André FINDELI 1923 – 2012

HISTOIRE d’un accordéon pas comme les autres…

Je suis l’accordéon d’un « Malgré Nous » de Ribeauvillé(68), rescapé de la 2ème Guerre

mondiale et dont j’ai été son fidèle compagnon de route pendant toute la durée des hostilités.

Depuis son incorporation de force dans le R.A.D / K.H.D  au printemps 1942, il avait alors 18 ans seulement, jusqu’a 1946, date de la fin de son engagement dans l’armée Française. J’en ai vu de toutes les couleurs pendant ces 4 longues années, passant d’une armée à l’autre.

Je vais vous raconter les faits les plus marquants, me concernant moi et mon jeune propriétaire, durant cette période tragique.

Au R.A.D. (Reichsarbeitsdienst) où j’ai accompagné mon propriétaire dès le début à Haguenau (67) puis au K.H.D. (Krieghilfsdienst) près de Hildesheim au sud de Hanovre (Allemagne), j’ai vécu quelques bons moments pendant des séances de « pluches » (corvée de pommes de terre) que j’accompagnais en musique et en chansons, à l’entière satisfaction du personnel et de mes chefs de troupe présents à ces moments là.

Puis mon jeune propriétaire a été incorporé de force (comme beaucoup d’alsaciens et mosellans à cette époque) dans la Wehrmacht où je n’ai pu le suivre de suite (pendant ses « classes » et sa formation de soldat dans l’armée allemande).

Ce n’est que lors de la campagne de Russie qu’il obtint une permission spéciale

pour aller me récupérer et me ramener avec lui dans son unité, la 331° D.I.(division Infanterie) dans le secteur de Velikye Lucki (Russie).

Vous vous imaginez bien que les conditions de vie n’étaient pas très facile, et pour Noël 1943 on me demanda de faire une tournée en première ligne, de Bunker en Bunker, pour aller jouer des chants de Noel aux combattants afin de leur apporter un peu de réconfort. Nos premières lignes étaient à peu près à environ 100 m des lignes russes et cette visite le long des tranchées, ce n’était pas des plus confortables. N’empêche que j’ai gardé de ces instants, un souvenir particulier et une émotion forte et touchante.

Le deuxième grand évènement de cette campagne fut quelques semaines plus tard

lors de la grande offensive russe de janvier-février 1944 dans le secteur Nord au cours de

laquelle notre 33 l° Division ne fut pas loin d’être encerclée et subit de lourdes

pertes. Le repli allemand était total sur l’ensemble du front et nous purent nous échapper par miracle, sans savoir encore aujourd’hui comment nous y sommes arrivé.

Après le regroupement des unités restantes à l’arrière du front, la décision d’un rapatriement vers l’Allemagne fut prise par le O.K.W. (grand commandement allemand) afin de reconstituer et recompléter les effectifs de notre Division. La chance a

voulu que tous deux nous soyons du voyage vers Cologne ; ville d’où était originaire notre Division. Après la reconstitution de nos effectifs, nous sommes reparti en

train de marchandises vers une destination encore inconnue lors de notre départ.

Ce n’est qu’après le passage des gares de Bruxelles et de Lille, que nous avons été fixés :

c’était en France que nous allions, plus exactement à Licques, dans le Pas de Calais, en vu d’un hypothétique débarquement alliés (c’est dans ce secteur que les Allemands privilégiaient un éventuel débarquement plutôt qu’en Normandie).

J ’ai appris plus tard que ma présence dans ce convoi était principalement dû au fait que mon propriétaire Alsacien parlait couramment Français et pouvait ainsi servir d’interprète (en principe les Alsaciens et Mosellans n’étaient pas stationnés en France, par crainte de les voir sympathiser avec la population locale et d’en profiter pour déserter).

Notre premier cantonnement se trouva donc à Licques, non loin de Saint Omer où les

Allemands avaient aménagé des rampes de lancement de fusées V1, les nouvelles armes de représailles allemandes dont tout le monde avait entendu parler depuis quelques temps.

Au Café des Sports à Licques j’ai le souvenir d’une soirée d’accordéon et de chansons au

milieu de civils Français lorsque vers 22 heures surgit une patrouille allemande dont le

Unteroffizier (sous-officier allemand) qui la commandait nous demanda violemment d’arrêter cette fête qui n’était pas à son goût. Mon propriétaire fut convoqué dès le lendemain au bureau du commandant, qui fut très compréhensif à notre égard, et il n’y eu heureusement pas de suite fâcheuse pour nous (tout rentra dans l’ordre).

Contrairement aux prévisions allemandes, le débarquement eut finalement lieu le 6 juin 1944 en Normandie. Le 13 juin nous furent tous « invités » à assister, à minuit pile, au lancement

des premières fusées V1 sur Londres. Nous n’avions jamais vu « pareil spectacle », quel surprise cela fut pour nous, entre fascination et terreur!

Le 1er aout, notre 331° D.I. reçut l’ordre de se mettre en route pour la Normandie, afin de venir en aide à la 7 ° Armée allemande,  qui était encerclée dans la Poche de Falaise. Celle-ci ne s’en sortit qu’avec de lourdes pertes en hommes et en matériels. Ce n’est que vers le 15 aout qu’Hitler en personne autorisa et donna son ordre de repli des troupes allemandes vers la Seine. Mon propriétaire profita de ce repli pour se « faire la malle » et me cacha dans la grange à foin d’un cultivateur local.

A la faveur d’un subterfuge (qu’il serait trop long à raconter ici) il réussit à se détacher de la colonne allemande en plein repli pour venir se réfugier à son tour dans cette grange à mes côtés.

Tout s’est bien passé et quelques jours plus tard ce secteur fut totalement libéré.

Commença alors pour moi une période de bals de la Libération, à la grande joie des habitants de La Ferté-Fresnel, notre lieu d’habitation provisoire pour cette période. J’étais devenu en quelque sorte un « accordéon-héros » et on venait de partout nous demander pour jouer à des mariages et autres manifestations festives, après toutes ces années de souffrances et de peines.

A présent, pour la suite du récit,  je laisse la « parole » à l’accordéoniste, ex incorporé de force dans l’armée allemande, pour vous raconter la suite de notre histoire :

Le parcours d’André Findeli avec son accordéon.

