Jacques FAURE 1904 – 1988

Fanion de commandement du colonel Faure – don de la famille Faure.

Jacques Faure est né le 2 mars 1914 à Bordeaux (33).

Fils d’un colonel et petit-fils d’un général il s’oriente naturellement vrs une carrière militaire.

Il entre à l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr dans la promotion 1925 – 1927 « Maroc et Syrie ».

A la sortie de Saint-Cyr, jeune Lieutenant il est affecté au 13ème Bataillon de chasseurs alpins (octobre 1927).

En 1930 il est nommé chef de section d’éclaireurs-skieurs. Promu capitaine, excellent skieur, il est affecté en 1932 à l’Ecole de Haute-Montagne à Chamonix et prend le commandement de l’équipe de France militaire de ski (jusqu’en 1938).

Porte drapeau de la délégation militaire française à Garmisch-Partenkirchen, en 1936.

C’est à cette période qu’il devient champion de France militaire 7 années de suite. Il participe aux Jeux Olympique de 1936 à Garmisch-Partenkirchen où il a l’honneur d’être le porte drapeau de la délégation française. Il termine 6ème à la course de patrouille militaire.

En 1938 il est affecté à l’Etat-Major de la 64ème Division. Sous les ordres du général Béthouart (futur commandant du 1er Corps d’Armée de la Première Armée française) il est affecté début 1940 à la Brigade de Haute-Montagne et avec qui Il participe aux durs combats de la campagne de Norvège. Il joue un rôle important lors de la bataille de Narvik avec le corps expéditionnaire français.

Au retour, lors d’une escale en Angleterre il décline une proposition de s’engager auprès du général de Gaulle et rentre en France courant juin 1940.

Il est sollicité par le général d’Harcourt pour mettre sur pied le mouvement « jeunesse et montagne » afin de mettre les jeunes de l’Armée de l’air à la montagne ». Il part alors en Afrique du nord, au Maroc où il dirige le service de la jeunesse et des sports (jusqu’en 1942).

Il prend part à la préparation du débarquement alliés an Afrique du Nord (8 novembre 1942) et sert ensuite dans le cabinet du Général Giraud (jusqu’en mars 1943).

Il est prêt à reprendre le combat au sein du 1er Régiment de Chasseurs Parachutistes (1 RCP) qu’il rejoint en juillet 1943 où il devient l’adjoint du colonel Geille qui en prend le commandement.

Il est breveté parachutiste (Brevet n° 1441) le 1 novembre 1943 à Oudja (maroc) à l’Airborne Training Center de la 82dn Airborne US.

Fin 1943 le 1 RCP est bien entraîné, bien équipé par les américains et les hommes sont animés d’un moral d’acier et tous prêts à en découdre avec l’armée allemande pour libérer le territoire national.

Fin mars début avril le régiment quitte l’Afrique du nord et rejoint la Sicile, puis début juillet Rome pour atterrir début septembre (après le débarquement de Provence) à Valence.-Chabeuil.

Pour le commandant Faure et ses hommes le baptême du feu commence début octobre 1944 lors de la campagne des Vosges du 2 au 22 octobre 1944 où la percée du 1er RCP à travers le dispositif allemand dans le massif des Vosges résonne des noms des lieux ( Ferdrupt – col du Morbieu – forêt du Gehan, tête du Midi – le ménil – côte 1008 – col du Ménil – côte 1111 ) où ils vont se battre héroïquement dans des conditions matériel, climatique très difficiles et face à un adversaire en surnombre au prix de lourdes pertes : 129 tués et 339 blessés.

Le 28 novembre 1944 le colonel Geille quitte le 1er RCP pour rejoindre l’Etat-Major de l’Air et c’est son adjoint le commandant FAURE qui prend le commandement du Régiment.

Jacques Faure, campagne d’Alsace – source 1 RCP.

Le Lieutenant-Colonel Faure à la lourde tâche de diriger le 1er RCP lors de la terrible campagne d’Alsace du 13 au 22 décembre 1944dans le secteur de Witternheim(67), Neunkirch(67), Bindernheim(67), les bois de Mayhols, Friesenheim(67)…puis du 1er au 8 janvier 1945 dans le secteur d’Orbey(68) et durant les 2 semaines suivantes il occupe les cols du Bonhomme et de la Schlucht. Suite à la contre-offensive allemande sur Strasbourg le 2ème Bataillon du 1er RCP est dépêché en urgence à Benfeld le 9 janvier 1945 où il combat à Herbsheim(67) et Rossfeld(67).

