Lloyd Walter GREGORY 1913 – 1944

Ce casque nous rappelle le sacrifice de Lloyd. W. GREGORY pour la Liberté.
Il est né le 11 mars 1913 à San Joaquin en Californie. Dans le civil il travaillait comme ouvrier dans l’industrie pétrolière.

Il s’engage dans l’armée américaine le 13 octobre 1939 à Los Angeles.
Le First Sergent GREGORY Lloyd W. (« GREG » gravé dans le casque), Army serial number n° 06553205 (les 4 derniers chiffres inscrits sur la sangle intérieure du liner) a combattu en Alsace avec le 411th Infantry Regiment de la Compagny G de la 103rd Infantry Division « Cactus » .


D’après les archives américaines de l’armée on retrouve ces quelques lignes le concernant :
Le 13/03/1944 on lui décerne la purple Heart.
Le 7/5/1944 une permission ordinaire de 14 jours.
Le 21/05/1944 une permission ordinaire de 14 jours.
Le 16/11/1944 Blessé légèrement au combat. Non hospitalisé.
Le 29/11/ 3 militaires : 1 homme du rang et 2 sous-officiers dont Gregory Lloyd W. sont portés disparus.
13/12/1944 Gregory Lloyd W. est déclaré de MIA(Missing In Action) à KIA (Kill In Action) = de porté disparu à tué au combat le 29-Nov 1944.
Il est enterré au cimetière de Bethel (Nouveau-Mexique) aux Etats-Unis.


Activée le 15 novembre 1942, la 103Rd Cactus Division est affectée au Camp Claiborne, en Louisiane pour se constituer et former l’ensemble des hommes de la Division. Le point culminant du « Basic Training » sont des manœuvres Divisionnaires (une grande manœuvre de terrain en trois phases menée près de Slagle en Louisiane et qui a duré près de deux mois).
Après avoir terminé l’entraînement de base, les hommes de la division Cactus ont « déménagé » vers le Camp Howze au Texas, situé juste à côté de Gainesville. L’entraînement se poursuit jusqu’en septembre 1944, date à laquelle les hommes, après avoir fait leurs sacs de voyage et préparé leur équipement, partent pour Camp Shanks, dans l’État de New York. L’incertitude plane dans l’air – leur destination reste inconnue.
Ce n’est qu’après que le navire ait quitté le port de New York que les ordres sont levés et qu’une annonce est faite : les hommes de la division Cactus se dirigent vers Marseille, en France, pour être déployés sur le théâtre d’opérations européen…

Nous remercions chaleureusement Alexandre pour ses recherches qui ont permis de mettre un nom sur le soldat qui portait ce casque et qui a été tué à Barr le 29 novembre 1944 (casque retrouvé dans ce secteur).
Albert Cecil GOURE 1919 – 1957

Sur ce quart américain fabriqué en 1942 par A.G.M Co. sont gravés les mots suivants : SCOTLAND – WALES – ENGLAND – LIVERPOOL – LONDON – AFRICA – ORAN – ALGIERS – BIZERTE – TUNIS – CARTHAGE – SICILY – PALERMO – ITALY – NAPLES – ROME – POMPEIS – FRANCE et un Landry Number G9542…qui correspond à l’initiale du nom de famille du soldat suivi des 4 derniers chiffres de son Army serial number (numéro de matricule).

Grâce à la gravure de ces quelques éléments nous avons pu retrouver son « propriétaire » .
Il s’agit de Albert Cecil GOURE, né le 29 septembre 1919 à Oklahoma City dans l’état de l’OKLAHOMA.
Avant d’entrer dans l’armée il travaillait comme ouvrier dans l’industrie textile.
Il s’est engagé comme privat le 06-03-1941 dans l’US Army sous le Army serial number n° 38019542 et a terminé la guerre au grade de Staff Sergeant .

Il a servit au sein du 10th Field Artillery Battalion « The Rock’s Support », artillerie divisionnaire de la 3rd Infanty Division US équipée de canons de 105 mm HM2.

C’est pourquoi il a débarqué à Oran (Algérie) en novembre 1942 (en provenance d’Angleterre) et non au Maroc comme le reste de la 3th Infantry Division US (qui venait des Etats-Unis) composant la Western Task Force, lors de l’opération Torch (novembre 1942).



De par ses gravures on retrace son parcours de l’Angleterre à l’Afrique du nord, en passant par la Sicile, l’Italie et la France.
Ce quart fut récupéré quelques jours après la libération de Colmar en février 1945 et conservé précieusement tout au long de sa vie, par Robert WIEDERHIRN qui avait 11 ans a l’époque.

Nous remercions sa veuve de nous l’avoir confié pour en prendre le plus grand soin afin de perpétuer la mémoire de Albert C. GOURE et de son donateur.
Albert C. Goure est décédé le 27 août 1957 à l’âge de 37 ans à Kailua-Kona dans l’état de Hawaii.



Hubert SCHMITT 1926 – 2010
James E. Carmichael 1924 – 2020

Un quart de gourde US en alu personnalisé avec des gravures découvert sur Turckheim par un adolescent d’une quinzaine d’années dans les années 80…
Après de longues recherches il vient tout juste de nous révéler le nom de celui qui l’a gravé pendant la seconde guerre mondiale.
James « Jim » E. Carmichael est né le 8 février 1924 à Rockville dans l’Indiana, il était l’un des 10 enfants d’Elonzo Taylor et May (Gibson) Carmichael.
Il est incorporé dans l’armée américaine à Parke dans l’Indiana le 1er Avril 1943 avec le matricule 35140006 (laundry C0006).
Tout au long de la guerre il sert dans le Medical Detachment du 112th Infantry Regiment de la 28th Infantry Division, qui participe à la libération de Turckheim durant les premiers jours de Février 1945.