« Début septembre 1944 avait lieu en France le recensement de la classe 1923, l’année de ma naissance. Je suis donc parti à Alençon avec les appelés de la Ferté-Fresnel où je m’étais engagé comme volontaire dans la première Armée française, pour me battre contre l’occupant allemand et libérer le reste du territoire français encore occupé(dont l’Alsace), non sans avoir du subir au préalable un interrogatoire des plus corsé, dirigé par un ancien capitaine du 152° RI de Colmar, qui connaissait parfaitement Ribeauvillé(68) et qui me recommanda de faire très attention et d’être particulièrement vigilant, car il pensait que la guerre allait bientôt se terminer, et que ce n’était pas le moment de mourir bêtement.

La veille de Noël 1944 nous sommes partis d’Alençon vers Nancy où un Bataillon « Alsace »

composé uniquement de ressortissants alsaciens, « évadés » de l’Armée allemande était en

cours de formation. Il va sans dire que mon accordéon n’a pas chômé à Nancy.

Le 4 janvier, nous sommes partis en camions pour Strasbourg qui, bien que libéré depuis

novembre 1944, était entrain de vivre de mauvais moments, car privée des unités américaines devant la protéger, la ville risquait d’être reprise par la contre-attaque allemande en cours. La population Strasbourgeoise redoutait particulièrement le retour possible des Allemands et des représailles en retour.

Heureusement ce même jour arriva le général Guillaume et sa 3° D.I.A. (Division Infanterie Algérienne) envoyé par le  Général de Lattre, qui avait promis de défendre coûte que coûte Strasbourg (n’en déplaise aux Américains qui voulaient se retirer derrière les Vosges, pour réduire le front à tenir, à cause de l’offensive allemande dans les Ardennes et l’opération « Nordwind).

Heureusement tout rentra dans l’ordre (après quelques combats acharnés quand même) et la route de Strasbourg – Colmar fut bientôt libre, ce qui permit à mon accordéon et moi-même de rentrer enfin chez moi, à Ribeauvillé, revoir ma famille (après tous ces mois d’absences) dont je n’avais plus de nouvelles depuis très longtemps.

En février 1945, le Bataillon « Alsace » fut affecté au 23° R.I. nouvellement créé, ce dernier étant lui-même une des composante de la 3° D.I.A. Le même mois, le 23° R.I. se dota d’une musique régimentaire dans laquelle je me suis inscrit comme caporal-tambour sous le

commandement du capitaine Leroy, de Nancy, dont je fus l’un de ses bons élèves, certificat à l’appui. Un peu plus tard nous avons même formé un orchestre de jazz où mon accordéon tint une bonne place.

Après que le général de Lattre passa le Rhin le 31 mars 1945, à la date que lui

avait demandé le général de Gaulle, notre musique régimentaire du 23° R.I. prit d’abord

ses quartiers à Karlsruhe(Allemagne), puis à Spire (Allemagne) où était installé l’état-major de la 3° D.I.A.

Le 8 mai 1945, jour de la victoire définitive face à l’Allemagne nazi, nous avons défilé, et avons fêté  cela en musique en pleine rue avec mon accordéon, qui était tout naturellement de la partie ! Quels souvenirs !

Je fus démobilisé le 6 janvier 1946, et retrouvais à ce moment là, la vie civile et professionnelle, à 23 ans. Tout au long de ma vie, mon accordéon, ici présent, m’accompagna comme il se devait ! J’ai décidé à 89 ans, d’en faire don au Musée Mémorial, après avoir passé  plus de 70 ans à ces côtés, pour témoigner de cette période tragique et raconter aux générations futures ce que nous avions vécu, et comment grâce à cet accordéon nous avions surmonté toutes ces épreuves.

ANDRE FINDELI

André Findeli est décédé le 15 octobre 2012 à l’âge de 89 ans, il était né le 18 mai 1923 à Ribeauvillé (68). Après guerre il fut un grand Monsieur de l’athlétisme vétéran il obtint plusieurs titres de Champion d’Alsace sur 100m, 400m, 110m haies, 400m haies, et triple saut. Il a ensuite obtenu plusieurs titres et médailles mondiaux et européens lors de sa carrière vétéran débutée lors des premiers Championnats du Monde à Toronto en 1975. André Findeli a établi plusieurs records de France vétérans et en détenait encore 5 en 1988 (1 an avant son décès) : le pentathlon M 50 et M55, le 400m haies M55, le 100m haies M 60 et le 300m haies M65.

Maurice Philippe CALMETTES 1913 – 1991

Bonnet de police du Lieutenant Maurice CALMETTES du 1er Régiment de Marche de Spahis Marocains (1er RMSM), unité de reconnaissance de la 2ème Division Blindée du Général Leclerc, avec ses plaques d’identité et sa médaille commémorative des services volontaires dans la France libre (inscriptions au dos : 18 juin 1940 – 8 mai 1945).

Maurice Philippe CALMETTES 1913 – 1991 :

Je m’appelle Maurice Roger Philippe CALMETTES, je suis né le 19 juin 1913 dans le 10ème arrondissement de Paris (75).

Jeune soldat appelé au service militaire de la classe 1933 je renonce à mon sursis le 10/10/1935 et suis incorporé au 3ème Régiment de Hussards.

Je suis nommé Brigadier-Chef et intègre l’Ecole de cavalerie de Saumure fin avril 1936.

Promu Sous-Lieutenant de réserve par décret du 3 octobre 1936 je suis affecté au 1er Bataillon de Dragons Portés et renvoyé dans mes foyers le 3 octobre 1936.

En juillet 1938 je suis admis dans la réserve de l’infanterie coloniale et suis rappelé à l’activité au peloton motorisé de la côte française des Somalis (Djibouti) le 3 septembre 1939.

Suite à la défaite de la France je suis démobilisé le 18/09/1940.

Je suis rappelé à l’activité et affecté au Régiment  deTirailleurs Sénégalais de la côte française des Somalis le 1/10/1941. De nouveau démobilisé le 1/4/1942 je suis renvoyé dans mes foyers le 14/5/1942.

Je décide de m’engager dans les Forces Françaises Libre (FFL) le 16/2/1943 où je suis affecté au 1er Régiment de Marche de Spahis Marocains (1er RMSM) le 30/10/1943.

Insigne du 1er Régiment de Marche de Spahis Marocains

Dirigé par avion sur Rabat au Maroc je quitte la côte des Somalis le 17/11/1943.

J’embarque à Oran (Algérie) avec mon unité le 29/4/1944 et arrive en Angleterre le 12/5/1944, J’embarque à Southampton le 30/7/1944 pour débarquer en Normandie à Grand-camp le 1/8/1944.