Le 15 janvier 1945 le 1er RCP est mis à la disposition du Combat Command 6 de la 5ème Division Blindée du général de Vernejoul et va participer aux terribles combats de Jebsheim du 25 au 30 janvier(76 tués et 167 blessés), de Widensolen du 31 janvier au 1 février 1945(15 tués et 45 blessés) par des températures polaires de moins 20 degrés faisant face aux redoutables chasseurs alpins du Gebirgs-Jäger-Regiment 136 de la 2.Gebirgs-Division, unité d’élite de l’armée allemande. La campagne d’Alsace se solde par 176 tués et 512 blessés soit 60% de ses effectifs.

Après guerre il est promu colonel en 1946 et il prend le commandement du groupement aéroporté de la 25ème Division Aéroportée.

de 1948 à 1949 il suit les cours de l’Ecle Supérieur de Guerre. Jusqu’en 1952 il est en poste à l’institut des hautes études de la Défense Nationale et au centre des Hautes Etudes Militaires.

Entre 1952 et 1953 il est gouverneur militaire de Vienne en Autriche puis il sert à l’Etat-major des forces terrestres alliées à Fontainebleau.

Il est nommé général de Brigade en 1954 et prend le commandement de l’Ecole de l’infanterie de Saint-Maixent.

Il est promu général de Division en 1958 et commande la 27ème Division d’infanterie Alpine en Kabylie (jusqu’en 1960).

Lors de la guerre d’Algérie son fils, jeune Lieutenant au 27ème Bataillon de Chasseurs Alpins est tué.

Il quitte l’Armée en 1961.

Il décède à paris le 9 avril 1988.

ses décorations :

Commandeur de la Légion d’Honneur

Croix de Guerre 1939-1945 avec 5 palmes

Croix de la valeur Militaire avec une palme

Médaille de l’Aéronautique

Commandeur de l’ordre du mérite sportif

Croix de Guerre Norvégienne avec épée.

Jacques Faure.

Schützenmine 42 (Schü.Mi. 42).

Il s’agit d’une mines antipersonnel à faible coût de production.

Faciles à fabriquer en très grand nombre et à transporter, elle possède également l’avantage de posséder très peu de métal…ce qui la rend très difficiles à détecter.

Elle peut-être enfouie dans le sol et recouverte légèrement de sable, de terre ou de neige voir même sous un plancher.

Fabriquée en divers matériaux (en bois, en contreplaqué ou en fibres de bois compressées) la Shü.M.42 est une simple boite dont le couvercle articulé s’ouvre pour pouvoir y placer un Sprenkörper 28 avec un puit (charge de démolition sprenkörper 28 de 200grs) où l’on insère un allumeur Z.Z.42 dont la tête et la goupille de sécurité passent au travers de la fente (présente sur la façade avant de la mine).

Le fonctionnement de la mine est très simple car une pression de 3 à 5 kg sur le couvercle suffit à chasser la goupille de sécurité de l’allumeur Z.Z.42, déclenchant instantanément l’explosion.

Le souffle de cette explosion est suffisant pour engendrer de graves blessures dans un rayon de 2 à 3 m.

L’objectif principal étant d’immobiliser un combattant par la mutilation de son pied pour « obliger » 3 ou 4 autres soldats à s’occuper de lui et donc à ne pas combattre; sans parler du choc psychologique créé par la vue du camarade grièvement blessé.

En fonction du fabricant elle à approximativement les caractéristiques suivantes :
Longueur 12.7 cm,

largeur de 9.5 à 10.5 cm,

hauteur 5.5 à 6 cm.
Son poids total avoisine les 500gr (à vide).

Tank destroyer M10 « Eylau », 11ème RCA.

Tank destroyer M10 français « Eylau », du 2ème escadron du 11ème Régiment de Chasseurs d’Afrique (11ème RCA), détruit à 16h15 le 17 décembre 1944 à KIENTZHEIM (68) par un char allemand Panzer V « Panther » qui l’incendie.

Photo E.C.P.A.D

Le Maréchal des Logis COLLIN et le Chasseur MARTINEZ sont tués, le chasseur DESTREMONT est blessé aux jambes.

Equipage :
Chef de char : Maréchal des Logis chef JUNG Joseph
Tireur : COLLIN Albert
Pilote : DESTREMONT André
Aide-pilote : MARTINEZ André
Radio-chargeur :  MARTINI Georges

Le M10 était un chasseur de char armé d’un canon M7 de 76,2mm (54 obus) et d’une mitrailleuse Browning calibre 50 (12,7mm-1300 coups).

Principales caractéristiques :

Fabrication à 6406 exemplaires.

Equipage de 5 hommes (Chef de char, pilote, copilote, tireur, chargeur).

Longueur 6,83 m (avec canon) ou 5,97 m (sans canon).

