Mario POMPINO 1926 – 1945

Garlin Murl CONNER 1919 – 1998

Garlin Murl Conner est né le 2 juin 1919 à Aaron dans le comté rural de Clinton dans le Kentucky.
Il est le troisième enfant d’une fratrie de 11 enfants. Toute sa famille, ses amis et ses voisins l’appellent « Murl ». Le lycée le plus proche est à 15 miles et il arrête sa scolarité en 8ème année. Il passe son adolescence à travailler dans la ferme familiale et sert dans le Civilian Conservation Corps.
Il s’enrôle dans l’armée le 1er mars 1941 à Louisville (Kentucky) et suit sa formation militaire de base à Fort Lewis (Washington), où il rejoint les rangs de la Company K du 3rd Battalion du 7th Infantry Regiment de la 3rd Infantry Division.
Après plusieurs mois d’entraînement il quitte le continent nord-américain avec son unité le 23 octobre 1942, pour débarquer sur les côtes nord-africaines le 8 novembre de la même année en prenant part à l’opération « Torch ».
Il va combattre pendant 28 mois consécutifs, soit 800 jours en première ligne.
Il participe à 10 campagnes militaires, 5 assauts amphibies et débarquements (Afrique du Nord – Sicile – Naples – Anzio -Provence), et il est blessé à 7 reprises.
Lors des dernières semaines des combats de la poche de Colmar, au matin du 24 janvier 1945, les troupes allemandes déclenchent une contre-attaque en périphérie de Colmar, en partant du village de Houssen vers le flanc gauche du 7th Infantry Regiment américain, qui est en position dans les bois au nord de ce village (bois du Rothleible et du Brunnwald).
Les forces allemandes fortent d’environ 600 fantassins, qui appartiennent en partie à la 2. Gebirgs-Division, sont appuyées par 6 blindés et chasseurs de chars. Les rapports américains font état de la présence de chars Mark VI (char » Tigre ») mais aucun blindé allemand de ce type n’a combattu en Alsace.
A ce moment là, le First Lieutnant Conner revient tout juste de convalescence, à la suite d’une blessure reçue peu de temps auparavant. D’après certains témoignages, il s’est enfui de l’hôpital où il séjournait, pour rejoindre son unité plus rapidement.
Au moment des faits, il occupe les fonctions d’Intelligence Staff Officer (officier d’Etat-Major de renseignement) au sein de l’état-major du 3rd Battalion du 7th Infantry Regiment, qui est sous les ordres du Lieutenant-Colonel Lloyd B. Ramsey. Ce dernier, se rend compte que son unité est menacée d’anéantissement et demande des volontaires pour aller au-devant de l’attaque allemande pour atteindre une position à partir de laquelle ils pourraient diriger des tirs d’artillerie sur les assaillants.
Le First Lieutnant Conner et le soldat Robert Dutil se portent immédiatement volontaires.
Faisant abstraction de leur propre sécurité, ils emportent avec eux un téléphone de campagne et courent 400 yards (environ 365 mètres) sous les tirs de l’artillerie ennemie, qui abattent les arbres sur leur chemin et projettent des centaines d’éclats meurtriers tout autour d’eux. En courant ils doivent dérouler une bobine de câble téléphonique derrière eux, afin de pouvoir rester en communication avec le poste de commandement du bataillon.
Après avoir atteint la première ligne de défense américaine, Conner avance encore de 30 yards (environ 27 mètres) au-delà des premières positions de combat et plonge dans un fossé peu profond, qui ne peut lui procurer qu’une protection minime contre les tirs adverses.
Alors que les obus explosent autour de lui, il dirige calmement plusieurs salves d’artillerie en direction de la contre-attaque allemande, rectifiant régulièrement les tirs, jusqu’à ce que l’adversaire soit contraint de stopper son avance et de s’abriter derrière une digue à proximité.
Son camarade Robert Dutil est quant à lui blessé pendant cette action.
Pendant trois heures d’affilés, le Lieutnant Conner parvient à maintenir sa position précaire, et endure les assauts répétés de l’infanterie allemande, qui progresse jusqu’à pratiquement 5 yards (environ 4 mètres) de sa position.
Alors que les soldats allemands se regroupent en vue de l’assaut final, son officier supérieur lui demande de se replier. Au lieu de cela, le Lieutnant Conner ordonne à l’artillerie de tirer sur sa propre position, au péril de sa vie. Malgré les obus qui martèlent sa position et explosent à proximité, il continue à diriger l’artillerie amie contre les assaillants qui grouillent autour de lui, jusqu’à ce que la contre-attaque soit définitivement brisée.
Les Allemands doivent battre en retraite, laissant une cinquantaine de morts sur le terrain et une centaine de blessés.
Pour son incroyable acte de courage qui a permit de sauver son unité de l’encerclement et d’éviter de lourdes pertes, le Lieutnant Conner se voit décerner la Distinguished Service Cross.

A la fin de son temps de service, le Lieutnant Conner retourne aux Etats-Unis, à Albany (Kentucky), en mai 1945.
Un défilé et une cérémonie ont lieu en son honneur sur la place de la ville, en présence du héros de la Première Guerre mondiale, le Sergeant Alvin C. York – le célèbre Sergeant York du film de 1941 ayant valu l’Oscar du meilleur acteur à Gary Cooper – résidant dans le Tennessee voisin. Conner et York, tous deux agriculteurs qui habitent à seulement dix miles de distance l’un de l’autre, deviennent de très bons amis.
Lors de cet événement, Conner se tient devant la foule rassemblée devant le palais de justice du comté de Clinton et déclare que son allocution sera sa première et sa dernière déclaration publique sur son temps dans la guerre.
Le bref discours de Conner ne dure qu’une dizaine de minutes, au cours desquelles il décrit sa participation au débarquement de novembre 1942 sur les côtes de Fedala, au Maroc, lors de l’opération Torch, le débarquement en Sicile, ainsi que les actions de son unité dans le sud de la France. Il ne dit pas un mot sur ses propres actes altruistes et valeureux, ni même mentionne l’événement de janvier 1945 près de Houssen, qui l’a amené à s’échapper d’un hôpital militaire où il guérissait de ses dernières blessures pour rejoindre la ligne de front.
Son supérieur, le Lieutnant-colonel Lloyd Ramsey dresse le portrait du Lieutnant Conner dans une lettre adressée à son père, au moment du renvoi de Conner aux États-Unis, en mars 1945 :
« Je viens de renvoyer un de mes officiers chez lui. Il s’agit de mon S-2 [officier de renseignement], le Lieutnant Garlin M. Conner, originaire d’Aaron, Kentucky. Je suis vraiment fier du lieutenant Conner. Il vous appellera probablement et, s’il le fait, il n’aura peut-être pas l’air d’un soldat. Il ressemblera à n’importe quel bon vieux gars de la campagne. Mais, à mon avis, il est l’un des soldats les plus remarquables de cette guerre, sinon le plus exceptionnel. Il a été sergent jusqu’en juillet et est maintenant premier lieutenant. Il a la D.S.C. [Distinguished Service Cross], qui aurait pu être, je pense, une Medal of Honor. Mais il rentrait chez lui et nous voulions lui donner ce qu’il méritait avant son départ. Il possède une Silver Star à 4 palmes, une Bronze Star, une Purple Heart à 6 palmes et est en lice pour une médaille française. Lors de cette dernière poussée, en deux semaines, il a obtenu la D.S.C., ainsi qu’un cluster à sa Silver Star et à sa Bronze Star. Je n’ai jamais vu un homme avec autant de courage et de capacités que lui. D’habitude, je ne me vante pas beaucoup de mes officiers, mais c’est un officier dont personne ne pourrait assez se vanter et lui rendre justice ; c’est un vrai soldat ! »
Il est démobilisé de l’Armée le 22 juin 1945 et épouse le 9 juillet 1945, Lyda Pauline Wells (né le 4 juin 1929). Le couple s’installe dans l’Indian Creek, à quelques miles au nord d’Albany.

Garlin M. Conner vit humblement en exploitant sa ferme de 36 acres, dépourvue d’électricité et d’eau courante, entouré de sa femme et de son fils Paul.

Pendant tout ce temps, il évoque rarement la Seconde Guerre mondiale ou le rôle qu’il a joué, mais contribue à soutenir la cause des anciens combattants en matière de pension et de soins, au sein de plusieurs associations de vétérans.
Garlin M. Conner est finalement présenté pour la Medal of Honor de nombreuses années plus tard, lorsque Richard Chilton, neveu d’un ancien camarade du front de Conner vient le rencontrer en 1996, à la recherche d’informations sur la disparition de son oncle lors du débarquement d’Anzio. Lors de cette rencontre, Pauline Conner suggére à son mari de trier ses anciens dossiers de guerre, pour tenter d’y trouver des informations sur l’oncle de Chilton. Elle sort alors le vieux sac de paquetage de Murl, qui contient ses papiers, ses dossiers militaires, ainsi qu’une petite boîte en carton recelant toutes ses médailles.
En lisant les rapports militaires sur ses actions en Afrique, en Sicile et en Italie, ainsi qu’à Houssen en janvier 1945, Chilton ne peut pas croire que Conner n’ait jamais été pressenti pour l’attribution d’une Medal of Honor, et demande s’il peut lancer une procédure en ce sens.
Pauline Conner dira plus tard que son époux avait les larmes aux yeux alors qu’il hochait « oui » de la tête.

Ce fut donc près de 50 ans après les faits que les actes héroïques de Garlin M. Conner pendant la Seconde Guerre mondiale furent enfin connus de son fils Paul, ainsi que de l’ensemble de la communauté d’Albany et du comté de Clinton, et des Etats-Unis tout entiers.
Alors que le Lieutnant-colonel Ramsey est interrogé sur la raison pour laquelle il n’avait pas essayé d’obtenir à Conner la Medal of Honor pour son action héroïque près de Houssen, celui-ci a répondu qu’il avait essayé mais que ses supérieurs exigeaient plus de détails, ce à quoi il avait répondu : « Je n’ai pas le temps de fournir plus de détails. Je commande un bataillon de 900 hommes ». Il a ajouté que les soldats « étaient plus importants qu’une médaille à ce stade du jeu. »
Ramsey a en outre expliqué que « remplir des formulaires et des formalités administratives n’était pas une priorité à cette époque et une médaille n’était pas non plus une préoccupation pour Garlin Conner à aucun moment du combat. »
En fait, Ramsey pensait – à tort – qu’il était le seul témoin de l’incroyable acte d’héroïsme de Conner ce jour-là. Qui plus est, il avait été blessé au combat le même jour et a dû subir une intervention chirurgicale le lendemain, pour retirer plusieurs éclats d’obus de son dos.
Dans une lettre de 2003 adressée à Ed Whitfield, membre du Congrès du Kentucky, Ramsey argumente en faveur du Lieutnant Conner, en disant « Il n’y avait pas de meilleur combattant, aucun qui ait donné plus, sacrifié plus, ni risqué sa vie au-delà de l’appel du devoir plus de fois que Garlin M. Conner. »
De plus, Ramsey ne s’est rendu compte que plusieurs années plus tard que trois autres témoins oculaires ont pu confirmer les actions de Conner.
En 2006, il ajoute que « l’un des pires regrets de ma carrière est de ne pas avoir reçu la Medal of Honor pour le soldat le plus remarquable que j’ai eu le privilège de commander. »
Les soldats ayant servi sous le commandement de Conner ont également résumé leurs sentiments à son égard en disant : « J’avais une telle confiance dans le lieutenant Conner que je l’aurais suivi partout où il voulait aller. »
Garlin M. Conner ne vit pas assez longtemps pour voir l’aboutissement de la quête de Richard Chilton pour l’obtention de sa Medal of Honor.
Il décède à l’âge de 79 ans, le 5 novembre 1998 après avoir lutté contre une insuffisance rénale et le diabète. Il est inhumé au Memorial Hill Cemetery à Albany.

La requête est, dans un premier temps, rejetée pour prescription, mais est ensuite portée en appel devant la Cour d’appel des États-Unis.
En 2017, l’avocate Candace Hill, chargée de représenter la position du gouvernement, plaide durant 15 minutes contre l’appel de Conner. Elle révèle toutefois ses véritables sentiments à la fin de l’audience lorsqu’elle fond en larmes alors qu’elle évoque le souvenir de son père, officier dans la même unité que Conner pendant la Seconde Guerre mondiale : son père se trouvait à Houssen et avait subi une grave blessure à la jambe lors de l’attaque allemande du 25 janvier 1945, un jour après que Conner ait appelé à lui seul l’artillerie sur sa position pour arrêter l’attaque des chars et de l’infanterie allemandes. Elle déclare : « Pour autant que je sache, Garlin Conner a peut-être contribué à lui sauver la vie. »
Selon un rapport de l’Associated Press, les paroles de Hill ont convaincu la commission d’appel de soumettre le cas de Conner à un médiateur fédéral qui a ensuite ordonné à l’armée d’accorder une nouvelle audience et d’examiner toutes les preuves, y compris tous les témoignages oculaires. Peu de temps après, la demande de Pauline Conner de reclasser la Distinguished Service Cross de son défunt époux en Medal of Honor fut approuvée par le secrétaire de la Défense et le Président des Etats-Unis.
Cette quête de plus de deux décennies s’achève avec succès le 26 juin 2017, lorsque Donald Trump décerne la Medal of Honor à titre posthume à Garlin M. Conner, lors d’une cérémonie à la Maison Blanche en présence de la veuve de ce dernier, Pauline Conner.

