Hélène HERMANN 1927 –

Le 4 février 1945 lors de la libération de Turckheim, Melle Hélène Hermann (TOUTIN de son nom marital aujourd’hui), jeune Turckheimoise de 18 ans en 1945, a courageusement accompagné le Lieutenant Marceau Crespin du 1er Bataillon de Choc pour une reconnaissance armée dans Turckheim, alors encore occupée par les troupes allemandes.
Hélène HERMANN nous raconte :
« A 16h, le 4 février, le Lieutenant Crespin( et son chauffeur) arrive de Wintzenheim et demande un guide pour leur indiquer où se trouvaient exactement les positions allemandes : je me propose spontanément de les conduire à travers la ville.
Les nids de mitrailleuses ennemis étaient installés le long de la rive gauche de la rivière Fecht, face aux usines Scherb et plus haut. Nous avons traversé la Fecht à hauteur du grand pont que les allemands avaient fait sauté dans la nuit du 2 eu 3 février 1945. Arrivés près de l’école maternelle, le long du quai, le chauffeur du Lieutenant a été touché par une balle explosive dans le bras droit. Nous l’avons mis à l’abri à l’école maternelle et j’ai cherché le médecin, le docteur ARNOLD qui était tout d’abord réticent à m’accompagner (après lui avoir porté secours le médecin a lui-même été blessé par un tir dans la jambe). J’ai appelé le chef des sapeurs pompiers de Turckheim, le capitaine Armand GRUENER qui a transporté les 2 blessés avec sa camionnette à charbon à l’hôpital Pasteur de Colmar.

Ensuite j’ai guidé 3 autres officiers français, les Lieutenant Gabillaud, Vermonet et un jeune officier médecin qui parlait anglais (en fait le Lieutenant Marceau Crespin de la 4ème Compagnie du Bataillon de Choc) vers les positions américaines qui se trouvaient déjà à côté de la poste actuelle. Pendant que les officiers français discutaient avec eux, les américains m’ont gardés sous haute surveillance car ils me soupçonnaient d’être une espionne à la solde des allemands et m’ont menacés de me fusiller s’il leur arrivaient malheur. A la nuit tombé, les 3 officiers et moi-même sommes retournés dans le faubourg pour attendre la compagnie du Bataillon de Choc qui devait arriver de Wintzenheim.
Le lendemain 5 février, après la libération de la ville j’ai constaté qu’il y avait dans toutes les rues de la ville des hommes avec le brassard tricolore des FFI (Force Française de l’Intérieur)… le Lieutenant-Colonel Gambiez commandant du Bataillon de Choc s’est écrié « c’est drôle, hier soir on n’a pas trouvé de FFI pour nous guider, il a fallu avoir recours à une jeune fille de 18ans! ».
Pour son action sous le feu ennemi, cette femme d’exception qui avait également aidé des prisonniers français à s’évader, restée dans l’ombre comme beaucoup d’autre, est citée à l’ordre du Bataillon par l’Ordre Général n°24 :
« Jeune alsacienne dont les sentiments patriotiques n’ont d’égal que le courage. Fille d’officier Français à pu montrer une fois de plus que le bon sang ne peut mentir. Le 4 février 1945 le village étant à demi occupé par les allemands, la 4ème compagnie devant effectuer une relève délicate de nuit d’éléments du 112ème Régiment d’Infanterie américain, s’est spontanément offerte pour guider le Commandant de compagnie aux emplacements de combat malgré des tirs d’infanterie et de mortiers avec une crânerie qui a suscité l’admiration de tous les combattants ».
La présente citation comporte l’attribution de la Croix de Guerre.
Elle lui fut remise à Madame Herrmann le 2 février 1946 par le Général Bapst lors d’une prise d’armes sur le Champs de Mars à Colmar.


NB : témoignage extrait de l’annuaire de la société d’histoire WICKRAM n°18 de Turckheim de 1996 – documentaire de la Ville de Turckheim de 2020.
Victor SUGLIA 1921 – 2018

Cette « Life Jacket » ou gilet de survie surnommée par les membres des équipages de US Army Air Force du nom de la célèbre actrice américaine dans les années 30, car les formes du gilet de sauvetage une fois gonflé leur rappelait sa « généreuse » poitrine.

Sauvé in extremis de la décharge de Mackenheim(67) par Albert Rudloff, qui l’a remis à Michel Morcel, qui lui même l’a donné au Musée Mémorial pour pouvoir partager son histoire au plus grand nombre. Sur l’avant on peut clairement lire le nom de Victor Suglia et son Army Serial Number (numéro de Matricule à 8 chiffres) : 32518305 et c’est grâce à ce marquage que Patrick Baumann, l’un de nos membres à pu retrouver son histoire.
Victor est né le 13 août 1921 dans le quartier du Queens à New-York (état de New-York), fils de Mary et John Suglia. Il travaillait comme ouvrier aéronautique avant la guerre.

Il a été enrôlé dans l’US Army Air Force le 2 octobre 1942 à l’âge de 21 ans.
Il servi avec le grade de Technical sergeant au sein du 305ème groupe de bombardement 365ème Bomber Squadron (305th BG 356th BS) pendant la seconde guerre mondiale.

La forteresse volante B-17G n°42-37944 basée à RAF Chelveston en Angleterre dans lequel se trouvait Victor Suglia (19ème mission) a été touché lors d’un raid sur Stettin(aujourd’hui Szczecin en Pologne), le 13 mai 1944(MACR 4872). Le pilote, le capitaine Bernard Davy réussi à rejoindre la Suède (pays neutre).

Après un atterrissage forcé à Echenforde (Suède) l’équipage a été interné jusqu’à la fin des hostilités. Après la guerre les suédois ont rendu l’avion aux Etats-Unis, qui a été ferraillé le 15/12/1945.
L’équipage se composait de :
Pilote (Pilot) : Capitaine Bernard Davey,
Co-Pilote (Co-Pilot) : Chas Frankhouser,
Navigateur (Navigator) : John Potts,
Bombardier : Capitaine Brooke Baier,
« Mécanicien/mitrailleur de tourelle dorsale (Engineer / Top Turret Gunner) : Clem Melder,
Opérateur radio (Engineer / Top Turret Gunner) : Dan Meade,
Mitrailleur de tourelle ventrale (Ball Turret Gunner) : Wayne Peterson,
Mitrailleur de sabord latéral (Waist Gunner) : Dick Finley,
Mitrailleur de sabord latéral (Waist Gunner) : John Gillis,
Mitrailleur de queue (Tail Gunner) : Cole Berggreen,
Ex/nav-Victor Suglia.
Comment ce life Jacket a-t-il fait pour arriver à Mackenheim dans le Bas-Rhin à 1200 kilomètres de l’atterrissage du B17 en Suède?
Une des hypothèse est l’échange (dans la précipitation du départ) de son gilet avec celui d’un membre d’un autre équipage sur un autre bombardier (ce qui arrivait fréquemment).
A son retour aux Etats-Unis, Victor et sa femme Anne s’installèrent à West Babylon (état de New-York) où ils élevèrent leurs deux enfants, Lydia et Victor.
Victor est décédé le 6/12/2008 à 97 ans et d’après sa nécrologie : « Victor était un grand amateur de golf et de bricolage, mais sa vraie passion était sa famille. Son talent pour faire rire les gens et raconter des histoires captait l’attention de tous partout où il allait. C’était un homme très déterminé qui affirmait catégoriquement qu’il n’avait aucun regret dans la vie, mais qui souhaitait toujours jouer une partie de golf supplémentaire. On se souviendra de lui comme un homme extraordinaire dont les histoires ne seront jamais oubliées. »



sources : journal L’Alsace du 28/04/2022, USNara et autres sites internet.
Edgar Emile OBERLIN 1921 – 1999

Celui présenté devant vous, appartenait à Edgar Oberlin et nous a été donné par son épouse après son décès.
Je m’appelle Edgar Emile OBERLIN.
je suis né le 6 avril 1921 à Colmar (68) où j’habite avec mes parents rue de l’ours.
Pendant l’annexion de l’Alsace, je suis malheureusement incorporé de force dans l’armée allemande le 16 janvier 1943 comme 100 000 autres alsaciens pour éviter entre autre, à ma famille la déportation.
Le « paradoxe » alsacien…celui de devoir combattre avec un uniforme qui n’est pas le sien et pour certains, comme Edgar Oberlin, la chance de pouvoir rallier et combattre avec son armée de coeur .