Largeur de 3,05m et Hauteur de 2,57m.

Poids : 30 tonnes.

source : http://www.chars-francais.net/2015/index.php/classement-individuel/m10-tank-destroyer?task=view&id=1140 – internet.

Endroit actuel où la photo du TD M10 « Eylau » a été prise et où se trouvait la gare de Kientzheim en 1945.

Jagdpanther ausf.G2 n°321, 3./Schwere Panzerjäger-Abteilung 654.

Jagdpanther ausf.G2 de la 3./Schwere Panzerjäger-Abteilung 654 du Feldwebel Carstens
abandonné lors des combats de Riedwihr (68), suite à un tir de mortier qui a endommagé le bloc moteur et immobilisé ainsi le mastodonte d’acier.

Produit à 392 exemplaires, il est un redoutable chasseur de char armé d’un puissant canon de 8,8cm Pak 43/3 L/71 (55 à 60 obus) et 1 mitrailleuse MG34 (7,92mm – 3000 cartouches) .

Il pouvait détruire n’importe quel blindé français ou américain sur le front d’Europe de l’ouest.

Photo prise en mars 1945 – collection Schmitt/Obenheim.

Principales caractéristiques :

Fabrication à 415 exemplaires (variantes G1 & G2).

Equipage de 5 hommes (Chef de char, pilote, tireur, chargeur, radio-opérateur).

Longueur 9,87 m (avec canon) ou 6,87 m (sans canon).

Largeur de 3,42m et Hauteur de 2,72m.

Poids : 45,5 tonnes.

Moteur v12 Maybach HL230 P30 à refroidissement liquide de 23,1 litres de cylindrée de 690 Ch (515Kw).

Sources : « The combat history of Schwere Panzer Abteilung 654 de karlheinz Münch – internet.

Panzer V Ausf. G « Panther » n° 420, Panzerbrigade 106 « Feldherrnhalle »

Panzer V Ausf. G « Panther » de la Panzerbrigade 106 « Feldherrnhalle » détruit à « la Place » (commune de Labaroche) le 22 décembre 1944 par les chars Sherman M4A4 « Leopard » n°27 et « Laon » n°24 du 2e escadron du 1er Cuir.

Avant d’être touché par les chars français, il avait lui-même détruit le char Sherman M4A4 « L’Aspic II » du 1er Cuir.

Pour la petite histoire l’équipage du char allemand fut retrouvé, par hasard, dans une cave du village par les hommes du 1er Régiment de Tirailleurs Algériens (1er RTA) envoyés en reconnaissance, et qui suite à un « déluge » de l’artillerie allemande s’y était également réfugiés.

Photos souvenirs prises après-guerre à l’endroit même où il a été détruit le 22/12/1944 – collection privée.

Principales caractéristiques :

Fabrication à 2950 exemplaires.

Armement : canon KwK 42 de 75 mm (82 obus) et 2 mitrailleuses MG 34 de 7,92mm (4200 cartouches).

Equipage de 5 hommes (chef de char, pilote, radio-mitrailleur, tireur et chargeur).

Longueur 8,86 m (avec canon) ou 6,87 m (sans canon).

Largeur de 3,42 m et Hauteur de 3,1 m.

Poids : 45 tonnes.

Moteur : Maybach HL 230 P30(700ch) – consommation 3 litres au kilomètre.

sources : « 50ème anniversaire de la Libération de Labaroche » – site chars français – collection privée – internet.

Sherman M4A4 n°6 « Renard »

SHERMAN M4 A4

Le modèle M4 A4 a été fabriqué à 7500 exemplaires entre juin 1942 et août 1943 par « Detroit Tank Arsenal « (filiale de Chrysler à Détroit) dans le Michigan qui fut le plus gros fabriquant de chars Sherman pendant la seconde guerre mondiale (18 000 sur les 50 000 exemplaires).

Caractéristiques :

Equipage : 5 (1 chef de char – 1 tireur – 1 radio – 1 pilote – 1 aide-pilote).

Longueur : 6,06 mètres

Largeur : 2,62 mètres

Hauteur : 2,85 mètres

Poids : 30 tonnes dont 4 pour la tourelle.

Armement : 1 canon de 75mm, 2 mitrailleuses de calibre 30 (7,62mm) et 1 mitrailleuse calibre 50 (12,7mm).

Moteur : Chrysler type Multibank A57 de 525 chevaux.

L’histoire du char « RENARD »… n°420243…du 1er Régiment de Chasseurs d’Afrique.

