Guy Edouard Georges HUBER 1925 – 1945

Je m’appelle Guy HUBER, je suis né à Paris le 19 août 1945.

Avant de m’engager volontairement le 9/11/1944 pour 3 ans au titre du service général des troupes coloniales j’étais tourneur en métallurgie.

Je suis affecté à la 7ème compagnie (II Bataillon) du 6ème Régiment d’Infanterie Coloniale (6ème RIC).

J’ai été tué par éclats d’obus à Kingersheim (68) le 23/01/1945 lors d’un des nombreux bombardements de l’artillerie allemande.

Depuis le 20 janvier 1945 le 6ème RIC a perdu 65 officiers, sous-officiers ou soldats tués ou blessés.

Je repose pour l’éternité avec mes frères d’armes à la Nécropole Nationale de Mulhouse « Les Vallons » où l’on dénombre 1675 corps de soldats français ou étrangers, résistants, prisonniers de guerre et requis au service du travail obligatoire, de toutes les confessions.

Guy HUBER est cité à l’ordre  de la Brigade  par décision n°7 à titre posthume -HUBER Guy Edouard Georges – 2ème Classe – 6ème RIC – classe 1945 – matricule 47114 – recrutement  1ère région :

« Soldat brave et courageux. A trouvé une mort glorieuse au cours du combat de Kingersheim (68) le 23 janvier 1945 ».

A paris le 22/03/1952 signé P de CHEVIGNE (Pierre de Chevigné Secrétaire d’État à la Guerre de 1951 à 1954).

La grande soeur de Guy HUBER se recueillant devant sa tombe.

En 1952 on lui décerne la Médaille Militaire par décret en date du 23/05/1952 JO n°128 du 27/5/1952 page 5351 à titre posthume avec la citation : HUBER Guy Edouard Georges – 2ème Classe – 6ème RIC – classe 1945 – matricule 47114 – recrutement  1ère région :

« Soldat brave et courageux. A trouvé une mort glorieuse au cours du combat de Kingersheim (68) le 23 janvier 1945. A été cité. »

A Paris le 23/05/1952 signé Vincent AURIOL (Président de la République de 1947 à 1954).

Les autres soldats du 6ème RIC tués le 23/01/1945 et enterrés à la Nécropole Nationale des Vallons :

Xavier KOPP 1922 – 1945

Le mystère « Xavier Kopp »…incorporé de force, évadé puis tué par un soldat américain à Colmar le 4 février 1945…

Incorporé de force en 1942 dans l’armée allemande, Xavier Kopp, un enfant de Niederhergheim (68), s’évade de son unité à la faveur d’une permission en Alsace, juste avant le début des combats de la Poche de Colmar. Deux jours après la libération de Colmar, il est exécuté en pleine rue par un soldat américain. Sa dépouille n’a jamais été retrouvée.

Son histoire…

Originaire de Niederhergheim, cet homme, né en 1922, était le fils du forgeron du village, Joseph, et de Frédérique Weck, originaire de Gueberschwihr. Le couple a eu huit enfants dont quatre garçons. Seul Xavier a été happé par l’armée d’occupation. Chez les Kopp, on n’aimait pas trop les Allemands. Le cœur battait français, surtout depuis la nazification de la région.

Xavier Kopp, cocher des conscrits de la classe 1912 de Niederhergheim dont faisait parti son frère ainé.

Déporté car il avait fait la forte tête…

Xavier était une forte tête. Dans l’un de ses ouvrages (*), l’historien Nicolas Mengus relate l’opposition de plusieurs jeunes du village, tous nés en 1922, qui ne veulent pas rejoindre l’armée allemande. Nous sommes fin 1942, peu de temps après la promulgation du décret du 25/08/1942 du gauleiter Wagner instaurant l’incorporation de force. « Lors du passage au conseil de révision pour la Wehrmacht, Xavier Kopp refuse, avec sept camarades, de signer son wehrpass (livret militaire). La sanction tombe aussitôt : c’est l’internement au camp de redressement de Schirmeck(67). Mais cela n’est qu’un contretemps avant l’incorporation.

Les conscrits de Niederhergheim de la classe 1922 dont la majorité refusera l’incorporation de force avec les conséquences que l’on connait.

Du 19 septembre au 2 octobre, Xavier Kopp est donc interné dans le camp de sécurité bas-rhinois, puis rejoint de force les rangs de l’armée allemande. Il a été incorporé dans la 2ème Gebirgs-Division (troupes de Montagne composé principalement de soldats autrichiens) mais on ne sait rien de son parcours ni dans quel régiment il a été versé. La 2ème Gebirgs-Division était stationnée en Finlande.

De retour en Alsace en septembre 1944…

Xavier Kopp est retourné en Alsace en septembre 44 à la faveur d’une permission. Il décide alors de ne pas retourner dans son régiment et se cache dans un premier temps dans le village natal de sa mère. Dans un précieux témoignage manuscrit datant de 1947, Joseph Kopp confirme en effet que son fils a réussi à déserter et « se serait caché à Gueberschwihr puis à Colmar chez une cousine».

Janvier 1945, la Poche de Colmar s’est formée depuis le début de l’hiver et les Allemands fortifient ce bout de terre qu’ils considèrent comme partie intégrante du Reich. Les forces Franco-américaine lancent l’offensive finale le 20 janvier. Grussenheim, Jebsheim, Widensolen, les villages de la plaine sont libérés à la suite de terribles combats, quelquefois au corps à corps. Le 2 février, Colmar sort les bannières tricolores après l’arrivée des blindés du général Schlesser. du Combat Command 4 de la 5ème DB. Des tireurs embusqués font toutefois mouche. Le bataillon de choc et le 1er régiment de chasseurs parachutistes sont chargés de nettoyer la ville.

« Abattu à coups de fusil »…pas vraiment…

Le 4 février, Xavier Kopp sort de sa cachette. « Dans l’allégresse générale qui suivit la libération de Colmar, mon fils eut l’imprudence de s’aventurer dans la rue habillé moitié civil, moitié militaire allemand, écrit Joseph Kopp en 1947 dans une lettre adressée au ministère des Anciens combattants. Il fut saisi par les troupes américaines et fusillé ».

Fusillé, vraiment ? Un autre témoignage diffère. Il provient d’Irma Spadacini et Paul Jung, qui vivaient rue du Chêne à Colmar et ont été témoins de la scène. Ils attestent, dans un document datant du 19 août 1947, « avoir été en compagnie » de Xavier Kopp ce 4 février 45 lorsque celui-ci fut exécuté à bout portant par un soldat américain » rue du Bouleau, dans le quartier de la Soie.