Je suis incorporé de force dans la Wechmacht le 29 janvier 1943 et affecté à l’Infanterie Panzer-Jägers-Ers.Kp.262 (qui est une unité anti-chars) à Eggenburg en Autriche.

Je suis muté le 21 novembre 1943 à la 14ème Panzer-Jäger Kompanie du Volks-Grenadier Regiment 106.
A partir du 9 décembre 1943 je tombe malade et je suis hospitalisé du 14 décembre au 14 janvier 1944 à cause d’une hépatite. A peine remis sur pied, je suis immédiatement renvoyé dans mon unité.
Le 10 juin 1944 en Italie je réussi à déserter la 1ère Kompanie du Panzer-Abwehr-Batalion 192 (je suis porté disparu par les allemands) et je suis fait prisonnier par les américains le 18 juin 1944 près de Sarano, qui m’attribue le numéro de prisonnier de guerre 81G 258 584H. Je suis remis aux autorités françaises le 25 juin 1944.

que leur fils est porté disparu depuis le 10 juin 1944 – document famille Oberlin.
Engagé volontaire dans la première Armée je suis affecté à la Compagnie de Commandement de Base Plage 901/5 le 26 juin 1944 : c’est la composante de la base d’opération 901 qui est l’unité logistique de la future Première Armée française (matériel, intendance, essence, santé…).

J’embarque à Naples le 16 septembre 1944 et j’arrive 3 jours plus tard à Marseille qui fut libérée le 28 août 1944 par mes camarades de la première Armée française.

Je participe à la remontée de la vallée du Rhône, à la campagne des Vosges et d’Alsace.
Le 1er Juillet je suis nommé au grade de Maréchal des logis.
Je suis démobilisé le 20 novembre 1945 à Colmar(68).
Edgar Oberlin décède le 2 décembre 1999 à Colmar (68) à l’âge de 78 ans.
Il est enterré au cimetière du Ladhof.

de la base 901 – fonds Edgard Oberlin.
Dessin d’Edgar Oberlin qui représente « son » Reichsarbeitsdienst (RAD ou « Service du travail du Reich » en français) pour raconter par le dessin ce qu’il a vécu lors de ce service militaire obligatoire.

Lors du service du travail obligatoire, les jeunes alsaciens ne manient pas des armes mais des pelles et des rateaux…et doivent défiler avec ou les présenter lors du serment au drapeau nazi.
La « Libération de Colmar » dessinée par Edgar Oberlin ancien de Rhin & Danube…à l’intersection de la Rue Stanislas, de l’Avenue de la République, de la rue Kléber et du Boulevard du Champs de Mars à Colmar.




NB : Compagnie de Commandement de Base Plage 901/5 :
Unité créée le 5 août 1943 en Algérie sous le nom de 901/5 Compagnie de Commandement de Base-plage. Elle débarque en Italie le 22 novembre 1943 puis est transférée en Provence le 15 septembre 1944. Elle s’installe à Dijon en octobre 1944, puis Nancy en avril 1945 et Strasbourg le 5 mai 1945. Elle change de nom le 1er septembre 1945 pour s’appeler 901/5 C.Q.G.(Commandement Quartier Général) Début 1947 elle s’installe à Kehl en Allemagne et sera dissoute le 31 janvier 1948.




Nous remercions sincèrement Madame Oberlin, son épouse, pour le don des affaires personnelles de Monsieur Edgar OBERLIN afin que nous puissions lui rendre cet hommage.
Zebulon Vance SAUNDERS 1912 – 1993

Je m’appelle Zebulon V. SAUNDERS, matricule 33545526….je suis né le 15 septembre 1912 dans l’état de Virginie.
Dans les années 30 je suis embauché par la célèbre firme « Pepsi Cola ».
Je me suis engagé dans l’armée américaine le 16 décembre 1943 pour la durée de la guerre.
Mon camp d’entrainement se trouve dans l’état de l’Alabama : Fort Mac Clellan, qui verra passer tout au long de la seconde guerre mondiale plus de 500 000 recrues.
En février 1944 mon unité d’instruction est la Comapgnie B, 17th Batalion et mon instructeur le Captain E.A. Mac Near.
Un an plus tard, le 17 décembre 1944, alors que le 30th Regiment US prend part aux très violents combats pour la libération de la ville de Kaysersberg(68),je me vois décerner la Bronze Star…et suis porté disparu en action (Missing In Action) le même jour.
Ce n’est qu’un mois plus tard, le 23 janvier 1945, que l’on retrouve ma trace… j’ai été fait prisonnier par les allemands et je vais rester captif jusqu’à la fin de la guerre.
Je suis détenu dans un camp d’internement; le stalag 317 de Markt Pongau en Autriche où les conditions de survie sont très difficiles.
On me libère le 29 juin 1945 et je regagne les États-Unis pour retrouver ma très chère Virginie natale.
Après guerre je deviens policier, avec le grade de sergent, dans le comté de Suffolk jusqu’à mon départ à la retraite.
Je m’éteint au Louise Obici Memorial Hospital le 16 février 1993 à 2h45 du matin à l’âge de 81 ans et repose auprès de la trè chère épouse Mary.
Ma gourmette ici présente est un souvenir de mes classes lors de ma formation où j’ai obtenu le score de 191 points lors d’un concours de tir.
Elle a été retrouvé dans les années 90 dans les vignes à proximité du Château de Kaysersberg(68) et est à présent exposé au Musée Mémorial en souvenir de tous mes camarades venus se battre pour libérer l’Europe du joug nazi qui pour certains on fait le sacrifice ultime.






Jacques René MOLTOT 1916 – 2004

Un « Barrack Bag » pas comme les autres…
Ce sac à paquetage appelé communément « Barrack Bag » a été fabriqué le 5 juin 1944 à Miami en Floride par la Canvas Products Co. Comme son marquage nous l’indique il appartenait à René Moltot du 2ème Bataillon de Zouaves Portés (2ème BZP) de la Compagnie Hors Rang (C.H.R.) de la 1ère Division Blindée française. A travers cet équipement personnalisé nous rendons hommage à ces hommes et femmes qui ont combattu le nazisme, qui venaient pour la plus part d’horizons et de parcours de vie très différents mais qui avaient un objectif commun qui était celui de libérer la France et l’Europe du joug nazi.
MOLTOT Jacques René…
Je suis né le né le 26 février 1916 à Saint-Lucien (Oran) en Algérie.
Je rejoins en 1936 l’Armée Française pour être affecté au 137ème Régiment d’Infanterie.
Fin 1941 j’arrive au 2ème Zouaves à Alger en tant que caporal-chef.
Je suis nommé au grade de sergent le 1er septembre 1939. J’embarque à Oran pour le Levant le 26 septembre 1939 et débarque à Beyrouth le 10 janvier 1941. Le 24 août 1941 je reviens en métropole en débarquant à Marseille (13).
Je me rengage au titre du 2ème Zouaves le 5 novembre 1941 et repars le 15 du mois pour arriver à Alger le 17 novembre 1941. Je suis affecté à la 1ère Compagnie, puis la 2ème. Le 13 juillet 1942 j’obtiens le brevet de chef de section à Sidi-bel-Abbès. Le 5 janvier 1943 je suis muté à l’état-major du 1er Bataillon (qui deviendra par la suite le 2° Bataillon de Zouaves portés – 2ème BZP ; le 16/2/1944) et suis nommé sergent-chef.
Nommé sergent major le 16/4/1943 par ordre du régiment n°70.
Je passe au grade d’adjudant le 1/2/1944 par ordre du régiment n°10 du 30/1/1944.
Intégré au sein de la 1ère Division Blindée (L’infanterie de la 1re DB était constituée de 3 bataillons de zouaves portés : 1, 2 et 3ème BZP) du Général Touzet du Vigier, j’embarque le 4/9/1944 dans le port de Mers-el-Kebir (Algérie) et pour débarquer le 9/9/1944 en baie de Saint-Tropez.
Je participe à tous les combats avec le 2ème Bataillon de Zouaves Portés de la 1ère Division Blindée pendant la campagne de France.