On a demandé à Pauline ce qu’elle pensait que son mari dirait s’il était encore en vie. Pauline a réfléchi un instant. Elle s’est souvenue que son mari ne voulait peut-être pas de cet honneur et qu’il l’écarterait une fois de plus. Il pourrait s’en remettre aux hommes aux côtés desquels il s’est battu. Mais Pauline dit qu’elle a senti que l’attitude de son mari à l’égard de l’honneur avait changé au cours de ses dernières années. Elle se souvient de son regret lors de la réunion de 1996 avec Chilton. Peut-être que Conner pourrait se contenter d’un coup de chapeau et d’un sourire.
« Il me manque plus que tout », dit Pauline avec nostalgie….et j’aimerais qu’il soit là pour pouvoir aller chercher la médaille lui-même. Parce que je pense qu’il en aurait été fier. Je sais qu’il l’aurait été. J’ai toujours pensé qu’il n’en voulait pas dans sa jeunesse. Et ce n’était pas vraiment le cas…quand il est devenu plus vieux, il a regretté de ne pas l’avoir fait. »

Le 14 mai 2024, Lyda Pauline Wells Conner rejoint « Murl » pour l’éternité, juste quelques jours avant son 95ème anniversaire.
Ses décorations :
Medal of Honor,
Distinguished Service Cross,
the Silver Star with three Bronze Oak Leaf Clusters,
the Bronze Star Medal,
the Purple Heart with two Bronze Oak Leaf Clusters,
the Army Good Conduct Medal,
the American Defense Service Medal,
the American Campaign Medal,
the European-African-Middle Eastern Campaign Medal with Bronze Arrowhead and two Silver Service Stars,
the World War II Victory Medal,
the Presidential Unit Citation with one Bronze Oak Leaf Cluster,
the Combat Infantryman Badge,
the Expert Infantryman Badge,
the French Croix de Guerre, the French Fourragere and the Honorable Service Lapel Button-WWII.
Ralph Thomas « Cork » BOWERS 1913 – 1992

Ralph Thomas “Cork” Bowers was born on September 24, 1913 in Stockertown, Pennsylvania to Warren and Sarah Bowers.


His family emigrated from Germany in the 1700s and numerous members of the family fought to establish the United States of America during the Revolutionary War.
As was common in his era, he left school after 7th grade and helped support his family.
He worked in the silk mills and then as a painter and paper hanger with his family’s painting business.

On June 20, 1936, Cork married Catherine Elmira Marsch and in 1939, they welcomed their child in April 1939, Warren James “Corky” Bowers (and in 1947 a daughter Kay Ann).

Despite having a wife and 4-year old son, he was drafted for service in 1943 and was inducted into the US. Army two days after Christmas, December 27, 1943.

He trained in Camp Blanding, Florida as an Infantry Scout and shipped out for the European Theater of Operations on July 1, 1944 to arrive in Italy.


He served with the 7th Infantry Regiment(7th I.R.) of the 3rd Infantry Division.

The 7th IR. is known as “The Cottonbalers” regiment, so named from its use of cotton bales as defensive works during the Battle of New Orleans in the War of 1812.
Their regiment motto, “Volens et Potens” means Willing and Able.

From Italy, his unit participated in the invasion and campaign of southern France, through the Vosges Mountains where Ralph and company E distinguished themselves from October 30 to November 4, 1944, during the “Haute Jacques” battles…

…and fought through the brutal winter in “the forgotten battle” of the Colmar Pocket campaign.

It was just outside of Ostheim, on the 23rd of January 1945 where he earned the Silver Star medal for Gallantry in Action.
His Citation:

The President of the United States takes pleasure in presenting the Silver Star Medal to Ralph T. Bowers (33835800), Private First Class, U.S. Army, for gallantry in action while serving with Company E, 7th Infantry Regiment, 3d Infantry Division. On 23 January 1945, near Ostheim, France, Private First Class Bowers single-handedly attacked an enemy machine gun which had killed 1 soldier, wounded 10 more, and forced the other members of his platoon to seek cover in a ditch. Although bullets skimmed over his head, he crawled to a point 35 yards from the enemy, and loaded his bazooka. Then, rising to his knee, he fired one round into the hostile gun emplacement, killing the gunner and wounding his assistant. With the enemy weapon silenced, his platoon was able to resume its advance. Headquarters, 3d Infantry Division, General Orders No. 223 (June 23,1945) Home Town: Easton, Pennsylvania.

He was wounded during fierce fighting on February 4, 1945 (we assume near Biesheim – his records were part of the records lost in the 1973 fire at the National Personnel Records Center) and was hospitalized for several weeks ending up in a hospital in Paris.

By mid-March, he was back with his unit and crossing into Germany, breaking through the Siegfried line and fighting onward to be with the first Allied troops into Berchtesgaden on May 4, 1945.

Photo most likely taken after May 8, 1945, during the German occupation, in Bebra near Kassel.

Ralph Thomas “Cork” BOWERS’ unfailing commitment to the Second World War is reflected in the 3 medals he earned for his bravery in combat : 1 Silver Star, 1 Bronze Star, 1 Purple Heart.

He returned to Pennsylvania in December of 1945 having completed his military service.
He rejoined the family painting and paper hanging business and in 1947, his wife gave birth to their daughter Kay Ann.

He never wanted to talk about his time in the service and when anyone would suggest that he was a hero, he would disagree and said that he just did what had to be done. As his granddaughter, I still think he was pretty heroic!

Despite having frequent nightmares and persisting pain from his wounds for the rest of his life he worked hard every day to support his family the best way that he could.
He also served as the volunteer Fire Chief in his home town.

He passed away April 21, 1992 at the age of 78, having outlived his wife, Catherine by 19 years.

He was buried with military honors with shrapnel still in his body.

When times feel like they are getting difficult, I remind myself of the actions that my grandfather took in the service of his country, and for the sake of freedom across the globe and I realize that the situation isn’t that bleak and that I should just try to BE LIKE RALPH! I have a framed reminder that I keep on my desk to Be Ralph.
Written by Jill Bowers, granddaughter of Ralph T. “Cork” Bowers

We sincerely thank Jill Bowers for sharing her family archives and her story so that we can pay tribute to Ralph Thomas “Cork” BOWERS for his engagement and participation in the liberation of our region from the Nazi yoke.

We won’t forget Ralph and his comrades!
Jean GUICHARD 1919 – 2017

Jean est né le 22 octobre 1919 à Rochecorbon en Indre et Loire.
Etant de la classe 39/3 il doit normalement faire son service militaire en septembre 1939 mais il n’est mobilisé (à Paris) que le 8 juin 1940 et il est affecté au Bataillon de l’Air n°109 de Tours.

Le 12 juin il doit rejoindre son unité à pied, en car, en train et pour finir dans des camions Allemands car ils doivent franchir la ligne de démarcation avant une certaine date suite à la défaite française et l’armistice du 22 juin 1940.
Jean est démobilisé à Issoudun (Cher) le 24 août 1940 et le 4 octobre 1940 il est versé au Chantier de Jeunesse N° 32 « Jacques Coeur » (la devise est : « Devise : « A vaillant cœur, rien d’impossible ». ») à Lavelade-d’Ardèche jusqu’au 31 janvier 1941.

Une fois rentré à Paris il travaille à l’Arsenal de Puteaux du 21 avril au 15 Novembre 1941 puis à la société Burroughs du 18 novembre jusqu’en avril 1942. Il repasse en zone libre pour travailler dans la société Turbomeca à Saint-Pé-de-Bigorre (65) du 21 avril au 4 septembre 1942.

De retour à Paris il travaille aux établissements Leclerc dans le 11ème arrondissement du 8 septembre au 21 novembre 1942. Appelé au Service du Travail Obligatoire (STO) en Allemagne (à Hambourg), Jean repart en zone libre et travaille à nouveau chez Turbomeca à Bordes (64) du 1 décembre 1942 au 20 mars 1943.
Appelé à nouveau au STO (à Vienne en Autriche), il décide de s’échapper via la frontière espagnole. Le 24 mars 1943 à 17h il franchit la frontière au Col de la Peyre Saint Martin (il est passé par Nay-Ferrieres-Arrens-Cabane Domblos) en compagnie d’André Plion et de Claude Norguet qu’il à rencontré à Nay.

Ils couchent au refuge de Piedrafita sans couverture ni chauffage. Le 27 mars ils arrivent à Sallent et sont arrêtés par la Guardia Civile. Le 29 mars 1943, ils sont transférés vers la prison de Jaca (Hesca) et libérés le 9 avril 1943 (en même temps que ceux incarcérés depuis novembre 1942). Ils sont en liberté surveillée et logent à « l’hôtel Mur » jusqu’au 20 mai, date à laquelle ils sont transportés jusqu’à Madrid.

Le 24 mai 1943 ils rejoignent par voie ferrée, Setubal au Portugal.

Le 25 mai 1943, ils embarquent sur le paquebot « Gouverneur Général LEPINE » et arrivent le 27 mai dans le port de Casablanca où on les dirige vers le Camp de la Médiouna .

Après interrogatoires, ils doivent choisir l’unité où ils souhaitent être affectés. Avec André Plion, Jean opte pour le Bataillon de Choc (Claude Norguet choisit les Spahis). Ils partent en train de Casablanca vers Alger le 3 juin et y arrivent le 5.

Ils rencontrent des Forces Françaises Libres (FFL) qui « recrutent » en débauchant des soldats dans les unités du général Giraud, pour les troupes du Général de Gaulle en Tunisie. Le 7 juin Jean et André s’en vont avec eux par camions sous de fausses identités (faux papiers) : Jean s’appelle PARIS Robert du 5ème Bataillon de la Légion Etrangère.

Considérés comme déserteurs, ils sont arrêtés le 9 juin à Tebessa et sont internés à la prison militaire de Constantine jusqu’au 2 juillet puis dirigés sous escorte armée vers Alger, à la Caserne d’Orléans où ils restent du 4 au 12 juillet 1943 (le 12 juillet le Commandant Clippet les retrouve et les récupère pour le Bataillon de Choc qu’ils rejoignent à Staouéli le 19).

Malgré ce « faux départ » l’engagement de Jean GUICHARD au Bataillon de Choc prend effet au 3 juin 1943.

Il est affecté à la 4ème section de la 2ème Compagnie du Bataillon de Choc à Staouéli. L’entraînement est intense et mené par des instructeurs Anglais de juillet à septembre 1943.

Le 13 septembre 1943 ils embarquent sur le contre-torpilleur « Fantasque » à Alger pour débarquer en Corse, à Ajaccio le lendemain.
Le 27 septembre 1943 il écrit à ses parents via la Croix Rouge et reçoit une réponse le 18 octobre de la même année.


De fin septembre 1943 à octobre 1944, Jean GUICHARD participe à tous les combats du Bataillon de Choc en Corse (du 14 septembre au 4 octobre 1943), en Italie (opérations commandos), sur l’île d’Elbe (débarquement le 17 juin 1944 à Marina di Campo), débarquement à la Nartelle le 20 août 1944(plage de Saint Maxime), combat de Toulon du 21 au 25 août 1944, libération de Dijon le 11 septembre 1944 et campagne des Vosges du 2 octobre au 4 novembre 1944 (Servance – le Haut du Tôt).

Le 1er novembre 1944 il est nommé Caporal.

En novembre 1944 il ne participe pas aux combats de Belfort car il est désigné pour garder à Avenney la base arrière du Bataillon de Choc.
Il reprend les combats lors de la campagne d’Alsace à partir du 23 nombre 1944 : Etueffont(90), Masevaux(68), Bourbach-le-Haut, le col du Hundsruck…En Janvier 45 il est dans le secteur de Molsheim, Strasbourg et Sélestat.

Le 30 janvier 1945 à Jebsheim, par moins 20 degrés, avec 40 cm de neige, c’est l’hécatombe dans les rangs du Bataillon de Choc, qui en 2-3heures comptabilise 32 tués (dont 6 Officiers), 100 blessés (dont 10 Officiers) et 40 hommes qui souffrent de gelures, dont Jean Guichard (pneumonie).
Jean est évacué vers l’hôpital de campagne de Remiremont puis le 3 février 1945 vers DIJON et le 7 vers Auxerre. Il est en convalescence du 24 février au 22 avril 1945 à Paris à l’hôpital Béguin.
Remis sur pied il rejoint le 24 avril 1945, le Bataillon de Choc en Allemagne, à Reutlingen. Lors de la campagne d’Allemagne il passe par Sigmaringen et Ravensburg. Le 4 mai il est en Autriche à Bregenz où il termine la guerre. A partir du 8 mai 1945 commence l’occupation de l’Allemagne et l’Autriche.

Le 11 juin il est de retour à Paris, le 16 juin il défile sous l’Arc de Triomphe, le 24 juin il défile à Colmar, le 30 juin il défile à Thann, le 14 juillet il défile à Paris, le 18 juillet il défile à Reims avant de retourner en Allemagne (Karlsruhe, Stuttgart, Ravensburg).
Le 5 août 1945 il défile à Masevaux, le 22 août à Toulon et le 17 septembre à Weingarten (ce sera le dernier pour Jean).

Jean GUICHARD est démobilisé le 1 décembre 1945 à Rueil Malmaison.
Il est titulaire de la Croix de guerre 1939 – 1945 avec 2 citations.
Après-guerre Jean Guichard travaille dans l’industrie.
Le 20 juillet 1958 il est rappelé dans la 1ère Brigade de Gendarmerie de Versailles puis renvoyé dans ses foyers le 10 octobre 1958.
Il est pendant de nombreuses années le trésorier et le secrétaire de l’ Amicale des Anciens du Bataillon de Choc à Paris, où il organise tous les premiers samedis du mois un repas avec les Anciens de la Région Parisienne(jusqu’à une quarantaine de participants).