Le char Sherman « RENARD » (pour l’homme de lettre Jules Renard 1864-1901) fait partie des chars de commandement du 1er Régiment de Chasseurs d’Afrique (1er RCA) regroupés dans un peloton de 4 chars dont le REGNAULT (pour le physicien Victor Regnault 1810-1876) , le RENAUDOT (pour le médecin-journaliste Théophraste Renaudot 1586 – 1653). Ce peloton était le plus souvent en renfort du 2ème escadron.

Parti d’Oran (Algérie) sur le Landing Ship Transport (LST ) 907 de l’US Navy le 1er RCA débarque à Sainte-Maxime, se regroupe à Salon de Provence et rejoint le secteur de Besançon par voie ferrée (stationne à Port d’Atelier en haute Saône).

Le baptême du feu du « Renard » à lieu le 14 novembre 1944 près de l’Ile-sur-le-Doubs. Il combat dans la forêt de Dampierre et entre dans Montbéliard le 17 novembre 1944. Il prend part au combat de Granvillards avant d’arriver en Alsace où il est engagé : à Seppois-le-Haut, Bernwiller, Guewennatten, avant d’établir la liaison avec les troupes venant de Masevaux.

Photo du Sherman M4A4 « Renard » avec son équipage prise à Montbéliard en novembre 1944 – source : http://www.chars-francais.net/2015/index.php/classement-individuel/m-4-sherman?task=view&id=1043

Le Combat Command 5 (CC5) dont fait partie le 1er RCA, quitte Traubach-le-haut le 14 décembre 1944 pour rejoindre Arnould (il passe par Belfort, Lure, Epinal, St-Dié).

Le 16  décembre 1944 le « Renard » arrive au collet de Riquewihr (le Lt de Roux devient chef de char à Riquewihr), plonge sur Kientzheim et prend position derrière la maison ADAM Charles où il s’embourbe. A peine dépanné, il prend comme cible un panzer V « Panther » qui est camouflé près de l’immeuble de KUEHN Charles et qui venait de détruire le Tank Destroyer M10 « Eylau » du 11ème RCA près de la gare.

Après un échange de tir le char allemand se replie sur Kaysersberg. Quant au « Renard » il passe la nuit à l’abri du mur de clôture du parc du château. L’équipage dort à même le sol, sur le trottoir, rassuré par la présence de la Légion Etrangère qui veille.

Le 18 décembre le « Renard » remonte la Grand’Rue, le sous-groupe Bourgin est massé sur la place de la Porte Haute…l’attaque de Kaysersberg commence par un tir de barrage de l’artillerie postée au sud de Riquewihr. Source : d’après le récit d’Auguste PROUX).

La composition de l’équipage du « Renard » le 18 décembre 1944 lors de l’attaque de Kaysersberg  est la suivante :

L’Adjudant Henri BARBANTON, chef de char qui remplace le Lt de ROUX appelé à d’autres fonctions suite au décès du Lt DUTILH).

Le tireur, brigadier Auguste PROUX.

Le pilote, chasseur de 1ère classe André SOUBEYRAN

L’aide-pilote, chasseur DEGRES.

Le chargeur, chasseur CHAILLET LEGER.

Le 18 décembre 1944 le 2ème escadron du 1er RCA renforcé par le peloton Valettes du 4ème escadron et d’une section du RMLE s’élancent à l’attaque de l’entrée Est de Kaysersberg vers 9h du matin.

Le peloton du Lieutenant de Roux est en tête du dispositif de 4 chars et s’engage sur le chemin dans les vignes appelé « Bari-way » avec en deuxième position le char « Renard ».

A la hauteur de la vigne de Jean-Paul SICK le chemin en terre s’effondre sous le poids des blindés. Le char de tête est immobilisé et immédiatement atteint par le tir d’un panzer V « Panther » embusqué derrière le barrage antichar à la sortie Est de Kaysersberg (au niveau de la poste actuellement).

La situation du « Renard » n’est guère meilleure car le mur de soutènement haut de 2 mètres a cédé et le char a glissé dans les vignes en contrebas. Malgré cette position inconfortable il tire sur le char allemand qui riposte violemment et le touche…le « Renard » est en feu !

Photo prise à l’automne 1945 où le char Renard fut immobilisé dans les vignes du Schlossberg en contrebas du chemin dit « Bari-way » – collection Gérard Seisser.

Le brigadier PROUX décide de rester dans le char malgré le risque imminent d’explosion et continue à tirer avec une faible chance de détruire le « Panther » vu l’épaisseur de son blindage (les obus de 75mm du Sherman ne peuvent pas percer le blindage frontal de ce type de char). Le reste de l’équipage décide de poursuivre le combat à pied.

Croquis effectué en juillet 1989 par André Soubeyran, ancien pilote du char Renard – « Le char Renard – sherman M4A4 » de la société d’histoire de Kientzheim de 1989.