En Alsace pour mon action le 1er février 1945, dans le secteur de l’ancien couvent cistercien de Schoenensteinbach sur le banc communal de Wittenheim(68) j’obtiens une citation à l’ordre de la Brigade qui est la suivante :
Citation à l’ordre général n°5 du 9 mars 1945 : le Général Caldairou, Commandant le Combat Command n°3 cite à l’ordre de la Brigade :
MOLTOT Jacques, adjudant, 2°Bataillon de Zouaves, 2ème Compagnie, matricule 1829.
« Chef de la section de commandement de la Compagnie. Sous-officier courageux et très calme. Le 1 février 1945, à l’attaque de Schoenensteinbach, a dirigé avec le plus grand sang-froid la progression des éléments du P.C. du capitaine, sous un violent barrage de nebelwerfer et de 88 ».
Cette citation comporte l’attribution de la Croix de guerre 1939-1945 avec étoile de bronze.

Je termine mon périple en Allemagne, à Trèves, le 11 octobre 1945 d’où je rentre en France pour arriver à Angoulême le 13 octobre 1945 (Adjudant-chef à compter du 2 octobre 1945).
Après-guerre je décide de poursuivre ma carrière militaire. De 1949 à 1952 je combats en Indochine et de 1954 à 1962 en Algérie. On me décerne la médaille militaire en 1952.
Je suis rayé des contrôles du bureau de recrutement de Toulouse et de l’armée d’active le 8/8/1969 …et quitte l’armée après 33 ans de bons et loyaux services.
MOLTOT Jacques René est décèdé le 26 août 2004 à Toulouse à l’âge de 92 ans.
Récit écrit d’après les états de services de MOLTOT Jacques René retrouvé au capm de Pau.




Jacques Jean François Henri de VERNEJOUL 1889 – 1969

Casque 2 étoiles Mle 1935 des troupes motorisées françaises porté par le Général De Vernejoul ainsi que son sac en toile, sa boussole, son lecteur de carte, et son porte carte utilisés pendants les combats de la poche de Colmar (don de la famille De Vernejoul).

Je m’appelle Jacques, Jean-François, Henri de Vernejoul.
Je suis né le 13 mai 1889 à Montcaret en Dordogne, fils de Jean-François, Edgar, pasteur, et de Lucy-Fanny-Delphine Laurens.
Bachelier latin-sciences je suis reçu au concours d’entrée à Saint-Cyr en 1910.