Il quitte l’armée au rang de Private First Class le 20 Octobre 1945.
Après la guerre il travaille toute sa vie en tant que soudeur; d’abord pendant plus de 20 ans pour l’entreprise Schmidt de Denver dans le Colorado puis les 20 dernières années dans son Indiana natal, à Paragon pour JW Jones & Company.
Il était passionné par la nature, la pêche et aimait tout particulièrement la musique.
D’après son avis de décès, quelques jours avant de nous quitter il jouait encore du violon pour ses amis et sa famille.
Il s’est éteint le 23 avril 2020 à Martinsville dans l’Indiana.
Grâce à son quart nous nous souvenons de son histoire et de celle de ses camarades venus nous libérer du joug nazi.
Ils resteront gravés à jamais dans notre mémoire collective.
Merci à David pour ses recherches.
Inscriptions face avant :
ANNA MAE
PVT JIM 35140006
INDIANAPLOIS
INDIANA
Inscriptions côté droit :
JOX WILM
ANITA BETTY
LAVETA BUD
ZETTA MARY
HELEN JOE
TONY JR.
Inscriptions face arrière:
ETO
Inscriptions côté gauche :
« anna mae » gravé dans un cœur traversé par une flèche
En diagonale en grand « anna mae » et juste dessous « Jim »
Inscriptions du dessous :
James
35140006






Edward J. HASENOHRL 1921 – 1945

Le Staff Sergeant Edward Joseph Hasenohrl (s/off) est décédé le 4 février 1945 suite à ses blessures par éclats d’obus au cou et à la nuque.
Ce casque porte des impacts sur le côté suite à des éclats d obus et été trouvé dans le secteur où il a été mortellement blessé…il s’agit peut-être de son casque?

Il est né le 18 novembre 1921, à Marshfield, Wisconsin. Il vit à Wood et travaille chez Nekoosa-Edwards paper Company dans l’industrie du papier.
Il s’engage pour la durée de la guerre dans l’armée américaine le 16/09/1942 à Milwaukee (Wisconcin) comme simple soldat (private).
Son numéro de matricule (army serial number) est le 36267012 (laudry number H7012).
Après sa formation il occupe un poste de mitrailleur(machine gunner) et atteint le grade de Staff Sergeant.
Il se marie le 3 juillet 1944 avec Dorreen REES qui réside au sud du pays de Galles, dans les îles britanniques.
Il est blessé au combat une première fois le 10 août 1944 en France et obtient la Purple Heart.
Il combat en France Belgique, Allemagne avant d’être tué à Turckheim.

Le 3ème Bataillon du 112e Infantry Regiment US, Compagnie K…

Le passage à l’attaque a eu lieu le 1 février 1945 à 20h depuis Ammerschwihr(68) sous la neige et sur un sol verglassé … le 2 février a 15h, après une nuit de combat, Niedermorschwihr(68) est libéré par le 112th Infantry Regiment US qui fait prisonnier 25 soldats allemands mais perd 8 hommes.
Le 3 février, les hommes du 112th sont restés sur Niedermorschwihr jusqu’à 15h et repartent à l’assaut en direction de Turckheim vers 16h … à 18h les premiers hommes entrent dans la ville, le Capitaine (Cpt) Thomas en tête, a été mortellement touché par un Scharfschütze allemand (tireur d’élite).
Voici les circonstances de sa mort : « a 16h le 3 février, notre objectif était Turckheim, le capitaine Thomas dirigeait la compagnie, nous avons coupé par les vignes afin d’atteindre la ville … une fois arrivé aux abords de Turckheim, quelques rafales se font entendre, nous stoppons notre avancée net; le Cpt Thomas vérifie notre position. Afin de bien orienter sa carte, il courut et traversa la rue et se mit à couvert derrière un mur en brique.
Malheureusement, une partie de sa tête ne devait pas être totalement à couvert et un coup de feu se fit entendre, le tir d’un sniper ! Il s’écroula au sol, mort ! la balle l’a touché à la base de son crâne et est ressortie par l’arrière. A ce moment là, le Lieutenant Greene, fraîchement arrivé de Paris, prit les rênes de la compagnie et sécurisa la zone par laquelle la ville sera prise et libérée le lendemain!
Plusieurs contre-attaques et barrages d’artillerie allemands (obus de mortiers) coûteront la vie à 3 de nos hommes, 21 autres seront blessés, mais nous avons tenu la ville !
Nous avons été relevés cette nuit-là par une unité française (nb : le Bataillon de Choc)! Après une nuit de sommeil, nous avons libéré Zimmerbach et Walbach le lendemain, le 5 février 1945 !
Extrait du « After Action Report » du 3e Bataillon du 112e Infantry Regiment, Compagnie K.
Sur les 5 morts comptabilisés par le 112th à la date du 4 février il y a 3 soldats , 1 sous-officier (s/off) et 1 officier.
A noter que sur l’arrière du casque il y a bien une bande blanche horizontale ETO (theatre d’operation europeen) correspondante à un sous-officier.




Denise FERRIER 1924 – 1945

Née à l’Arba le 16 novembre 1924, son enfance s’est écoulée dans la région d’Alger.
Elle était la cadette de 4 frères et sœurs. Bonne élève elle prépare son brevet élémentaire et songe au concours de Normale mais les décrets de Vichy réservant la carrière d’enseignante aux seuls bacheliers lui ferment la voie vers laquelle elle se dirigeait. Elle aime lire et plus que tout l’exercice physique, c’est une sportive accomplie. Dès 8 huit ans elle fait partie d’associations sportives féminines dont Algéria-Sports…gymnastique, basket-ball, saut en hauteur…
Elle participe en 1938 à la fête fédérale nationale de Dijon. Cette même année elle se rend avec la délégation française à Prague pour la fête des Sokols.