En 1957, reconnu « mort pour la France »…

Comble de malheur pour les Kopp, en plus de perdre leur fils deux jours après la libération, ils n’ont pas pu faire leur deuil car la dépouille de Xavier Kopp n’a pu être récupérée par la famille. En août 1947, Joseph indique bien, dans une demande d’établissement d’un acte de décès pour son fils, que son corps « amené à une destination inconnue, n’a pu être retrouvé jusqu’à ce jour ». L’acte de décès est enregistré en février 1948.

Le 2 décembre 1957, l’incorporé de force est reconnu « mort pour la France » après une enquête de moralité menée par la préfecture. Dans une lettre adressée au ministre des Anciens combattants, le représentant de l’Etat spécifie que le « comportement national » de Xavier Kopp et de sa famille « a été sans reproche ». Le nom de Xavier Kopp figure sur le monument aux morts de la commune. Il est aussi gravé sur la pierre tombale du caveau familial où reposent ses parents.

L’inscription sur la tombe familiale où il ne repose pas.

Mais le corps ?

Après vérification, la mairie de Niederhergheim indique ne détenir aucun document relatif à une inhumation du jeune Kopp dans le caveau familial. Contacté par l’office national des anciens combattants du Haut-Rhin, le pôle des sépultures de guerre à Metz a cherché à localiser la sépulture perpétuelle de Xavier Kopp, sans succès.

Le corps aurait pu être inhumé dans un cimetière provisoire qui avait été aménagé à l’angle des rues du Ladhof et du Pigeon, non loin du quartier de la Soie, lors des combats de la Poche de Colmar. Ce que confirme Marie-Joseph Bopp dans son ouvrage Ma ville à l’heure nazie (la Nuée Bleue). « Les enterrements ne purent plus se faire au cimetière exposé au feu de l’artillerie américaine, relate-t-il. Les cercueils étaient provisoirement enterrés dans le parc du monument aux morts » du Ladhof.

Quartier du Ladhof à Colmar (68).

Après-guerre, ces cercueils ont sûrement été exhumés pour être enterrés au Ladhof ou dans des cimetières militaires. Or, là encore, aucune trace de Xavier Kopp à Colmar ou à la nécropole allemande de Bergheim où se trouve une centaine de tombes portant mention « soldat inconnu » .

Le mystère demeure concernant sa dernière demeure où nous l’espérons il repose en paix.

NB : un témoignage troublant :

Marie-Thérèse Fréchard n’est plus de ce monde mais elle avait témoigné en 1995 dans les DNA à l’occasion du 50e anniversaire de la Libération de Colmar. Cette Colmarienne avait neuf ans à l’époque et se souvenait parfaitement de ces journées de janvier et février 1945. Sa famille habitait rue du Bouleau dans le quartier de la Soie. Le 4 février, elle se rappelle avoir vu arriver dans la rue des voisins qui habitaient rue du Chêne. « Ils étaient accompagnés de leurs deux enfants et d’un jeune homme que je ne connaissais pas, disait-elle. Il était habillé d’une vareuse civile mais il portait des bottes et un pantalon d’uniforme allemand. Sans doute un Malgré-Nous déserteur qui s’était caché ».

« Il a menacé tout le monde »

Marie-Thérèse poursuit : « Un sous-officier américain a arrêté le groupe. Il a demandé ses papiers au jeune homme et, sans explication, a sorti son revolver et lui a tiré dessus à plusieurs reprises. Il a été tué sur le coup. Quelques minutes plus tard, un policier auxiliaire qui parlait l’anglais a expliqué à l’Américain qu’il venait de tuer un Alsacien. L’autre, alors, s’est affolé et a menacé tout le monde de son arme. Nous avons couru nous cacher dans notre maison ».

Puukko (couteau traditionnel finlandais) de Xavier Kopp sur lequel a été gravé un renne, qui est l’insigne de la 2ème Gebirgs-Division.

Xavier avait offert son couteau à son frère ainé René Kopp (né en 1912) qui lui même l’a donné après-guerre à son fils prénommé également René et qui l’a prêté au Musée Mémorial afin de l’exposer et perpétuer la mémoire de Xavier Kopp.

insigne de la 2ème Gebirgs-Division avec une tête de renne.

Tous nos remerciements à la Famille Kopp pour leur confiance et le prêt du couteau au Musée Mémorial.

sources : Famille Kopp – Claude Herold – DNA – Les Malgré-Nous de Nicolas Mengus (édition ouest France, 2019).

Marcel COLLIOU 1897 – 1963

Affaires personnelles du Colonel COLLIOU.

Porte-documents US, jumelles avec étui et le tampon personnel du Colonel Marcel COLLIOU alias « Roussel » membre des maquis du Bourbonnais. Le groupement Roussel devint la division d’Auvergne, puis demi-brigade. Chef de corps du régiment d’Auvergne, son unité fut autorisée le 21 novembre 1944 à porter le nom du régiment cher à son cœur : le 152ème Régiment d’Infanterie. Le 10 février 1945 à Colmar le Général de GAULLE lui remet officiellement le drapeau régimentaire du 152ème RI. Cet ensemble est complété par un bonnet de police de sergent et quelques insignes tissus du 152ème RI « les Diables Rouges ».

Marcel COLLIOU est né le 25 septembre 1897 à Brest dans le Finistère (29).

Photo prise alors qu’il était déjà Colonel au 152ème RI.

Il interrompt à 18 ans ses études pour s’engager dans l’armée française le 6 juillet 1915 et est affecté au 71ème Régiment d’Infanterie en tant que simple soldat  de 2ème classe.

Bien noté, il se distingue rapidement : il est nommé caporal en août, le mois suivant sergent, puis aspirant le 15 octobre 1916 après avoir suivi le peloton d’élèves officiers d’active.

En septembre 1917 il est nommé au grade de sous-lieutenant et rejoint le 6ème Régiment d’Infanterie avec lequel il combat à Verdun, sur l’Aisne et participe à l’offensive finale victorieuse en 1918.

Pour ses actions et sa tenue au feu il obtint la Croix de  guerre  avec 4  citations  dont  une  à  l’ordre  de  l’Armée.

Il est nommé lieutenant en septembre 1919.

En juin 1920 il est fait Chevalier de la Légion d’Honneur.

Il part combattre au Liban avec le 22ème Régiment de Tirailleurs Algériens (22ème RTA) d’août 1920 à janvier 1922 (blessé 1 fois et 3 citations).

En janvier 1923, il suit les cours d’instruction de l’école d’application des chars de combat à Versailles et rejoint le 10 mars 1924 le 551ème Régiment de Chars Lourds.

A cette période il postule également au concours d’admission à l’école supérieure de guerre.

Il est promu au grade capitaine le 27 décembre 1930.

Il est « élève » à l’Ecole Supérieure de Guerre de 1934 à septembre 1936.

A sa sortie Marcel Colliou il rejoint le 1 octobre 1936 le 511ème Régiment de Chars de combat, jusqu’au 29 mai 1937.

