escadron quitte COLMAR pour cantonner à ENTZHEIM jusqu’au 31 mars 1945.

Le 3 Avril 1945 le 2ème Escadron franchit la frontière allemande et le RHIN à MANNHEIM.

Le 5 Avril 1945 la journée est marquée par de durs combats : les allemands luttent avec acharnement pour empêcher les troupes françaises de descendre vers Stuttgart : Gilbert Charoy est grièvement blessé ce jour-là lorsque son Tank Destroyer est détruit (char incendié). Il souffre de brûlures multiples (1er et 2ème degrés) au visage et aux membres inférieurs et supérieurs. La campagne d’Allemagne se termine ici pour lui.

Il est décoré de la Croix de Guerre 1939-1945 avec étoile de bronze et de la Médaille des blessés.

Le 9 avril 1945 il est transféré à l’Hôpital complémentaire Vial de Néris-les-Bains (en périphérie de Montluçon) pour une durée de 2 mois.

Il est démobilisé le 22 novembre 1945 et se retire dans la capitale marocaine, 42 avenue des sports à Rabat.

Il décède des suite d’un avc en 1970.

Robert de LOISY 1904-1977

Jean Victor Fernand DUVAL 1921 – 1994

Jean Duval est né le 25 avril 1921 à Landerneau(29), fils de Gabrielle et Prosper Duval.

Ses parents; Gabrielle jeune fille de très bonne famille fut séduite par Prosper Duval qui créa le DEVIL DUVAL JAZZ…

…« à Brest, en 1925, il y avait un groupe extraordinaire, le Devil-Duval Jazz. C’est devenu le plus réputé des orchestres brestois d’avant-guerre . . . »

le DEVIL DUVAL JAZZ avec la maman au piano et le père au saxo – Fonds famille Duval – Kerveillant.

A 12 ans, Jean est envoyé par son père aux « enfants de troupes » à Billom (63) et aux Andelys (27).

Il s’engage volontairement pour 5 ans dans l’armée française, au titre de l’infanterie coloniale, à Brest, le 25 avril 1939, à seulement 18 ans…la guerre est aux portes de l’Europe.

Il est caporal-chef dans l’Infanterie Coloniale dans la 1ère compagnie du 2ème Régiment d’Infanterie Coloniale (2ème RIC).

En juin 1940, il est fait prisonnier et envoyé dans un camp en Silésie (allemande à l’époque). Il tente une première évasion en novembre 1941 mais il est repris.

Le 27 mars 1942, il s’évade du Stalag VIIIA de Breslau (qui deviendra Wroclaw) avec 3 de ses camarades dont l’un sera repris.

Jean parle couramment l’allemand et ils arrivent à Paris le 29 mars 1942 ! (cf lettre de François Moura 11/11/52).

Il vit à Brest occupé et détruit par les bombardements alliés durant l’année 1944.

Il rencontre l’Amour de sa vie; « Maggy ». Les 2 tourtereaux s’échappent de Brest, à vélo, le long de la voie de chemin de fer… »Brest dont il ne reste rien . . . ».

Le 25 octobre 1944, il se réengage pour la durée de la guerre et rejoint la 1ère Division de la France Libre dans la quatrième brigade au Bataillon d’Infanterie de marine et du Pacifique (BIMP).

Insigne du Bataillon d’infanterie de marine et du Pacifique (BIMP).
Le BIMP a été constitué après la bataille de Bir Hakeim en juin 1942, par la fusion du Bataillon d’Infanterie de Marine (BIM) venu de Chypre, et du Bataillon du Pacifique (BP) venu de Tahiti et de Nouvelle-Calédonie – photo internet.

Il participe à la campagne des Vosges et de l’Alsace.

Début janvier 1945 (du 7 au 12 janvier) dans le cadre de la défense de Strasbourg, le B.I.M.P. est engagé dans les âpres combat de Rossfeld et d’Herbsheim, suite au déclenchement de l’opération ennemie Sonnenwend, le 4 janvier, qui vise à reprendre Strasbourg. C’est lors de ces combats que Jean Duval est cité une première fois à l’ordre de la Division :

« chef de groupe d’un courage souriant, discipliné, et faisant preuve d’initiative. Dans la nuit du 8 au 9 janvier 1945 durant l’investissement par l’ennemi du village de Rossfeld, a réussi par les feux de son FM (Fusil Mitrailleur) et surtout par les tirs de son VB à chasser un important élément allemand du cimetière et cela sous les feux des lances grenades et plusieurs armes automatiques. A par son action rapide levé une grave menace sur la garnison. »

Cette citation comporte l’attribution de la Croix de Guerre 1939-1945 avec étoile d’argent.