Je Participe avec le 5ème escadron du 1er RMSM de la 2ème Division Blindée du Général Leclerc à la fin de la bataille de Normandie, à la libération de Paris et à la campagne des Vosges où je suis blessé accidentellement le 25/10/1944. Après ma convalescence je rejoins mon unité le 8/3/1945. Je suis promu Capitaine de réserve le 25/06/1945.

Je reste dans la réserve opérationnelle (Armée de l’Air – météorologie) jusqu’en 1967.

Après-Guerre  je travaille à Paris, comme ingénieur à la Météorologie Nationale.

Maurice Calmettes décède le 20/08/1991 à Créteil (94) et est enterré au cimetière du Père-Lachaise à Paris (75).

Citation à l’ordre de la Division n°66 du 1/11/44 :

« Chef de peloton plein d’allant qui était chargé le 23/9/44 de reconnaître les lisières de la forêt de Mondon et le village de Bénaménil (54). A accompli cette mission d’une façon parfaite. Pris à partie aux lisières du village par 2 armes anti-chars ennemies, ayant eu un premier char détruit et le deuxième en panne sous le feu, malgré la réaction violente ennemie, a, par une manœuvre hardie décroché son détachement, ramené les blessés et facilité la reprise du mouvement en avant par un autre détachement ».

Itinéraire Flin – Burivile – Bénaménil du 23 septembre 1944

Décorations :

Chevalier de la Légion d’Honneur.

Ordre National du Mérite.

Croix de Guerre 1939 – 1945.

Médaille de la Résistance Française.

Croix du combattant volontaire de la guerre 1939 1945.

Médaille de l’aéronautique.

Médaille coloniale des Côtes des Somalis 1940-1941.

Médaille commémorative 1939-1945 avec barrette « Engagé volontaire ».

Tombe de Maurice Calmettes au cimetière du Père-Lachaise à Paris

Pierre Benoit UHRY 1919 – 1945

Insigne du Groupe de Chasse 1/5 « Champagne » sculpté, qui était fixé à la croix de la tombe du Sergent-Chef Pierre Benoit UHRY à Rustenhart (don de la famille GEISMAR).

Je suis est né le 17 octobre 1919 à Bischwiller(67), orphelin, j’ai également perdu mon bien aimé frère Henri Cain UHRY, Mort pour la France le 16/06/1940 à Vimory (45) au combat avec le 237ème Régiment d’Infanterie.

Je suis incorporé en mars 1939 à Bron dans l’Armée de l’Air et suis breveté le 3 juillet de la même année à Ambérieu. Passé par Étampes, Agen, Evreux (EAP n°17) je sers comme sergent instructeur à Etampes. Je suis libéré du service actif le 26 janvier 1941 à Toulouse-Francazal.

Ayant rejoint l’Afrique du nord je me réengage le 15 octobre 1942 au titre du 7ème  Régiment de Tirailleurs Algériens (7ème RTA) et j’obtiens une Croix de guerre suite à ma participation aux combats contre les Allemands en Tunisie.

Affecté au dépôt de Blida en Algérie je suis réintégré dans le personnel navigant et rallie les Forces Aériennes de la France Libre en mai 1943, en Syrie. Enregistré à la 3ème Compagnie de l’école de pilotage de la base de Rayak le 8 juillet sous le numéro 40.937,  je rejoins les pilotes ‘gaullistes’, nommé sergent, je suis est affecté aux forces aériennes en AFN au 10/11/1943. 

Le 1/09/1944 je suis promu au grade de sergent-chef.

Le 25/9/1944 je suis affecté au Groupe de chasse 1/5 « Champagne » alors basé au Vallon.

J’effectue plusieurs missions d’appui au sol pour nos troupes terrestres  en Italie et pendant les combats de la poche de colmar.

Ma dernière mission a lieue le 4 février 1945 le long du Rhin entre Dessenheim (68) et Rustenhart(68) à bord de mon P-47 Thunderbolt type D-28-RE serial number 44-19702.

Après avoir attaqué sur le Rhin l’une des « portières » située à 5 km de Neuf-Brisach (pont de bateaux par où les allemands envoyaient des renforts et du matériel). Malgré de très mauvaises conditions météo et une Flak omniprésente, les cibles seront parfaitement traités d’est en ouest sans pertes. 

 L’objectif suivant indiqué par radio au commandant de groupe est d’attaquer une colonne de véhicules allemands.

Equipier à gauche du Commandant je suis touché de plein fouet par la Flak (Défense anti-aérienne) allemande lors de ma première passe. Je m’écrase, mortellement touché à côté de la ferme de Schaeferhof se trouvant sur la commune de Fessenheim (68).

Je repose à présent à la nécropole de Sigolsheim auprès de 1588 autres valeureux soldats, des différentes armes et confessions, tombés pour la libération de la France et de l’Alsace.

Son nom figure sur la liste « Mort pour la France » au monument aux morts de Bischwiller.

 NB : Le Sergent-Chef Uhry décole le 4 février 1945 de Dôle-Tavaux (39) avec une douzaine d’autres appareils sous les ordres du Commandant du Groupe,Marin la Meslée (qui sera également abattu lors de l’attaque de ce même convoi). Les deux aviateurs-pilotes n’ont pas survécu. Leurs obsèques furent célébrées le 12 février 1945 à Rustenhart par l’abbé Weber et seront inhumés au cimetière du village.  

Par la suite leurs dépouilles furent enterrées à la Nécropole Nationale de Sigolsheim (tombe K-3-63) pour le sergent-chef Uhry et pour le Commandant Marin la Meslée à l’endroit même où la Flak l’avait, abattu sur la commune de Dessenheim à côté du  monument érigé à l’initiative de ses compagnons d’armes, en forme d’étoile à cinq branches.

Roger Louis Henri GUILLAUME 1920 – 2006

Modèle réduit du chasseur-bombardier P-47D type 27RE Thunderbolt serial number 42-227295 sur lequel volait Roger GUILLAUME le 20 novembre 1944 lorsqu’il a été abattu au-dessus de Colmar par la défense anti-aérienne allemande. Il s’agissait du nouvel appareil du commandant du Groupe de Chasse GC II/5 La Fayette (d’où la présence de l’insigne avec les 2 escadrilles du Groupe : l’escadrille SPA 124 ‘La Fayette » avec la tête de séminole et l’escadrille SPA 167 Cigogne blanche à ailes hautes)

Je m’appelle Roger GUILLAUME je suis né le 26/09/1920 à Libourne (33).

Enfant mon père m’avait emmené voir un film d’aviation au cinéma : je suis émerveillé  et je lui dis que je voulais devenir pilote !