Affecté à l’Etat-Major de la 11e région militaire il est au premier bureau de l’Etat-Major du grand quartier général au déclenchement de la seconde guerre mondiale.

Le 16 décembre 1939 il est chef de Bataillon.

Après la défaite en juin 1940, le chef de Bataillon Colliou prend le commandement du IIIème Bataillon du 152ème Régiment d’Infanterie (III/152 RI) stationné à Lapalisse  car délocalisé de Colmar vers l’Allier par le régime de Vichy (une Armée d’Armistice de 100 000 hommes est autorisée par l’occupant nazi) et qu’il quitte en 1941 pour suivre des cours d’instruction dans l’artillerie.

Il est démobilisé en novembre 1942. Membre de l’Armée Secrète, il revient dans la région de Lapalisse où il s’emploie à organiser la résistance locale dans le département de l’Allier. Pour l’aider dans cette mission il recontacte ses anciens cadres (principalement du 152ème RI), recrute des volontaires et organise la future lutte armée contre l’occupant nazi.

Le 21 février 1943 il s’entretient secrètement avec le commandant du 152ème RI.

Le commandant Colliou dit « Roussel » avec son fanion de commandement.

Le 1er mars 1943, un mandat d’arrêt est lancé par la Gestapo contre lui et il entre alors dans la clandestinité et prend le nom de guerre de « Roussel ».

Début  juin 1944, les groupes armés qu’il a formé et constitué « sortent de l’ombre » et attaquent victorieusement un train dans le tunnel de La Pacaudière(19/06/1944) et s’emparent du dépôt de munitions de Jaligny dans l’Allier.

Le maquis du15-2 sous les ordres du commandant Roussel. On retrouve sur la portière de la traction avant l’insigne des diables Rouges du 152ème RI.

Promu au grade de Lieutenant-colonel en octobre 1944.

Membre du maquis du Bourbonnais, le groupement Roussel devient successivement Division d’Auvergne puis Demi-Brigade d’Auvergne puis Régiment d’Auvergne dont son chef de corps est est Marcel Colliou.

Le 21 novembre 1944 amalgamé à la première Armée Française, le Lieutenant-Colonel Colliou reçoit l’autorisation, « chère à son cœur » de rebaptiser son unité 152ème Régiment d’Infanterie (152ème RI), il dira :

« Quand on est 15.2 l’échec n’est pas une défaite, on se relève et on repart…vers la victoire ».

Le 152ème RI  va combattre contre l’occupant nazi au sein de la 9ème Division d’Infanterie Coloniale pour libérer le territoire national : dans les boucles du Doubs(1/11 au 23/11/1944), l’Oberwald (23/11-2/12/1944), la Harth (2/12-13/12/1944), la Doller(22/1-2/2/1945), la forêt de Nonenbruck(20/1 au 2/2/1945) ….

Il est promu au grade de Colonel en décembre 1944.

Après avoir reçu son drapeau régimentaire des mains même du Général de Gaulle, place du champs de mars à Colmar(68) le 10 février 1945.

Remise du drapeau du 152ème RI par le général de Gaulle au colonel Colliou le 10 février 1945 à Colmar.
10 février 1945 place du champs de mars à Colmar.

Pendant la campagne d’Allemagne il est à la tête du 152e régiment d’Infanterie avec lequel il entre victorieusement le premier dans Stuttgart le 21 avril 1945 aux bords des rives du Neckar et poursuit jusqu’au lac de Constance où il apprend la fin des hostilités en mai 1945.

En août 1945 il est élevé au grade de Commandeur de la Légion d’Honneur; il a 48 ans!

Parcours du 152ème Régiment d’Infanterie du 1 octobre 1944 au 30 avril 1945.

Il quitte « son » 152ème RI en avril 1946 pour prendre le commandement de la 1ère Demi-Brigade d’Infanterie.

Le colonel Colliou dans son bureau.

Il est élevé au grade de Général de Brigade le 15 décembre 1950 puis de Général de Division en 1952.

Il termine sa carrière militaire comme gouverneur de la place de Paris.

Atteint par la limite d’âge de son grade, il est mis en disponibilité en septembre 1955 et cesse tout service actif en 1960.

Il décède à Paris le 22 janvier 1963.

Ses décorations :

Grand Officier de la Légion d’Honneur en1952,

Croix de guerre 11914-1948 avec 4 citations,

Croix de Guerre 1939-1945 avec 2 citations,

Croix de Guerre des théâtres et opérations extérieures avec 3 citations,

Croix du Combattant Volontaire,

Médaille de la Résistance.

sources documentaires et photos : Historique régimentaire du 152ème RI 1944-1945 – Le journal de marche du 1/152 « du Cantal au lac de Constance » – Le 15.2 : Histoire des Diables Rouges de juin 1994 – Les Diables Rouges de Pierre Dufour – internet.

Jean Emile FAIVRE 1922 – 1945

« Cher Jeannot nous ne t’oublierons jamais »…

Hommage à Jean Emile FAIVRE, brevet n°977 du 1er Régiment de Chasseurs Parachutiste, Mort pour la France le 1 février 1945…

insigne du 1er RCP.

Jean FAIVRE est né le 11 septembre 1922 à Paris dans le 8ème arrondissement. Très jeune, à la suite du divorce de ses parents, il rejoint le Territoire de Belfort (90) où il va habiter chez Mme Clémence ALLIMANT (la marraine de son père) qui était Infirmière chez DMC à Cravanche (90).

Il se destine à être boucher et commence son apprentissage dans une boucherie située avenue Jean Jaurès à Belfort, sans le savoir, à seulement quelques mètres de la boulangerie où Francis Garnier (autre futur rapace du 1er RCP et amis de la famille après-guerre – cf extrait article de presse) est apprenti boulanger.

Quand la guerre éclate, il est âgé de 17 ans. Il ne supporte pas l’idée que les allemands puissent envahir la France et occuper le pays cher à son cœur « Il voulait en tuer un »…dixit sa soeur après-guerre. il quitte Belfort dès le début de l’année 1941.

D’après sa soeur il serait parti avec l’un de ses copains pour tenter de rejoindre l’Afrique du Nord en passant par l’Espagne. D’après l’extrait de ses états de services il a souscrit devant le commandant de la Base aérienne de Salon en Provence un engagement volontaire de 4 ans en qualité de soldat de 2ème classe pour servir dans le corps du personnel de service général à compter du 11 mars 1941 à la base aérienne de Blida en Algérie.