Après la rude bataille d’Alsace, le 28 février 1945 la 1ère DFL et le BIMP sont transférés vers le front des Alpes (une des dernières poche de résistance allemande) où le BIMP combat à partir du 9 avril jusqu’à début mai 1945. Il termine la guerre dans les Alpes italiennes.

Photo prise d ela 1ère compagnie du BIMP à Juan-les-Pins en mars 1945 devant l’hôtel « Splendide » – Fonds famille Duval – Kerveillant.
La photo de groupe a été prise sur cet escalier. L’Hôte « Splendide »l n’existe plus mais le bâtiment est toujours là au 16 rue Pauline à Juan-les-Pins.

Le 1er avril 1945 il est nommé au grade de Sergent.

Apres l’armistice, Brest est à reconstruire. Jean, de retour à la vie civile, avec un copain s’improvisent électriciens pour équiper les baraques « provisoires ».  A la reconstruction, Maggy et Jean reprennent le magasin de musique au 71 rue Jean-Jaures.

Fonds famille Duval – Kerveillant.

Par la suite ils s’installent à Nantes, puis à Rennes. Jean est toujours dans la radio-TV.

Le jour de la remise de sa Légion d’Honneur, il perd un oeil dans un accident de voiture et se reconvertit alors dans les assurances.

Il se passionne pour tous les sports : tennis, voile, équitation (souvenir de Coëtquidan) puis le golf. C’est lors de son « dernier » parcours de golf qu’il est victime d’un AVC qui lui sera fatal. Il nous quitte malheureusement le 2 octobre 1994 à Nantes à l’âge de 73 ans.

Sa nièce, Mme Paule Kerveillant, se souvient affectueusement de lui : « Swing, jazz, zazou, Trenet, Sinatra voilà les mots qui me viennent quand je pense à mon « tonton Jean » si joyeux, si curieux, si touche-à-tout, amateur de bons vins, de bonne chair, de bons cigares dont l’odeur nous faisait fuir. Il était élégant en toute circonstances, pas très adroit de ses mains, souvent moqueur . . . Très attaché à sa famille et à celle de Maggy, sa femme (mon grand-père adorait Jean). Avec Maggy « Tatie », il formait un couple léger et joyeux que j’avais toujours plaisir à retrouver pour de belles vacances insouciantes. Il chantait Trenet, Sinatra aimait la vie. Je pense que sa joie de vivre communicative a pu aider ses camarades aux heures les plus sombres. »

Nous remercions chaleureusement madame Paule Kerveillant de nous avoir confié ses archives familiales qui nous permettent de nous souvenir de Jean Duval et de ses camarades du B.I.M.P, libérateurs de notre région lors des terribles combats de la Poche de Colmar. Nous ne les oublierons pas!

Obus et Gargousse pour canon de 20,3cm H503(r) 

Obus et gargousses de poudre pour canon de 20,3cm H503(r).

Ensemble regroupant un obus de 203mm anti-béton G-620 d’origine russe avec une caisse (2 charges 1 à 5) et un container (1 charge 1 à 5) de transport; de fabrication allemande pour des charges de poudre 1 à 5 appelées gargousses (Teilkartuschen en allemand).

A gauche les gargousses (charge de 1 à 5) et à droite un container métallique pour le transport des gargousses

Le canon qui tire ce type de munition est un Obusier russe modèle 1931 de 203mm (ou 203mm B-4) qui a été capturé par la Wehrmacht lors des combats en Russie et renommé 20,3cm Haubitze 503(r). Il est réutilisé par l’armée allemande sur le front de l’est, italien et alsacien en 1944-45 près de Haguenau.

Marquages allemands de la caisse de transport de 2 charges 1 à 5.

C’est le plus lourd des matériels d’artillerie de campagne utilisés par les Soviétiques pendant la seconde guerre mondiale.

Il faut une quinzaine d’hommes pour la mise en oeuvre de ce type de matériel.

Sa cadence de tir est de un coup toutes les quatre minutes et il servait à effectuer de puissants tirs de barrage ou de démolition d’importantes positions défensives pour lesquels on employait un obus explosif de 100 kg comme celui présenté.

Il a été surnommé le «marteau de forgeron de Staline » par les soldats Allemands.

Caractéristiques :

Longueur obusier : 5,08 m.

Poids obusier : 17,700 kg.

portée maximale de l’obusier : 18 000 mètres.

Poids de l’obus : 100 kg.

Front de l’Est – source photo internet.
image source internet.
Berlin – source photo internet.
source photo internet.
Dantzig – source photo internet.