Le dernier repas avec lui a eu lieu le samedi 3 juin 2017, il y avait 6 personnes : Mr et Mme Guichard, Mme de MAISON, Mme MUELLE, André CORTES et Henri Simorre. A ce dernier Jean lui dit : « tu sais c’est la dernière fois que nous mangeons ensemble » …dimanche 4 juin vers midi, le téléphone sonne, c’est Mme Guichard, en pleurs qui annonce le décès de son mari !

A plus de 97 ans, Jean a certainement considéré qu’il avait bien vécu et a mis fin à ses jours avec le P.38 de prise qu’il gardait précieusement depuis la fin de la guerre.
Tous nos remerciements pour ce portrait, à Henri Simorre, ami de Jean Guichard, qui a bien connu les Anciens du Bataillon de Choc et qui est un fin connaisseur de leur Histoire.

Albert Prosper LABAT 1917 – 1945

Il est né le 16 juillet 1917 à Mées dans les Landes au foyer de Jean Labat et son épouse Marie née Pécastaing.
En 1936 il effectue une préparation militaire « Air », classé dans le premier dixième de son groupe.
Il s’engage par devancement d’appel le 30 avril 1936 au titre de la base aérienne n°101 de Toulouse-Francazal où il arrive le 2 mai 1936.

Il est affecté au 601ème Groupe d’Infanterie de l’Air (601ème GIA) de Reims le 13 mai 1937 soit 1 mois après sa création (le 601ème G.I.A. est crée le 1 avril 1937 à Reims) où il se réengage pour 2 ans en date du 16 juillet 1937. L’unité est commandée par le capitaine Henri Sauvagnac titulaire du brevet n°1.

Il est nommé caporal le 16 novembre 1937 puis caporal chef en date du 16 janvier 1939.

Il est l’un des pionniers de l’infanterie de l’Air et obtient le brevet parachutiste n°88, le 11 août 1938 à Avignon-Pujaut.

Sportif accompli il est sélectionné dans l’équipe de rugby de l’Armée de l’Air et joue au stade Jean Bouin.

Le 27 février 1939, le 601ème G.I.A. fait mouvement de Reims sur Baraki en Algérie où stationne déjà le 602ème G.I.A.


Albert Labat est nommé sergent le 1 juillet 1939.

Le 601ème G.I.A utilise des avions Potez 650 qui peuvent transporter 15 parachutistes , puis reçoit des Farman 224 (40 parachutistes) en septembre 1939.

En septembre 1939 le 601ème G.I.A. revient en France à Avignon-Pujaut dans le Vaucluse (le G.I.A 602 à Montélimar dans la Drôme).

En novembre 1939 les 2 G.I.A sont dirigés sur Calais dans le Nord /Pas de Calais, en alerte, prêt « à sauter » sur Walcheren aux Pays-Bas …l’ordre n’arrivera jamais.

Au cours des entraînements préparatoires à un assaut sur Flessingue durant cet hiver 1939-1940 un des Farman 224 du 601ème G.I.A. est pris comme cible par la DCA britannique qui n’identifie pas l’avion comme étant français…l’avion se pose en catastrophe sur le terrain de Cambrai.

Début 1940, à partir des 2 groupes on forme une Compagnie de Marche de l’Air commandée par le capitaine Glaizot qui rejoint le secteur de Niederbronn en Alsace du nord.

Les 4 groupes de la compagnie de Marche sont scindés en deux corps francs qui opèrent dans le no man’s land alsacien en avant de Lembach et Obersteinbach, jusqu’en mars 1940.



Après l’offensive allemande du 10 mai 1940 les G.I.A. ne sont pas engagés et doivent embarquer le 23 juin 1940, la rage au coeur et plein d’amertume, pour l’Afrique.

En mars 1941, le capitaine Sauvagnac réussi petit à petit à rameuter une grande partie des anciens des deux groupes pour former en juillet 1941 sur la base de Maison-Blanche à Alger la Compagnie d’Infanterie de l’Air n°1 (C.I.A. n°1)…Albert répond présent!

Il se marie le 7 mai 1942 avec Simone, Jeanne née Auroux.

Albert Labat vit toute l’épopée de la première unité parachutiste française avec la création le 1 février 1943 du 1er Bataillon de Chasseurs Parachutsites (1er BCP) à Fez au Maroc puis le 1er mai de la même année où le 1er BCP devient le 1er Régiment de Chasseurs parachutistes (1er RCP).
En 1943 Albert et Simone ont la joie de voir leur famille s’agrandir avec l’arrivée d’un fils; Georges Labat.

Par la suite le parcours d’Albert Labat est celui de son prestigieux Régiment : Maroc, Algérie, Sicile, Italie, Rome, Valence, Lons le Saunier….la campagne des Vosges en octobre 1944 et celle d’Alsace à partir du 8 décembre 1944 qui lui sera malheureusement fatale à seulement quelques jours de la libération de Colmar (le 2 février 1945).
Avec la 5ère compagnie, le sergent-chef Labat après d’âpres combats pendant 2 mois, est tué au combat le 28 janvier 1945 à Jebsheim. Après guerre l’aspirant Crouzet indique dans un livre que le sergent-chef Labat est tombé au champs d’honneur devant la porte d’entrée de la maison qu’il prenait d’assaut avec ses hommes et qui n’est maintenant plus qu’une ruine.
Le 15 mars 1945 le Lieutenant-Colonel Faure commandant le 1er RCP lors des combats de la poche de Colmar écrit à Madame Labat :
« C’est au cours des dernières opérations durant lesquelles le Régiment s’est particulièrement distingué, que nous avons eu la douleur de perdre le sergent-chef LABAT Albert de la 5ème compagnie de mon Régiment. Venu dès les premières heures dans une unité qui l’attirait par les missions qu’elle était appelé à remplir. LABAT s’est affirmé auprès de ses chefs, comme auprès de ses camarades, par son sens absolu du devoir et la compréhension totale de la servitude que réclamait son volontariat.
Le 28 janvier, lors du nettoyage de Jebsheim, village situé près de Colmar, sa compagnie appuyée par un char était chargée d’effectuer une liaison avec l’infanterie américaine. Le char n’ayant plus de munition et ne pouvant d’ailleurs pas agir efficacement de nuit, l’attaque fut reprise avec les seuls moyens organiques de l’unité; une tentative de franchissement de la rue principale de Jebsheim fut entreprise après la neutralisation des éléments ennemis installés dans les maisons. C’est alors que plusieurs armes automatiques ennemies savamment camouflées et repérables entrèrent en action. Le sergent-chef Labat fut tué durant cet assaut. Malgré de nombreuses recherches, son corps n’a pu encore être retrouvé.
Le sergent-chef Labat fut l’objet d’une proposition de citation à l’ordre de l’Armée :
« Chef d’un groupe de voltigeurs d’un allant et d’une valeur remarquable, adoré de ses hommes auxquels il avait communiqué son ardeur et sa foi, toujours volontaire pour les coups de main et les missions dangereuses, avait déjà en plusieurs occasions suscité l’admiration de ses chefs et de ses soldats par son courage extraordinaire et sa conduite au feu. Le 28 janvier 1945 au cours des combats de rues de Jebsheim a trouvé une mort glorieuse alors qu’à la tête de son escouade il enlevait d’assaut sous le feu violent d’armes automatiques, une maison fortement tenue par l’ennemie ».
Le Lieutenant-Colonel conclu par ses dernières phrases à son sujet : « magnifique exemple pour tous votre mari, Madame, appartient à l’histoire du Régiment. Il est de cette jeunesse qui n’a jamais douté et pour qui le sacrifice d’une vie importait peu pourvu que la France vive. Chargé d’une mission qu’il a conduite avec ardeur et joie jusqu’à l’extrême limite de ses forces, il laisse ainsi à ses chefs et à ses camarades l’image la plus pure d’un soldat magnifique ».
En complément une lettre du sergent-chef GUILLEM Alfred, en date du 3 septembre 1945, nous apprend les circonstances de la découverte de son corps : « il se trouvait dans une maison en ruine, sur laquelle des obus étaient tombés, et cette maison prenait feu aussitôt. J’avais demandé au maire de Jebsheim de procéder au déblaiement de la maison et de laisser les corps sur place (il y avait deux corps, celui de votre mari et celui du soldat Martini) pour identification. Le lendemain matin je me trouvais devant deux corps carbonisés avec comme seul moyen d’identification le reste de leurs armes. Hors comme les soldats étaient dotés d’un fusil et le chef d’une mitraillette, il est évident que celui qui avait la mitraillette est votre mari. »
On apprends également dans cette lettre qu’Albert était un » vieux camarades » du sergent-chef Guillem avec qui il avait joué de nombreuses fois à la pelote basque lorsqu’ils étaient stationnés à Alger.

Le corps du sergent-chef Labat est transporté au cimetière du 1er RCP de Bergheim où il est inhumé dans la tombe n°102 le 1er août 1945.

Madame Labat reçoit une lettre le 3 janvier 1946 de Mme Hass de Bergheim où l’on peut lire qu’elle a fleuri la tombe de son mari.

En mai 1954 le corps du sergent-chef Labat est exhumé du cimetière de Bergheim et réinhumé à la Nécropole Nationale de Strasbourg-Cronenbourg, dans la tombe n°5 du carré F, dans la rangée n°5.

Nous avons une pensée émue pour Albert Labat qui a sacrifié sa vie pour notre Liberté…nous ne l’oublierons pas !!!
Nous remercions sincèrement Georges Labat, son fils, pour la confiance qu’il nous accorde et le partage de son histoire familial.
Philippe Théodore RAICHLEN 1920 – 1949

Il est né le 24 juillet 1920 à Urville dans le Calvados.
Il est le deuxième enfant de Louis Raichlen(ingénieur chimiste et ancien combattant en 1914-1918) et Suzanne Berger-Levrault(famille d’imprimeurs ) .

La fratrie compte 4 enfants : Pierre(1918), Philippe (1920), Marie(1923) et Catherine(1927).

Philippe reçoit(en souvenir) en deuxième prénom, celui du frère de sa mère, Théodore Berger-Levraut tué le 25 septembre 1915 (premier jour de la grande offensive en Champagne) à la butte du Mesnil, près de Minaucourt-le-Mesnil-lès-Hurlus dans la Marne, alors qu’il est Lieutenant au 37ème Régiment d’Infanterie.

Depuis le printemps 1923 il vit avec sa famille à Fontenay-aux -roses.
Comme son frère Pierre, Philippe est un excellent élève. Ses parents l’envoient deux fois en Grande Bretagne, à Oxford en 1937 et 1938, et cinq fois en Allemagne, de 16 à 19 ans dont la dernière fois en juillet 1939 où il est témoin un soir d’une manifestation et d’un défilé des jeunesses hitlériennes : « Il y avait là quelques trente colonnes d’environ vingt-cinq enfants chacune, de 12 à 15 ans, sous les ordres de vétérans âgés de quelque 18 ans. Tous en veste brune, culotte courte de velours noir à côtes, baudriers de cuir, large couteau, brassard à croix gammée…et des colonnes habillées de tenues marines, bleu sombre, avec le béret, et des troupes de BDM – jeunes filles à la jupe bleue, blouse blanche, d’un manque de charme uniforme et triste. Le spectacle de tous ces enfants…m’apparut comme sinistre et beau tout à la fois » …la guerre est proche.

Dans son journal il évoque la période du 10 mai au 25 juin 1940 qui se termine par la défaite de la France face à L’Allemagne nazie. Cependant ces quelques semaines il continue ses études en attendant d’être mobilisé (il l’espère). Le 12 mai 1940, il prend réellement conscience des évènements : « Cette journée marque à mes yeux la fin d’une époque de ma jeunesse ; ou peut-être la fin de mon enfance… C’est le 12 mai 1940 que commence vraiment pour moi cette guerre tragique… Fin d’une période de vie heureuse et facile… car dès le 13 mai le désastre commença, bien qu’encore à notre insu, à poindre pour la France ». Le 21 mai il passe un concours de droit, le 26 il poursuit sa préparation militaire (puis à Avignon à partir du 19 juin), le 28 la Belgique capitule, le 3 juin les allemands bombardent son quartier. Le mardi 11 juin 1940, il quitte Fontenay avec sa famille pour rejoindre le petit village de Sarrians en Provence, où la société Minorga, où travaille son père, s’installe (pendant 5 mois avant de rentrer à Fontenay).

Il obtient une licence en droit et une licence en lettres. Il est diplômé à Sciences Po Lyon en 1942.

Le 14 novembre 1942,Philippe est appelé aux Chantiers de Jeunesse (comme tous les jeunes hommes de son âge, sous le régime de Vichy), comme étudiant domicilié en zone libre, affecté au 8ème groupe du groupement XI (Vercors) qui est basé à Villard-de-Lans, nommé chef d’équipe le 1er mars 1943, il travaille successivement au Bois Barbu, pendant l’hiver, puis à l’École de ski de la Fauge, enfin, après Pâques, il travaille à la coupe de la forêt de Château Jullien.