C’est à cette période qu’elle révèle ses qualités : le sens de l’équipe, assez d’autorité pour guider les autres, de modestie pour faire corps avec le groupe sans chercher à se distinguer de lui avec une tendance naturelle à secourir comme une « grande sœur ». Elle s’oriente vers une carrière de monitrice d’éducation physique dans les écoles primaires, période pendant laquelle la guerre et l’armistice sont venus plonger la France dans le désarroi…
Elle écoute attentivement la BBC et trace avec ses amis des V au charbon et à la craie qui encouragent les faibles dans la résistance passive.
Le 8 novembre 1942 elle assiste aux premières loges au débarquement des troupes américaines en Afrique du Nord.
En 1943 ses amis s’engagent dans l’armée française et par la suite les femmes ont aussi la possibilité de s’engager, mais principalement dans des tâches « subalternes ». Pour Denise ce n’est pas suffisant et après avoir beaucoup insisté auprès de l’autorité militaire elle est admise en février 1943 dans le corps des conductrices du 27ème Train…elle a 18 ans (son père lui demandera seulement de terminer son stage de monitrice d’éducation physique pour lui permettre de poursuivre après-guerre la carrière choisie).
Le corps des conductrices est créé début 1943 à Alger, rattaché au Train des équipages sous le commandement de Mme Gross et l’instruction est faite par les cadres du 27ème Train.
Les premières volontaires sont principalement des réfugiées de la France métropolitaine, des alsaciennes et lorraines, des femmes de prisonniers et par la suite des Algériennes également. D’autres écoles vont être créées à Marengo, Chéragas, Constantine et Oran.
Elles apprennent la conduite, la mécanique, la topographie, l’orientation en campagne, le brancardage et s’y ajoute une formation sanitaire qui leur permettra de remplir tout à la fois le rôle de chauffeur et d’infirmière.

Le programme d’instruction est chargé (6 semaines) et le règlement strict. Des centaines de femmes sont ainsi formées et mises à la disposition des unités combattantes par groupe de dix conductrices sous la direction d’un chef d’équipe. Les premières participent à la campagne de Tunisie.
Au début de mai 1943 Denise a passé son examen de conductrice avec succès et signe son engagement définitif pour la durée de la guerre. Elle opte pour la conduite des ambulances dans le corps expéditionnaire français. Elle fera partie d’une compagnie de ramassage dans un Bataillon médical. Elle va faire un stage de perfectionnement de conductrice ambulancière. C’est à cette période qu’elle va commencer à écrire une série de 126 lettres dont la dernière juste avant sa mort.
« le volant est à gauche et les vitesses passent avec la main droite…nous conduisons pendant 8 kms chacune. C’est épatant…nous sommes 6 dans la voiture, 6 femmes toutes seules qui chantent à tue-tête, le vent dans la figure…les camarades sont gentilles : nous nous entraidons toutes… »
Nommée conductrice et sa camarade Claire son aide-conductrice, on leur affecte le véhicule n°432930 qu’elles baptisent « Marie-Elisabeth et Michèle. Pour la grande aventure »
Le Bataillon médical compte 3 compagnies de ramassage dont une exclusivement féminine. Le 15 juillet 1943 elle arrive à Sétif où elle enchaine les exercices et les missions.
En octobre suite à une crise de paludisme elle est hospitalisée à Oran et doit quitter le Bataillon médical n°3. Elle rejoint la section territoriale où elle va suivre l’école des cadres et en sortira avec le grade d’aspirant, obtient son permis « poids lourds » et assure durant 4 mois l’évacuation sur les hôpitaux de Maison-carrée, Blida, Miliana etc… des blessés amenés par les navires hôpitaux et les trains sanitaires.
En mars 1944 est créé le 25ème Bataillon Médical où elle s’engage volontairement avec son amie Paule Texeire.

Le départ est proche, elle écrit à ses parents : « le jour où je signerai Marie vous saurez que je suis arrivée à l’étranger. La Corse sera Mariette, la France Marcelle, l’île d’Elbe Joséphine… »
Le 5 mai 1944 Denise et ses camarades sont en Corse, elle a 7 filles sous ses ordres, la discipline s’est durcie et elle connait les responsabilités qui lui incombent. Elles s’entrainent aux manœuvres d’embarquement/débarquement et changent plusieurs fois de cantonnement.
Le 5 juin elle apprend la chute de Rome et écrit « aujourd’hui est un jour splendide car les troupes alliées sont entrées dans Rome. C’est magnifique, formidable ! Nous pouvons penser maintenant que le bon et vrai travail ne va plus tarder. »
Denise débarque sur l’île d’Elbe le 16 juin 1944 où à son arrivée le bataillon de Choc et les goumiers avaient déjà pris Marina de Campo. Sa première mission la verra récupérer 2 tabors et un sous-officier blessés, à emmener à la compagnie de triage et de traitement sur une route tortueuse, étroite, avec de gros trous creusés par les obus.
Suite à ses actions et son courage on lui décerne sa première citation, à l’ordre de la 9ème DIC :
« Conductrice ambulancière du 25ème Bataillon Médical qui, pendant les opérations dans l’île d’Elbe, a fait preuve d’ardeur, d’enthousiasme et d’un courage qui a suscité l’admiration de tous les combattants. Le 18 juin au matin, dans la région de Speggia Grande, en pleine bataille, a poussé jusqu’à hauteur de la ligne de combat pour rechercher des blessés. A accompli cette mission particulièrement périlleuse avec une maîtrise parfaite, un allant remarquable et un mépris absolu du danger. »
Fin juin elle retrouve la Corse avant le « grand jour » …le 23 août 1944 elle et ses camarades attendent d’embarquer près d’Ajaccio où elle écrit : « c’est tout, mes petits parents chéris. Nous partons heureuses et nous sommes prêtes à tous les sacrifices. Songez à cette chose magnifique : Paris est repris et la victoire approche à grands pas. »
Les « Chaufferettes » surnom donné aux ambulancières du 25ème Bataillon Médical débarquent à La Nardelle entre Saint-Tropez et Saint-Raphaël pour prendre aussitôt la direction de Toulon. Tout le mois de septembre elles enchainent les missions de jour comme de nuit (aucun lieu n’est cité dans sa correspondance comme l’exige les consignes militaires en tant de guerre). Il commence à faire froid début octobre et elles dorment dans leurs véhicules sanitaires.
Aux environs du 15 octobre son unité arrive dans le Doubs après avoir campé dans les villages Isérois. Elle poursuit sa tâche courageusement sous les bombardements quotidiens de l’artillerie.
Le jour de ses 20 ans, le 16 novembre 1944 elle écrit : « Il n’est plus question de repos pour l’instant (elle avait la possibilité de partir 6 jours en permission). C’est l’attaque, la vraie, celle qui demande des hommes et aussi des ambulancières. Nous sommes là. » Pas le temps de fêter cet anniversaire alors que tant de petits gars meurent si près d’elle et de ses camarades.
Le 17 novembre Montbéliard est libérée, puis Belfort le 20 et Mulhouse le 21.
Denise avec son amie Paule Texeire sont affectées le 20 novembre au Régiment d’Infanterie Colonial du Maroc (RICM) connu comme : « le régiment de reconnaissance qui passe partout le premier »
. Denise en éprouve une grande fierté et se réjouit d’assister avant les autres à la joie des alsaciens qui attendent depuis 5 ans leurs libérateurs. A partir du 23 il est question d’évacuation de blessés sur Mulhouse.