Touché par plusieurs obus, sans grand dommage, le char allemand continue à tirer.

Par chance un obus tiré par le brigadier PROUX va ricocher sur la partie inférieure du masque du canon du panzer et transpercer le tourelleau du chef de char allemand et le tue sur le coup : le reste de l’équipage abandonne alors le Panther et se réfugie dans la cave de la poste où l’équipage du « Renard » les fera prisonniers.

Durant ce combat deux autres chars français arrivant par la route principale seront détruits : le « FAYOLLE » et « FAIDHERBE ».

Photo prise après-guerre (premier emplacement commémoratif) – collection J.Miclo.

Le char allemand est toujours opérationnel et est récupéré par l’escadron d’Avout du 1er RCA qui le rebaptise « KAYSERSBERG », du nom de la ville tout juste libérée.

Photo prise à Bar (67) – ecpa.

Il ne sera pas engagé au combat mais sera utilisé occasionnellement comme dépanneuse (sans parler des difficultés à circuler avec un véhicule ennemi de ce type en pleine bataille de libération de la poche de Colmar).

Photo prise à Bar (67) – ecpa.

Il sera abandonné (panne moteur) dans le secteur de Lauterbourg le 4 avril 1945 lors du franchissement du Rhin par le 1er RCA.

C’est en novembre 1962 que le char « RENARD » est remis en état par une équipe dirigé par le Capitaine Léon BERRIER , (ancien combattant du 1er RCA) alors en poste au 8ème régiment de Hussards qui était stationné à Colmar. Il est installé à son emplacement actuel, à la sortie Ouest de Kientzheim.

Lors de la cérémonie du 6 février 1966 le Général Schlesser au cours de son discours, dira que le char « RENARD » est « le monument à la gloire de la 5ème Division Blindée » !

En accord avec les autorités civiles et militaires les anciens de la 5ème DB décident de se retrouver chaque année pour une cérémonie du souvenir le 17 décembre… ce qu’ils feront à partir de décembre 1966 jusqu’à la disparition des derniers libérateurs.

sources : « Le char Renard – sherman M4A4 » de la société d’histoire de Kientzheim de 1989 – internet – collection privée.

En plus du « Panther » le 1er RCA a également récupéré un Panzer IV en parfait été de marche – photo prise à Bar (67) – ecpa.

Charles DEUVE 1921 – 2013

Claude PINOTEAU 1925 – 2012

Pistolet Colt M1911 calibre 45 avec son holster pistol M1916 en cuir, utilisé lors ces combats de la poche de Colmar fin 1944, début 1945 par Claude Pinoteau (don au Musée Mémorial).

Claude Pinoteau est né le 25 mai 1925 à Boulogne-Billancourt

A la libération de Paris le 25 août 1944 Claude Pinoteau (18 ans) rejoint le Bataillon Hémon avec son frère jack : « nous n’étions que des mômes de 16 à 18 ans mais on en voulait, on en avait assez de l’occupation allemande et du nazisme »

Claude Pïnoteau avec son groupe du Bataillon Hémon.

Pour lui c’était un devoir de se battre. Lors d’une de ses visites au Musée Mémorial il avait déclaré : « on voulait libérer la France, pour nous c’était un impératif! ».

En 2008 il nous raconte avec humour les manoeuvres improvisées avec ses copains dans le bois de Boulogne : « j’ai « tiré » plusieurs fois sur un collègue mais il refusait de jouer le mort, je lui ai alors lancé une grenade offensive mais au moment où elle a éclatée mon adjudant-chef a crié « cessez-le-feu »…cela m’a valu 8 jours de trou. J’ai fait 2 jours dans une sorte de box à chevaux, dans l’immeuble que nous occupions à Neuilly, qui nous servait de casernement. Un matin, à 2h on nous réveille, rassemble et donne à chacun un sac à dos… »En avant Marche »! Nous étions bien embêtés car le sac à dos n’avait pas de bretelle et nous devions nous débrouiller avec nos ceintures. Toute une colonne de jeeps du 1er Régiment de Chasseurs parachutistes (1er RCP) était venue nous chercher pour nous emmener à Lons-le-Saulnier (nous avons voyagé toute la nuit) où stationnait le régiment. »

Portrait de Claude Pinoteau lorsqu’il était au 1er RCP (on reconnait l’insigne du « charognard » de l’armée de l’air fixé sur son calot).