Le 16 mai 1943, il part en permission pour Fontenay en prétextant du désir de consulter sa famille avant de signer un rengagement auprès des Chantiers pour x mois. De retour le 31 au soir aux chantiers de Jeunesse il apprend qu’il est requis pour l’Allemagne. Le 2 juin à 8 heures et demie du matin il déserte avec un camarade, parcourt 90 kilomètres à pied en trois étapes par les hauteurs les plus désertes du Vercors (garde son uniforme mais arrache les insignes), et trouve un asile provisoire près de Crest, dans la Drôme en espérant pouvoir rejoindre l’Espagne par la suite.
A Crest Philippe se rend au presbytère où le Pasteur l’aide à obtenir de faux papier. En attendant il est caché à Blacons chez un agriculteur, puis au-dessus de Beaufort chez un autre.
A la halte de Piecros-la-Clastre, il attend que la cheffe de gare regagne sa cuisine pour soigner un civet qui mijote à petit feu pour s’asseoir au pupitre ad hoc et prendre tous les cachets de la halte dont il a besoin pour antidater les deux permissions authentiques des Chantiers, en blanc, pourvues des cachets du groupement XI et du groupe 9 (il avait aussi un double jeu de fausses (de vraies) cartes d’identité « Chantiers », timbrées, tamponnés, en blanc, l’une à son vrai nom, l’autre au nom de Duffour, Philippe né en 1923, qui le rajeunissaient de 3 ans, pour être dispensé de tout service au S.T.O. Un secrétaire du Groupement de jeunesse lui les avait remises avec les permissions) , pour faire courir une permission du 25 juin et postdater l’autre du 28 mai pour rendre celle-ci moins suspecte, celle-là plus utile fin juillet.

Le 11 juin 1943 le Pasteur lui fournit enfin deux cartes d’identité en blanc avec sa photo tamponnée et la griffe authentique du préposé aux cartes de la Drôme.
Il part le lendemain sur les hauteurs par Gigors et les Fouquets, contourne Chabeuil pour arriver dans Valence puis Saint Chamond. Il semblait que rien ne peut désormais l’arrêter sur cette nouvelle route… le 17 juin il arrive par le train à Paris et le 6 juillet 1943 il est en Espagne : 20 jours.
Ses parents le soutiennent dans son projet de rejoindre l’Espagne mais d’autres membres de la famille sont plus réservés en raison des risques encourus pour tout le monde (principalement par crainte de représailles de l’occupant).
Avant son départ un ami passe le voir à la maison…ils se reverront au 1er RCP par la suite : «Henri Wajnglas (futur brevet n°1944) passent à la maison. Ce dernier, comme moi, déserteur du Bois Barbu (8ème groupe), dont il était magasinier : mon exemple l’avait décidé, il voulait lui aussi passer en Afrique. Faute de pouvoir l’emmener, je l’adressai à une autre filière : nous devions nous rencontrer par la suite, et, pour finir, il fut breveté parachutiste (n°1944) en Sicile sous mes yeux. «

Après un dernier au revoir à ses parents, frères et sœurs il quitte avec ses deux amis, la gare d’Austerlitz à 20h le 28 juin 1943 à destination de la frontière espagnole. Après 12h de train de nuit, sans aucun contrôle ni policier, il arrive dans la gare de Toulouse. En fin de journée il voit pour la première fois la chaîne des Pyrénées. Il se souvient avoir rêvé cette nuit-là, des crêtes mystérieuses qu’il fallait maintenant traverser pour « vivre libres ou mourir » comme disent les Catalans. Le 30 juin il reprend le train en direction de Boussens sur la ligne de Tarbes d’où il prend le bus pour arriver à Saint-Girons, base de départ prévue pour rejoindre l’Espagne.
La veille de son départ il envoie un message codé à ses parents : « Partirons dimanche avec guides armés : maximum de chances. Affections. »…après réflexion pas forcément très prudent comme message se dira Philippe par la suite.
Le 4 juillet en pleine après-midi ils quittent St-Girons profitant que la population et les allemands soient allés regarder un match de pelote basque, suivi par le passage de la course vélocipédique des cols. Ils sont rejoints pas d’autres réfractaires (ils sont à présent 7 personnes dont 3 hollandais). En fin de journée leur repas est interrompu par les guides qui doivent les aider à franchir les Pyrénées contre 300 francs/personne… Ils s’éclipsent et ne laissent derrière eux qu’un jeune marin déserteur qui est chargé de les mener au lieu de rendez-vous où des hommes doivent les conduire à la frontière espagnole. Ils passent par des petits chemins escarpés en direction du col d’Allos. Dans une auberge ils font affaire avec un guide pour quatorze mille francs au total : « nous nous laissions faire par l’aubergiste, patriote escroc qui nous soutirait le peu d’argent français qu’il nous restait avec tous nos tickets » comme l’écrit Philippe Raichlen dans son carnet.
La chance est avec eux ils ne tombent pas sur une des patrouilles allemandes avec des chiens qui longent à intervalles irréguliers la frontière. L’étape suivante dans la région du Mont Valier va durer 20h sous une chaleur accablante, en étant sur le qui-vive en permanence et en essayant le moins de bruit possible pour franchir les cols les uns après les autres. Après 29 heures de souffrance (55kms parcourus à pieds) de multiples chutes, les blessures, le froid, la neige, les envies de rebrousser chemin ou de rester sur place à cause de la fatigue, ils franchissent le dernier col à plus de 2600 m d’altitude pour descendre dans une vallée où ils tombent sur deux bergers espagnols et leur troupeau : le 6 juillet 1943. Pour échapper aux postes de carabiniers, trois jours de marche s’imposent encore par les montagnes pour traverser toute la Sierra des Incantats (altitude moyenne 2000 à 2700m).

Philippe est encore en forme mais le reste du groupe (moins les 3 hollandais qui n’arrivaient déjà plus à suivre) est épuisé, c’est pourquoi ils décident de se livrer aux carabiniers espagnols à Alos où ils sont incarcérés et dépouillés, au fur et à mesure, de leurs affaires et vivres. Ils quittent Alos pour être transférés à Lerida et sa tristement célèbre prison du « Seminar Viejo ». Dès l’arrivée le 9 juillet 1943, ils sont fouillés, dépouillés de tout, interrogés…Philippe écrit dans ses mémoires à ce sujet : « C’était censément pour deux jours que nous devions passer cette grille… la fouille minutieuse qui nous dépouilla de tout objet tranchant, de tout argent, même de ma boussole, même d’un thermomètre médical apporté dans mon bagage … Par bonheur nous avions dissimulé tous nos avoirs dans l’armature même du sac… nous ayant bien volé sans espoir de retour tout ce qu’ils avaient pu trouver, on nous poussa dans la salle aux interrogatoires… croyant naïvement que cela nous vaudrait des indulgences par l’effet de je ne sais quelle justice immanente. Pauvres de nous, quelle bêtise ! Non seulement toutes les listes étaient livrées aux allemands, qui connaissaient ainsi ceux dont les familles restaient en France, mais nous mêmes, déclarant plus de 21 ans, nous mettions dans le cas de subir un internement prolongé … ». Pour Philippe et ses camarades c’est le début de conditions de vie extrêmement difficiles, de misère, de faim, de soif, de violence, de maladie (les poux et punaises pullulent), d’espoir et de désespoir, de promiscuité, de brimades, de punitions, de coups et maltraitances…
Au « Seminar Viejo » il n’y pas que des évadés français ou étrangers (ils seront rejoints par les 3 hollandais) mais également des prisonniers Espagnols de droits communs ou Républicains qui sont encore régulièrement exécutés malgré la fin de la guerre civile espagnole depuis 4 ans.

Tous les prisonniers sont rassemblés tous les jours, après une très longue attente, arrivent les « Officiales », cravache à la main. Commence l’hymne espagnol au clairon et qui se termine par une sonnerie aux morts interminable. Puis le directeur, bras levé, hurle : « Arriba España ! Viva Franco ! ». Les prisonniers doivent en faire de même mais Philippe nous raconte que les français crient à la place : « Arriba la merda ! Viva Pourceau, Salaud ! C’est seulement après toutes ces simagrées que commence la distribution de la soupe…infâme et insuffisante.
Par chance Philippe et son groupe dès leur entrée dans la salle 4 (100 à 150 par chambrée) sont reçus et intégrés à un petit groupe dont d’anciens camarades de Science Po de Lyon (Musset, L’Herbette et Delay). Cette « petite collectivité » s’organise pour subvenir aux besoins des uns et des autres du mieux possible, se protège mutuellement et s’entraide moralement.
Le 13 juillet les hollandais quittent la prison, encouragent Philippe et ses amis et promettent de les aider. Philippe songe à s’évader de cette prison et échafaude dans sa tête des plans.

Le 17 juillet le « miracle » se produit le groupe initial (de 5) de Philippe est libéré : suite à l’intervention des hollandais (en particulier Roel) auprès du gouverneur de la province jusqu’à obtenir pour tous un sauf conduit pour Madrid. Malheureusement l’Herbette et Delay ne sont pas concernés et il faut les quitter. Ils sont en semi liberté à Rocallaura en attendant de pouvoir quitter Lérida. La nuit du 29 juillet ils partent enfin en train vers Barcelone où ils arrivent le 31 vers 11h du matin. Philippe et son ami Hugues via le consulat anglais deviennent anglo-canadien pensant rejoindre l’Afrique du nord plus rapidement mais le 14 septembre 1943, ils apprennent par ce dernier qu’il faut qu’ils s’adressent à présent à la Croix-Rouge suite à un accord politique récent. On apprend par ses écrits du 29 octobre 1943 que Philippe rêve de s’engager chez les parachutistes : « un de mes projets inavoués était, dès mon arrivée en Afrique, de contracter un engagement dans les parachutistes. Évadé de France, j’en avais le droit. Depuis quinze ans je rêvais de voler, de sauter en plein ciel. Une obsession : le vol. »

Après plusieurs faux départs et 4 mois d’attentes en Espagne, Philippe quitte Barcelone le 10 novembre 1943 en direction de Madrid (Reus/Tarragone – Belchete/ Saragosse – Alarma de Aragon – Madrid) puis arrive à Malaga (Aleazar de San Juan – Andujar – Cordoue – Malaga) le 13 novembre après 52h de voyage ferroviaire.

C’est à Malaga qu’il retrouve par hasard Wajnglas : « Wajnglas. Mon camarade des Chantiers, le secrétaire du Bois Barbu. Il sort de prison, il est là avec son groupe. Reconnaissance, exclamations, récits. Il a traversé la montagne vers les provinces basques. Prison, Miranda, pas même un jour de liberté. J’avais gardé certains remords pour m’être allé sans l’emmener. Cela me fait plaisir de le revoir ce soir, échappé aux boches de la frontière. Et ce ne sera pas notre dernière rencontre, loin de là. Voir Trapani, Rome, le front, Colmar, etc… ».

Le 15 novembre c’est l’embarquement sur deux bateaux sous pavillon anglais (mais il s’agit de navires français « Lépine » et « Sidi-Brahim » sur lequel embarque Philippe)… de joie, tout le monde chante sur le bateau malgré l’interdiction, trop heureux de quitter enfin l’Espagne !
Le 17 novembre Philippe débarque à Casablanca. Sur le quai des troupes françaises présentent les armes, on joue la Marseillaise et un discours d’accueil félicite tous ces nouveaux évadés de France. Des camions les emmènent à 15kms au sud de Casablanca dans le camp de Mediouna.

Samedi 20 novembre Philippe s’engage dans l’Infanterie de l’Air, au 1er Régiment de Chasseurs Parachutistes (1er RCP) et gagne le dépôt de l’’Air 209 à Casablanca.

Après avoir achevé les formalités d’incorporation, d’habillement, de casernement et de solde il part en train le 26 novembre et effectue le trajet : Rabat – Fez – Meknès – Oujda.

Arrivé à Oujda le 29 novembre 1943 il est emmené à l’Airborne Training Center et s’installe dans une tente comme l’ensemble des parachutistes français et américains.

Le 3 décembre il passe la redoutée visite médicale (il porte des lunettes et craint de ne pas avoir à minima les 6/10ème requis pour la vue) qu’il passe avec brio : Bon pour le personnel navigant !
Les nouveaux arrivants sont présentés au Colonel Geille et au commandant Faure qui les passent en revue, un par un, et les interrogent chacun en détail. . Le régiment est heureux d’accueillir des évadés. C’est un « souffle de France » qui viendra l’animer. Philippe indique au sujet de cette présentation : « Geille porte son brevet de parachutiste soviétique. Cela, et son regard d’acier, nous intimident passablement. Mais nous nous sentons conquis par de tels chefs. »
Ils sont pris en charge par l’équipe des moniteurs américains pour leur formation parachutiste. Le 1st Lieutenant Borden, chef de l’école parachutiste, réclame un interprète, et Philippe sort des rangs. On lui fait, comme épreuve préliminaire, réciter l’alphabet en anglais. OK ! le voici confirmé à ce poste important et il va désormais vivre en contact journalier avec les cadres américains. . L’intérêt du stage se double d’une expérience humaine attachante pour Philippe.
Le premier contact avec les « anciens » du régiment est curieux pour Philippe :
« …nous trouvons des gens tout-à-fait dégoûtés. On leur promet de semaine en semaine une attaque imminente. Mais on s’est battu en Tunisie, le régiment n’y était pas ; en Sicile : il faisait de la montagne près de Fez ; à Salerne, où les « paratroupes » américaines ont tant donné : le régiment défilait à Fez encore ; en Corse, avec le bataillon de choc : rien non plus pour nos parachutistes. C’en était trop. Un si dur entraînement pour ne jamais combattre ?… Mais allez un peu attaquer le régiment devant eux : ils vous sautent à la gorge. Nous gardons peu de contact avec les « anciens ». Leur mépris pour les bleus, non parachutistes, est total. »
Du 6 au 12 décembre, une semaine « d’Airborne training » : très dure, peu nourris, beaucoup de sport, de courses (le « hip-hop »), de sauts au sol, d’exercices dans une carlingue démontée, séances de pliage et pour Philippe en plus un rôle d’interprète.
Philippe effectue ses deux premiers sauts le matin du 16 décembre 1943, suivi de deux sauts supplémentaires le 17. Il fête noël dans un convent d’Oujda. Le lundi 27, il effectue son 5ème saut en formation de guerre, c’est-à-dire par bordées entières (17 hommes par avion) larguées en même temps que 3 DC3 « Douglas » volant aile contre aile : « Je vis passer l’avion de gauche au-dessus de ma tête avant même que le parachute fût ouvert. Je rentrais le cou avec la crainte bête de me voir décapiter ! Hautement excitant. » Il obtient ainsi le brevet parachutiste américain (4 sauts) le 17 décembre 1943 et le certificat de l’ Airborne Training Center – Parachute school .