Entre chaque mission Denise écrit et poursuit le récit de sa vie au front à destination de ses parents qu’elle aime tant.
A Habsheim où les obus pleuvent elles doivent déménager 3 fois le poste de secours.
Fin novembre, en 7 jours son unité a fait 500 kms et chaque ambulance a transporté une trentaine de blessés.
La neige commence à tomber et le froid devient de plus en plus « piquant ».
Avant de quitter le secteur le Colonel remet la fourragère du RICM aux couleurs de la Légion d’honneur et de la Croix de Guerre au sous-Lieutenant Mme Burgel, à l’aspirant Denise Ferrier et à la conductrice Marie-louise Mathieu.
Toutes les 3 auront également droit au port de l’insigne du « Distinguished Service » décerné au RICM. Elles peuvent être fières d’elles et du travail accompli.


En décembre 1944 Denise Ferrier est citée à l’ordre de la Division pour sa conduite lors des combats du RICM et est décorée de la Croix de guerre.
Citation à l’ordre de la Division :
PC le 21 décembre 1944, le Général de Division Pierre Magnan, commandant la 9ème DIC cite à l’ordre de la Division l’Aspirant Denise Ferrier du 25ème Bataillon Médical :
« Chef de voiture d’une très haute conscience et d’un courage parfait. A procédé à des évacuations d’Habsheim à Mulhouse du 21 au 24 novembre 1944, sur une route directement battue par les feux des chars ennemis. A donné la preuve constante d’un sang-froid et d’une opiniâtreté remarquables dans l’exercice des missions qui lui étaient confiées. »
Elle va rester sur Mulhouse jusqu’au 14 décembre, date à laquelle lors de l’installation de son nouveau campement elle voit passer sur un char son cousin Robert : elle est très heureuse de le revoir. A la fin du mois on la retrouve dans le secteur d’Altkirch où de violents combats ont repris et les évacuations sanitaires s’enchainent (éclats d’obus, mines…) ; elle écrit « … tant que l’Alsace entière ne sera pas libérée, nous n’aurons pas de repos ! »
A noël elle écrit : « pour tous les enfants c’est le jour du père noël, pour les grands c’est le réveillon, le soir merveilleux où l’on danse, où l’on s’amuse, où l’on boit. Pour ceux qui se battent, c’est l’attaque, les balles, les trous où pendant des heures on guette l’ennemi. Pour nous c’est le travail de chaque jour qui continue. Le cadeau du ciel aujourd’hui est tout simplement un froid de -12 degrés…et puis le devoir avant tout ! »
Le cadeau de Denise à ses parents est une citation « Je vous l’envoie avec mon cœur, avec ma jeunesse et mes baisers ».
Denise passe le cap de la nouvelle année dans un calme relatif hormis une permanence le 28 décembre à Morschwiller.
Elle rêve d’une permission qui lui permettra de revoir ses parents à Alger.
Le 10 janvier, près du front, on apprend qu’un Colonel vient inspecter sa section et passe en revue les conductrices et leur matériel. Denise écrit « en somme il a été chic et pas trop exigeant ». C’est à cette occasion que les photographes de l’armée immortalisent l’instant avec Denise et sa coéquipière devant leur voiture.
Du 13 au 18 janvier Denise est en permanence au 3ème Bataillon à Didenheim et procède à des évacuations de militaires et de civils.
Dans sa dernière lettre nous pouvons lire : « Depuis ce matin nous sommes toutes consignées. Plusieurs voitures sont parties en renfort. On a doublé les permanences. Ca sent la bagarre. Demain 20 janvier, nous serons prêtes à 8 heures. Et voilà ! »…« 4 départs en permission tous les 10 jours pour tout le Bataillon médical (900 personnes en tout). Je n’ose même pas calculer mon tour. J’attends, voilà ! »
Le 21 janvier la section de Denise Ferrier fait son entrée à Pfastatt et s’installe au 3ème étage de l’hôpital civil où loge tout le Bataillon médical.
D’âpres combats ont lieu dans la commune de Richwiller du 19 janvier au 24 janvier 1945, par un froid sibérien et sous une importante couche de neige.
Le 23, sous le commandement du chef de section, la capitaine Mazieux et de la chef d’équipe S/L Mohring, les ambulancières Denise Ferrier, Marie-Rose Bajeux et Paule Texeire sont envoyées à Richwiller pour secourir les blessés au milieu des maisons endommagées. L’ennemi avait quitté le centre du village.
Au bistro Bailly-Fassnacht du 99 Adolf Hitlerstrass, le Bataillon de choc y avait installé un poste de secours. De nombreux blessés y étaient acheminés et on racontait que là-bas, ils nettoyaient le sang à grand coup de sceau d’eau. A côté se trouvait l’ancienne forge du maréchal ferrant « Mouillée » qui servait de morgue provisoire (les cadavres y étaient entreposés entre un stock de sacs de farine).
Après une épuisante et éreintante journée, nos ambulancières trouvèrent un gîte à l’épicerie-tabac Bir, en face du poste de secours miraculeusement épargnée. La propriétaire des lieux possédait un piano et après le diner, près d’une amie qui s’était installée au piano, Denise commença à chanter à ses camarades « ALGER la blanche », chanson pleine de nostalgie sur son pays natal, que toutes avaient maintenant l’habitude de reprendre en chœur au moment du refrain…demain elles ne pourront jamais plus chanter cette chanson sans éclater en sanglots…
A sa grande joie, elle a reçu ce même jour une longue missive affectueuse de ses parents et un télégramme de son père qui lui conseille de demander sa mutation dans la territoriale…mais la jeune femme ne se laisse pas convaincre !
Les jeunes filles fatiguées ne prolongèrent pas cette soirée musicale improvisée. En allant se coucher elles entendirent au loin, au niveau du Meyerhof, les tonnerres de l’artillerie en prémisse du lendemain…
24 janvier 1945, 6h30, les ambulancières sont brusquement réveillés : « le Bataillon fait mouvement, préparez-vous ! »
Denise rédige une rapide missive pour ses parents avant d’aller effectuer le contrôle technique quotidien de son véhicule.
Les autres rassemblent leurs affaires, chargent le matériel et les brancards, font tourner les moteurs.
Paule Texeire a préparé le café, 2 camarades la suivent, elle demande à Denise de venir ; elle descend de son véhicule, relève le marchepied, tout est prêt !
Soudain un sifflement d’obus de mortier suivi d’un énorme fracas…. qui attire le personnel du poste de secours…il est 7h du matin, l’aspirante Denise Ferrier aux multiples citations, vient d’être mortellement blessée (un éclat dans le dos a atteint son cœur) devant le 99 Adolf Hitlerstrasse. Ses sœurs d’armes accourent immédiatement mais il est déjà trop tard….