« Après avoir sélectionné les plus « anciens » des gamins que nous étions nous avons reçu des sacs avec des tenues neuves. Puis nous avons reçu un entraînement intensif (gymnastique, études théoriques et démontage d’armes, manoeuvres…). Une nuit de manoeuvre nous devions nous laisser glisser le long d’une voie de chemin de fer mais il faisait si noire que l’on ne voyait rien. Je me suis lancé en premier et suis mal retombé sur une plaque en béton…luxation de la cheville, béquilles et confiné pendant 3 semaines. Quelle fût ma déception de voir mes camarades partir au front, sans moi, pendant ma convalescence « 

« Trop impatient de les rejoindre j’ai réussi à monter dans un dodge de dépannage qui m’a emmené en Alsace pour les retrouver à Erstein (67) où j’ai vraiment réalisé ce qu’était la guerre. Je me souviens du bruit en approchant du front : on entendait des bruits sourds au loin, puis il s’intensifiaient et plus on approchait plus on distinguait les détonations et les tirs des armes automatiques. Nous étions conscients de la mort mais on avait confiance en nous et surtout on voulait se battre. »

Claude Pinoteau a connu le baptême du feu en Alsace, à Friesenheim dans le secteur de Benfeld en décembre 1944.

Friesenheim(67) décembre 1944.

Malgré la guerre, Claude Pinoteau nous raconte une anecdote cocasse qui lui arrive dans le secteur d’Erstein :  » je fais la connaissance d’une fermière et lui demande de remplir mon bidon (de snaps) de lait car lorsque j’étais enfant j’adorai le lait-grenadine (pendant la guerre le lait à Paris était rare). A peine rempli nous sommes tout de suite repartis au bord du Rhin où les tirs arrivaient de tous les côtés. Mon camarades m’a demandé de lui passer ma gourde de snaps et il a aussitôt recraché le lait qu’elle contenait ».

« Par la suite l’infirmier-brancardier s’est fait tué et il fallait le remplacer. Ayant été scout j’ai été désigné d’office. Un passage en revue rapide des différents instruments médicaux et j’ai dû assumer ce poste. Dans les cas très graves on a toujours une énergie qu’on ignore, un sang-froid extraordinaire. J’ai été confronté à des blessures sévères mais j’ai trouvé la force car j’avais pour mission de sauver mes camarades. »

Les combats de Jebsheim du 26 au 29 janvier 1945 sont terribles, nuits et jours on se bat de maison en maison sous un déluge de feu et d’acier. Claude Pinoteau nous a raconté les embuscades déjouées des allemands, leur système de camouflage dans la neige. Pour lui le poste de 1er secours improvisé dans une ferme était un enfer car l’arrivée des blessés ne s’arrêtait pas :  » on entassait les morts dehors et la neige les recouvrait pendant la nuit »…des souvenirs d’horreur et douloureux pour Claude Pinoteau avec la perte de nombreux camarades.

En 1948 il débute comme accessoiriste et régisseur puis devient assistant réalisateur cinématographique. En 1973 il réalise son premier long-métrage. Réalisateur à succès (Le Silencieux, La Gigle, La boum, L’étudiante entre autres), il tourne en 1991 un film autobiographique « La neige et le feu » où il évoque ce qu’il a vécu lorsqu’il était au 1er RCP et qui a fortement marqué son adolescence ainsi que toute une génération.

Il décède le 5 octobre 2012 à Neuilly-sur-Seine dans sa 88ème année.

André CORTES 1927 – 2019

André CORTES est né le 10 avril 1927 à Alger (Algérie).

Après le débarquement Alliés du 8 novembre 1942 en Afrique du Nord, cet « enfant de Bab-el-Oued » s’engage à 16 ans à l’école de cavalerie de Hussein Dey où il obtient son permis de conduire et un brevet d’opérateur radio.

Désireux de combattre ardemment il s’engage début 1944 au 1er Régiment de Chasseurs parachutistes (1er RCP) mais où il se voit seulement proposer un poste administratif en raison de sa mauvaise vue.

Insigne du Bataillon de Choc – Musée Mémorial des combats de la poche de Colmar.

Que cela ne tienne, il résilie alors son contrat et se dirige vers Staouéli en avril 1944 pour s’engager au C.OS du Bataillon de Choc, où il suit l’entrainement très sélectif et exigeant des commandos de choc. Il effectué 4 sauts en parachute le 20 juin 1944.

Il quitte Alger pour la Corse le 4 août 1944 à bord du « VILLE D’AJACCIO » et rejoint à Cuttoli le Bataillon de Choc qui est dans l’attente du futur débarquement de Provence du 15 août 1944. Il est affecté à la 4ème compagnie, 1ère section, 3ème groupe.

Il connait son baptême du feu après avoir débarqué de Provence  le 20 août, lors des combats de la Poudrière de Toulon du 22 août 1944; il a 17 ans.