Avant d’entrer à l’école je dois accomplir une année de service militaire.
Le 13 10/1910 je suis incorporé au 19ème régiment de dragons de Carcassone comme cavalier de deuxième classe.
Je suis promu au grade de brigadier le 13 février 1911, puis maréchal des logis le 14 septembre de cette même année.
Le 11 octobre 1911 j’entre comme aspirant à l’École Spéciale Militaire de Saint-Cy (promotion de la Moskowa), d’où je sors 2 ans plus tard classé 74ème sur 249 élèves.
NB : son capitaine relève déjà ses « grandes qualités d’instructeur et de chef », et le décrit comme « très militaire, très consciencieux, digne de toute confiance » et comme « cavalier élégant, adroit et fin. »
Le 10 juillet 1913 je suis nommé au grade de sous-lieutenant et suis affecté au 19ème régiment de dragons, à Carcassonne. D’octobre 1913 à août 1914, je suis les cours de l’École d’Application de Cavalerie de Saumur (9ème sur 68 sous-lieutenants élèves avec la mention Très bien). Je rejoins à ma sortie le 4ème régiment de Hussards à Reims.
Mobilisé avec ce même régiment je prends part à la bataille de Charleroi(21-23/08/14), à la bataille de Guise(29/8/14), à la bataille entre Béthune et Lens, à la bataille entre Hazebrouck et Estaires en octobre 1914 où je me distingue en conduisant une reconnaissance dans le secteur d’Estaires, ce qui me vaut ma première citation le 24 octobre 1914 qui est la suivante : « A conduit une reconnaissance sur Estaires avec énergie et sang-froid et a fait preuve en outre du meilleur esprit de solidarité et de sacrifice en se maintenant sous un feu violent d’artillerie et à un emplacement repéré où il perdait deux chevaux sur quatre afin de ne pas attirer le feu sur des lignes de dragons français arrivant à sa hauteur. »
En 1915 je suis promu Lieutenant, quitte la cavalerie pour rejoindre le 6ème Bataillon de Chasseurs Alpins avec lequel je participe à la bataille du linge dans les Vosges.
NB :Le 25 juillet 1917, il est cité à l’ordre de la Brigade : « Pris sous un barrage violent et subit dans la ligne de soutien avec son peloton au travail, est arrivé sous un bombardement très violent à réunir son peloton, à le mettre à ses emplacements de combat faisant preuve du plus grand calme et du plus grand sang-froid malgré le choc d’un obus qui l’a projeté à terre et recouvert en partie. »
Je prends part à la grande offensive de l’été 1918 au cours de laquelle je suis blessé à la cuisse droite par 2 balles, le 12 juillet à la ferme Anchin dans la Somme, au moment où je me lève pour me rendre compte de la situation.
Le 9 août 1918, je suis cité à l’ordre de l’Armée : « Officier de grande valeur et d’une bravoure à toute épreuve, commandant une compagnie d’attaque de première ligne, a été blessé grièvement en entraînant ses hommes à l’assaut des positions ennemies, restant toujours debout malgré le feu violent des mitrailleuses, donnant ainsi le plus bel exemple de courage. Deux citations antérieures. »
Le 4 novembre 1918 de retour sur le front je à nouveau blessé grièvement par balle à l’épaule gauche lors du passage du canal de la Sambre, alors que j’emmène mes hommes à l’assaut.
NB : surmontant sa douleur, il reste à son poste, inspirant confiance à tous par son calme, mais au moment où il retraverse le canal, une autre balle lui brise le bras droit. Évacué, il recevra la croix de chevalier de la Légion d’honneur le 7 juillet 1919 (rang du 8 novembre 1918) avec la citation suivante : « Officier d’élite, remarquable par son dévouement. Le 4 novembre 1918, au canal de la Sambre, a pris, sous un intense bombardement et sous un feu violent de mitrailleuse, le commandement du restant de deux compagnies qui venaient de perdre leur chef et s’est présenté pour entrainer ses chasseurs sur une passerelle violemment battue. Atteint une première fois, a continué sa marche et a reçu une deuxième blessure. Une blessure antérieure. Trois citations. »
Le 25 décembre 1918, j’obtiens une citation à l’ordre de la brigade : « Pendant une année d’opérations décisives et interrompues du bois Sénécat au canal de la Sambre par Moreuil et Vauxaillon s’est montré en toutes circonstances le premier chasseur de sa compagnie. »
Je termine la première guerre avec 5 citations et trois blessures de guerre.
Malgré ce « beau palmarès », je n’obtiens pas le grade de capitaine auquel je pouvais prétendre pour mes faits d’armes comme commandant de compagnie, et pour lequel j’avais été proposé plusieurs fois.
NB : cet « oubli » ne sera pas sans conséquences sur son avancement futur et les emplois occupés.
Le 16 janvier 1920, après plusieurs mois passés à l’hôpital, je retrouve le 4ème régiment de Hussards.
Le 1er septembre 1921 je me marie avec Thérèse Thierry-Mieg (originaire de Thann en alsace) avec qui nous aurons 6 enfants.
Promu capitaine le 23 décembre 1921, affecté au 14e régiment de Dragons le 19 janvier 1922, j’entre à l’École d’Application de Cavalerie de Saumur le 7 août pour y suivre le cours des lieutenants d’instruction, et où j’obtiens la mention Très bien. Je reste à ma sortie à l’Ecole d’Application de Cavalerie comme instructeur d’équitation.
Volontaire pour servir au Maroc, j’embarque le 20 juin 1925 et rejoint le 1er escadron du Maroc du 7ème régiment de Spahis. Placé à la tête de cette unité, je participe aux opérations les plus dures de la guerre du Rif et me distingue notamment à la prise d’Amerghou en août 1925 et lors de l’attaque de l’Adjer-Abbès en septembre.
NB : Il obtient une citation à l’ordre de la 3e Division d’Infanterie de Marche du Maroc et la Croix de guerre des théâtres d’opérations extérieurs le 15 janvier 1926 : « Officier de toute valeur, a su par son entrain et son sang-froid obtenir le maximum de tout son escadron en opérations depuis trois mois. S’est particulièrement distingué à la prise de l’Amerghou le 8 août et à l’attaque de l’Adjer-Abbès le 5 septembre 1925. »
Le 8 février 1926, mon escadron étant rapatrié en Algérie, et en raison de mes connaissances en matière équine, j’occupe le poste de capitaine acheteur au dépôt de remonte et d’étalons de Mazagan (96 kms de Casablanca).
Rapatrié le 21 juin 1927, je suis affecté comme instructeur d’équitation à l’École d’Application de Cavalerie de Saumur (pendant 5 ans), où je forme toute une génération d’officiers. Par la même occasion je participe en tant qu’écuyer du Cadre noir à de nombreux concours hippiques pendant cette période.
En 1933 j’obtiens le 4ème prix de dressage lors de l’épreuve internationale qui se déroule à Vienne en Autriche.
NB : Il n’en néglige pas pour autant le remplacement du cheval par le moteur et se montre un fervent soutien du général Flavigny grand l’artisan de la mécanisation de la cavalerie française. En avril-mai 1933, je suis le cours de franchissement du grade de chef d’escadrons.
Promu chef d’escadrons le 24 septembre 1933, je prends le 6 juin 1934 le commandement du 5ème groupe d’automitrailleuses. Du 10 avril au 6 mai 1935 je suis le cours des commandants de formations motorisées.
Pressenti pour prendre part aux Olympiades de Berlin je ne suis finalement pas sélectionné.
Je suis nommé au grade d’Officier de la Légion d’Honneur le 19 décembre 1934.
Le 15 octobre 1936, je suis muté en tant que commandant en second au 8ème régiment de cuirassiers à Saint-Germain-en-Laye. Le général Altmayer, inspecteur général de la cavalerie, note à mon propos en octobre 1938 : « Toujours excellent. Véritable chef d’unité mécanique et motorisée. » La même année, je suis le cours des officiers supérieurs à Saumur.
Promu Lieutenant-colonel le 24 mars 1939, je passe au 1er régiment de hussards, à Angers, comme commandant en second. Du 14 au 27 mai, je suis le cours des commandants de groupement d’artillerie à Mailly(71).
Le 2 septembre 1939, je suis mobilisé à la tête du 7ème Groupe de Reconnaissance de Division d’Infanterie (1ère DIM). Après avoir stationné dans la région Sud-Est de Cambrai, puis à Bohain et Premont dans l’Aisne, le 7ème GRDI fait mouvement sur Sézanne le 1er octobre 1939, puis sur la région de Lassigny le 5 novembre 1939. Dans cette période, je m’attache à former mes hommes aux terribles combats qui se préparent.
NB : pendant cette période il est reconnu comme un chef à la fois ferme et bienveillant.
Affecté le 14 novembre 1939 au centre d’organisation mécanique de la cavalerie (COMC) de Fontevrault, je reçois le 1er janvier 1940 le commandement du 1er régiment de cuirassiers et qui avec le 2ème régiment de cuirassiers de mon ami le Lieutenant-colonel Touzet du Vigier (futur Général Commandant la 1ère DB) nous formons la 5e Brigade Légère Mécanique (BLM) du général de Lafont, intégrée à la 3e Division Légère Mécanique (DLM) du général Langlois.
NB : Henri de Vernejoul apporte dans ses nouvelles fonctions toutes ses qualités d’organisateur, d’instructeur et de chef qui lui ont été reconnues partout où il a servi. En quelques semaines, malgré la jeunesse et le manque d’expérience de ses cadres, il réussit à former des escadrons de combat prêts pour la bataille au point de vue technique, tactique et moral.
Le 10 mai 1940, après un séjour de 6 semaines au camp de Sissonne j’entre en Belgique avec le reste de la 3e DLM (corps de cavalerie Prioux) dans le cadre de la manœuvre Dyle. Le 13 mai, dans le secteur de Jauches (au Nord-Est de Gembloux), les chars du régiment livrent leur première bataille. Je lance sur le flanc de la IVe Panzerdivision trois pelotons de Somua. En quelques minutes, nos chars français détruisent un grand nombre de panzers. Mais cette victoire est sans lendemain, car l’irruption des forces motorisées allemandes à Sedan oblige le commandement français à ordonner l’évacuation de la Belgique. Le 1er régiment de cuirassiers se replie avec le reste de la 3e DLM. NB : dans les circonstances les plus difficiles, de Vernejoul maintient ses unités au plus haut degré d’agressivité luttant et contre-attaquant sans répit en particulier aux Quatre-Bras près d’Arras et vers Armentières.
Embarqué à Dunkerque le 1er juin avec tous ses équipages démontés, il parvient par son exemple personnel, et malgré les exemples déprimants des arrières du champ de bataille, à conserver à ses équipages toute leur vigueur morale.
Le 3 juin 1940 je reviens en France et refuse d’abandonner la lutte.
Je reforme en Normandie, avec les restes de mon régiment, une troupe improvisée de combattants à pied autour de laquelle se regroupent peu à peu des éléments variés : infanterie, section d’artillerie, groupe franc de cavalerie. Toujours dans le cadre de la 5e BLM, désormais commandée par le Lieutenant-colonel Touzet du Vigier, je poursuis le combat avec cette unité, que nous arrivons à transformer en un bloc cohérent. Nous nous replions vers la Loire où j’organise la défense sur un front de 40 km entre Candes et Savonnières (Indre-et-Loire). Pendant 3 jours et 2 nuits, du 18 au 20 juin 1940, nous bloquons l’avance de forces allemandes bien supérieures aux notres sur le fleuve, au pont (encore intact) de Port-Boulet à l’Est de Saumur. Nous nous replions par la suite sur la Clain, sur la Charente puis vers Nontron (Dordogne), où nous nous trouvons lorsque l’armistice est signé.
NB : pour son action en mai et juin 1940, de Vernejoul sera fait commandeur de la Légion d’honneur le 23 août 1940, avec la citation suivante : « Splendide chef de corps, donnant à tous l’exemple des plus rares vertus militaires. Tous les chars de son régiment de combat détruits par le feu, a refusé d’abandonner la lutte et a transformé spontanément ses équipages en combattants à pied. Avec des effectifs très réduits, autour desquels, grâce à son énergie, des formations très variées sont venues s’amalgamer peu à peu, a organisé et conduit la défense de la Loire sur un front de 40 kilomètres, de Candes à Savonnière. A réussi à interdire le passage du fleuve à des forces très supérieures au pont de Port-Boulet, pendant trois jours et trois nuits (18, 19 et 20 juin 1940). »
Il est également compris dans la citation à l’ordre de l’armée de la 5e BLM (1er et 2e cuirassiers) en date du 9 juin 1940 : « Unité de nouvelle formation, instruite par des chefs éminents : le général de Lafont, le colonel du Vigier (2e RC), le lieutenant-colonel de Vernejoul (1er RC) qui surent lui communiquer leur esprit du devoir et leur foi. Après une marche à l’ennemi, longue et rapide, mettant déjà à l’épreuve l’énergie des équipages de chars, ces unités sont entrées d’emblée avec un allant magnifique dans la fournaise du combat sous les ordres de ces mêmes chefs qui les avaient instruites, luttant victorieusement contre les unités mécaniques allemandes, arrêtant leurs attaques et les contre-attaquant sans arrêt, permettant ainsi à la DLM, du 10 au 13 mai 1940, de remplir sa mission. Employés ensuite, du 14 au 23 mai, soit dans le cadre de grandes unités attaquées par des engins blindés, soit dans le cadre de la DLM, ces régiments ont affirmé la même ardeur et le même mépris du danger. La 5e BLM (1er et 2e cuirassiers) peut être citée en exemple de ce que peut faire une troupe instruite, disciplinée, ayant l’esprit de camaraderie, de devoir et de sacrifice. »
Maintenu dans les cadres de l’armée d’armistice, je reçois le 7 août 1940 le commandement du 11ème régiment de Dragons. Le 1er septembre 1940, je passe à la tête du 12ème régiment de cuirassiers, à Orange et suis promu colonel le 25 mars 1941.
Le 9 mai 1941, je pars pour le Maroc où je dois prendre le commandement du 1er Régiment de Chasseurs d’Afrique, à Rabat, en remplacement du colonel Dor de Lastours.
Le 24 juillet 1942, je suis nommé adjoint au général Leyer, commandant de la cavalerie du Maroc.
Dans la nuit du 8 novembre 1942, alors que les troupes américaines commencent à débarquer à Casablanca, je suis appelé au téléphone par le général Noguès, résident général et commandant en chef des troupes du Maroc, qui m’apprend qu’il est bloqué par des éléments rebelles du RICM du colonel Magnan, agissant sur ordre du général Béthouart. Aussitôt, je préviens le commandant du 1er RCA, qui parlemente et finit par libérer la résidence. Peu après, le 1er RCA et le 1er Régiment de Tirailleurs Marocains sont engagés contre les Américains débarqués dans la zone de Port-Lyautey. Des combats meurtriers nous opposent aux Américains pendant 2 jours (le 1er RCA perd une dizaine de chars).
NB : Les Américains, qui manquent d’être rejetés à la mer, menacent de bombarder Casablanca lorsque le cessez-le-feu intervient, sur ordre de Darlan qui a pris entre-temps le commandement des forces françaises d’Afrique du Nord (10 novembre). Le 12 novembre, il succède au général Leyer à la tête de la cavalerie du Maroc. Il est promu général de brigade à titre temporaire le 24 décembre 1942.
Le 1er mai 1943, je suis placé à la tête de la 2ème Division Blindée créée à Rabat. Cette division prend le numéro 5 le 1er juin 1943, le numéro 2 ayant finalement été attribué à la division blindée commandée par le général Leclerc. En septembre 1943, la division s’équipe avec le matériel livré par les Américains et débarqué à Casablanca en avril et en mai, puis en septembre 1943.
Je suis prend en charge l’entraînement de ma Division blindée au Maroc et en Oranie. Après la réussite du Débarquement de provence le 15 août 1944 et 17 mois d’entraînement intensif, ma 5ème DB est prête au combat et quitte l’Oranie en septembre 1944. La division débarque en France, où elle est rattachée à la 1re Armée Française du général de Lattre. Le 2 octobre, elle est regroupée en Provence.
La 5e DB est transférée par voie ferrée dans le secteur de Vesoul, où elle se concentre à la fin du mois d’octobre 1944. A partir du 3 novembre, le Combat Command 6 (CC6) du colonel Tritschler est engagé dans la vallée du Bouchot dans le cadre des opérations de diversion menées par le 2ème Corps d’Armée français dans les Vosges et destinées à faciliter la percée du 1er Corps d’Armée français dans la trouée de Belfort. Ces combats, menés sur un terrain peu favorable, s’achèvent le 6 novembre 1944.
Le 14 novembre, les chars du général de Vernejoul participent aux opérations de la trouée de Belfort, contribuant de manière décisive à la rupture du front à Héricourt et à Montbéliard. La division est ensuite lancée dans le sud de l’Alsace où elle atteint la rivière Doller. Ses Combat Command 4 et 5 (CC4 et CC5) participent à la manœuvre de Burnhaupt (20 au 26 novembre) qui se solde par l’encerclement du LXIIIe corps d’armée allemand. Le 28 novembre, la division s’aligne sur la Doller, prête à foncer vers le nord à partir du Pont-d’Aspach, vers Colmar, afin de tendre la main à la 2e DB venue de Strasbourg (libérée le 23/11/1944). Mais, le 30 novembre, le général de Lattre commandant de la 1ère Armée française annule cette opération.
La Division se met alors sur la défensive avant d’être retirée du front…ce qui sera vivement dénoncé par le Général de Vernejoul. A la fin du mois de décembre, le CC5 est envoyé dans la région d’Obernai(67) afin de relever la 2e DB. Le 5 janvier 1945, il est mis à la disposition de la 3e Division d’Infanterie AlgérienneA afin de participer à la défense de Strasbourg, menacée par le retour offensif allemand lié à la bataille des Ardennes.
Le 17 janvier 1945, le général de Vernejoul est cité à l’ordre de la 1ère Armée française: « Officier Général ayant au plus haut degré le sens du devoir et de l’honneur. Par son expérience de l’arme blindée, son rayonnement personnel et sa foi patriotique, a su faire de la 5e DB une grande unité d’élite qui, engagée dès le 15 novembre dans les Vosges et en Alsace, a livré victorieusement les combats acharnés de Héricourt, Montbéliard, Belfort, Dannemarie, Thann et Kaysersberg, capturant à l’ennemi plusieurs milliers de prisonniers et un abondant matériel en lui infligeant des pertes sévères. Vivant au contact de ses troupes, partageant leur gloire et leurs fatigues, est pour tous un symbole et un exemple. Quatre fois blessé. Titulaire de huit citations. »
Du 20 janvier au 9 février 1945, la 5e DB, rattachée au 21e corps d’armée américain, participe aux combats de la réduction de la poche de Colmar. Le 2 février 1945, son CC4 du général Schlesser pénètre dans Colmar. Nommé gouverneur de Colmar, Henri de Vernejoul assure le nettoyage de l’agglomération. Jusqu’au 9 février, le reste de sa division réduit les derniers nids de résistance.