En 1938 je m’engage enfin dans l’armée de l’air pour rejoindre le personnel naviguant. Elève observateur en 1940 ma formation est interrompue suite à l’armistice et la défaite de la France et je suis démobilisé sans avoir pu combattre.

Ayant pu rejoindre l’Afrique du nord , après le débarquement des troupes américaines en novembre 1942 je m’engage à nouveau et je rejoins le Centre de Formation du Personnel Naviguant en Amérique dans l’Alabama (CFPNA) en septembre 1943. Je fais parti du détachement n°3 et suis le cycle complet de l’US Air Corps (J’effectue mon premier vol solo après seulement 10h de vol). J’ai piloté un BT13 puis un T6 jusqu’à l’obtention de mon brevet de pilote de chasse le 12 mars 1944. Je suis ensuite formé sur chasseur-bombardier  P-47 Thunderbolt.  

A mon retour en France je suis affecté en tant que sous-Lieutenant au Groupe de Chasse GC II/5 La Fayette qui se trouvait à Lyon-Bron en octobre 1944.

photo prise à Craig Field (Alabama).
Debout (de G à dte): Robert Gladel – Telliez (?) – Jean-Pierre Coayrehourcq – Louis Ducheix – Georges Jacquet – Joseph Fabre – Jean Marie (Jacques) Meline.
Accroupis: Aspt Roger Guillaume – Lt Jacques Saiget – Aspt Nessi (?) – Aspt Jean Ardent. Source : http://patrice.laverdet.pagesperso-orange.fr/…/cfpna….

Je pilote un P-47 Thunderbolt. Nous partons d’Ambérieu ou de Lyon-Bron pour bombarder l’Allemagne au nord de la forêt-Noire (mission sur Fribourg en Breisgau) ou en Alsace en vingt minutes. Les objectifs changeaient tous les jours. Il y avait huit mitrailleuses de 12,7 mm (calibre 50) sur nos appareils, 4 dans chaque aile avec lesquelles nous mitraillons nos objectifs (camions, batteries d’artillerie…) nous lâchons 2 bombes de 254 kilos chacune (500 Lbs). Pour cela nous descendons en piqué et à 80 mètres du sol, larguons nos bombes puis nous redressons rapidement notre appareil. Tous les matins on largue des bombes sur le pont flottant de Chalampé… que les allemands reconstruisent à chaque fois.

J’ai accompli ma 8ème et dernière mission le 20/11/1944 sur Colmar…

J’ai décollé avec ordre de tirer sur « tout ce qui bouge » entre Belfort et Colmar.

A la verticale de Colmar, mon chef de ma patrouille annonce : « il y a un train allemand en gare, on tire sur la loco ! ». Nous étions douze avions, quatre en couverture haute pour surveiller et protéger notre dispositif et les 8 autres pour attaquer la gare. Quand ce fut mon tour alors que je mitraillais la gare de Colmar j’ai ressenti un énorme choc…la Flak allemande en action ! Mon chef m’a annoncé par la radio « ton réservoir d’huile brûle ». Je lui ai répondu « alors ça ne va pas durer longtemps ». Une ou 2 minutes plus tard ça a commencé à « cogner » et je ne voulais pas sauter parce qu’on m’aurait certainement abattu alors j’ai atterri, train rentré, dans un champs près de l’hôtel du Ladhof entre Colmar et Holtzwihr. Heureusement c’était tellement humide que mon avion s’est posé comme sur de l’eau et le feu s’est éteint par la même occasion.

Le moteur a piqué du nez dans la terre, mes bretelles de sécurité ont cassées net et j’ai cogné ma tête contre le tableau de bord et perdu immédiatement connaissance.

Policiers et soldats allemands après avoir sorti Roger guillaume de son appareil.

Plus où moins conscient lorsque 2 soldats allemands m’ont sorti de l’appareil pour m’emmener à l’hôpital de Colmar, un policier alsacien m’a murmuré dans l’ambulance « je vais essayer de vous faire évader, restez à l’hôpital le plus longtemps possible » mais je n’y suis resté qu’un après-midi : une infirmière alsacienne me servait de traductrice car ils voulaient m’opérer puis un médecin militaire est arrivé en hurlant qu’il avait besoin de tous les lits et qu’un soldat français n’avait rien à faire ici, qu’il fallait me mettre en prison. On m’a transporté dans une cellule à Strasbourg pour terminer mon parcours en Allemagne dans la forteresse de Colditz (avec l’as anglais Douglas Bader entre autre) d’où j’ai été libéré en avril 1945 et j’ai rejoins mon unité le La Fayette à Colmar.  Je suis décoré de la Croix de Guerre avec palme.

Je me souviens d’avoir mangé au restaurant des têtes à Colmar en mai 1945 avec mes camarades … j’y suis retourné en 2004, 60 ans plus tard : que d’émotions en retrouvant ces lieux qui n’avaient quasiment pas changé à mes yeux et qui me rappelait cet incroyable sentiment de liberté avec la fin de cet horrible guerre.

En 1946 j’entre chez Air France et vole sur Goéland, Junkers 52, DC3, Bloch 161, DC4 et Lockheed Constellation.

En 1948 je rejoins la SATI  (puis UAT) et vole sur B24 Libérator, DC4,  le tout nouveau De Havilland Comet, DC6 et DC8 et DC10. J’effectue mon dernier vol le 27 août 1978 et comptabilise 23580 heures de vol.

Je profite alors d’une retraite bien mérité et me retire dans le Sud de la France.

Roger Guillaume en 2006 – mmcpc.

Je décède le 29/11/2006 et suis inhumé à côté de ma très chère épouse à Biot (06).

sources : mmcpc – Roger Guillaume – archives SHD – http://patrice.laverdet.pagesperso-orange.fr/…/cfpna…..

Henri Louis WAJNGLAS 1922 – 2003

Tenue portée et offerte au Mmcpc par Henri Wajnglas.

Henri WAJNGLAS est né le 24 avril 1922 à Paris dans le 12ème Arrondissement.

Henri WAJNGLAS- colorisation klm127.

Avant le début de la seconde guerre mondiale il apprend le métier de tapissier-décorateur.

Il est incorporé aux chantiers de jeunesse n°11 le 6 juillet 1942 jusqu’au 19 juin 1943.

Evadé de France dans le but de rallier directement l’Afrique du Nord, il passe la frontière franco-espagnole le 14 juillet 1943 jour de la fête nationale.

Il est interné le lendemain dans les geôles espagnoles et n’en sera libéré que le 16 novembre 1943.