La jeune femme qui venait d’avoir 20 ans, qui attendait avec impatience sa première permission ne reverra jamais ses parents et sa maison d’Hydra sur les hauteurs d’Alger.
Le corps est placé sur un brancard et est transporté (à son tour) vers l’hôpital de Pfastatt où le lendemain elle est provisoirement inhumé dans les jardins, en présence de toutes les ambulancières : la médaille militaire lui est remise et les honneurs militaires lui sont rendus.


Par décret du 17 avril 1945 on lui attribue la médaille militaire et la croix de guerre avec palme.
Le dernier exploit de Denise Ferrier est consacré par une citation à l’ordre de l’Armée qui est la suivante :
« Ambulancière de la 2ème compagnie de ramassage du 25ème Bataillon Médical qui s’était déjà fait remarquer à l’île d’Elbe par son sang-froid. Depuis le début de la campagne de France, volontaire pour toutes les missions vers l’avant, a constamment payé de sa personne et évacué de nombreux blessés. A participé avec le RICM à la percée sur Mulhouse. Tuée par un obus le 24 janvier 1945 à Richwiller, à 7h du matin, devant un poste de secours du Bataillon de Choc. Jeune française animée du plus noble idéal, toute imprégnée de la devise de sa section « Franchise et Vaillance », restera pour tous ceux qui l’ont connue et aimée un modèle très pur de patriotisme ardent et de souriant héroïsme ».
Au-delà de Pfastatt, sur le chemin vers la victoire que l’enfant d’Alger ne devait pas achever, une automobile sanitaire a poursuivi sa route portant sur l’avant de son capot un nom désormais glorieux : ‘’ Conductrice Denise Ferrier ».

A Denise Ferrier,
A toutes les femmes qui dans la résistance ou au front sacrifièrent leur jeunesse, pour certaines leur vie, pour le salut de la France.
Texte écrit d’après le livre de Lucienne Jean-Darrouy « Vie et mort de Denise Ferrier » de 1946 avec le concours de Monsieur Jean-Marc Munch.
Source photos : « Vie et mort de Denise Ferrier » de 1946 – Monsieur Jean-Marc Munch – internet.


Pierre GUENAUD 1926 – 1991

Hommage à Pierre GUENAUD et ses camarades du 2ème Bataillon de Chasseurs à Pied…
Grâce à l’acquisition l’année dernière des documents que nous publions ce jour et à nos recherches, nous pouvons rendre un hommage appuyé à Pierre Guenaud et ses camarades du 2ème BCP, libérateurs qui ont combattu avec courage pour chasser l’envahisseur nazi.
Il est important pour nous de rappeler régulièrement par des portraits d’hommes et de femmes, ce que nous devons à ces centaines de milliers de combattants «anonymes » qui se sont engagés pour une cause juste dans l’intérêt général et que la Liberté dont nous jouissons aujourd’hui a été acquise dans les larmes et le sang de nos grands anciens.
Pierre GUENAUD est né le 16 mai 1926 à Montmirey-la-ville dans le Jura(39).
Il a 18 ans quand il rejoint les FFI du Groupement du Louhannais à la Compagnie « HERVEY » qui était rattaché à la compagnie « FRANCIS » (du 15 08 1944 au 10 09 1944).
Naîtra du Maquis du Louhannais le 2ème Bataillon de Chasseurs à pied dans lequel Pierre Guenaud s’engage volontairement le 10 septembre 1944 pour la durée de la guerre. Dès le 15 septembre l’école du chasseur est lancé : instruction de base, combat individuel, tir, marches…pour transformer ces maquisards en soldats d’infanterie.