Photo prise à Colmar le 2 février 1945 avenue de la République.
De gauche à droite : le maire Edouard Richard (avec les lunettes et le béret) – le préfet Fonlupt-Espéraber – le général de Vernejoul – le général Schlesser du CC4.
Après les combats de Colmar, il reçoit la Bronze Star américaine pour services éminents rendus au combat du 26 au 30 janvier 1945 : « Le général de Vernejoul a dirigé les opérations de sa division blindée avec autant d’audace que de brillante intelligence tactique a l’appui de la 3e division d’infanterie américaine au Nord et à l’Est de la ville de Colmar. Appuyant invariablement l’infanterie de ses chars lorsqu’il le fallait, le général de Vernejoul a fait manœuvrer ses blindés fort habilement détruisant les points fortifiés de l’ennemi et ses arrière-gardes avec la plus grande rapidité. »
Il est également fait commandeur de la Legion of Merit pour « ses dons de chef et sa coopération de tout cœur avec les unités américaines, participant efficacement au succès de la campagne qui réduisit la poche de Colmar. Sa division traversa le canal de Colmar en étroite liaison avec les 3ème et 28ème divisions américaines et occupa la ville de Colmar. Grâce à son habileté tactique et sa dévotion tenace, à l’esprit du devoir, le général de Vernejoul contribua grandement au succès des opérations qui chassèrent l’ennemi de la Basse-Alsace à l’Ouest du Rhin. »
Après plusieurs semaines d’inaction, la 1ère Armée française repasse à l’offensive le 15 mars 1945 avec, pour objectif, le franchissement du Rhin et la conquête du Sud-Ouest de l’Allemagne. Le CC6 est engagé aux côtés de la 3e DIA lors de l’opération préliminaire sur la Lauter (15 au 18 mars), puis lors de l’assaut de la ligne Siegfried. Le 25 mars, il est promu général de Division.
La 5ème Division Blindée franchit ensuite le Rhin à Mannheim. Le CC4 participe à la prise de Karlsruhe avec la 2e Division d’Infanterie Marocaine (4 avril) tandis que le CC5 atteint le Neckar. Avec la 1ère DB, la 5ème DB prend part à la manœuvre de Freudenstadt. Au cours de ces opérations, et pour la première fois de la campagne, le général de Vernejoul a ses trois Combat Command sous ses ordres directs. Parti de Pforzheim, il lance ses chars vers le sud en direction de la capitale du Wurtemberg, Stuttgart, dont il s’empare le 21 avril.
Le 16 mars 1945, la 5e division blindée est citée à l’ordre de l’armée : « Magnifique division blindée, animée du plus noble idéal et du plus pur esprit de devoir et de sacrifice. Sous les ordres d’un chef à l’âme haute, le général de Vernejoul, la 5e division blindée a combattu sans désemparer un ennemi ardent et tenace dans les terrains les plus difficiles pour lui arracher de haute lutte la terre sacrée d’Alsace. Engagée en division ou en groupements tactiques, seule ou en liaison intime avec les unités d’infanterie françaises et américaines, a contribué au succès de nos armes dans la trouée de Belfort, dans les Vosges et en Alsace, infligeant à l’ennemi des pertes très sévères, lui capturant plus de 6 000 prisonniers et un abondant matériel de guerre. S’est particulièrement distinguée à Montbéliard, Héricourt, Belfort, Dannemarie et à Thann lors de la course sur Mulhouse et au cours de la progression en Haute-Alsace, puis à Orbey, Kaysersberg, Kientzheim, Ensisheim lors de la première poussée sur Colmar. A pris enfin une part décisive à l’offensive sur Brisach et à la libération de Colmar, subissant sans faiblir les chocs les plus rudes, à la pointe du combat, ouvrant la voie à l’infanterie, se mêlant à elle pour repousser les ultimes assauts d’un ennemi acharné à défendre les derniers arpents d’une terre française qui a toujours été l’enjeu d’une lutte plusieurs fois séculaire. S’est montrée ainsi en toutes circonstances l’égale des plus belles unités qui ont fait l’honneur et la gloire de la cavalerie française. »
Mais, le 22 avril, à cause de divergences de vues avec le général de Lattre, il est obligé de céder le commandement de la 5ème DB au général Schlesser.