Il débarque à Casablanca le 23 novembre 1943 où il rejoint le dépôt du personnel de l’Air de la base n° 209.

Il rejoint le 1er RCP le 18 février 1944.

Il participe à la campagne d’Italie du 31 mars au 4 septembre 1944.

Il obtient le brevet parachutiste n°1944 le 1 mai 1944 en Sicile.

Le 6 septembre 1944 il touche le sol de la mère patrie à Valence-Chabeuil dans la Drôme (26).

Il participe avec la 1ère compagnie du 1er RCP aux terribles campagnes des Vosges (octobre 1944) et d’Alsace (décembre – février 1945).

Photo prise à Hachimette(68), très certainement début janvier 1945.

Il est démobilisé et rayé des contrôles de l’armée le 16 août 1945.

De retour à la vie civile il fonde avec son épouse en 1960 la société VAINGLAS (aujourd’hui VAINGLAS INTERNATIONAL)  spécialisée dans la tapisserie et la décoration.

Il décède le 29 mai 2003 à Boissise-le-Roi (77) à l’âge de 81 ans.

Par ce portrait nous lui rendons hommage ainsi qu’à ses compagnons d’armes.

Moment de détente, lors de cette descente en luge pour Henri et ses camarades(non identifiés).

René LOESLE 1915 – 1991

Casque, tenue et équipement du Lieutenant LOESLE René de la 7ème Cie du 1 RCP – Brevet 2081. Le foulard qu’il porte autour de son cou a été fabriqué artisanalement à partir d’une toile de parachute utilisée pour le largage de container de ravitaillement (couleur light blue = vivres).

Il est né le 11 avril 1915 à Paris, fils de Ernest et UHL Marie Salomé domiciliés 5 rue de la Luss à Colmar.

Il obtient en 1934 la Préparation Militaire Supérieure.

Engagé par devancement d’appel le 18/10/35 à l’intendance militaire de Colmar au titre du 152ème Régiment d’Infanterie. Au moment de son entrée en service il est instituteur.

Il est admis à l’école de Saint Maixent le 25/10/1935.

Il est promu sous-lieutenant de réserve le 10 avril 1936 et affecté au 42ème Régiment d’Infanterie de Forteresse (42ème RIF) où il effectue son stage de casemate comme officier élève puis instructeur.

Libéré du service actif et passé dans la disponibilité le 1 octobre 1937 il rentre à Colmar. Il est rappelé à l’activité le 20 septembre 1938 au 42ème RIF et promu lieutenant de réserve. il est Renvoyé dans ses foyers le 4/12/1938.

Rappelé à l’activité au 42ème RIF le 16/8/1939, il passe au dépôt d’infanterie n°74 à Langres le 9/9/1939 avant d’être admis au stage d’observateur en avion à la base 109 de Tours le 15/02/1940. Muté à la Base Aérienne de Pau le 21/6/1940, affecté à la 4ème Cie à Bornes le 23/08/1940 puis passe à la 152ème Cie de Tirailleurs à Pau le 5/9/1940 où il est démobilisé le 16/11/1940.

Remobilisé sur sa demande à la Cie de Guadeloupe le 22/11/1943 à Basse-Terre le 22/11/1943, puis St Pierre(Martinique) il est muté au BICM de Fort-de-France où Il embarque sur le ss' »Oregon » le 12/3/44 et débarque à Casablanca le 30/3/1944 pour fairet mouvement sur Alger le 9/7/1944.

Il passe la frontière Algéro-marocaine le 11/7/1944 et rejoint le 1 RCP le 16/07/1944, au dépôt des isolés à Baraki le 22/07/1944. Il embarque à Alger le 29/07/1944 pour rejoindre le théâtre d’opérations d’Italie. Il débarque à Naples le 4/08/1944 et arrive à la 1ère Cie du 1 RCP le 8/8/1944 à Rome.

Il est détaché au stage d’élèves parachutistes à l’Airborne Training Center supervisé par les paras américains de la 82nd Airborne du 13/8/44 au 2/9/44 . Il obtient le Brevet parachutiste de l’infanterie de l’air n°2081 le 1/9/1944. Il est affecté à la 7ème Cie du 1 RCP comme adjoint au commandant de Cie le 3/09/1944.

Son insigne du 1er RCP.

Il Participe à la campagne des Vosges du 3/10/1944 au 24/10/1944 et à la campagne d’Alsace du 8/12/1944 au 19/2/1945.

Il est blessé à la mâchoire le 16/10/1944 au col du Ménil dans les Vosges par un éclat d’obus.

Pour son action il est cité à l’ordre de la Division par le général de Brigade Sudre commandant la 1ère Division Blindée :

 » Officier adjoint de compagnie, montrant en toutes circonstances un calme et un sang-froid remarquable. N’a cessé de seconder activement son commandant d’unité au cours des opérations du 3 au 24 octobre 1944. A effectué avec succès plusieurs patrouilles dans la forêt du Gehan, notamment à la côte 1011. Blessé lors du passage du col du Ménil, le 16 octobre a refusé de se faire évacué. »

Cette citation comporte l’attribution de la croix de Guerre 1939-1945 avec étoile d’argent.

Il participe à la campagne d’Alsace du 8/12/1944 au 19/2/1945.

Lieutenant Loeslé (cercle bleu) et ses hommes de la 7ème compagnie. Photo prise dans le secteur de Lapoutroie (68) fin décembre 1944 début janvier 1945 – fonds Métivier.

Remis à la disposition de l’armée de terre (24°DAP) à/c du 1/8/45 (AM.1285/SPMM/A du 16/10/45 du ministre de l’air.

Il est démobilisé le 30/01/1946 et rayé des contrôles de l’armée.

Il se marie à Colmar le 25 novembre 1949 avec Jeanne Kaltenbach.

Il est promu capitaine de réserve le 1/12/1950 puis commandant le 1/10/1959. Promu au grade de Lieutenant-colonel de réserve le 1/10/1969.

Chevalier de la Légion d’Honneur.

Croix de Guerre 1939-1945 avec étoile en Argent.

Croix du combattant Volontaire 1939-1945

Il décède à Colmar le 7 juin 1991.

Souvenons-nous de lui et ses camarades.

Bernard Arnoux de MAISON ROUGE 1908 – 1967

En récupérant ses plaques d’identification du modèle us, un grade de boutonnière de Capitaine, ses pattes de col régimentaire et un insigne de poitrine du 5ème Régiment de Chasseurs d’Afrique (5ème RCA) où il fut affecté le 16 mars 1943 nous sauvegardons la mémoire d’un Grand soldat ayant consacré toute sa vie au service de la France, particulièrement lors des campagnes de France, d’Indochine et d’Algérie.