Le 13 mars il est affecté à la 4ème compagnie et embarque à Marseille le 17 …débarque à Alger le 19 mars 1941 et arrive à la base aérienne de Blida le 20 mars 1941. Le 1 juillet 1941 il est affecté au CB/9 à Blida. Le 28 juillet 1941 il est « désigné » volontaire pour renfort en A.O.F. et est mis en route le 31 août vers le centre de regroupement de Casablanca au Maroc où il arrive le 3 septembre 1941. Il embarque le 26 septembre et arrive à Dakar, au Sénégal le 3 octobre où il est affecté à la base aérienne de Pluco(base non identifiée à ce jour?).

On perd « sa trace » jusqu’en 1943 où on le retrouve comme « classé » volontaire élève parachutiste via la note 421/A du 27 février 1943 du Général commandant de l’air supérieur et mis en route vers le Bataillon Parachutistes n°1. Rayé des Contrôles à compter du 23 février, il est dirigé sur Bic(?) Dakar le 24 février, embarque le 29 février et arrive à Casablanca le 7 mars 1943. Il est affecté le 1 mars à la compagnie d’Etat-Major du 1er BCP. Suite à l’annonce de sa dissolution le 3 mai 1943 le 1er BCP donne naissance au 1er RCP où Jean Faivre est affecté à la 3ème compagnie comme chasseur au peloton de mortiers.

Il est breveté Le 15 mai 1943 à Fès au Maroc, brevet n° 977.

Son histoire se confond par la suite avec celle de son prestigieux Régiment et son parcours victorieux du Maroc vers l’Italie (en avion) … Rome…une visite au Pape avec son régiment(source familiale)… puis arrivée par avion à Valence… son engagement dans les Vosges qui lui vaudra une citation, pour terminer tragiquement son glorieux parcours pendant la campagne d’Alsace où il effectuera son «dernier saut» au service de sa patrie :

Début octobre 1944, il est blessé et cité pour sa bravoure au le Menil (88) dans les Vosges :

« Chasseur au peloton de mortiers qui a fait preuve d’un beau courage le 6/10/44 au Menil. Blessé par une balle explosive à la jambe, s’est traîné sous les feux violents de l’ennemi jusqu’au point de regroupement de son unité »

Il est évacué sur Besançon (d’après sa famille) où il est soigné puis il rejoint son unité à Vesoul d’après sa sœur (le régiment stationne du 24/25 octobre au 6 novembre 1944 à Saulx-sur-Vesoul).

Il revient à Cravanche pendant sa convalescence pour une permission où il retrouve sa soeur et sa famille pour quelques jours (c’est la dernière fois qu’ils se voient…).

Il est tué par l’ennemi le 1 février 1945 lors des violents combats de libération du village de Widensolen (68) et est enterré dans le cimetière provisoire du 1er RCP à Bergheim(68), tombe N°23(cf croquis) à côté de ses valeureux frères d’armes tombés nombreux au champs d’honneur avec lui pour libérer l’Alsace de l’oppression nazie.

D’après le récit de Robert Wagener on sait qu’une fois Widensolen repris le 1er février aux premières heures, le village est mis sur la défensive et que les pièces « lourdes » c’est-à-dire les mitrailleuses et mortiers de la 3ème compagnie dont fait parti Jean Faivre sont placés aux sorties est et sud de la localité…et que l’artillerie allemande pilonne dès le début de la matinée le village (« un déluge de fer s’abat puis les mortiers allemands pendant des heures ») et tout au long de la journée.

Pour la libération de Widensolen le 1er RCP compte 15 tués (6 par balles et 9 par éclats) et 45 blessés (14 par balles et 31 par éclats). On peut supposer que c’est probablement un éclat d’obus qui a été fatal à Jean Faivre.

Pour la petite histoire sa soeur est décédée dans sa 95ème année en mai 2020 et que la cérémonie mortuaire s’est tenue au cimetière de Brasse (en petit comité à cause de la crise sanitaire), au cœur même de la chapelle où une veillée funèbre avait été organisée après-guerre pour le rapatriement du corps de son frère Jean à Belfort très certainement en 1946-1947.

Cette même sœur qui toute sa vie a « porté » le souvenir de son frère pour qu’on n’oublie pas son engagement et son sacrifice pour une cause juste, a également inculqué cet impérieux devoir mémoriel qui s’inscrit dans l’exaltation de certaines valeurs à son fils et ses petits-enfants.

Ils sont à présent tous les 2 réunis pour l’éternité et font la fierté de leur famille.

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Nous remercions chaleureusement Xavier et sa famille pour le partage des archives familiales qui nous ont permis de lui rendre cet hommage.

Ned Snyder Jr. 1917 – 2001

Dans ce French Phrase Book se trouve un papier…une autorisation de sortie délivrée au Tech/5 Herbert ANDERSON, matricule 33680878, signée par le 1st Lieutenant Ned SNYDER Junior, Commanding Officer du 290th Medical Detachment.

Ce nom ne vous évoque certainement pas grand chose, mais il s’avère que le Docteur Ned Snyder n’est autre que le premier médecin à prendre en charge le Général PATTON après son accident.

Ned Snyder, a vu le jour le 17 Octobre 1917 à Brownwood, où il passe toute son enfance.

1942 fut une année importante pour lui avec d’une part son mariage avec Beverly Gramann à Austin(Texas) et d’autre part l’obtention de son diplôme de médecine à l’université d’Austin.

Incorporé en 1944, il servira pendant 3 ans dans l’armée américaine jusqu’en 1947.

Au début de son service, il sera C.O.( Commanding Officer ) du 290th Medical Det. avant d’être transféré dans l’USAF.

En 1945, son « dernier patient » en Allemagne fut un personnage haut en couleurs…George Patton !

Le 9 Décembre 1945, peu avant midi, Ned Snyder est en route pour l’aéroport d’heidelberg, quand il arrive par hasard sur le lieu de l’accident qui fut fatal au Général Patton. Il est le premier médecin à prendre en charge le général qui souffre de douleurs aux vertèbres et au visage.

Ned Snyder est le premier à faire un diagnostique des blessures de Patton qui est assis à l’arrière de sa Cadillac, immobile. Durant les 25 minutes de trajets qui séparent le lieu de l’accident et le 130th Station Hospital situé aux abords d’Heidelberg, “the old man” comme on le surnomme ne laisse rien paraître, ni plainte ou signe de douleur !

Sur son lit de mort il dira “ This is a hell of a way to die.”

Après la guerre, Ted Snyder retourne dans son Texas natal, et poursuit sa carrière dans la médecine comme docteur. En 1986, William Luce présente au monde entier sa dernière réalisation “ The last days of Patton” et montre le rôle qu’a joué Ned, qui est interprété par Paul Michael, durant le dernier combat du général !

Ned Snyder décède le 11 Octobre 2001 à 84 ans, à Brownwood, lieu de sa naissance.