Le 15 novembre 1946, la 5e division blindée sera citée une seconde fois à l’ordre de l’armée : « Grande unité blindée qui, sous l’énergique conduite du général de Vernejoul, a été intimement mêlée à toutes les actions et à tous les succès du 2e corps d’armée. Dès le débouché de la forêt de Haguenau et au cours de la percée de la ligne Siegfried, le CC6 aux ordres du colonel Boutaud de Lavilléon appuie étroitement la 3e division d’infanterie algérienne. Disputant la priorité aux fantassins aux points de passage du Rhin, le CC4 aux ordres du général Schlesser et le CC5 aux ordres du colonel Mozat appuient et entraînent la 2e division d’infanterie marocaine et la 3e division d’infanterie algérienne. Le premier arrache Pforzheim à l’ennemi tandis que le second atteint le Neckar. Puis c’est l’audacieuse action du CC6 qui faisant tête de pont au Sud de l’Enz, oblige l’adversaire à concentrer ses efforts devant la porte qu’il a ouverte sur Stuttgart. Soudant en même temps son action à celle de la 2e division d’infanterie marocaine, en plein cœur de la forêt noire, le CC4 s’enfonce en coin dans les positions âprement défendues par la 257e division. Par la brèche ainsi ouverte, et suivi du CC5 qui se précipite droit au Sud sur les débouchés de Freudenstadt, le CC4 exploit d’un seul élan sur Colm, Negold et Horb. Toute la 5e division blindée dans la main de son chef, est alors découplée vers l’Est. Fonçant sans désemparer pendant 60 heures, elle enlève Tübingen et Reutlingen avec le CC5 et, prenant Stuttgart à revers, elle y pénètre au soir du 21 avril avec le CC4 et le CC6 qui entreprennent aussitôt le nettoyage de la ville. Le CC5, pointant vers le Sud, atteint Sigmaringen, ouvrant ainsi par le Nord la voie du Danube. Puis, tous moyens réunis, la 5e division blindée, sous l’ardente impulsion du général Schlesser, fonce en direction de la frontière autrichienne qu’elle atteint la première le 29 avril 1945. Continuant hardiment sa progression, nettoyant au passage les rives du lac de Constance, elle franchit et dépasse l’Arlberg le 7 mai 1945. Ce raid magnifique achève la désorganisation de l’ennemi après lui avoir enlevé douze mille prisonniers et un important matériel de guerre. La 5e division blindée s’est montrée fidèle aux plus vieilles traditions de la cavalerie française. »
Le 22 avril 1945, il prend le commandement de l’armée blindée et de la cavalerie de la 1ère armée française, poste secondaire qui consiste essentiellement à organiser l’instruction et à gérer le personnel. Il occupe ce poste d’abord auprès du général de Lattre puis auprès du général de Monsabert, commandant supérieur des troupes d’occupation en Allemagne. Il est promu général de division à titre temporaire le 8 mai 1945. Par arrêté du 1er septembre 1945, ses nominations de général de brigade à titre temporaire et de général de division à titre temporaire sont transformées de droit en nominations définitives.
Placé sur sa demande dans la deuxième section des officiers généraux le 15 avril 1946, au bénéfice de l’ordonnance sur le dégagement des cadres, il est élevé à la dignité de grand-officier de la Légion d’honneur le 7 mai 1946 avec 35 ans de services et 12 campagnes.
Retiré dans sa propriété de Chanteyrie à Nyons (Drôme), il se consacre à la culture des oliviers. En 1964, il fonde la confrérie des chevaliers de l’olivier qui se consacre à la reconquête du marché de l’olive par les producteurs des baronnies.

Le général de division de Vernejoul est décédé le 22 août 1969 à l’hôpital civil Édouard Herriot à Lyon (Rhône). Il est inhumé à Nyons.
Ses décorations :
Grand-officier de la Légion d’honneur,
Croix de guerre 1914-1918 (5 citations),
Croix de guerre 1939 (5 palmes),
Croix de guerre des théâtres d’opérations extérieurs (1 citation),
Croix du Combattant,
Médaille coloniale avec agrafe de vermeil « Maroc 1925 »,
Médaille commémorative de la Grande guerre,
Médaille interalliée de la Victoire,
Médaille commémorative de la guerre de 1939-1945 avec agrafes « France », « Afrique », « Libération » et « Allemagne »,
Médaille des Blessés,
Commandeur de la Legion of Merit (États-Unis),
Bronze Star Medal (États-Unis),
Officier avec glaives de l’Ordre d’Orange-Nassau (Pays-Bas).
NB ; avec Armand Durlewanger, il a publié Autopsie d’une victoire morte : essai comparatif non conformiste de la bataille d’Alsace en novembre-décembre 1944, d’après l’étude d’archives françaises et allemandes, de témoignages et de rapports inédits (1970).

Képi et fanion de Commandement du Général de Vernejoul portant la devise de la 5ème Division Blindée « FRANCE D’ABORD » avec sa Croix de Guerre et ses 2 palmes.
Jean de LATTRE de TASSIGNY 1889 – 1952

JEAN DE LATTRE DE TASSIGNY : un serviteur de la FRANCE.
Il est né le 2 février 1889 à Mouilleron-en-Pareds, petit village de Vendée qui a vu naître Georges Clémenceau un demi-siècle auparavant.

Il entre à Saint-Cyr (promotion « Mauritanie », 1909-1911), sert dans la cavalerie et rejoint le 12ème Dragons à Pont-à-Mousson.