Pour définir l’esprit qui l’anime on peut lire en introduction dans un livre écrit post mortem, qui raconte sa vie et son parcours militaire : « …il coulait dans ses veines, tant du côté paternel que maternel, un sang généreux qui avait fait ses preuves au long des siècles. Ses aïeux lui avaient tracé le chemin du Devoir, de la Droiture, du Don de soi et de l’Honneur. »

-Grand-officier de la Légion d’honneur,

-Croix de guerre 1939-1945 (7 citations),

-Croix de guerre des théâtres d’opérations extérieurs (2 citations),

-Croix de la Valeur militaire (4 citations),

-médaille coloniale avec agrafes « Tunisie 1942-1943 » et « Extrême-Orient »,

-médaille commémorative 1939-1945, médaille commémorative d’Indochine,

-médaille commémorative des opérations de maintien de l’ordre en Afrique du Nord,

-médaille des Blessés,

-chevalier des Palmes Académiques, médaille d’honneur de l’Éducation physique et des Sports,

-officier de l’Ordre du Million d’Éléphants et du Parasol blanc (Siam),

-commandeur de l’Ordre national (Vietnam),

-commandeur de l’Ordre du Mérite militaire (Brésil).

Il était en outre légionnaire de première classe honoraire.

Né le 3 février 1908 à Provins (77), enfant, il a le malheur de perdre sa mère, puis deux frères, Gilbert-Antoine (1892-1918), et Antoine (1895-1917), officiers pilotes morts pour la France au cours de la Première Guerre mondiale. Entré à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr le 6 octobre 1927, il en sort deux ans plus tard classé 36e sur 339 élèves (promotion maréchal Gallieni).

Le 9 février 1939, il rejoint l’école militaire et d’application de la cavalerie et du train où il est promu capitaine le 25 juin 1939.

Le 27 août 1939, à la mobilisation, il est affecté à l’état-major des forces aériennes de la 2e division de cavalerie. Il y reçoit le baptême du feu comme observateur en avion.

Il se montre tout de suite un commandant d’unité remarquable, intelligent, actif, clairvoyant. Au cours des opérations actives, il se révèle un combattant de grande classe, d’un cran magnifique, entraîneur d’hommes. Blessé par balle à la main le 12 mai 1940 à Dornac en Belgique, au cours d’un dur combat d’arrière-garde, il rejoint le régiment après la destruction des ponts de la Meuse.

Le 28 juin 1940, il sera cité à l’ordre de l’armée. « Magnifique officier, chargé le 12 mai 1940 de protéger le repli du régiment devant Dornac a tenu jusqu’à la dernière limite, restant seul avec un sous-officier et un cavalier pour servir un FM et remplissant intégralement sa mission. Après le repli de ses pelotons, a réussi à s’échapper à pied et à traverser la Meuse après l’explosion des ponts. Blessé à la main droite au cours de l’action. »

Au cours de la retraite du 17 au 24 mai, il fait preuve d’une grande résistance physique et d’un sens aigu de la situation, secondant admirablement son chef et contribuant à ramener un détachement monté du régiment de la Belgique au Sud de la Seine. Le 1er juin 1940, le 31e RDP ayant été réorganisé, il reçoit le commandement du 2e escadron, unité de fusiliers-voltigeurs, qu’il mène au feu à peine constitué avec un brio extraordinaire, prenant part à tous les combats de la 7e DLM du 10 au 16 juin. Encerclé le 16 juin étant en arrière-garde, il réussit à rejoindre les lignes françaises, faisant en quinze jours plus de 200 kilomètres à pied en région occupée.

Le 23 juin 1940, il est cité à l’ordre de la 7e DLM : « Commandant un escadron chargé le 12 juin 1940 de couvrir l’aile gauche d’un régiment voisin, a pris le contact avec la plus grande énergie devant Hauvillers (Marne) et a arrêté la progression d’un ennemi supérieur en nombre et en moyens. Entraîneur d’hommes obtenant de son unité de magnifiques résultats. »

Le 21 août 1940, il est fait chevalier de la Légion d’honneur (rang du 4 juillet 1940) avec la citation suivante : « Officier qui, s’est signalé par son courage, son entrain, sa foi inébranlable. Toujours sur la brèche au cours des durs combats du 10 juin 1940 devant Juniville (Ardennes), du 11 juin devant Selles (Marne), du 12 juin devant Hauvillers (Marne), du 13 juin devant Vauciennes (Marne) a galvanisé son unité à bout de souffle et ne s’est jamais replié que sur ordre. En arrière-garde du régiment, le 16 juin, et encerclé à Saint-Léger-Vauban (Yonne) par des chars ennemis, a fractionne son escadron en petits groupes et a réussi avec l’un d’eux à rentrer dans les lignes françaises parcourant à pied en pays entièrement occupé plus de deux cents kilomètres en 14 jours. »

Affecté au 14e régiment de dragons portés le 10 juillet 1940, après la dissolution du 31e, puis au 8e, à Issoire, le 1er septembre, après la dissolution du 14e, il reçoit le commandement du 2e escadron à cheval ; il se dépense sans compter pour mettre sur pied un escadron formé d’éléments les plus divers ; grâce à son influence, il réussit à constituer une unité très soudée, aimant son chef, animé d’un esprit de discipline très stricte. Sa connaissance de la région lui permet d’organiser sans délai la résistance en camouflant des stocks d’armes et de munitions, et jusque dans sa maison familiale de La Roche, près d’Aigueperse

Dès la lutte reprise, les cadres de l’École constituent, en Tunisie, l’état-major de la 1re brigade légère mécanique ; le 1er décembre 1942, le capitaine de Maison-Rouge prend la fonction de chef d’état-major du groupement nord. En décembre 1942, au cours des furieuses attaques de Kesselring, dans la région de Pichon, il se distingue par son attitude courageuse et son esprit de décision ; noté par le général Touzet du Vigier comme un « chef d’une trempe exceptionnelle », il est cité à l’ordre de l’armée le 21 avril 1943 :        « Chef d’état-major d’un groupement, a secondé son colonel d’une façon remarquable. Au cours de l’attaque ennemie sur Pichon le 19 décembre 1942 a fait preuve des plus belles qualités d’énergie, de sang-froid et de bravoure en réorganisant sous le feu la défense fortement éprouvée par la violence de l’attaque ennemie. » Il est en outre proposé pour chef d’escadrons à titre exceptionnel.