Il est nommé au grade de Caporal le 25 octobre 1944 par ordre du Bataillon n°5 deux jours après que le Bataillon ai rendu les Honneurs au Général de Gaulle à Dijon.
Le 22 novembre 1944 le 2ème BCP est mis à disposition de la 1ère Armée française, qui quitte Louhans dans une longue file de GMC et Dodge en direction de Montbéliard où il arrive le 23 novembre en début de matinée.
Mis à disposition du 1er Corps d’Armée du Général Béthouard il se remet en route le 24 au soir pour « débarquer » le 25 à l’auberge du Buchwald à 3 kilomètres de Mulhouse, où le Bataillon établit son PC. Il est placé en réserve du CC2 de la 1ère DB qui fait face à la forêt de la Hardt. L’après-midi le Bataillon passe en première ligne et compte ces premiers morts le 27 novembre 1944.

Le 2ème BCP va combattre dans la forêt de la Hardt avec le 1er RTM(4DMM) les 28 et 29 novembre.
Le 1 décembre l’unité passe sous commandement du 6ème RTM; la première compagnie le renforce au pont de Lutterbach et la 2ème et 3ème Cie relève le 2ème Bataillon du 6ème RTM au pont de Bourtzwiller et d’Illzach.
Pierre Guenaud est blessé le 10 décembre 1944 par balle de pistolet-mitrailleur au bras gauche.
Nous n’avons pas trouvé d’autres informations à ce sujet mais il est probable que ce soit arrivé le long de la rivière Doller(ligne de front) où le 2ème BCP est en position défensive (secteur gare du nord/Bourtzwiller/Illzach). Les Chasseurs franchissent régulièrement la Doller pour tâter et reconnaitre le dispositif ennemi (qui en fait également de même de son côté).

On retrouve le 2ème BCP le 20 janvier 1945 dans le secteur de l’abbaye de l’Oelenberg, qui sera profondément marqué par la dureté de ces combats. Les tués(26), blessés(+100) et disparus dépassent 75% de l’effectif engagé ce jour là(le bataillon comptera 57 tués pour toute la guerre)principalement à cause des allemands qui avaient transformé l’abbaye en véritable place forte avec ne nombreuses armes automatiques, des mortiers et champs de mines et des températures polaires (environ moins 15 degrés).

Pour son action particulière le 20 janvier 1945 lors des combats acharnés pour la prise de l’abbaye d’Oelenberg proche de Reiningue (68) Pierre Guenaud est cité à l’ordre de la 9ème Division d’Infanterie Coloniale :
Citation de l’ordre général n°34 du 31 mars 1945 – le Général de Brigade VALLUY, la 9ème Division d’Infanterie Coloniale cite à l’ordre de la Division : GUENAUD Pierre, caporal, 2°Bataillon de Chasseurs à Pied.
« Gradé de tout premier ordre, volontaire pour le corps franc du bataillon. Remarquable de calme dans les situations les plus difficiles. Le 20 janvier 1945, lors de l’attaque du couvent d’Oelenberg, a fait preuve des plus belles qualités militaires dans un moment très délicat. A déjà été blessé deux fois, mais a toujours refusé de se laisser évacuer ».
Cette citation comporte l’attribution de la Croix de guerre 1939-1945 avec étoile d‘argent.

Le 23 janvier 1945 le Bataillon est relevé, il lui reste environ une cinquantaine d’hommes valides, les autres étant soit blessés ou exténués par le froid (40 soldats avec des pieds gelés).
Le 24 janvier le Bataillon récupère les camarades tombés dans l’enceinte de l’abbaye pour leur faire des funérailles dignes de leur sacrifice.

Le 26 ils regagnent Mulhouse et cantonne à l’école Wolf.
Le 12 février le Bataillon est appelé à monter la garde du Rhin dans le secteur de petit-Landau.
Le 25 mars une prise d’armes a lieu dans la caserne Barbanègre à Mulhouse
A partir du 30 mars le régiment garde le Rhin à hauteur de Plobsheim(67).
Le 6 avril 1945 il franchit le Rhin pour entrer en Allemagne.
Pierre Guenaud quand à lui est démobilisé par la 101 Cie du 1er escadron du Train le 23 décembre 1945 et est rayé des contrôles le 24 12 1945 et se retire à Auxonne… où il fera encadré ses précieux documents.


Il décède le 10 février 1991 à Fontaine-lès-Dijon en Côte d’Or (21).
Source et photos extraits du livre de René Pacaut « Maquis dans la Plaine » pour compléter le récit de l’historique régimentaire du 2ème BCP.
NB : Il est intéressant de voir que pour le certificat de Bonne conduite a été prise comme illustration l’entrée de la caserne Barbanègre de Mulhouse où le 2ème BCP était en garnison de 1925 à 1939.
En complément :
Histoire | Abbaye Notre Dame D’Oelenberg (abbaye-oelenberg.com)
2e bataillon de chasseurs à pied — Wikipédia (wikipedia.org)