Le lendemain il effectue un 6ème un saut de nuit à 120m d’altitude qui valide son brevet parachutiste français (6 sauts) : brevet parachutiste français n°1788.

Le 8 janvier 1944 Philippe et ses camarades quittent Oujda dans des wagons à bestiaux, en route vers l’Algérie et les montagnes proches de Tlemcen. Après 47h de voyage ils débarquent à Ménerville (Thenia aujourd’hui) pour poursuivre à pied. C’est le début de l’instruction militaire. Philippe est affecté à la 3ème Compagnie (antichars, mortiers, PC du bataillon) du 1er Bataillon du 1er Rgt de Chasseurs Parachutistes. L’entraînement est dense avec une instruction individuelle et collective : armement, tir, groupe de combat, marches, exercice d’accoutumance au feu à balles réelles traçantes, patrouille, lancé de grenade… qui se termine le 5 février 1944.

Le 15 janvier via l’Aumonier du Régiment il écrit un message à son oncle Henri, que le Vatican doit transmettre par voie diplomatique et qui arrivera à bon port avec une réponse après le 15 mai 1944.

Le 7 février le Lieutenant Guiraud qui commande la compagnie désigne d’office Philippe comme secrétaire de celle-ci, au grand damne du désigné.
Le 10 février Philippe embarque pour participer volontairement au stage d’éclaireur-skieur avec tout le matériel prévu à cet effet (ski, anorak…) qui se déroule dans une ancienne colonie de vacances des chemins de fer algériens à Tikjda au cœur du Djurdjura.

Au programme : les virages en « parallèle », conférences sur les avalanches, escalade, fartage, réglage des skis, tir avec le 1 Garand, etc…

Philippe est affecté à la première section d’éclaireurs-skieurs (1er bataillon) et le voici éclaireur-chasseur-skieur-parachutiste. En présence du Commandant Faure une démonstration sur piste est faite le 27 février. Le stage se termine le 4 mars 1944.
Le 6 mars le régiment s’installe en bordure de côte dans le village du Figuier.
Au retour de ce stage le nouveau commandant de la 3ème compagnie veut affecter, comme prévu, Philippe au poste de bureau mais celui-ci lui laisse à entendre que le lieutenant Guiraud l’avait pressenti, non comme scribouillard, mais comme interprète allemand et anglais pour le 1er bataillon dont la 3ème Cie comprend les éléments d’État-Major. Le Capitaine Vincent, nouveau venu au régiment, s’incline devant le choix de son prédécesseur. L’entrainement et les tâches quotidiennes se poursuivent.
Dimanche des Rameaux, 1944 des camions les emmènent à l’aérodrome de maison Blanche. Philippe et ses camarades chargent leurs sacs à paquetage, parachutes, armes et gaines dans le DC3 « Peggy » et décollent le 2 avril vers midi 20 : « Mes camarades chantaient en chœur, allongés sur les paquetages individuels, et l’équipage s’amusait de nous sentir heureux ainsi. Soudain quelqu’un cria de regarder par les hublots vers le Nord : nous survolions un convoi (95 bateaux) qui gagnait l’Italie. ».

Il distingue également le grenadage par l’aviation alliés d’un sous-marin qui guettait l’arrivée du grand convoi.
Ils atterrissent le jour même à Trapani en Sicile et vont y rester jusqu’à début juillet. L’entraînement et les sauts se poursuivent. La population locale est relativement hostile aux français et de nombreux accrochages et bagarres qui ont lieu. Le fait que certains soldats profitent de la situation, de la population qui « meure de faim » pour échanger des denrées alimentaires contre des faveurs sexuelles n’améliore pas la situation.

En Sicile Philippe suit l’entrainement de base des Pathfinders US avec le groupe de Radio Guidage du 1er RCP et effectue plusieurs saut dont un de nuit(le 7ème) qui aurait pu être fatal car le parachute s’est enroulé suite à une mauvaise sortie de l’avion de son « propriétaire »…plus de peur que de mal à moins de 100m il s’ouvre complétement. Un 8ème « saut de vacances » est effectué avec Lt Sausse(brevet n°1826) et Sgt Procquez (les américains « offrent » 3 places qui restent disponibles dans leur avion aux français ). Puis encore deux autres en juin (n°9 et n°10) qui seront les derniers de Philippe pour l’année 1944.
Début juillet le 1er RCP quitte la Sicile pour Rome où il reste jusqu’à début septembre 1944 (mis à part 17 hommes, le régiment ne participe pas aux opérations du débarquement de Provence).
Philippe Raichlen touche le sol métropolitain avec l’ensemble du régiment le 4/5 septembre 1944 lorsqu’il atterrit sur l’aérodrome de Valence Chabeuil. Le régiment installe son cantonnement à Valence pour se préparer à entrer prochainement en action.
Le mardi 26 septembre Philippe écrit dans son journal : « Nous allons monter en ligne »
Stationnant à Valence son père qui est à Marseille vient lui rendre visite le 27 septembre.

Le 28 au matin Philippe et ses camarades embarquent dans des Dodges et camions et remontent vers l’est : Lyon – Bourg en Bresse – Lons-le-Saulnier – Besançon – Vesoul et le Hameau d’Amblans d’où il entend le canon au loin en direction de Belfort.
Le 30 septembre, Philippe Raichlen qui est dans le groupe de radioguidage, avec un peloton de 18 hommes commandé par le Lieutenant Lefèvre partent (Départ du 2ème avion = terme du radioguidage qui signifie un petit peloton de 18 hommes », d’après Gory Georges brevet 1899) , vers la Longine en passant par Luxeuil et Faucogney et ils s’installent dans l’école.
Le 3 octobre, le régiment s’infiltre dans le dispositif ennemi en colonne par un, sans faire de bruit.

Pour Philippe et son groupe de radioguidage, le baptême du feu a lieu le lendemain lorsqu’il tombe dans une embuscade : « aucune victime ; l’adjudant crible à la mitraillette un boche (celui au FM), Ledoux(1402) en blesse grièvement un deuxième, un grand gosse blond avec des yeux bleus –mort depuis.
Desson envoie 3 balles de fusil dans le dos d’un troisième… Je me force à regarder de près le premier cadavre ennemi, puis continue à monter ». Les combats font rage tout autour dans les différents secteurs des compagnies du 1er RCP.
Philippe est chanceux, alors qu’il monte le guet on l’appelle au rassemblement ; il fait à peine 2 mètres qu’un obus allemand de 8,8cm explose à l’endroit (« criblée de ferraille ») où il se trouvait quelques secondes avant. Il est indemne mais ses camarades Desson (brevet 1669) et Yvorel (brevet 1474) sont blessés par des éclats.
Les conditions sont terribles avec une pluie continue, l’impossibilité de faire du feu pour se réchauffer ou manger un repas chaud, le froid, les tirs d’artilleries incessants, les embuscades…
Le 5 octobre, ils progressent le long des crêtes du col du Broché… « Un obus tombe à 4 mètres. Lorrillard s’effondre : un gros éclat sous la rotule du genou gauche. Il marchait à moins d’un mètre devant moi. Mais un arbre a intercepté ce qui me revenait de ferraille. »

Puis au Col du Morbieux : « beaucoup de monde. Le col vient d’être pris d’assaut, avec 3 canons de 155, des chevaux, plusieurs prisonniers. Plusieurs morts boches. Ensuite, une vaine contre-attaque en sèmera beaucoup d’autres encore. Nous remontons sur la tête du Midi ; une halte, puis avancée de nuit, en colonne par 1, vers l’objectif terminal : la tête du Gehan. Silence absolu. Marche très difficile. Nous couchons à flanc de pente, serrés en groupe de 5 ou 6, tout près du sommet. État d’alerte permanente. »

Le 6 octobre, le groupe de Philippe réussit à s’approcher à moins de 100 mètres du village du Mesnil tenu par les allemands. Ils ouvrent le feu de toutes leurs armes et créent la panique dans le dispositif allemand qui s’enfuit. Ils sont seulement une quarantaine à devoir protéger le village alors que les allemands contre-attaquent avec de nombreux renforts mais tiennent jusqu’à l’arrivée des renforts du 1er RCP.
Par la suite le Régiment doit évacuer le village afin d’éviter d’être encerclé et dénombre une quarantaine de blessés et 5 tués.
Pour cette journée mémorable Philippe Raichlen est cité à l’ordre de la Brigade :
« Le 6 octobre 1944 au cours de l’attaque du village du Mesnil, a fait preuve des plus belles qualités d’audace en se portant seul au devant de l’ennemi. Est revenu rapporter sous le feu les commandements allemands qu’il avait traduits ».

Les jours suivant les combats se poursuivent dans tout le massif de la forêt du Gehan et sur les différents cols. La faim et le froid se font sentir…la mort rôde… les effectifs fondent, à cause des malades et des pieds gelés.
Le 16 octobre, Philippe relève une seconde attaque du Régiment, la plus dure près du Col du Mesnil avec un très fort barrage d’artillerie : « Au début, silence. Mais bientôt, ça crache de droite et de gauche. Mitrailleuses et mitrailleuses lourdes à balles explosives. Ça siffle et chante. La terre saute en mottes brunâtres, ici, puis là. Je suis crevé, avec mes munitions, mais donne tout ce que je peux. Sueur à flots, essoufflement. Un mulet déchiqueté à côté. Le col est franchi. Très dure montée avec toute la charge jusqu’à la cote 1008 »
Ce jour là Philippe perd un bon copain, Ricciatti Louis (brevet 1790) qui est tué en attaquant un nid de mitrailleuse.
Le 17 octobre, Philippe participe à plusieurs escarmouches avec des patrouilles ennemis. Il traverse un champ de mines, et déclenche une mine bondissante à moins d’un mètre de lui mais il a de nouveau la baraka ; grâce à un arbre « providentiel » qui stoppe la charge mortelle. Il pleut de plus en plus et les combats font rage sous un duel d’artillerie permanent : « Cependant, je tiens le coup, physiquement, de manière extraordinaire, ainsi que la poignée qui reste du Radio guidage ».
Le 20 octobre, Philippe s’en sort à nouveau miraculeusement : « Une explosion : Raynaud, téléphoniste de la 1ère Cie, est tué net à 2 mètres à ma gauche. 30 secondes. On va vers lui. 3 détonations simultanées : Morin, Chevalier, du Radio guidage, et un autre de la 1ère Cie sont fauchés par les éclats. Blessures aux jambes et aux cuisses. Soins aux blessés. Le Lt Beaumont fait sauter une 5ème mine à 50 cm de lui mais elle fuse sans exploser. »

Le 21 octobre au soir la campagne des Vosges s’achève pour Philippe et ses camarades du 1er bataillon du 1er RCP. Il écrit cette ligne qui en dit long : «. Jamais en 18 jours de ligne je n’ai eu autant de hâte de sortir d’un endroit exposé ! ».
Le radio guidage après ses 18 jours a 2 tués, 11 blessés, 18 évacués (maladie ou gelure).
Seulement 17 hommes (39%) sont restés en ligne de bout en bout…ils étaient au départ 48 !
Pour le 1er RCP cette première campagne qui a montré l’exceptionnelle combativité du Régiment, coûte chère avec de lourdes pertes avec 129 tués et 339 blessés (40% des effectifs).
Après une période de repos bien mérité dans le secteur de Lons-le-Saunier, de reconditionnement et de formation des nouvelles recrues (principalement du Bataillon Hémon qui vient de Paris) le 1er RCP est remis en alerte le 6 décembre 1944.