Petit historique du 290th Medical Detachment :

Noel 1944 en Angleterre : L’ordre de quitter l’Angleterre pour la France arriva le 26 décembre 1944. The Liberty Ship HMS Empire Rapier transporta le 290th de Southampton au Havre où il arrivee au Havre le 31 Décembre 1944.

Départ le 1 Janvier 1945 à destination de “Forges les Eaux” pour 4 jours de bivouac.

Départ le 6 Janvier 1945 pour Molsheim. Après 6 jours de bivouac à Molsheim, le départ pour Orbey le 12 Janvier 1945. Arrivé à Orbey depuis Molsheim le 12 janvier 1945. Rattaché au 7th Infantry Regiment de la 3rd Infantry Division Us pendant 10 jours dans le secteur d’Hachimette et Lapoutroie Il est Reversé au 112th Infantry Regimentde la 28th Infantry division à partir du 23 Janvier 1945 après avoir subit des pertes aux côtés du 7th Infantry Regiment sur le secteur Bennwihr et du Rosenkranz.

Réorganisation au sein du 112th Infantry Regiment dans le secteur d’Orbey et début des combats avec le 112th Infantry Regiment à la toute fin de Janvier 1945.

Il participe à la libération de Turckheim le 3et 4 Février 1945. L’objectif est atteint pour le 290th le 6 Février 1945 et il est retiré du champ de bataille ce même jour, suivi par des lettres de gratitude du Général Norman Cota.

La traduction de l’Autorisation de sortie pour militaire du rang et sous officier :

Enlisted = les MDR et les S/Off.

ANDERSON Herbert, technicien 5ème grade, matricule 33680878

L’insigne de grade est comme caporal, mais avec le T des techniciens.

Matricule commençant par 3 = engagé ou appelé pour la durée de la guerre.

290ème détachement médical, battaillon du génie C, basé à Tiverton

L’unité médicale d’un bataillon du génie

Tiverton dans le Devon (Sud-Ouest de l’Angleterre).

est autorisé à s’absenter de 18H00 à 23H00

pour visiter Tiverton uniquement

Signé Ned Snyder Junior, lieutenant, corps médical

Chef d’unité du 290ème (bataillon)

Le poste prohylactique le plus proche est situé à la brasserie « Strakey Knight and Ford ».

Poste du medical department où les soldats pouvaient se faire dépister et traiter des maladies vénériennes. On pouvait sans doute aussi y trouver des préservatifs.

Il y avait ces postes partout en Grance-Bretagne et en Irlande où des soldats américains étaient stationnés. Il y avait plusieurs brasseries « Strakey Knight and Ford » dans cette région d’Angleterre. La marque a été créée avec la 1ère brasserie en 1887 et la dernière unité de production a fermé en 1967.

La veste de combat peut être portée.

Tenue dite « B », blouson M41 à la place de la vareuse de sortie. Mais le reste de la tenue doit être identique à celle de sortie dite « A », y compris la cravate.

Lorsque vous serez en permission vous serez observé par les civils anglais qui jugeront l’armée de terre des Etats-Unis sur la base de votre apparence et votre comportement individuel.

Les manquements de votre part à vous conformer aux règles sur le port de l’uniforme et de conduite engendreront des remarques négatives à l’encontre de votre armée, de votre unité et de vous-même.

J’ai lu et compris la déclaration ci-dessus et je connais les dispositions des articles 1 à 59 du manuel du soldat (FM 21-100).

FM pour FIeld Manual.

François WAGNER 1940 – 2022

Un petit cheval « français » pas comme les autres…

Pour le Noël de mes quatre ans en 1944 (je suis né le 16 septembre 1940), mes parents avaient décidé de m’offrir un cheval à bascule. Mon père, Henri Wagner, originaire de Turckheim, a contacté à cet effet M. Straub, une connaissance amicale, menuisier à Wintzenheim.

Une idée saugrenue a alors germé dans le cerveau des deux acolytes : mettre ce cheval aux couleurs de la France, afin d’exprimer une forme de patriotisme et de narguer l’occupant. C’est ainsi que l’animal devint blanc et la selle rouge, couleurs complétées par le bleu des vides aux extrémités. Et voila un équidé bien français…

C’est un jouet qui a bien sûr beaucoup servi aux sept enfants de la fratrie, âgés alors de 4 à 16 ans, dont j’étais le benjamin. Il a allègrement porté jusqu’à quatre cavaliers en même temps (un à l’avant, un autre à l’arrière et deux au milieu) et a fait l’objet de nombreux « chahuts » et « confiscations parentales ». D’ailleurs, l’un de mes frères, suite à une série de basculements trop importants, a eu la joue ouverte par la pointe des oreilles du cheval et a récolté une cicatrice qu’il a conservée sa vie durant.

Par beau temps, nous utilisions le cheval sur le perron de notre maison (nous habitions alors dans l’ancienne auberge « Au Moulin Rouge », entre Logelbach et Wintzenheim), au vu de tous les passants. A part les sourires entendus des gens du cru, nous n’avons jamais eu de remarque particulière d’allemands de passage.

Une seule personne a saisie le sens réel du geste patriotique : un jeune soldat infirmier allemand, que mon père a découvert, caché dans l’abri anti-aérien qu’il avait construit avec des voisins, au fond de la gravière située alors en face de notre domicile, pour nous mettre à l’abri lors des nombreuses séquences de « Fliegeralarm » (cette gravière a été comblée depuis et plantée en vignes par l’exploitation viticole Zind-Humbrecht).

A la vue du cheval, ce déserteur – il avait effectivement décidé de quitter cette « Scheisswehrmacht » de ce « ScheissHitler » pendant les combats de la poche de Colmar – s’est exclamé : « Ach, welch schönes Franzenpferd », en envoyant un clin d’œil entendu à mon père.

Pour l’anecdote, ce déserteur, aidé par mon père, s’est automutilé en se tirant une balle de pistolet entre les deux os de l’avant-bras gauche, et avait l’intention d’expliquer à ses supérieurs sa disparition provisoire par une blessure reçue pendant les combats. Il a rejoint alors l’armée allemande en retraite vers l’est. En reconnaissance de l’aide que lui avaient apportée mes parents, il nous avait laissé son barda d’infirmier, qui contenait, entre autres, des boîtes en aluminium contenant le précieux tulle gras à l’odeur si caractéristique, qui nous a servi longtemps encore après la guerre à soigner nos brûlures accidentelles.

Nous avons appris par ses parents (il nous avait laissé leur adresse), contactés après la guerre, que son stratagème avait raté, qu’il avait été jugé, condamné sommairement et fusillé comme déserteur.

Texte écrit le 20 mai 2021 par François Wagner notre généreux donateur.

Depuis le 1er août 2022 notre petit cheval en bois est orphelin…Monsieur François Wagner nous a quitté subitement…nous avons une pensée émue pour lui et sa famille.