André Raoul Théodule TANQUART 1920 – 1945

Sergent TANQUART André, brevet 1839, de la 5ème Compagnie du 1er RCP, Mort pour la France le 1 février 1945…
Nous rendons hommage au Sergent Tanquart et à ses camarades du 1er Régiment de Chasseurs Parachutistes qui ont combattu héroïquement pour libérer notre région au prix de lourdes pertes.
Né le 8 juillet 1920 à Marchais dans l’Aisne (02), il est mécanicien dans le civil.
Il s’engage volontairement pour 3 ans le 20 juillet 1939 à l’intendance militaire de Laon au titre du Bataillon de l’air n°112 et est rattaché au Bataillon de l’air n°122 le 21 octobre 1939.
Nommé caporal le 1 mars 1940 il est affecté au Bataillon de l’Air n°113 de Rochefort le 16 avril 1940 puis affecté à la base de Versailles-Villacoublay (BA 107) le 26 avril 1940.
Suite à la défaite de juin 40 il est affecté aux ateliers de réparations de Clermont-Ferrand le 23 août 1940 où il effectue un stage à l’atelier industriel de l’air puis est affecté au dépôt de stockage de Pau comme spécialiste de 2me classe le 29 mars 1941.
Le 22 août 1941 il est affecté en Afrique Occidentale Française (AOF) et mis en route le 3 septembre 1941 pour rejoindre le camp Sainte Marthe de Marseille. Il embarque sur le paquebot ‘’Gouverneur Général Tirman ‘’ à destination d’Oran le 10 septembre 1941.
A peine débarqué le 10 il repart le 11 à destination de Casablanca où il arrive le 14 septembre.
Le 26 il embarque sur le paquebot ‘’Condé » à destination de Dakar au Sénégal.
Arrivé le 4 octobre 1941 à Dakar on l’affecte à la base aérienne de Ouakam au Groupe de Chasse I/4 équipé de Curtiss H-75A.
Le 13 janvier 1942 il obtient le permis de conduire ‘’Tourisme’’.
Il est nommé au grade de caporal-chef le 1 juillet 1942, et 1 an plus tard passe sergent à compter du 1 juillet 1943.
Affecté au départ des parachutistes à Oudja(Maroc) par message n°241 du 1 janvier 1944, mis en route le 24 janvier 1944.
Pour rejoindre l’ Afrique du Nord il embarque à Dakar sur le paquebot ‘’Hoggar’’ et débarque à Casablanca.

Il est affecté au 1er RCP par note de service n°379 du 12 février 1944 et mis en route le 16 et arrive au corps le 20 février 1944.

Il fait mouvement sur Trapani par avion le 30 mars 1944 et arrive le dit jour.
Il est breveté le 1 mai 1944 en Sicile : brevet 1839.
Le 5 mai 1944 il est muté au 1er Bataillon, 5ème compagnie.

Par le biais du journal de marche de la 5ème compagnie nous apprenons qu’il a été blessé le 9 juin au cours d’un saut (avec 8 autres parachutistes) lors d’une manœuvre dans les conditions des opérations sur les hauteurs qui dominent la route Trapani – Palerme.

Le 4 septembre la compagnie quitte Rome pour la France par avion et atterrie à Valence à 10h30.
Le 28 embarquement dans des camions…direction Lure. Le Régiment est mis à la disposition de la 1ère DB le 30.
Le sergent Tanquart arrive dans les Vosges début octobre.
Il est à la tête de la 1ère escouade du 1er peloton de la 5ème Compagnie.
4 octobre 1944 c’est le Baptême du feu dans les Vosges pour la compagnie aux cols du Broché, du Rhamné et du Morbieux.
On découvre qu’il est « évacué sanitaire » le 15 octobre 1944.

Le 7 décembre 1944 la compagnie quitte Villevieux en direction de Gerstheim(67) qu’elle atteint le 8 et où elle reçoit le 9 la visite du Général Leclerc. Le 1er RCP va combattre dans ce secteur avec la 2ème DB.
Le 14 le 1er bataillon attaque Bindernheim avec en tête la 5ème Cie.

Début janvier on retrouve la 5ème Cie à Orbey. Elle entre dans Jebsheim le 27 et va devoir combattre de maison en maison par des température polaires face aux redoutables troupes de montagne des 136ème et 137ème gebirgsjäger régiment.
Le sergent Tanquart obtient 2 citations pour son action lors des combats de Bindernheim(67) en décembre 1944 et de Jebsheim & Widensolen en 1945 (à titre posthume) où il fera le sacrifice ultime, dans sa vingt-cinquième année, en plein combat pour la libération du dernier village cité.
Citation 1 : « Brillant chef d’escouade, d’une connaissance et d’un allant au-dessus de tout éloge. Sans cesse en pointe, entraînant ses hommes à toujours obtenir le meilleur rendement. S’est particulièrement fait remarqué le 14 décembre 1944 au cours de l’attaque de Binderheim en conduisant son groupe avec un élan irrésistible malgré les violences des bombardements et les tirs d’armes automatiques ennemies.
Signé FAURE . Sétif le 15/10/46
Citation 2 : « Sous-officier d’une haute valeur morale et d’une conscience professionnelle au-dessus de tout éloge, bien qu’en condition physique déficiente, a participé brillamment aux durs combats de Jebsheim les 27 et 28 janvier 1945 entrainant son groupe de mitrailleurs avec un élan admirable au plus près des voltigeurs et appuyant ceux-ci du tir précis et efficace de sa pièce contribuant ainsi à la prise de plusieurs maisons puissamment tenus et organisées par un ennemi des plus tenaces.
A trouvé une mort glorieuse le 1er février 1945 au cours de l’attaque de Widensolen alors qu’il portait son groupe en avant, en protection des chars d’accompagnement ».


Cette citation à titre posthume à l’ordre de l’Armée Aérienne a été homologuée le 17/7/45 par décision n°938 du Président du gouvernement provisoire de la république Française.
Cette publication est dédiée à tous nos glorieux ‘’Rapaces’’ du 1er RCP.
Une pensée particulière pour les 129 tués et 339 blessés de la campagne des Vosges et les 176 tués et 512 blessés de la campagne d’Alsace.
Par Saint-Michel vive les Paras !
Ps : nous profitons de cette publication pour lancer un « appel » pour trouver une photo du sergent Tanquart afin de mettre un visage sur cet homme d’exception et compléter notre fonds documentaire.
Sources photos et documentation : Livres de Robert Wagener – ECPA – archives départementales – jmo de la 5ème Cie du 1er RCP.


Hélène CHATENAY 1924 – 1974

Bataillon de Choc…hommage à Mademoiselle Hélène CHATENAY…une femme d’exception !
Je suis née le 21 septembre 1924 à Montbard (21) et je m’engage volontairement comme infirmière pour la durée de la guerre le 1er septembre 1944, à tout juste vingt ans au Bataillon Bayard (maquis de Côte-d’Or) et je suis affectée à celui-ci le 1/10/1944.