Le 16 mars 1943, il est affecté au 5e régiment de chasseurs d’Afrique, à Alger, où il prend le commandement du 8e escadron.

Promu chef d’escadrons à titre temporaire le 27 juillet 1944 (rang du 25 juin), il est muté le 1er juillet au 2ème régiment de cuirassiers (colonel Durosoy), avec lequel il débarque en Provence, à Sainte-Maxime, le 15 août. Après les combats de Notre-Dame-de-la-Garde, des rives du Rhône, il se bat pour Beaune, Dijon et Langres. Dans les Vosges, au Bois le prince, en tête de groupements successifs à lui confiés, il mène des contre-attaques chars-infanterie, puis des coups de main, des embuscades de nuit où il ramène des prisonniers faits de sa main, tandis que les canons des chars, la fusillade et les grenades retentissent fantastiquement dans les sapins déjà glacés de la Haute-Moselle.

Le 12 janvier 1945, il est cité à l’ordre de l’armée :

« Chef dont la splendide bravoure et l’intelligente ardeur viennent à nouveau de se manifester avec éclat. Bien que chargé du service auto du régiment, a personnellement participé à l’action en première ligne spécialement à Marseille, puis au combat de Langres le 13 septembre où il a atteint le premier les portes de la ville. S’est distingué aux combats de Bois-le-Prince en exploitant avec succès l’attaque du 4 octobre, puis en nettoyant la position du Haut de la Parère, causant à l’ennemi des pertes sévères. Le 13 octobre, a commandé avec succès l’attaque de la Tête de Chapechatte solidement tenue, tuant un ennemi de se main et faisant des prisonniers. Le 15 octobre a brillamment réalisé l’occupation de Travexin à la tête des chars et d’une compagnie de parachutistes. »

Le 7 avril 1945, il est cité à l’ordre de la 1ère Division Blindée :

« Vient de donner de nouvelles preuves de ses qualités militaires et de sa bravoure en Alsace du 20 au 25 novembre en s’emparent le 21 novembre du village de Wittersdorff, solidement tenu, puis en pénétrant dans Altkirch libérée malgré une sérieuse défense antichars et des chars ennemis. A assuré la défense de la partie nord de la vielle face à Anspach pendant quatre jours, au contact d’un ennemi nombreux, sous un tir ininterrompu de mortiers et d’artillerie. »

Au cours de la campagne d’Allemagne, il force le passage du Neckar et du Danube, enlève Uttenveiler, sur la route d’Ulm, après un dur combat. C’est enfin l’Autriche dont il franchit la frontière l’un des premiers, s’emparant de centaines de prisonniers dont deux généraux. Le 23 juin 1945, il sera fait officier de la Légion d’honneur avec la citation suivante : « Splendide officier supérieur, chef de guerre dont la rayonnante bravoure et l’audace manœuvrière se sont encore surpassées au cours de la campagne d’Allemagne.

Bousculant l’ennemi à l’Est du Neckar à Weildorf et Geislingen, s’est emparé le 20 avril 1945 de Balingen, puis le 21, réduisant une forte résistance ennemie à Schweningen, a atteint et franchi de vive force le Danube à Haussen-Imtal. Au cours de la marche sur Ulm le 23 avril, a livré en tête de notre avant-garde un violent combat à Uttenweiler et s’en est emparé malgré une résistance acharnée, capturant 400 prisonniers et 11 canons. Le 24 avril, brisant les défenses ennemies à Wiblingen, a atteint avec nos premiers chars le pont d’Iller Brücke à la porte d’ULM. A ensuite capturé plus de 2000 prisonniers et 20 canons au cours des opérations de nettoyage au sud du Danube. Chargé à nouveau de l’avant-garde d’un groupement tactique en direction du coure supérieur de l’Iller, a atteint Immenstadt le 30 avril après un dur combat, puis nettoyé la région et franchi le premier la frontière autrichienne, capturant en particulier un état-major d’armée hongroise, un général de division allemand, leurs états-majors et plus d’un millier de prisonniers. Ces hauts faits font de lui l’un des meilleurs artisans de notre victoire sur l’Allemagne, après avoir été celui de la libération de notre pays. ».

Le 19 mai 1945, il est affecté à la 5e division blindée comme chef d’état-major du CC4. Il fait preuve à ce poste de très belles qualités d’initiative et d’ardeur. Le 1er septembre 1945, sa nomination de chef d’escadrons à titre temporaire est transformée de droit en nomination définitive. Chargé par le général de Lattre de la mise sur pied de l’École des cadres de l’armée, à Rouffach, il en conduit parfaitement la réalisation malgré des conditions difficiles.

Le 19 novembre 1945, il est nommé commandant de l’école de sous-officiers de Langenargen en Allemagne. Grâce à ses remarquables qualités et par le rayonnement de son magnifique passé, il fait bénéficier ses cadres et les nombreux stagiaires sortis de son école, des fruits de son expérience et leur communique son dynamisme et sa foi ardente dans l’armée et les méthodes d’instruction nouvelles. A plusieurs reprises, il reçoit des témoignages de satisfaction tant pour la présentation et l’organisation de l’école que pour la tenue irréprochable des élèves. Il est promu lieutenant-colonel le 1er janvier 1949.

Suivront les guerres d’Indochine et d’Algérie.

Victime d’un grave accident de santé en avril 1962.

Mis en disponibilité sur sa demande à compter du 1er janvier 1966, il est placé par anticipation, sur sa demande, dans la section de réserve le 1er mars 1966, laissant le souvenir d’un chef ardent et passionnément attaché au métier des armes.

Retiré au château de la Bâtisse, à Chanonat(63), il se consacre à la sauvegarde du patrimoine architectural de l’Auvergne et du Limousin.

Le général de division Arnoux de Maison-Rouge est décédé le 14 octobre 1967 à Chanonat (Puy-de-Dôme). Il est inhumé à Entraigues(84).

Conteneur pour une charge propulsive pour canon américain « 8-INCH GUN M1 US ».

La charge propulsive (M9 de 35 kilos) contenu dans ce conteneur permettait de tirer un obus de 108 kilos (US M103 HE SHELL) à une distance maximale de 32 kilomètres avec la pièce d’artillerie lourde 8-INCH GUN M1 de 203mm.

Conçu en même temps que l’obusier de 240mm M1, le 8-inch GUN à de très nombreux points communs avec le 240 (même culasse, même chariot, même affuts et tracteurs de pièces). Il a été construit à 139 exemplaires (315 exemplaires du 240mm How M1) de 1942 à 1945.