Le 7, départ vers Besançon, Vesoul, Luxeuil, Plombière, Epinal puis le lendemain Bruyères, Saint-Dié, le col de Saales pour arriver en Alsace (« en Allemagne à ce que l’on croirait à n’en juger que par l’aspect des villages et les inscriptions aux murs. »). Descente par Schirmeck, Mutzig, Illkirch-Graffenstaden et Gerstheim, terminus de ce « voyage ».
Pour Philippe la campagne d’Alsace commence réellement le 12 décembre avec une montée en lignes pour la « Garde au Rhin » : « Dès les tous premiers jours, un de mes meilleurs camarades d’Oujda, le sergent Picard(brevet 1782), fils d’un commandant du Maroc, devait tomber au cours d’un petit accrochage de patrouilles, près du Rhin : une balle dans la tête. » Pendant cette période le 1er RCP est rattaché à la 2ème Division Blindée du Général Leclerc.
Le 14 décembre 1944, Philippe se blesse bêtement en se faisant une entorse au pied droit. Dans l’impossibilité de marcher il est conduit à l’hôpital civil de Strasbourg , qui est le centre de rassemblement commun pour tous les blessés du régiment : « Et il y en avait… Mon Dieu qu’il y en avait » …suite aux combats acharnés menés par le 1er Bataillon dans le secteur de Neunkirch par un froid intense et une pluie d’obus. Il est transféré le 17 à l’hôpital américain de Mutzig et le 23, la mort dans l’âme (n’ayant pas suffisamment récupéré pour rejoindre au front ses camarades) il est évacué avec les blessés légers vers Meximieux (pendant ce temps le 1er RCP retourne à l’arrière à Plombières) mais débarque à Luxeuil et rejoint le radio guidage à pied à Plombières où il passe noël et reçoit de nombreux colis (famille ou donateur).
Le 30 décembre 1944, serré dans des Dodges direction le col du Bonhomme pour arriver à Hachimette : « Après avoir stocké les sacs dans l’église du village, nous partons, en colonne par un avec des mulets et deux goumiers pour guides, vers les crêtes et la forêt, dans la nuit tombée. »
La dernière journée 1944, Philippe la passe sous une fine neige qui tombe et perd un de ses camarades du stage de parachutiste d’Oujda, Rousseau Robert brevet 1796 (« un brave petit caporal paysan, un peu bègue, un peu fruste, très gentil »), tué par un tireur d’élite allemand…il ne sera pas le seul…
Relevé par la 3ème DIUS il quitte le secteur et passe le réveillon dans l’église d’Hachimette endommagée par les bombardements. Pour se réchauffer les hommes du 1er RCP allument de grands feux avec les bancs et stalles de l’église. A ce sujet Philippe écrit : « Je n’oublierai jamais le regard douloureux des gens du village qui vinrent, le lendemain, jeter un coup d’œil timide sur les restes profanés de leur église ».
Le 2 janvier, l’unité se déplace dans le secteur d’Orbey et Lapoutroie. Le 6, Philippe se rend au lac blanc.

Les journées sont faites de patrouilles, d’incursions dans le dispositif allemand et de gardes de la ligne de front particulièrement éprouvantes la nuit.
Le 20 janvier retour en plaine et le 23 départ de Obernai vers Châtenois. Le 25 Philippe Raichlen est à Guémar où il loge chez l’Ortsgruppführer local du parti nazi. : « Bel uniforme brun, avec casquette et brassard, que je revêts pour me balader ensuite en pleine rue, histoire de voir si quelqu’un viendra m’arrêter, sans succès d’ailleurs. »

« … Et puis ce fut la journée du 27 janvier, qui devait marquer tragiquement dans l’histoire du Radio Guidage… »
Passage du pont à Illhaeusern et débarquement au moulin de Jebsheim (du moins ce qu’il reste), rassemblement et départ en colonne par un vers le village. Sur la route principale ils sont bombardés et on leur tire dessus pendant plus d’une heure. Le village est en feu, à l’entrée du village soudain : « Mon dernier souvenir est d’avoir vu Villa et Guerrini traînant leur mitrailleuse sur un traîneau, devant moi. Le Radio Guidage est encore devant. Ledoux me dépasse, et puis c’est fini pour eux tous. Une immense flamme ? une fumée épaisse, un souffle qui me soulève de terre, un grondement trop vaste pour être entendu, mais que je ressens dans tout mon corps…pas un éclat de m’a frôlé, je suis seul sauvé, je me rappelle d’avoir reçu sur mon corps Hamel et Ledoux, mes deux voisins, tous deux grièvement blessés à 50 cm de moi…Un grand silence, une fumée épaisse, et le sang qui bourdonne dans les oreilles. Je me relève à demi, comme épuisé. Sifflement, autre explosion tout près. Je retombe à terre, résigné : celle-là non plus n’a pas pu me toucher. Silence. Un gémissement, et puis vingt cris : « À moi ! … Help !… Find me a doctor !… À moi ! » La rue jonchée de corps, et de corps, sous la fumée. ». Suite à cette frappe, pour le seul radio guidage c’est 10 tués et blessés. Mais malgré cela les survivants doivent le soir même attaquer un groupe de maison tenu fermement par l’ennemi.

Par des températures polaires (-25 degrés) les combats font rage, souvent à bout portant et au corps à corps face à des chasseurs alpins déterminés et habitués à combattre dans ce milieu hivernal. Il faut « nettoyer » les maisons une par une (certaines prises et reprises plusieurs fois) sous un déluge de fer et d’acier jusqu’au 30 janvier 1945, date définitive de la libération de ce qu’il reste du village de Jebsheim. Cette libération aura coûté la vie à 76 parachutistes du 1er RCP et fait 167 blessés (pour ce petit village les français et américains ont plus de 200 tués et 2000 blessés).
Philippe indique que le 30 janvier le radio guidage gagne le village de Muntzenheim (il dessine un plan à ce sujet) puis le 31 celui d’Urschenheim(en half-track). Il ne participe pas à la prise de Widensolen mais il est amené à traverser le village libéré pour faire une reconnaissance en direction du Rhin jusqu’en bordure de lisière de forêt d’où il distingue Breisach et le Kaiserstuhl. Le radio guidage cède le secteur aux américains et va se reposer à Widensolen qu’il quitte le 3 février pour rejoindre Colmar libéré la veille.

Philippe Raichlen dans ses mémoires évoque également la triste soirée du 10 février 1945 qui fera 5 tués et 10 blessés (les derniers du 1er RCP en Alsace) :
« ce soir de février (le 10, je crois) où la Caserne des Chasseurs, en plein milieu de la nuit, sauta à grand fracas : minée depuis 8 jours, nous l’occupions, insouciants du danger. La vie de quartier. Et soudain, dans l’obscurité, trois explosions immenses, à intervalles réguliers. Trois corps de bâtiment portés manquants, tout autour de celui que le radio guidage habitait. Les morts, les blessés. Les monceaux de décombres informes. Et l’évacuation précipitée de la caserne, le lendemain, dans un silence lugubre. »
Ainsi s’achève la campagne d’Alsace pour Philippe et ses camarades. Le 1er RCP a payé un lourd tribut dans les combats de libération de la poche de Colmar avec 167 tués et 512 blessés, ce qui représente 60% des effectifs engagés. Le 1er RCP quitte Colmar pour penser « ses plaies » à Lons-le Saulnier.
Fin février début mars 1945 il est en permission à Paris dans sa famille.

En avril-mai 1945, il rejoint Avord où tous les hommes non-brevetés effectuent leur stage parachutiste pour être brevetés.

C’est lors de cette période que Philippe effectue ses 5 derniers sauts en parachute (n°11 à 15) dont 2 le même jour.


Philippe Raichlen est démobilisé le 20 septembre 1945 et rentre chez lui à Fontenay-aux-Roses.

RESTE A ECRIRE LA PARTIE APRES GUERRE

Joseph Louis BALE III 1924 – 1945

Originaire du comté de Wayne, dans le Michigan, il est né à Detroit le 14 janvier 1924.
Il est le fils de Maurice Isaac Bale (1900-1965) et Edith Mary Pearlman (1901-1989). Il est surnommé « Little Jœ », contrairement à un autre membre de sa famille qui porte le même prénom et qui est lui surnommé « Big Jœ ».
Joseph L. Bale est un sportif accompli et reconnu dans le comté pour ses aptitudes sportive. Il apparait régulièrement en tête d’équipe lors des championnats de baseball, de cross-country et de basketball.
Joseph L. Bale prépare son entrée au Michigan State College, lorsqu’éclate la deuxième guerre mondiale. Il est alors enrôlé dans l’armée américaine et rejoint les effectifs de la 3rd Infrantry Division, où il effectue sa formation initiale.

Après ses classes, Le Private First Class (Pfc.) Joseph Louis Bale III, numéro de matricule 16105122, est affecté à l’Etat-major du second bataillon (Headquarters Company, 2nd Battalion) du 7th Infantry Regiment de la 3rd Infantry Division, de la Seventh U.S. Army. Le surnom donné aux soldats du 7th Infantry est « Cottonbalers » et leur devise « Volens et Potens » qui veut dire « Volonté et capacité » (Willing and Able).

Joseph participe aux débarquements d’Anzio en Italie et celui de Provence en France. Il effectue la longue remontée, des troupes alliées du sud de la France vers l’Alsace. Il est blessé à trois reprises au cours de son service actif et il réintègre à chaque fois son unité à l’issue de ses convalescences successives.
Au moment du déclenchement de l’opération « Krautbuster » c’est à dire le franchissement du canal de Colmar, puis la prise des localités de Wihr-en-Plaine et de Horbourg ; Le Pfc. Joseph L. Bale qui appartient à la compagnie d’état-major du 2nd Battalion du 7th Infantry Regiment est sous les ordres du Major Duncan.

Dans la nuit du 29 au 30 janvier 1945, alors que le 2nd Battalion vient de franchir le canal de Colmar et approche de Wihr-en-Plaine, les soldats américains se heurtent à deux chasseurs de chars « Jagdpanther » allemands. Ces derniers dispersent les fantassins américains par des tirs d’obus explosifs et de mitrailleuses, qui occasionnent des pertes notables, bousculent les Companies F et G et frappent de plein fouet la Company E qui se trouve en réserve, ainsi que le groupe d’état-major du bataillon.
Le Major Duncan appelle alors en renfort les équipes anti-char armés de bazookas, afin d’engager les blindés lourds allemands. Le Pfc. Joseph L. Bale, qui fait parti de l’une de ses équipes anti-char, se tourne alors vers le Major Duncan et lui dit : « Eh bien, Monsieur, nous voici au dernier round ! » Le jeu de mots en anglo-saxon (round = roquette/munition) est bien choisi car il n’a en effet plus qu’une roquette.
Le tir n’est pas aisé vu la distance à laquelle il se trouve par rapport au Jagdpanther (estimation à plus de 500 yards, soit 457 mètres) qui est très au-delà de la portée utile du bazooka (maximum 300 yards/270 mètres). Les soldats présents autour de Bale retiennent leur souffle… « J’avais l’impression que des années passèrent » se remémore plus tard le Major Duncan.
Le soldat Earl A. Reitan indique dans son livre autobiographique : « La roquette décrivit un arc et frappa le char, qui explosa et prit feu. L’équipage allemand sauta du blindé en flammes. Les hommes se roulèrent dans Ia neige pour éteindre le feu qui brulait leurs uniformes. Un second char leur vint en aide, récupéra les survivants et se replia. Une grande clameur vint de la compagnie E. J’entendis cette clameur et escaladais le mur, mais ne vis pas le tir miraculeux […]. »

Le Major Duncan notait les mêmes scènes de liesse parmi ses hommes : « Les soldats ne purent se réfréner. Ils hurlaient à pleins poumons. Certains pleuraient de joie sans retenue. »
Certains soldats américains voulurent ouvrir le feu sur l’équipage du Jagdpanther, mais ne disposant plus de roquettes de bazooka, ils jugèrent préférable de ne pas attirer l’attention sur eux.
Le blindé allemand détruit est à priori le Jagdpanther numéro 311 commandé par l’Unteroffizier Hüsing. Deux membres d’équipage sont tués dont Hüsing lui-même, probablement morts brûlés vifs dans le blindé. Les trois autres membres d’équipage du char sont blessés (dont le tireur Roth). Le second Jagdpanther, après avoir récupéré les survivants de l’équipage, se replie dans le village.
Plus tard, dans la matinée du 30 janvier 1945, les forces allemandes déclenchent une violente contre-attaque qui vise à reprendre Wihr-en-Plaine. Celle-ci est appuyée par le Jagdpanther rescapé de l’accrochage précédent, aux abords du village. Le Major Duncan ordonne alors à ses hommes de se mettre à couvert dans les bâtiments, puis demande un tir de soutien d’artillerie sur la localité pour stopper l’offensive allemande.
C’est à ce moment-là que le Pfc. Joseph L. Bale, auteur du tir « miraculeux » au bazooka, tente de détruire le second blindé allemand. Réapprovisionné en roquettes, il tir depuis l’intérieur du bâtiment où il se trouve. Afin d’accélérer sa cadence de tir, Bale veut charger lui-même son bazooka, ce qui est normalement la tâche du pourvoyeur. Alors qu’il veut insérer la roquette dans le tube de son bazooka, cette dernière lui glisse des mains qui sont engourdies par le froid, et explose au contact du sol : elle lui arrache les deux jambes ! Il meurt peu de temps après des suites de ses blessures. Dix-sept autres de ses camarades qui se trouvent à proximité sont également blessés ou commotionnés par cette explosion.
Pour son action on lui décerne à titre posthume, l’une des décorations les plus prestigieuses de l’armée américaine, à savoir la Distinguished Service Cross, ainsi que la Purple Heart (médaille des blessés) avec trois feuilles de chêne (3 fois blessés).
La citation présidentielle qui accompagne la remise de la Distinguished Service Cross est la suivante :
« Le Président des Etats-Unis d’Amérique, autorisé par Acte du Congrès du 9 juillet 1918, est fier de décerner la Distinguished Service Cross (à titre posthume) au soldat de première classe Joseph L. Bale (matricule : 16105122), de l’Armée des Etats-Unis, pour son extraordinaire héroïsme en lien avec des opérations militaires contre un ennemi armé durant son temps de service au 2e Bataillon du 7e Régiment d’Infanterie de la 3e Division d’Infanterie, au combat contre les troupes ennemies le 30 janvier 1945 à proximité de Wihr-en-Plaine, France.
Ce jour-là, le bataillon du soldat Bale fut attaqué et stoppé par des blindés ennemis qui écrasèrent plusieurs fusiliers, en tuant un grand nombre.
Sous les tirs de 88 mm, d’armes automatiques et de grenades à fusil, le soldat de première classe Joseph L. Bale attaque sans crainte avec son lance-roquettes, ignorant les obus qui explosaient à cinq yards alentours et les balles d’armes automatiques qui martelaient la position. Il mit hors de combat un blindé ennemi, obligeant les Allemands à battre en retraite. Plus tard dans la même matinée, alors que son bataillon était attaqué par un autre blindé à une centaine de yards de distance, il brava un tir d’artillerie en tentant à lui seul de détruire ce dernier, mais fut mortellement blessé. Les actions intrépides du soldat de première classe Bale, sa bravoure et le zèle dont il fit preuve dans son dévouement au prix de sa vie, illustrent les plus hautes traditions des forces armées des Etats-Unis et rayonnent à grand crédit sur lui-même, la 3e Division d’Infanterie et l’Armée des Etats-Unis. »
Le Pfc. Joseph L. Bale III repose en paix pour l’éternité au milieu de ses frères d’armes au cimetière militaire américain d’Epinal.