Il participe à toute la campagne de libération de la France :

…Dijon, 18 septembre 1944, André Cortès avec Jean-Louis Fau…

…notamment les durs combats de Haute-Saône, des Vosges (côte 820, Servance)…où il obtient sa première citation :

Sa première citation à l’ordre du Bataillon (Régiment).

Le 4 octobre 1944, sur la côte 820, au petit matin André Cortès et sa section se lance à l’assaut d’une colline détrempée sous une pluie permanente. Au-dessus d’eux les soldats allemands lourdement armé dans des positions bien préparées les attendent de pied ferme. Sur les onze hommes du groupe d’André, cinq n’en reviendront pas : le Lieutenant Eugène Durieux, le caporal François Delpont de Vissec, le caporal Georges Schlumberger, les chasseurs Claude Bouisseau et Louis Brecourt…André ne les oubliera jamais!

…et ceux de Belfort et d’Alsace (Masevaux, col du Hundsruck, Jebsheim, Durrenentzen).

Soldats du Bataillon de Choc tués lors des combats de Libération du secteur de Jebsheim(68)
Sa 2ème citation à l’ordre de Bataillon (Régiment) .

…en mars 1945…

Vienne (Isère), mars 1945. André Cortès est le 1er à gauche (debout) – colorisation klm127.

Lors de la campagne d’Allemagne il termine la guerre le 8 mai 1945 au col de l’Arlberg en Autriche, 8 jours après avoir été promu au grade caporal.

Arlberg, mai 1945.

Il est titulaire de la Croix de guerre 1939-1945 avec 2 citations et de la médaille des blessés.

Nommé sergent le 1 er février 1946, engagé volontaire pour la guerre d’Indochine, il quitte le Bataillon récemment implanté au camp de La Palu près de Bordeaux et passe au 1er Bataillon de Choc S.A.S. d’Extrême-Orient avec lequel il débarque à Saïgon le 23 février 1946.

Il participe aux combats du Laos avec 2 sauts opérationnels sur Vientiane et Luang-Prabang, qui lui permettent d’obtenir le 9 mai 1946 le brevet parachutiste n°10156 (il faut 6 sauts pour l’obtenir).

En 1947 il est frappée d’une kératite à un oeil, qui lui vaut d’être déclaré inapte au combat et transféré à l’Etat-Major des parachutistes coloniaux.

Rapatrié en France le 11 mai 1948 il quitte définitivement l’armée le 1er Février 1949.

Passionné de littérature, particulièrement « Cyrano de Bergerac » d’Edmond Rostand il trouve un emploi au Café de la Paix à deux pas de l’Opéra dont il sera un spectateur assidu.

En 2015 à Mont-Louis.

Syndicaliste engagé au service des autres, il consacre également toute sa vie à honorer et faire perdurer la Mémoire de ses camarades du Bataillon de Choc, sur les lieux de leurs derniers combats : Toulon, Servance, Belfort, Masevaux, col du Hundsruck, Jebsheim…

Henri Schaub (commando de France) et André Cortès aux cérémonies de Jebsheim en 2013.

Le 20 septembre 2019 à la côte 820, pour le 75ème anniversaire de ce combat où tant de ses camarades et amis sont tombés il semblait inhabituellement « renfermé » dans ses pensées…sans doute savait-il que c’était peut-être l’avant dernière fois qu’il venait en ces lieux…

Servance, 22 septembre 2019.

André Cortès est décédé brusquement le 19 décembre 2019, à 92 ans, alors qu’il prévoyait encore de se rendre aux cérémonies de Jebsheim début 2020.

Des représentants de l’Amicale du Bataillon de Choc, de la SMLH, de Bagherra étaient présent à ses funérailles au père Lachaise pour lui rendre un dernier hommage.

Conformément à ses dernières volontés, pour son dernier voyage, ses cendres furent dispersées sur le champ de bataille de la côte 820 où il repose en paix auprès de ses camarades.

En nous quittant il entre définitivement dans la légende du Bataillon de Choc et rejoint ses valeureux camarades pour l’éternité.

Cher André nous ne vous oublierons pas!

André en 2017 lors de sa dernière visite au Musée Mémorial.

Nous remercions Henri Simorre, passionné par l’histoire du Bataillon de Choc pour les informations et photos mises à disposition pour la rédaction et l’illustration de ce portrait.

André et Henri Simorre une amitié sans faille.