Utilisé dans la poche de Colmar ce conteneur a été trouvé à Durrenentzen(68) après les combats de libération. Nous remercions chaleureusement la famille Pfeffen qui nous l’a donné en 2021.

Obus US M1 de 240 mm avec un conteneur pour une charge propulsive.

L’obus de 240 mm présenté est tiré par un obusier américain, le « 240 mm Howitzer M1 ».

Pour tirer un obus de ce type il faut une charge propulsive stockée dans un conteneur métallique comme celui-ci.

Il s’agit de la pièce d’artillerie terrestre la plus lourde utilisée par l’armée américaine lors des combats de la poche de Colmar. L’obusier de 240 mm est transportée sur 2 chariots à roues pneumatiques qui sont tractés par un tracteur M6 ou M35 (châssis du Tank Destroyer M-10). L’assemblage pour la position de tir et son démontage se font avec l’aide d’une grue M2.

L’obus M1 fait environ 160 kilos et peut être tiré à 22 800 mètres. Le 240mm Howitzer M1 fait un poids total de 29 300 kilos en position de tir et il faut une quinzaine d’hommes pour tirer 1 obus. Il a été construit à 315 exemplaires de 1942 à 1945.

Le 240 mm en action :

Marin la MESLEE 1912 – 1945

Je suis né le 5 février 1912 à Valenciennes (59), cinquième enfant d’une famille de 10. J’obtiens mon baccalauréat en 1929 et poursuis mes études à la faculté de droit pour faire plaisir à mes parents mais ma vraie passion est le pilotage (je suis breveté le 1 er août 1931 à Villacoublay). Je devance mon appel pour effectuer mon service militaire et suis incorporé fin novembre 1931.

Après mon apprentissage (école d’Istres et d’Avord où il sort major de promotion) je suis nommé sous-lieutenant de réserve le 20/09/1932 et intègre le 2ème régiment de chasse de Strasbourg.

Je me marie en 1935, intègre l’école de l’air à Versailles en 1936 et suis affecté à la  SPA 67 du groupe de chasse I/5 à Reims. Le Groupe de chasse I/5 est équipé quelques mois plus tôt de Curtiss H-75 Hawk et  mis sur le pied de guerre le 23 août 1939.

Le 11 janvier 1940, j’abats mon premier avion allemand, un Dornier Do 17 puis j’accumule les victoires. Le 2 juin 1940 je reprends  le commandement de l’escadrille.  A la fin de la campgne de France je comptabilise 16 victoires aériennes sûres au cours d’une centaine de missions ce qui fait de mois l’as des as de la chasse aérienne française au jour de l’armistice. Dès l’été 1940 je me retrouve au Maroc par défaut  dans l’armée de l’air de Vichy.

En novembre 1942 après le débarquement des troupes américaines nous rallions les alliés et je reprends le combat contre les allemands. En juin 1944 je suis promu au grade de commandant. Le 30 septembre je pose mon avion, un P-39 Bell à Salon-de-Provence. Début novembre le groupe de chasse  est rééquipé avec des chasseurs-bombardiers P-47 Thunderbolt pour principalement  appuyer au sol les troupes françaises et alliées (missions de bombardements ou de mitraillage). A partir du 29/12/1944 le GC I/5 décolle de Dole-Tavaux pour effectuer ses missions  dans la plaine d’Alsace.

4 février 1945 ma dernière mission…

La veille de mes 33 ans je décolle pour ma 132ème mission (AO-82) de guerre à la tête d’une formation de 11 chasseurs-bombardiers P-47 avec pour chacun d’entre eux 1 bombes de 254 kgs sous chaque aile. Nous devions au départ attaquer un village côté allemand mais notre PC aérien « Remedy » nous dirige vers un objectif secondaire qui est un pont de bateaux sur le Rhin près de Neuf-Brisach que nous détruisons avec succès et sans aucune perte.  A peine l’objectif traité on nous demande de mitrailler les routes entre Neuf-Brisach et Ensisheim. Je repère une colonne ennemie qui circule entre Balgau et Dessenheim.  Lors de notre première passe mon fidèle ailier le sergent Uhry est immédiatement touché par la Flak allemande (DCA) et s’écrase sur une ferme.  La fumée dégagée par la colonne en feu m’empêche de voir si nous avons détruit tous les véhicules : je décide alors de faire un 2ème passage pour m’en assurer.

Malheureusement la DCA allemande m’attend de pied ferme : un obus transperce mon avion et un éclat vient se loger à l’arrière de ma tête…mon P-47 n°44-20384 s’écrase dans un champs entre Rustenhart et Dessenheim. Ce sont des soldats allemands qui récupère ma dépouille  et un de leur peloton me rend les Honneurs militaires avant  de remettre mon corps à l’abbé du village le plus proche où je suis provisoirement inhumé.

Lors d’une cérémonie en mon honneur le 26 février 1945 le général Bouscat inspecteur général de l’armée de l’air et commandant les forces aériennes engagées dira  de moi : « Marin la Meslée,  je ne salue pas en vous un mort. Rien ne peut mourir de ce qui demeure de vous parmi nous. L’aviation française est marquée à jamais de Guynemer ; l’entre-deux-guerres a vu grandir et mourir Mermoz. Cette guerre-ci restera éclairée pour toujours par votre lumineuse figure, Marin la Meslée, pur et grand soldat de l’Air »

NB : à proximité du lieu du crash, l’armée française érigea un Mémorial qui a été inauguré le 29 juin 1946 et le corps du commandant Marin la Meslée y fut transféré le 13 juin 1950. Il s’agit d’une étoile blanche à cinq branches d’un diamètre de 30 m. La stèle qui recouvre sa tombe porte la mention de sa dernière citation :  « Chasseur d’un prestige inégalé, doué des plus belles qualités de chef dont il était le type accompli, a su faire jaillir autour de lui, par son seul exemple l’enthousiasme et l’ardeur en même temps qu’il forçait l’admiration de tous. Impatient d’ajouter encore au palmarès éblouissant de ses vingt victoires conduisait son groupe à la délivrance de l’Alsace lorsque le 4 février 1945 il trouva à l’ennemi une mort glorieuse à la mesure de sa vie : en tête de la formation qu’il commandait. Pur visage de l’Aviation de chasse dont il était l’incarnation, il restera, par ses vertus et par sa gloire l’une des figures les plus éclatantes de l’Armée de l’air et l’un des héros les plus nobles de la nation ».