Nb : « Ach, welch schönes Franzenpferd » = « quel beau petit cheval français »

Roger J. PLATTES 1918 – 2002

Roger J. Plattes…une photo pas comme les autres…ou la véritable histoire de cette fameuse photographie du 8 février 1945 à Colmar…

Cette photo tout le monde la connaît (ou l’a déjà vu), tout le monde pense connaître le nom du soldat américain (du moins celui indiqué dans la majorité des livres : Roger J. Platts), tout le monde est sûr qu’il s’agit d’une petite alsacienne et d’un petit alsacien…

Après quelques recherches dans les archives des 2 côtés de l’Atlantique nous allons mettre d’accord tout le monde et raconter l’histoire « particulière » de cette photo 😊

Nous sommes le 8 février 1945 à Colmar, 6 jours après la libération de la ville et la foule se presse le long du parcours du défilé militaire qui se prépare.

Non loin de la salle des Catherinettes, Mme Suzanne Haenn arrive avec sa fille Monique (2 ans) et sa copine Christiane (accompagnée par sa maman et sa tante).

Pendant le défilé un soldat américain sort du cortège et saisi les 2 gamines, les prends dans les bras, à hauteur de l’objectif du service photographique de l’armée. Le petite Monique ne comprenant pas ce qui lui arrive pleure à chaudes larmes. Le soldat essaye de la rassurer en lui disant qu’elle ne risquait rien et que lui aussi avait des enfants, mais rien ni fait jusqu’à ce que le sergent lui offre un chewing-gum (et c’est ce papier de Chewing-gum que la petite alsacienne tord dans ses mains sur la photo).

Mme Haenn avait confectionné le costume d’alsacienne pendant les interminables heures de l’annexion, rue de Bruxelles où elle habitait (avec une robe rouge que ses fillettes trouvaient trop longue et à qui on donnait par subterfuge l’explication qu’elle était pour d’autres enfants). Sa petite « complice » dans les bras du libérateur, Christiane, habitait rue Fleischhauer et venait à chaque défilé avec elles. C’est elle qui est déguisée en petit alsacien.

Fin 1984 le service d’information de la mairie de Colmar avait édité une fort belle affiche pour annoncer une exposition au koïfhus, à l’occasion des festivités de la commémoration de la libération de Colmar à partir du 28 janvier 1985. On y voyait les 2 petites alsaciennes sur les épaules d’un soldat américain.

Rapidement l’une des 2 (Monique) s’était fait connaître et les DNA lui avaient consacrées un article le 5 décembre 1984. L’autre (Christiane) née à Colmar, établie à Mulhouse ne voulait pas sortir de l’anonymat.

Restait à retrouver le soldat de l’affiche, le sergent Roger J. Platts(mal orthographié) du 112th Infantry Regiment de la 28th Infantry Division US car Mme Suzanne Haenn (70 ans en 1984-85) serait tellement contente de pouvoir retrouver ce sergent de l’armée US qui lui avait «arraché» des bras sa petite Monique, près des Catherinettes.

Alors le journal s’est mis en rapport à l’époque avec le service d’information de la mairie de Colmar qui a donné le nom et l’unité : Roger J. Platts, de la 28ème DIUS, et avec le consulat des Etats-Unis à Strasbourg.

De son côté, une colmarienne du nom de Nadine Beck a décidé de lancer des recherches en écrivant à un ami vivant aux Etats-Unis qui s’appelle Francesco Bartolomeo, un homme d’origine italienne vivant à Brooklyn.

Avec juste le nom mal orthographié et une copie de l’affiche, Bartolomeo a retrouvé Plattes, diplômé du lycée technique de St Cloud et de l’université de St John, à St Cloud. Bartolomeo a demandé à la Société historique du comté de Stearns de reprendre les recherches à partir de là : «Il nous a envoyé une lettre et nous avons vérifié dans l’annuaire de la ville», a déclaré John Decker, archiviste à la société historique. «Nous avons découvert qu’il avait quitté St Cloud en 1946. Decker, et le directeur du Centre du patrimoine, Bob Lemmel, ont ensuite fouillé le dossier nécrologique et ont trouvé les noms de la mère et du père de Plattes. Les deux dossiers indiquaient que Plattes vivait à Grand Forks (Dakota du Nord). Une vérification rapide de l’annuaire téléphonique de Grand Forks a montré que Plattes vivait toujours dans cette ville du Dakota du Nord. Decker a fourni à Bartolomeo le numéro de téléphone de Plattes…et c’est ainsi qu’il fut retrouvé…ne pas oublier qu’à cette époque internet n’existait pas😉.

Dans le Times du 10 juin 1985 on pouvait lire :

« le Soldat mystérieux retrouvé »

Roger Plattes de Grand Forks tient une affiche qui le montre en train de tenir deux enfants français il y a 40 ans dans la ville de Colmar.

Pour aider à célébrer le 40e anniversaire de la libération de la ville française, une femme de Colmar a lancé une « croisade » pleine de réussite pour identifier le GI de l’affiche.

Dans le Times du 4 décembre 1985 :

« Le G.I en photo es originaire de St Cloud… »

Un cliché pris il y a plus de 40 ans d’un soldat américain réconfortant deux jeunes Françaises est sur le point de conduire à des retrouvailles remarquables. Le soldat à lunettes et casqué, dont l’image est devenue un symbole de libération et de liberté pour de nombreuses personnes en France, est Roger J. Plattes, originaire de St Cloud. Pendant quatre décennies, les citoyens de Colmar, une ville du nord-est de la France, n’ont connu le GI que comme «un soldat américain», dont la photo a été prise en février 1945. Mais maintenant, en partie grâce au travail de la Stearns County Historical Society, ils savent savent qui est leur «héros».

«C’est très inhabituel», a déclaré Plattes par téléphone depuis Grand Forks, N.D., où il vit maintenant.

«Penser à tous les millions et millions de Gis qui étaient là-bas et j’étais celui de la photo». Plattes, qui a déclaré que son grand-père, John Plattes, avait aidé à fonder St Cloud, est né à St Cloud et y a vécu jusqu’à ce qu’il s’enrôle dans l’armée américaine pendant la Seconde Guerre mondiale.

Roger est le fils de feu Peter J. et Clementine Plattes. Avant de s’engager, Plattes a travaillé au St Cloud Daily Times en tant que rédacteur sportif, a-t-il déclaré.

Ironiquement, un collègue journaliste l’a rendu célèbre.

Plattes était à Colmar peu de temps après que les troupes françaises et américaines avaient mis fin aux cinq années d’annexion allemande de la ville. Il s’était penché pour consoler deux filles, dont l’une pleurait, donnant à chacune un morceau de chewing-gum. Un journaliste a pris une photo de Plattes avec les jeunes filles assises sur ses épaules. La photo a été publiée sur la couverture d’un magazine français, dont Plattes a obtenu une copie et l’a encadrée. Mais il ne connaissait pas les noms des filles et il n’a plus jamais entendu parler d’elles avant la semaine dernière.