Je passe au 1er Commando d’Accompagnement du Commando de France (mi- janvier 1945 il devient la 5ème Compagnie du 1er Bataillon de Choc). Je participe héroïquement à la Campagne d’Alsace et d’Allemagne, au plus près des combats pour venir en aide aux blessés, au mépris de tous les dangers.

Pour son engagement elle est citée une première fois, lors de la campagne d’Alsace à l’ordre du Corps d’Armée par le Général de Goislard de Monsabert en mai 1945 :
« Infirmière hors pair, ayant un rayonnement spirituel incomparable, s’est fait remarquer dans le maquis de la Côte-d’Or comme infirmière du groupe Bayard, par son calme souriant, son courage, son dévouement et son activité inlassable, vient à nouveau de se distinguer au 1er Groupement de Choc, au cours du combat de DURRENENTZEN(68), le 31 janvier 1945, en longeant à plusieurs reprises pour assurer son service, un char incendié dont les munitions sautaient, pansant et escortant des blessés sous un feu violent d’artillerie et de tireurs d’élite ennemis. Magnifique exemple de sang-froid et de désintéressement. »
Cette citation comporte l’attribution de la Croix de guerre avec étoile de vermeil.
Pour ses actions lors de la campagne d’Allemagne elle est distinguée une seconde fois à l’ordre de la Division par le Général Schlesser, commandant la 5ème DB en juin 1945.
« Infirmière volontaire de la Brigade de Choc, n’a cessé pendant toute la campagne d’Allemagne de faire preuve du plus grand dévouement, apportant aux malades et aux blessés au côté de ses connaissances techniques le réconfort d’une présence féminine. Le 3 avril 1945 au cours de la marche sur KARLSRUHE a suivi au milieu de ses hommes la colonne chargée du nettoyage de la forêt de KARLSRUHE, soignant les blessés sur le terrain même. Le 6 et 8 avril à KONIGSBACH et PFORZHEIM a prodigué ses soins aux blessés avec un calme courage, indifférente aux dangers du bombardement. Déjà citée pendant la campagne d’Alsace.
Cette citation comporte l’attribution de la Croix de guerre avec étoile d’argent.
Elle décède le 22 septembre 1974 à Montbard à l’âge de 50 ans seulement.
Merci Madame pour votre engagement au service de la France, de nos civils et militaires…nous ne vous oublierons pas !
Nous remercions Henri Simorre, grand spécialiste du Bataillon de Choc pour les informations et photos mises à disposition pour la rédaction et l’illustration de ce portrait.
Si l’Histoire du bataillon de Choc vous intéresse : https://1erbataillondechoc.forumactif.com/



Gaston Aimé RIBUN 1924 – 1990

Hommage à Gaston RIBUN et ses camarades du 62ème Régiment d’Artillerie d’Afrique de la 5ème DB…
Gaston RIBUN est né le 22/05/1924 à St-Usuge en Saône et Loire.
Il s’engage volontairement pour 3 ans le 30/10/1942 au titre du 62ème RAA (Le 62ème RAA est crée le 1 mai 1927 à partir des groupes d’artillerie stationnés en Tunisie), et provisoirement au 35ème Régiment d’Artillerie en zone libre. son contrat est homologué à l’intendance militaire de Périgueux sous le n°171 le 23/11/42.
Suite à l’invasion par les allemands de la zone libre il est placé en congé d’Armistice à compter du 1 mars 1943.
Il quitte la France pour l’Espagne.
Après quelques mois d’emprisonnement il est libéré par l’intermédiaire de la Croix-Rouge et rejoint l’A.F.N et s’engage au 62e Régiment d’Artillerie d’Afrique le 1 novembre 1943.

Avec une poignée de ses camarades, évadés de France, ils seront présentés au Général de Lattre de Tassigny (devant l’ensemble de son état-major) qui les félicite pour leur courage.

Il est formé comme pilote-canonnier sur Obusiers automoteurs de 105 mm M7 Priest équipant l’artillerie Divisionnaire de la 5ème DB. Il embarque à Oran le 14 septembre pour débarquer à Saint-Raphaël le 20 septembre 1944.
Il est de tous les combats avec son unité et la 5ème DB pendant la campagne de libération de la France. Il participe aux terribles combats de la poche de Colmar puis à la campagne d’Allemagne qu’il terminera en Autriche au bord du lac de Constance. Du 9 mai au 24 octobre 1945 il fait parti des troupes d’occupation. Il est dirigé fin octobre vers le CIAC d’Altkirch(68) et est démobilisé le 3 novembre 1945.
La majorité de ses papiers militaires et médailles ont été dispersés à son décès mais son fils se souvient qu’il conservait précieusement après guerre une carte postale du Général Schlesser (Combat Command 4) avec la mention : « La 5e D.B n’oublie pas».
Gaston RIBUN est décédé le 27 septembre 1990 à Bron (69).
Bien des années plus tard, en 1975 prenant exemple sur lui, son fils s’engage pour servir dans l’Infanterie de Marine qu’il a quitté en tant que sous-officier après 27 ans de bons et loyaux services.
Son petit-fils a repris le flambeau, après sa scolarité au Lycée Militaire d’Aix-en-Provence, après avoir incorporé l’Ecole Nationale des Sous-Officiers d’Active (ENSOA de Saint-Maixent), jeune sergent choisit l’Arme des Transmissions. Par la suite il réussit le concours d’officiers de l’Ecole Militaire Interarmes (EMIA) et sert depuis comme officier supérieur au 61e Régiment d’Artillerie… « la boucle est bouclée ». Un engagement au service de la France qui perdure depuis trois générations dans la famille RIBUN.
Nous remercions chaleureusement son fils pour le partage de son histoire familiale.