Sa tombe (n°56) se trouve dans le Carré B, dans la Rangée 34.
En Mémoire de son sacrifice ultime pour la libération de Wihr-en-plaine, nous lui rendons l’hommage qu’il mérite et ne l’oublierons jamais !
Philippe Pierre Gustave DAUFRESNE 1921 – 1987

Philippe Daufresne est né le 30 novembre 1921 dans le 8ème arrondissement de Paris (75) dans une famille bourgeoise.
Son père Robert (5/02/1891 – 18/08/1954) est un ancien combattant de la première guerre mondiale, Chevalier de la Légion d’Honneur, 2 citations avec Croix de Guerre 1914-1918 et Croix de l’Aigle Blanc de Serbie est ingénieur des arts en manufactures.
Philippe est l’ainé d’une fratrie de 3 garçons : Jean-Claude (architecte en chef du Louvres) et Patrice (décédé à l’âge de 35 ans).
Il effectue ses études au collège de Sainte Croix de Neuilly sur Seine.

Après son baccalauréat Il étudie à l’École supérieure des sciences économiques et commerciales (ESSEC).
Philippe s’engage volontairement après la libération de Paris fin août 1944.

L’unité est constituée lors de la libération de Paris par des étudiants (en particulier issus du lycée Janson de Sailly) et des ouvriers de l’ouest parisien.
Le bataillon rejoint clandestinement la Première Armée Française du général de Lattre à Gray en Haute-Saône, le 27 septembre 1944 et part parfaire son instruction au camp de Valdahon
Pour son baptême du feu il est engagé avec les Commandos de France et le Bataillon de Choc le 22 novembre 1944 à Masevaux(68), où il subit ses premières pertes.
Devenu 2e bataillon de choc, au sein du 2e groupement, il est à nouveau engagé dans la région de Mulhouse et libère la ville de Richwiller le 24 janvier 1945.
Philippe Daufresne est sergent au 2ème Bataillon de Choc et combat avec la 1ère Compagnie.
Il effectue la campagne d’Alsace et d’Allemagne.

Il obtient une citation avec attribution de la Croix de Guerre 1939-1945.

Il se marie le 14 novembre 1946 à Neuilly sur Seine avec Françoise Marchand (né le 13/06/1923).

Leur premier fils, Eric né en 1947, suivi d’un deuxième garçon Jean-Christophe et d’une fille Dominique.

Après sa démobilisation Philippe travaille dans une entreprise pétrolière américaine, la CALTEX, puis dans la cosmétique de luxe chez ROUGE BAISER à la direction commerciale.

Par la suite il alternera les périodes de chômage et d’activité professionnelle.
L’un de ses loisirs préférés est la chasse qu’il pratique assidument dans une propriété familiale dans la Marne. Il a également un don pour le bricolage.
En 1987 après l’achat d’une résidence secondaire en Normandie et un déménagement éprouvant il rentre à Paris et décède subitement dans la nuit d’une crise cardiaque à l’âge de 66 ans.
Nous remercions sincèrement son fils Eric pour le partage de son histoire familial afin de rendre hommage à Philippe Daufresne et à son engagement au service de la Liberté.
Raymond LOCCI 1926 –

Raymond Locci est né le 4 juillet 1926 à Esch-sur-Alzette au Luxembourg « par accident » comme il nous le dit lui-même.
Ses grand-parents d’origine italienne et sa famille habitait à Villerupt (ville voisine d’Esch-sur-Alzette) qui se trouve en Meurthe-et-Moselle(54).

Il est l’ainé des enfants de son père et sa mère et il a une soeur et un demi-frère suite au divorce de ses parents.
Auguste(né le 7/8/1897) son père qui est coiffeur déménage à Vittel où il ouvre un salon de coiffure (qui a très bonne réputation et accueil la bourgeoisie locale), et c’est dans cette ville que Raymond entre à la maternelle.

En 1932 Raymond et sa famille déménagent à nouveau pour s’établir à Nancy puis à Plainfaing suite à des ennuis de santé de son père, puis à Saint-Dié (ils vont déménager ainsi 11 fois).
Une fois établit à Saint-Dié son père décide que Raymond exercera le même métier que lui…ce qui ne conviendra jamais à Raymond.

A 14 ans en 1940 il obtient son certificat d’étude et travaille avec son père au salon de coiffure.
En 1940 son père est appelé sous les drapeaux et Raymond voit s’installer chez lui et sa belle -mère des soldats français. Une fois la guerre perdue par la France il part s’installer à Saint-Dié où il trouve un travail de garçon coiffeur jusqu’en 1943.
La même année il perd son travail et comme nous l’explique Raymond c’était mal vue de trainer dans les rues sans rien faire : il est contrôlé à la gare de Saint-Dié par des français et des allemands et comme il est sans travail il est immédiatement embarqué à Nancy au centre d’apprentissage accéléré de la rue Cyfflé du service encadré du travail (en zone libre s’était le STO).

Il se retrouve comme apprenti tourneur sur métaux dans l’école d’apprentissage pour l’entreprise JUNKER qui fabrique des avions pour l’armée de l’air allemande (une fois la formation terminée il est prévu de l’envoyer dans une usine JUNKER en Allemagne) et il doit porter un uniforme avec une francisque sur l’épaule; pas de quoi le réjouir. Lors de cette formation il est nourri, blanchi, logé et il fait la connaissance de Fred GRI qui est apprenti ajusteur et qui devient son copain. Ils s’aperçoivent que les pièces les plus belles sont présentées dans une vitrine avec le numéro de celui qui les a réalisées. Fabriquant les mêmes ils subtilisent les plus belles, effacent à coups de lime les numéros et frappent le leur mais cela ne va pas leur réussir car ils sont dans les meilleurs apprentis avec ce subterfuge. En mars 1944 ils se retrouvent sur la liste des meilleurs apprentis qui doivent rejoindre une usine en Allemagne. Les deux compères refusent de partir dans l’industrie de guerre allemande et décident de rejoindre l’Espagne pour tenter de rejoindre l’Afrique du Nord!
Ils achètent une carte routière et regardent où le train peut aller au plus proche de la frontière espagnole….c’est Lourdes! Pour financer ce voyage ils font la quête avec son copain pour acheter les billets de train à Champigneulles pour éviter les contrôles à la gare de Nancy. Quand ils rentrent au centre d’apprentissage un comité d’accueil les attends avec le chef de camp, le directeur allemand car ils cherchent à savoir qui sont les 2 personnes qui projettent de s’enfuir?…personne ne répond et en signe de menace ils sont avertis que si l’un d’entre eux manque à l’appel demain ils seront tous responsables.

A minuit, le 10 mars 1944, Raymond et Fred « font le mur » pour prendre un train de nuit vers une heure du matin en direction de Paris où Fred avait de la parenté. Ils y restent 2/3 jours. Ils ont des tickets de rationnement obtenus grâce à l’aide d’une personne du bureau du centre d’apprentissage qu’ils revendent très facilement pour se faire de l’argent avant de partir à Lourdes. Le train pour Lourdes est archi bondé, les gens dorment à même le sol et lors du franchissement de la ligne de démarcation, Raymond et Fred dorment dans le couloir : ayant leur uniforme du centre d’apprentissage avec la Francisque du régime de Vichy sur la manche, les contrôleurs allemands les enjambent sans vérification…la chance est avec eux!

Arrivés à Lourdes à la descente du train ils entrent au « café des Cheminots » pour se restaurer. En sortant un gars les attend de l’autre côté du trottoir, relativement âgé, les interpelle et leur demande s’ils partent en Espagne? la réponse est oui! Le gars leur dit qu’il y mieux à faire et les embarque dans le maquis chez les FTP (Francs Tireurs Partisans) dans le secteur de Oloron-Sainte-Marie…c’est un vrai repaire de « bandits ». Raymond et Fred décident rapidement de s’en sauver et scrutent au loin la chaine des Pyrénées pour voir par où ils peuvent passer. Une nuit Raymond est de garde avec comme seule arme un petit pistolet (6.35mm). Il réveille son copain et partent en pleine nuit en direction de l’Espagne. Il passent par Bedous, Accous… et ils s’arrêtent un peu partout dont une épicerie où ils demandent la direction de l’Espagne au grand damne de l’épicière qui est affolée par leur imprudence car les allemands viennent à peine de sortir de son commerce et elle leur conseille de faire très attention. A l’approche des chaines des Pyrénées on leur indique une ferme à rejoindre où une brave dame dont les enfants sont déjà parti en Espagne leur indique le chemin à suivre et leur précise que quand ils verront trois lacs ils seront quasiment arrivés. Raymond nous explique qu’ils n’ont jamais vu les 3 lacs car il neigeait, les lacs étaient gelés, tout était blanc recouvert de neige. Pour les aider elle leur donne deux grands bâtons de berger d’une hauteur de 2 mètres environs et qui leur seront bien utiles. Ils partent seul, sans guide, dans la montagne au petit bonheur la chance. Ils se rendent rapidement compte qu’avec le manteau neigeux ils s’enfoncent profondément ce qui rend la progression très difficile. Ils trouvent rapidement la solution en attendant minuit, une heure du matin pour grimper lorsque la neige est gelé. Arrivée en haut ils descendent sur les fesses les pentes avec le bâton sous le bras qui sert de gouvernail. La journée il patiente en bas des cols à franchir pour reprendre des forces et attendre la nuit suivante. Ils vont mettre 3 jours pour franchir les 3 rangées de la chaîne des Pyrénées.
Pour l’anecdote lors de ce périple ils marchent dans les traces d’un ours et pour se donner du courage Raymond prévoit d’utiliser son petit révolver contre lui si jamais ils tombent nez à nez avec lui en sachant qu’il n’y a aucune change d’arrêter un animal de cette taille avec un si petit pistolet. Heureusement ils ne verront jamais l’ours et de plus au cours d’une descente ils perdent l’arme avec 2 pommes de terre qui devaient leur servir de vivre.

Le 20 mars 1944, il distingue au loin un bâtiment et ils savent qu’ils sont proche de la frontière espagnole. Il s’agit d’un bâtiment des ponts et chaussées espagnols avec 2 gendarmes de la Guardia Civil qui les accueillent : à midi ils sont enfin en Espagne et à midi et demi ils sont en prison! Le seul côté positif est qu’ils reçoivent à manger car ils n’avaient plus rien à manger (ils avaient récupéré dans du crottin de cheval des peaux d’orange qu’ils ont lavés puis mangés lors de leur franchissement). De là ils sont transférés à la prison de Canfranc, puis à Jaca où ils sont tondus, puis à la prison centrale de Saragosse avec des prisonniers de droit commun (ils sont 7 ou 8 dans une cellule de 3m sur 3 avec juste un robinet et un trou dans un mur pour faire leurs besoins). Raymond se souvient que dans cette prison les espagnoles exécutaient encore tous les jours des prisonniers républicains. A Saragosse ils sont pris en charge une dizaine de jours par la Croix Rouge qui leur donne un peu d’argent, des habits puis sont remis dans un train et arrivent à Miranda où par chance ils ne restent que deux jours (Raymond prend la nationalité canadienne change de nom et se vieillit de deux ans…il gardera cette fausse identité jusqu’à son mariage fin 1948). Via la Croix Rouge, ils se retrouvent avec ceux aptes pour le service militaire et partent à Molinar de Carranza à côté de Bilbao , où ils sont très bien traités. De là Raymond et son camarade Fred rejoignent Madrid puis direction Gibraltar où ils deviennent des sujets britanniques pour une journée (grâce à la Croix Rouge) pour pouvoir entrer dans Gibraltar.
D’espagne, via la Croix Rouge, Raymond (J3) et Fred(gauloise bleue) font parvenir à Saint-Dié un message pour rassurer leurs proches dont la future épouse de Raymond :
« J3 et Gauloise bleue sont bien arrivés »

A Gibraltar il monte sur le bateau français « Marrakech » où plusieurs hommes sont arrêtés et menottés suite aux enquêtes menées par les forces françaises pendant leur séjour en Espagne. Ils débarquent à Casablanca au Maroc et sont transférés au Camp de Mediouna (à environ 10 km au sud-est de Casablanca) où Raymond nous raconte qu’il y avait des tables avec des sergents recruteurs qui cherchent à attirer dans leurs unités : « engager vous dans l’armée de l’air, dans les paras »… »engagez vous dans la Marine »… »Engagez-vous dans… ». Raymond est obnubilé par la casquette des aviateurs et c’est pourquoi il choisi le 17 mai 1944 de s’engager pour la durée de la guerre dans l’Armée de l’Air au titre du dépôt d’aviation n°209 de Casablanca. Il souhaite devenir pilote mais il est recalé à la visite médicale en raison de son daltonisme. Il se retrouve à Ben m’sik en banlieue de Casablanca au dépôt de l’aviation où il attend une nouvelle affectation jusqu’à ce qu’il croise un soldat avec l’insigne des troupes parachutistes qui lui indique que s’il veut les rejoindre il doit se rendre à Baraki près d’Alger.
Le soir même Raymond prend son sac, le train avec lequel il met 3 jours de Casablanca à Alger (son copain Fred GRI à rejoint les Commandos de France). Arrivé à Baraki, il s’installe dans un ancien camp militaire où ils sont à 40 dans une chambre. Deux choix se présente à lui : rejoindre le 3ème BIA en Angleterre (3e bataillon d’infanterie de l’air qui devient le 3e régiment de chasseurs parachutistes)mais pas avant 2/3 mois le temps de constituer un convoi ou alors le 1er RCP (1er Régiment de Chasseurs Parachutistes) en Italie. Raymond nous raconte qu’il a été influencé par son choix par 2 dessins sur deux murs : un avec un para du 3ème BIA avec des toiles d’araignées et un autre avec un para du 1er RCP pimpant en pleine forme… »c’est là que je veux aller! » s’exclame Raymond.