C’est en Lorraine qu’il commence la 1ère Guerre mondiale et se fait dès le début remarquer par sa bravoure.
Officier éclaireur de la 2e division de cavalerie, le lieutenant de Lattre est blessé à deux reprises dès les premiers mois de la guerre 1914-1918, d’un éclat d’obus en août et d’un coup de lance dans la poitrine en septembre. Le 20 décembre 1914, il est fait Chevalier de la Légion d’honneur.
Volontaire pour l’infanterie en 1916, il rejoint le 93ème Régiment d’Infanterie, le Régiment de Vendée et se bat à Verdun où il passe plusieurs mois, au Chemin des Dames. Il termine la guerre comme capitaine, 5 fois blessé et 8 fois cité.
En 1919 il est affecté à l’Etat-Major de la XVIIIème région à Bordeaux. Il est alors nommé à la section franco-américaine et s’occupe des relations avec les troupes du général américain Pershing dans l’attente de leur retour aux Etats-Unis.
Il sert ensuite au Maroc (1921-1926) sous les ordres de Lyautey, personnalité qui le marquera beaucoup. Il participe aux opérations de la Haute Moulouya en 1922 et de Taza en 1923. Il est chef d’état-major de la région de Taza lors du soulèvement conduit par Abd el-Krim contre les Français (guerre du Rif, 1925-1926). A nouveau blessé (2x) et cité 3 fois, il est promu chef de bataillon en 1926.
En 1927, il entre à l’Ecole de Guerre et se marie avec Simonne Calary de Lamazière, de plus de 17 ans sa cadette ; un fils, Bernard, naît en 1928.


Le 2 juillet 1929, Jean de Lattre sort major de la 49ème promotion de l’Ecole Supérieure de Guerre.
En 1932, il sert à l’état-major du général Weygand, alors vice-président du Conseil supérieur de la Guerre. Chargé du « Plan » et des « Relations avec l’étranger », le lieutenant-colonel de Lattre suit ainsi, au cours des trois années passées auprès du général Weygand puis du général Georges, l’évolution de la politique étrangère
En 1935 promu colonel, il commande le 151ème Régiment d’Infanterie à Metz, dont le gouverneur militaire est le Général Henri Giraud, qu’il avait connu au Maroc et qu’il appréciait.
En 1938, il est élève au Centre des hautes études militaires (CHEM). Sa nomination au grade de général de brigade, en mars 1939, fait de lui le plus jeune général de France; chef d’état-major de la Vème armée – « l’Armée d’Alsace ».
Le 1er janvier 1940, il prend le commandement de la 14ème Division d’Infanterie.
En juin 1940, il sa bat victorieusement à Rethel à la tête de sa Division, la « Division des As », dont il adopte la devise : « NE PAS SUBIR », où elle repousse par trois fois les troupes allemandes qui tentent de franchir l’Aisne, avant de se replier en menant des combats retardateurs sur la Marne et la Loire.

Après Rethel, Le Général de Lattre, qui a reçu l’ordre de se replier, maintient la cohérence de sa Division, continue de se battre et de faire des prisonniers jusqu’à l’armistice du 22 juin 1940.
A Clermont-Ferrand, en juillet, lors de la dissolution de la 14ème DI, il dit à ses hommes : Nous avons été battus, mais un jour nous reprendrons la bataille. Je vous donne rendez-vous ce jour- là. Il réitère cet engagement quelques jours plus tard devant un groupe d’officiers au château d’Opme : c’est le « serment d’Opme » ; il commence à faire cacher des armes et crée l’Ecole des cadres d’Opme afin de redonner de l’espoir à une jeunesse perdue.
Nommé général de division et commandant des troupes de Tunisie en 1941, il est rappelé en France métropolitaine en 1942. Il est alors nommé général de corps d’armée et commandant de la division de Montpellier. Au moment du débarquement allié de novembre 1942 en Afrique du Nord, il tente en vain d’entraîner ses soldats en dissidence dans l’attente d’un débarquement allié et de combattre les Allemands qui ont envahi la zone dite « libre ».
Le 11 novembre 1942, lorsque les Allemands pénètrent en zone libre, il donne l’ordre à ses troupes de sortir de leurs garnisons et de résister. Arrêté, il est incarcéré à la Maison centrale d’arrêt de Toulouse puis au fort Montluc à Lyon et condamné le 9 janvier 1943 à dix ans de prison pour abandon de poste par le Tribunal d’État (juridiction d’exception sans appel). Le 2 février, il est transféré à Riom, d’où il s’évade dans la nuit du 2 au 3 septembre, avec l’aide de sa femme et de son fils, Bernard.
Quittant l’Auvergne, où il est resté caché un mois, il gagne la région de Mâcon et rejoint Londres à la mi-octobre, puis Alger, devenue capitale de la France Libre (le 20 décembre 1943).
Le Général Giraud, alors commandant en chef des forces françaises d’Afrique du Nord, le met à la tête de l’Armée d’Afrique, qui deviendra l’Armée B, future Première Armée Française.
En juin 1944, il prend l’île d’Elbe. Le 15 août 1944, l’armée venue d’Afrique et d’Italie débarque en Provence aux côtés des troupes américaines.(opération « Dragoon »). Elle a pour mission de s’emparer de Toulon et de Marseille.

Après regroupement sous ses ordres des 4 divisions du corps expéditionnaire français (qui – sous les ordres du Général Juin – se sont couvertes de gloire), de Lattre est à la tête de 250 000 hommes : 2 divisions blindées, 5 divisions d’infanterie et des éléments non endivisionnés.
L’Armée B libère Toulon et Marseille, remonte la vallée du Rhône, entre dans Lyon puis Dijon, le 11 septembre.

Le 25 septembre 1944, après la prise de Besançon, l’Armée B, forte de 400 000 hommes par l’amalgame (de l’Armée d’Afrique avec les Forces françaises de l’intérieur = l’intégration au sein de l’armée « régulière » des unités de résistants), est devenue la Première Armée Française.
Après de rudes combats dans les Vosges, l’arrivée au Rhin, la libération de Mulhouse (21/11/1944) et de Belfort (20/11/1944), la Première Armée Française Libère Colmar le 2 février 1945, et réduit définitivement la poche de Colmar (9 février 1945) avec en renfort, placés directement sous les ordres du Général de Lattre, la 2ème DB du général leclerc et, fait unique dans l’Histoire des Etats-Unis, 125 000 soldats américains.

A partir du 31 mars 1945, la Première Armée Française traverse le Rhin et parvient, après de durs combats, atteint Karlsruhe et Stuttgart, franchit le Danube et pousse jusqu’à Ulm, tandis que d’autres éléments longent la frontière suisse de Bâle à Constance, jusqu’au col de l’Arlberg (8 mai 1945).
Le 9 mai 1945, à Berlin, le général de Lattre signe, au nom de la France, aux côtés des chefs alliés, l’acte de capitulation de l’Allemagne nazie.

Chef d’état-major général et inspecteur général de l’armée de terre (1945-1946), il devient en 1948 le premier commandant des forces terrestres d’Europe occidentale.
En décembre 1950, il est nommé en Indochine, où la situation est désespérée, Haut-Commissaire et Commandant en chef des forces de l’Union Française. En quelques mois, il accomplit un retournement spectaculaire. Son fils Bernard, jeune officier de 23 ans, trouve la mort sur le rocher de Ninh-Binh, au Tonkin, le 30 mai 1951.


Terrassé par la douleur et par un cancer, le Général de Lattre meurt le 11 janvier 1952. Il reçoit, à titre posthume, la dignité de Maréchal de France.
ll était Grand-Croix de la Légion d’honneur, Compagnon de la Libération et titulaire de la Médaille militaire, de la Croix de guerre 1914-1918, de la Croix de guerre 1939-1945, de la Croix de guerre des théâtres d’opérations extérieurs, de la Médaille des évadés ainsi que de nombreuses décorations étrangères.
Après les obsèques nationales célébrées à Notre-Dame de Paris, il est inhumé, au côté de son fils, dans le petit cimetière de Mouilleron-en-Pareds.
Parmi les messages laissés en héritage par Jean de Lattre de Tassigny, deux s’imposent :
« Ne pas subir », sa devise !
« Avant de s’occuper de la jeunesse, il faut la comprendre et l’aimer »

Nos remerciements à Madame Cornu de la Fondation du Maréchal de Lattre pour son aide précieuse et le partage des informations ci-dessus.
Merril Charles GREY 1918 – 1944

Moteur Pratt & Witney R-2800 (1073 Kgs) refroidi par air, 18 cylindres en double étoiles (cylindrée de 46 litres), 2300 ch. et ses pâles d’hélices fabriquées par la célèbre firme Frigidaire du P-47 Thunderbolt type D-25-RE serial number 42-26539 du 2nd Lieutenant Merril Charles Grey.