Roger a déclaré qu’il espérait se rendre en France pour retrouver les deux femmes. «Je ne pensais pas que nous nous retrouverions un jour», dit-il. «Je vais leur écrire maintenant et leur envoyer une photo de moi et leur raconter un peu ce qui m’est arrivé depuis. «Et je leur dirai à quel point je suis heureux d’entendre parler d’eux après toutes ces années… et je leur dirai que je suis désolé que cela n’ait pas pu être plus tôt». Les deux femmes veulent rencontrer Plattes…

Nous ne savons pas s’ils ont pu se rencontrer par la suite…si quelqu’un en sait plus à ce sujet nous serions heureux d’en savoir davantage…

D’après son annonce mortuaire, clin d’oeil de l’histoire, Roger J. Plattes est décédé le 8 février 2009….64 ans jour pour jour après la prise de cette fameuse photo.

On apprend que Roger J Plattes, 90 ans d’Annandale et anciennement de Grand Forks, dans le Dakota du Nord, est décédé paisiblement, le dimanche 8 février 2009, au Centre de soins Annandale(Minnesota, près de St Cloud) où il résidait.

Que Roger Joseph Plattes est né le 7 septembre 1918 à Saint-Cloud dans le Minnesota, de Peter et Clementine (Karsnia) Plattes.

Il est diplômé de l’école secondaire technique de St. Cloud et de l’Université St. John’s à Collegeville avec un diplôme en anglais.

Il a épousé Evelyn Stahl le 19 septembre 1942 à San Luis Obispo, Californie et elle l’a précédé dans la mort le 12 juillet 2002.

Il a travaillé pendant 38 ans comme reporter et rédacteur en chef au Grand Forks Herald à Grand Forks, ND.

L’esprit de Rogers et son enthousiasme pour la vie nous manqueront beaucoup. Il laisse dans le deuil ses cinq enfants et leurs conjoints, Pamela et Doug MacPherson de Fullerton, Californie, Liz & Lance Morque de Minneapolis, Peter Plattes et Diana Lam de Milton, MA, David Plattes et Shelley Cook de Pequot Lakes et Karen Plates de Winthrop , MA; frère, Gordon & Pat Plattes d’Arcadia, Californie; 11 petits-enfants; et 9 arrière-petits-enfants.

sources : archives DNA, de l’université de St Cloud, internet et us nara.

Ernest HEROLD 1917 – 1944

Jeu des « sept familles » ayant appartenu à Ernest HEROLD, alsacien, incorporé de force dans l’armée allemande et mort sur le front russe en 1944. Lors de sa dernière permission il avait laissé ce jeux de carte à ses parents…c’est la dernière fois qu’ils le voyaient.

Mon histoire…

Je m’appelle Ernest HEROLD je suis né le 3 novembre 1917 à Kolbsheim (67) dans le canton de Schiltigheim.

Je travaille comme employé de bureau.

J’effectue mon service militaire en Tunisie…

Je suis démobilisé le 17 septembre 1940 suite à la défaite française…

Lilly sa fiancée qui travaillait dans un poste de police à Strasbourg.

Ses collègues lui avaient demandé de revêtir un uniforme masculin pour la photo.

Photo sans doute prise par sa fiancé en 1943 sur la plateforme de la cathédrale de Strasbourg. On peut voir que la nourriture en temps de guerre est moins abondante qu’en Tunisie 3 ans auparavant .

Je suis incorporé de force dans la Wechmacht en 1943 (j’ai 26 ans) et je suis affecté à la Stamm-Kompanie./Gren.Ers.Btl 478 (unité du génie) en tant que pionnier.

Le 13/10/1943 je suis muté à la 3.Kp./Gren.Ausb.Btl.478 puis à la 12.Kp./Gren.(Feld-Ausb.) Rgt.640 pour ma formation.

Le 9 mars 1944 appartenant à la 3.Kp.Speerverbd. « Fischer »/ (Pionerschule) d.H.Gr.Nord-Pernau je suis tué au combat à ABISHA (Obizha) sur le front russe proche de la frontière Estonienne et Lettone.

Ci-dessous la traduction de sa dernière lettre écrite le 28 février 1944 et tamponnée le 03 mars 1944.

Lorsque ses parents ont réceptionné son courrier il était certainement déjà mort puisqu’il est mort au combat le 9 mars 1944.

Front de l’est le 28.02.44

« Chers parents, frères et soeur.

Aujourd’hui j’ai quelques minutes pour vous écrire ces quelques lignes.

Je suis toujours en intervention. Je suis en bonne santé et espères que vous aussi.

Ici le ravitaillement est bon et il y a assez de tabac. A l’occasion je vous enverrai quelques cigares.

Le temps est bon .Un peu froid le matin mais l’après midi le soleil réchauffe  l’atmosphère. 

Pour le reste tout est comme d’habitude.

J’espère que cette guerre est bientôt finie car après cinq mois passé sous l’uniforme j’en ai assez.

Dès que j’aurais  la possibilité je vous écrirais à nouveau.

En attendant ,toutes mes salutations

Votre Ernest »

Paul Flesch-Hild 1942 –

Un petit Diable Rouge au musée des Combats de la Poche de Colmar…

C’est un don insolite que le musée des Combats de la Poche de Colmar, à Turckheim, a reçu.

Tout a commencé lors des Journées du patrimoine, alors que Paul Flesch-Hild accoste le président du Musée Mémorial des Combats de la Poche de Colmar : « J’étais proche du général De Lattre », explique l’intéressé, en dévoilant une photo prise à la libération, le 20 février 1945, lors d’une prise d’armes : du haut de ses 3 ans, le petit Paul Flesch-Hild y figure vêtu de pied en cap d’un uniforme militaire, effectuant un très réglementaire salut au général américain Devers et au général De Lattre de Tassigny.

Paul Flesch-Hild nous raconte : « Avec ma famille, comme tous les Colmariens, nous vivions dans la cave de notre maison, rue du Logelbach. Tout le monde est à table quand on sent soudain frémir une effervescence et de l’agitation, venues de l’extérieur. Les Alliés ont libéré Colmar. « Ma mère m’a raconté (j’avais 3 ans) qu’ils sont tous sortis voir ce qui se passait et qu’on m’avait oublié dans la cave. À leur retour j’avais, paraît-il, vidé tous les verres ! » »

Quelques jours plus tard, le 20 février 1945, une prise d’armes est organisée pour célébrer la victoire à Colmar : « Ma mère et ma tante sortent d’une cachette un uniforme de l’armée française à ma taille, qu’elles avaient confectionné clandestinement dans des draps militaires. »

En tenue de sergent du 152e régiment d’infanterie, mon oncle m’emmène au Champ de Mars pour voir le défilé. Je suis remarqué sous mon calot, effectuant le salut militaire, par les deux Généraux qui viennent me serrer la main. »

La plus célèbre photographie a fait le tour du monde. Elle a été publiée dans de nombreux journaux, dont Paris-Match , et elle a été exposée dans de nombreux musées dont celui du Général-de-Lattre-de-Tassigny, dans sa ville natale de Mouilleron-en-Pareds, en Vendée. Commune qui remettra la médaille de citoyen d’honneur à Paul Flesch-Hild.