Si l’Histoire du bataillon de Choc vous intéresse : https://1erbataillondechoc.forumactif.com/

Jean VINCENT 1921 – 1982

Hommage à Jean VINCENT et ses camarades du 9ème Régiment de Zouaves…

Jean VINCENT est né le 9 juin 1921 à Dieppe, il est pâtissier lorsque la guerre éclate et comme bon nombre de ses compatriotes français il veut défendre son pays comme l’avais déjà fait auparavant son père lors de la première guerre mondiale, qui fut gazé dans les tranchés et restera diminué le restant de ses jours.

Il prit la décision de combattre le nazisme coûte que coûte, par n’importe quel moyen.

Quitter la France pour l’Angleterre n’étant plus possible avec l’occupation des côtes, il choisit de traverser la France pour rejoindre l’Espagne en compagnie d’une de ces tantes, résistante, qui l’accompagna tout au long de son périple, jusqu’à la frontière espagnole, sans que les parents de Jean Henri le sachent pour ne pas les inquiéter davantage avec ses projets de poursuivre la lutte et rejoindre une unité combattante.

Une fois en Espagne, nous en savons très peu à son sujet car malgré les questions insistantes et répétées de son fils après-guerre il n’a jamais voulu y répondre car « il n’avait fait que ce qu’il devait faire »…on devinera d’après ses états de service le reste de son parcours militaire.

1 Zouaves.

Engagé volontaire provisoire pour 3 ans le 10.04.1941 au titre du 1er Régiment Zouaves sous le matricule numéro 9485 (Contrat définitif le 23.04.1941).

Arrivé au corps et incorporé le 24.05.1941. Il est nommé caporal le 10.04.1941 puis au grade de caporal-chef le 01.01.1943.

Le 1 février 1943 il est affecté au 9ème RMTZ(Régiment Mixte de Tirailleurs et Zouaves).

Nommé le 01.06.1943 au grade de sergent par ordre du régiment n°4 du 8.5.43

Le 08.06.1943 il fait mouvement avec le Bataillon en direction de la Tunisie et passe la frontière algéro-tunisienne le 26 07 1943. Puis Fait mouvement avec le Bataillon en direction de l’Algérie le 22.10.1943 et passe la frontière tuniso-algérienne le 23.10.1943.

Il embarque à Alger le 18.11.1943 à bord du bateau vapeur « Marrakech » pour débarquer à Ajaccio le 21.11.1943.

Son contrat arrive à expiration le 10.04.1944 et est prolongé tacitement à compter du 11.04.1943 en exécution des prescriptions NDS n°46 MAG/CAB du 09.01.1943.

Il embarque à Ajaccio le 16.06.1944 et débarque le 17.06.1944 en Italie.

A partir du 18.06.1944 il se trouve en occupation à Pianosa (île proche de l’île d’Elbe), réembarque le 03.07.1944 pour débarquer à Bastia le 04/07/1944.

Rejoint l’unité. Embarque à Calvi le 11.09.1944 et débarque le 12.09.1944 à Saint-Raphaël.

Il est nommé au grade de sergent-chef le 01.12.1944.

Par ordre du régiment n°40 du 11.12.1944 est dirigé sur le front le 13.11.1944.

Affecté CAC (Commando) par AM n°136/1594/CL du 18.11.1945.

Passe la frontière franco-allemande le 28.03.1945, revient en France et repasse la frontière germano-française le 15.08.1945.

Démobilisé et renvoyé dans ses foyers le 31.10.1945 par l’organe démobilisateur du 9ème Régiment de Zouaves.

Se retire à Bois-Guillaume en Seine inférieure.

Passe dans la 1ère réserve le 01.11.1945 rattachée à la classe de mobilisation de PJ2R en qualité de père de 3 enfants (article 58 loi du 31.03.1927).

Après sa démobilisation et son retour à la vie civile il travaillera dans un grand garage rouennais comme conducteur de dépanneuse poids-lourds. Pour l’anecdote sa « monture » de dépannage était un Ward La France Wrecker M1A1 de l’armée l’américaine et ce jusqu’à sa retraite en 1981, dont il ne profitera guerre longtemps malheureusement puisqu’il est décédé 1 an après, le 18 avril 1982 à Bois-guillaume (76).

Nous remercions chaleureusement son fils Jean-Luc qui est l’un de nos fidèles lecteurs (par la même occasion sa tante Jeanne Vincent et ses grand-parents qui lui ont raconté lorsqu’il était enfant le périple de son papa) pour le partage de ses précieuses photos et documents familiaux qui nous ont permis de lui rendre l’hommage qu’il mérite.

A travers ce portrait nous rendons également hommage à tous ses camarades du 9ème Zouaves qui ont combattu pour libérer la France et pour ceux qui ne sont jamais revenus en faisant le sacrifice ultime de leur vie pour que nous puissions aujourd’hui vivre libre. Ne les oublions jamais