En Mémoire du 2nd Lieutenant Merril Charles Grey, tué au combat (KIA) le 9 Septembre 1944 près de Dannemarie dans le Haut-Rhin (68).
Merril C. GREY est né le 30 avril 1918 à Sunrise – Chicago dans l’état du Minnesota. Avant guerre il étudie à la North Western Bible School.

Il s’enrôle dans l’armée américaine le 5 décembre 1941 à Fort Snelling (Minnesota) avec l’Army serial number 17035909.
Le 9-9-1944 , le 2nd Lt. Merril C. Grey matricule O-711995, pilote sur P-47 Thunderbolt du 324th Fighter Group, 316th Fighter Squadron « Hell’s Belle », 12th Air Force, décolle du terrain d’aviation d’Ambérieu avec 3 autres appareils pour une mission de reconnaissance armée et d’attaque au sol le long de la frontière allemande dans le sud de l’Alsace.


La formation repère le Viaduc de Dannemarie et passe à l’attaque à une altitude de 400 à 500 mètres.


Vers 17h28 la batterie anti-aérienne allemande du Flakuntergruppe « Belfort », II.Zug der 6./157 b-mot. qui protège l’ouvrage d’art ouvre le feu (cf croquis).

A 17h29 après le tir de 110 obus de 2 cm (cf ci-dessous schéma et compte rendu de la batterie de Flak), les soldats allemands constate que le P-47du 2nd Lt. Merril C. Grey est touché au niveau du moteur et du fuselage avec un fort dégagement de fumée. L’appareil s’écrase vers 17h34, près de la gare de Dannemarie à l’est du viaduc.


Le 2nd Lt. Merril C. Grey va réussir à s’éjecter du cokpit de son appareil, mais l’avion est à une très faible altitude et son parachute n’a pas le temps de s’ouvrir… il s’écrase mortellement au sol.
Son corps est récupéré par les habitants de Dannemarie et il sera enterré le lendemain matin dans le cimetière communal.
Le 2nd Lt. Merril C. Grey était originaire du Minnesota, âgé de 26 ans, comme beaucoup d’autres jeunes gens venant des Etats-Unis, il a sacrifié sa vie pour libérer notre pays et combattre le nazisme. Il repose en paix au cimetière Militaire Américain de Saint d’Avold (Plot C rangée 9 tombe 66) depuis le 28 mars 1946.


RIP…nous ne l’oublierons jamais!


Merci à toutes les personnes qui nous ont permis de rassembler tous les documents et de reconstituer sa dernière mission.
sources photos et documentaires : Archives américaines et allemandes – Bénévoles du Mmcpc – le livre de G.Bazin « De l’Afrique à la Lorraine », internet.
Joseph MAGNAN 1896 -1976

Georges SONGEON 1923 – 2001

Casque « Tank Helmet » avec écouteurs de René Songeon, du 501ème RCC de la 2ème Division Blindée, qu’il avait offert en 1956 à un petit garçon (fils de son meilleur ami) John Francis-Gaigneux dit « Jeannot » qui a bien joué avec durant toute son enfance. « Jeannot » a revu pour la dernière fois Georges Songeon en 1996 et lui avait ramené son casque pour qu’il puisse le revoir…il fut très heureux et ému de voir que Jeannot en avais bien prit soin. En 2021 « Jeannot » a décidé de s’en séparer après 65 ans de « gardiennage » et nous a permis d’en faire l’acquisition pour le présenter au plus grand nombre et ainsi perpétuer la Mémoire de René Songeon et de ses camarades.

Je m’appelle Georges SONGEON, je suis né le 04/08/1923 dans le 7ème arrondissement de Paris.
Avec mon frère Jean (pilote du char Eylau) je m’engage dans la 2ème DB du Général Leclerc, le 1/9/1944 au 501ème Régiment de Chars de Combat (501ème RCC).
Je participe aux opérations de Libération de la France en tant que Maréchal des Logis, comme radio sur le half-track « Terre de France » de la section de commandement de la 2ème compagnie du 501ème RCC.
Mon équipage (TERRE DE FRANCE Half-Track Radio) : TOMIO – ARBEILLE – GHERARDI – ALLANO – SONGEON – BEAUCHENE – BEN SIMON.

Avec la 2ème DB je débarque en Normandie début août 1944 et participe à la libération de Paris.
Blessé accidentellement à l’épaule le 2/10/1944 à Anglemont dans les Vosges (88) je suis évacué sanitaire.

Je rejoins mon unité le 7/11/1944 pour participer à la campagne d’Alsace du 21/11/1944 au 01/02/1945, de la libération de Strasbourg aux combats de Grussenheim (68).

Je suis blessé à nouveau le 1/02/1945 lors des terribles combats de Grussenheim (68) où je tombe de mon véhicule, me fracture un poignet et suis évacué.
Un souvenir me revient…à Dun-le-Poêlier dans l’Indre, avant le départ pour la campagne d’Allemagne : » Jean Allano et moi-même devisions sur ce qui allait se passer en Allemagne. Si l’un de nous devait être tué, il ne fallait pas qu’il puisse rester sur cette terre plus qu’étrangère : ennemie. J’avais donc prié ma sainte mère à Paris de me broder en bleu, blanc, rouge, les mots « TERRE DE FRANCE » sur un petit sac en soie que nous avons rempli avec de la terre du Berry (notre région) nous promettant mutuellement de la verser au moment des adieux, s’il arrivait malheur à l’un de nous deux… le sac est revenu, plein à Villeblevin (89). Mais je maintiens que c’était le bon temps!
Je participe à la campagne d’Allemagne du 28/04/1945 au 8/05/1945.
« Je me remémore la dernière opération le 4 mai 1945 à Berchtesgaden lorsque des soldats français avaient découvert la Mercedes noire dans laquelle paradait Adolf Hitler : elle était monstrueuse avec des vitres sur blindées et pesait plusieurs tonnes. Son tableau de bord ressemblait plus à celui d’un avion qu’à celui d’une voiture tellement il y avait de cadrans. Sur ordre du Capitaine Girard, officier d’ordonnance la voiture a été envoyée au PC divisionnaire pour être remise au « Patron » le général Leclerc…en cours de route erreur ou malveillance un pompiste a rempli le réservoir de gazoil au lieu d’essence et c’est dans un nuage de fumée bleue que la limousine a fait son entrée au poste de commandement. »
Je suis nommé au grade de sergent le 16/09/1945 et quitte définitivement l’armée d’active le 3/12/1945.
Après-guerre je suis entré comme agent technique à la Société Alsacienne de Constructions Mécaniques (SACM) à Arcueil(Val de marne).
Pour la petite histoire lorsque je me suis installé à ma retraite avec mon épouse dans la Somme à Harbonnières (80) j’ai appelé ma modeste demeure la « Villa Koufra » en hommage au Général Leclerc.
Georges SONGEON est décédé le 05/02/2001 à Amiens.
1 citation :
A l’ordre du Régiment par Ordre Général n°68 du 31/10/1944 du Général Leclerc commandant la 2ème DB avec attribution de la Croix de Guerre 1939-1945 avec étoile de bronze : « Excellent radio, il assure la permanence de l’écoute, continue à exécuter sa mission malgré un bombardement intensif et fait preuve d’un total mépris du danger ».
1 satisfecit du Capitaine Jacques de Witasse, commandant la 2ème Compagnie du 501ème RCC :
« A été avec son équipe radio, le 28 janvier 1945, au cours des sanglants combats de Grussenheim, un important artisan de la victoire. Ce jour-là, en dépit de conditions matérielles terriblement difficiles (froid intense, bombardements meurtriers) la radio a permis d’obtenir des informations essentielles et une modification de manœuvre qui a entrainé le succès ».
Décorations :
- Médaille Militaire
- Croix de Guerre 1939-1945 avec étoile de bronze
- Médaille des blessés de guerre
- Croix du combattant volontaire






sources : « L’odyssée de la 2ème Compagnie de chars de la France Libre 1944 – 1945 » du Général Jacques de Witasse – le CAPM de Pau – La Grande Chancellerie de la Légion d’Honneur – SHD Vincennes – collection VESPIGNANI via Laurent Fournier – GOOGLE MAP.