De cette journée, Paul Flesch-Hild ne garde que le souvenir de ce qu’on lui a raconté. « La seule chose dont je me souvienne, est que les poches de l’uniforme étaient pleines de chocolats et de chewing-gum que m’offraient les militaires ».

Plutôt que de voir disparaître un jour son petit costume, Paul Flesch-Hild l’a donné au Musée mémorial.

Le 20 février 1945 à Colmar, Paul Flesch-Hild effectuant un très réglementaire salut au général américain Devers et au général De Lattre de Tassigny.

Paul Flesh-Hild (à gauche), avec sa photo souvenir et le président du musée des Combats de la Poche de Colmar à Turckheim en 2021 – photo DNA.

« The Little Sea Horse « …le 36th Engineer Combat Regiment.

L’insigne de l’unité représente un hippocampe sur un bouclier rouge et blanc.

Casque US M1, sous-casque (« liner ») et insigne tissu du 36th Engineer Combat Regiment, unité de génie de combat américain formée pour les opérations d’assaut et de soutien amphibies. Cette unité a à son actif le plus grand nombre d’assauts amphibies (5) pendant la seconde guerre mondiale (TORCH – SICILE – NAPLES – ANZIO – DRAGOON). Elle soutiendra les unités alliées lors des campagnes d’Alsace, des Ardennes, de Rhénanie et d’Europe centrale.

Son Histoire :

Le 36th Engineer Combat Régiment a vu le jour en Octobre 1933 et a été activé le 1er Juin 1941 à Plattsburgh Barracks dans l’état de New York.

Le 8 Novembre 1942 à 5h du matin, le régiment participe à l’Opération Torch en débarquant à Fedala au Maroc.

Après avoir passé huit mois en Afrique du Nord, le Régiment se met en route pour la Sicile le 7 juillet 1943, trois jours plus tard ils marchent sur le sol Sicilien…c’est le début de l’Opération Husky.

Le 10 Septembre 1943 ils foulent le sol Italien à Salerno… le début d’un périple de quasi 1 an où ils participeront pour commencer aux célèbres batailles d’Anzio, Cisterna et Rome.

La prochaine destination du 36th Engineer…la France!

Le 15 Aout 1944 après l’opération Dragoon, le régiment remonte toute la vallée du Rhône jusqu’à atteindre Besançon le 11 Septembre 1944.

D’Octobre à fin Novembre 1944 le Régiment se trouve dans les Vosges. Le 29 Novembre il est scindé en deux.

D’un côté le 2nd et 3rd Battalion qui se dirigent vers l’Alsace du nord par le Col de Saales et de l’autre le 1st Battalion(1/36th Engineer) qui bivouaque dans le secteur de Saint Marie aux Mines.

Durant les premiers jours de Décembre 1944, le 1/36th Engineer devient une unité de soutien de la 36th Infantry Division. A ce moment là il est dans le secteur de Sélestat – Ribeauvillé .

Du 8 au 9 Décembre, le bataillon est officiellement rattaché à la 36th Infantry Division qui est elle même rattachée à la 1ère Armée Française.

Jusqu’au 13 Décembre 1944, le poste de commandement du régiment est à Sélestat, mais les « Seahorses » se trouvent eux, sur le terrain, dans le secteur de Riquewihr-Ribeauvillé-Bergheim et ont pour mission l’entretien des routes et nombreux ponts du secteur. A partir du 13 Décembre, Ursprung situé au dessus de Riquewihr devient la nouvelle zone de bivouac pour les hommes du 1st Battalion pour quelques jours.

Le 14 Décembre marque la fin de la très éprouvante opération Habicht (contre-attaque allemande du 12 au 14 décembre 1944 visant à reprendre Sélestat et le secteur de Sigolsheim-Riquewihr-Ribeauvillé pour « anéantir » la 36th Infantry Division US) . Le manque d’hommes est tel que la Company B et C deviennent chacune des unités de combat d’infanterie classique, tout comme le 111th Engineer (Bataillon de Génie de la 36th Division). Seule la Company A du 36th Engineer reste en réserve sur le secteur de Ribeauvillé. La Company B est rattachée au 142nd Infantry Régiment (36th Infantry Division) et la Company C au 36th Reconnaissance Squadron (36th Infantry Division). L’arrivée du 30th Infantry Regiment de la 3rd Infantry Division va permettre de débloquer la sitaution dans ce secteur.

Les hommes du 36th Engineer vont faire mouvement dans le secteur d’Alspach (Kaysersberg) le 17 Décembre où les affrontements sont particulièrement violents entre les «Marnemen » du 30th Infantry Regiment (3rd Division), les Texans du 141st Infantry Regiment (36th Division), le Combat Command 4 et 5 et l‘armée allemande.

Durant ses deux jours la Company C appuie les troupes françaises sur le flanc droit du 30th Infantry Regiment tandis que la Company B dégage des tronçons de routes situés plus haut dans la vallée entre Kaysersberg et Fréland.

Le 19 Décembre, après la libération de Kaysersberg et Ammerschwihr, le 1/Battalion du 36th Engineer Combat Régiment prend la direction de l’Alsace du nord pour y retrouver le reste du régiment.

Durant leur périple dans les combats de la poche de Colmar, le 1st Battalion ne subira aucune perte, par contre la « HS » Company (Headquarter and Service) a 3 tués.

Jusqu’à la fin décembre le Régiment est stationné dans le secteur de Kutzenhausen/Hatten. Du 1er Janvier au 23 Mars 1945 le 36th Engineer sera très présent pendant l’opération Nordwind, transitant entre Lembach, Phalsbourg, Raon l’Etape ou encore Wissembourg. Arrivé en Allemagne à la fin Mars 1945 le Régiment prend la direction de la Bavière. Une partie du Régiment est en Autriche et l’autre se trouve dans le secteur de Garmisch Partenkirchen au moment du VE Day(Victory in Europe = Jour de la Victoire en Europe).

Tout au long du conflit le 36th Engineer Combat Régiment a construit d’innombrables infrastructures(ponts, routes…) facilitant ainsi la tâche à de nombreuses unités et Divisions alliées, toutes plus prestigieuses les unes que les autres.

Stay Rugged !