Il est envoyé à la base aérienne n°320 à Alger où il est rhabillé des pieds à la tête. De là il part en bateau d’Alger le 7 juillet 1944 et débarque le 9 à Naples puis rejoint Rome en camion où il nous dit qu’il fera « deux mois de tourisme ». Il est affecté à la 2ème Cie (dont la devise est « Pas moyen, moyen quand même ») du 1er RCP qui est la compagnie des services administratifs et logistiques du régiment. Elle est commandée par le Capitaine Bastouil (brevet parachutiste n°13). Raymond se souvient également de deux adjudant; l’un qui lui faisait peur « une vraie peau de vache » l’adjudant Marchal et un deuxième qui s’occupait de l’armement et qui avant un penchant pour la bouteille (l’adjudant Leroux).

Raymond Locci se souvient de la forte émotion et la joie qu’il a ressenti début septembre à l’annonce du départ pour la France et sa libération. En deux vagues d’avions le régiment décolle de Rome et atterrit à Valence. Quand Raymond descend de l’avion dans lequel il était le 3 septembre 1944 , le premier homme qu’il voit, est un très bon copain de Saint-Dié (Reiss?) qui était engagé dans le maquis du Vercors. Toutes les compagnies se regroupent et le régiment intègre l’Armée B qui devient la Première Armée Française du général de Lattre.
Raymond et ses camarades montent dans des camions et se dirigent vers Rupt-sur-Moselle où débute pour Raymond la campagne des Vosges. Il se souvient de l’audacieuse manoeuvre du Commandant Faure validé par le colonel Geille : dans un silence absolu toutes les compagnies, les unes derrière les autres, vont progresser en colonne par un, dans une nuit si noire que chaque homme doit tenir le précédent pas sa musette sac à dos) afin d’atteindre le col du Morbieu sans être détecté par les allemands qui tiennent de part et d’autres de toutes les crêtes. Le régiment forme ainsi une gigantesque file indienne, s’infiltre dans le plus grand silence le dispositif ennemi et parcourt plus de 8 kms pour arriver à l’aube au plus près du col du Morbieu.

Du 4 au 21 octobre les combats seront intenses et les hommes du 1er RCP vont se battre comme des lions face à un adversaire redoutable qui ne lâche rien. Raymond pense que sa première expérience au feu était dans le secteur de la forêt du Gehan où il a pour mission de transporter, à l’aide de brêles (surnommé humoristiquement par les hommes du 1er RCP « Le Royal Brêle Force » référence à la Royale Air Force britannique) des munitions ou vivres à travers les chemins tortueux des montagnes des Vosges, pour livrer sa précieuse cargaison à ses camarades en contact direct avec l’ennemi, sous un déluge d’artillerie (surtout des obus de mortier) et une pluie continue qui ne facilite pas la tâche aux combattants.
Pour l’anecdote Raymond se souvient qu’à peine qu’ il avait creusé un trou pour s’abriter, dix minutes après il y avait déjà 10 cm d’eau au fond. Raymond en tant que grenadier voltigeur équipé d’un fusil Garand participe à toute la campagne des Vosges. Il se blesse à la main (coupure) en plongeant au sol lors d’un tir d’artillerie adverse et il est soigné à Travexin où le poste de secours se trouve à l’école. Une fois pansé, il rejoint ses camarades pour poursuivre le combat dans la forêt du Gehan. Le 21 octobre 1944 le 1er Bataillon dont fait parti la 2ème compagnie quitte Travexin pour rejoindre Saulx-de-Vesoul puis début novembre Lons-le Saulnier pour un repos bien mérité.

La percée des hommes du 1er RCP à travers le dispositif allemand dans le massif des Vosges résonne des noms des lieux ( Ferdrupt – col du Morbieu – forêt du Gehan, tête du Midi – le ménil – côte 1008 – col du Ménil – côte 1111 ) où ils vont se battre héroïquement dans des conditions matériels, climatiques très difficiles et face à un adversaire en surnombre du 2 au 22 octobre 1944 au prix de lourdes pertes : 129 tués et 339 blessés. Devant les pertes subies par l’ensemble de la 1ère Armée dans les Vosges le général de Lattre décide d’abandonner l’offensive dans ce secteur pour accentuer ses efforts dans la trouée de Belfort qui permettra de libérer Mulhouse le 21 novembre 1944.
Le régiment est dirigé sur l’Alsace le 7 décembre 1944 itinéraire Besançon -Luxeuil – Plombières – Remiremont – St Dié – vallée de la Bruche – Gerstheim) et Raymond traverse en camion Saint-Dié où il salut plusieurs gars qu’il connait qui marche en bord de route mais ils ne le reconnaissent pas sous son casque et son équipement militaire.
Le 1er RCP commence la campagne d’Alsace en étant rattaché à la 2ème Division Blindée (2ème DB) du général Leclerc qui doit fixer les troupes allemandes le long du Rhin en lançant des attaques en partant de Gerstheim (25 kms au sud de Strasbourg) vers Colmar pour permettre à la 36ème Division d’Infanterie US (36th IDUS) de déborder Colmar par le nord-est. Du 13 au 22 décembre 1944 le 1er RCP combat à Witternheim(67), Neunkirch(67), Bindernheim(67), les bois de Mayhols, Friesenheim(67)…sous un déluge de feu et d’acier.

Pour donner une idée de l’intensité des combats le 1er bataillon du 1er RCP perd plus de 200 hommes (tués ou blessés) en seulement 3 jours dont 10 officiers et 43 sous-officiers.
Le 22 décembre 1944 le 1er RCP quitte les premières lignes de ce secteur pour retourner à l’arrière.
Le 30 décembre 1944 le 1er RCP quitte Plombières, passe par Remiremont, Gérardmer, Anould, Fraize, Plainfaing, le col du Bonhomme, Le Bonhomme, Lapoutroie et Hachimette qui est atteint le jour même (1 mètre de neige sur les cols et des températures de -20 degrés). A Lapoutroie Raymond se souvient avoir trouvé un stock de skis laissé par les allemands qu’il a distribué aux habitants du village la nuit de nouvel an.
Il se souvient également avoir brûlé des bancs de l’église d’Hachimette pour se chauffer à l’intérieur de l’église. Dans la journée du 7 janvier 1945 le régiment quitte ce secteur pour se reposer à l’arrière.
Raymond se retrouve à Obernai où comme il le dit « son destin s’est joué » parce qu’il voit un Dodge sans personnel; il monte dedans car il a envie de conduire alors qu’il n’a pas le permis et il part faire un tour avec. En revenant en voulant garer le véhicule il se retrouve les « quatre fers en l’air » avec l’arrière du Dodge dans le ruisseau qui longe la route. Les cardans sont cassés; Raymond doit rentrer à pied pour rendre compte à son adjudant de sa mésaventure qui lui donne une bonne correction… « sans rancune » comme nous le dit Raymond.

Comme punition il est muté à la 10ème compagnie commandé par le capitaine Le Saux avec lequel ça c’est très bien passé pour Raymond (il se souvient de certains cadres comme l’aspirant Bianchi, l’adjudant Dujourdi, le lieutenant Saale) qui est affecté à un poste de voltigeur-pourvoyeur de mitrailleuse (en plus de son fusil Garand, de ses munitions personnelles, il porte deux caisses à munition pour la mitrailleuse et aide au chargement lors des tirs). Pour l’anecdote à chaque fois que Raymond devait se mettre à plat vendre pour éviter les tirs ennemis il mettait un certain temps pour se relever en raison de toute la charge qu’il avait sur lui et qu’il devait transporter.
Suite à la contre-offensive allemande sur Strasbourg le 2ème Bataillon (Raymond avec la 10ème Cie) du 1er RCP est dépêché en urgence à Benfeld le 9 janvier 1945 où il combat à Herbsheim(67) et Rossfeld(67).

Le 15 janvier 1945, le 1er RCP est mis à la disposition du Combat Command 6 de la 5ème Division Blindée du général de Vernejoul et va participer aux terribles combats de Jebsheim du 25 au 30 janvier(76 tués et 167 blessés),
Pour arriver sur Jebsheim la 10ème compagnie va passer par Guémar où certains de ses camarades récupèrent dans le couvent des chemises blanches (des soeurs du couvent) afin d’être moins visible dans la neige (ils avaient tous des tenues kaki). Raymond se souvient d’une patrouille avec l’aspirant Bianchi dans le secteur de Jebsheim où au loin ils voient des silhouettes. L’aspirant Bianchi qui parle anglais leur demande s’ils sont américains?…A peine le temps de se baisser et les tirs sont passés au-dessus d’eux…il s’agissait d’une patrouille allemande. Les paras se sont repliés car l’adversaire était lourdement armé. Autre méprise le 25 janvier 1945 avec celle d’un chasseur-bombardier, un P47 français qui largue 2 bombes sur les positions de la 10ème compagnie et qui ne fera heureusement que 2 blessés. C’est par la vive réaction du chasseur parachutiste Lecuona qu’un deuxième avion ne largue pas ses bombes en le voyant agiter un drapeau français qu’il avait récupéré dans les décombre d’une maison à Guémar. Le 26 janvier un tir de mortier allemand qui s’abat sur la 10ème compagnie sera particulièrement meurtrier avec 7 tués et 13 blessés en quelques minutes.
Le 27 janvier Raymond et ses camarades sont « écrasés » sous les bombardement allemands et c’est ce jour-là que la guerre et la campagne d’Alsace se termine pour Raymond qui est grièvement blessé à au pied gauche et à l’épaule droite. Ils nous raconte la suite de son parcours :
« Je suis parti sur un brancard. Nous étions trois, nous n’avions pas pu creuser profondément car le sol était gelé. Celui du milieu a été tué (il s’agit du chasseur parachutiste Gérard Bapaume qui est enterré à la nécropole de Cronenbourg) et l’autre également blessé. il était 17h. Des gars m’ont récupéré en première ligne puis des ambulancières m’emmènent au centre de secours de Sainte-Marie-aux-Mines. J’entends parlé d’amputation ce qui ne me rassure pas vraiment. Le lendemain matin quand je me réveille mon premier réflexe est de tirer le drap pour vérifier que mon pieds gauche est là.. il l’était j’étais rassuré. Je reconnais une infirmière qui me reconnait car j’étais à St-Dié au préventorium où j’ai été opéré . Je lui ai demandé de prévenir ma famille, mes amis que j’étais là mais deux heures après, manque de chance, j’ai été évacué vers l’hôpital de Besançon puis à l’hôpital Purpan de Toulouse, puis dans un hospice à Pamiers avec une dizaine d’autres blessés.
Nous avons été formidablement reçu par la commune. Ne sachant pas où aller en convalescence je suis parti chez des amis au Maroc en avion, en partant du Bourget dans la soute à bombes d’un B26 où il avait installé des bancs. Après je suis rentré du Maroc et je suis arrivé le 10 juillet 1945 à Meudon où se trouvait le dépôt d’aviation n°212. J’ai assisté au défilé de mes camarades le 14 juillet et j’étais déçu de ne pouvoir y participer. Je me retrouve inapte pour continuer dans les parachutistes et je décide de me rendre au ministère de l’air. A Paris, j’ai eu une chance inouïe car dans un des couloirs du ministère un commandant me croise et il me demande ce que je fais là : je veux rejoindre mon régiment le 1er RCP qui doit partir au japon…1/4h après j’étais réaffecté au régiment. Mais arrivé au régiment à Avord, du fait de mes blessures je suis toujours inapte et je dois passer une visite médicale. J’avais constaté que sur nos papiers nous n’avions pas de photo et c’est un de mes copains qui l’a passé à ma place ..et ça a marché impeccablement. J’ai ainsi pu réintégrer la 10ème compagnie. Nous avons ensuite rejoint Pau en Train où nous avons eu quelques soucis pendant le voyage car certains gars tiraient (nous avions gardé notre armement) à partir du train sur le gibier. «

Pour son action au combat, le chasseur parachutiste Raymond Locci est cité à l’ordre de la Brigade par le colonel Boutaud de Lavilléon commandant le CC6 : LOCCI Raymond – 2ème classe –1 RCP :
« Jeune volontaire parachutiste nouvellement affecté à la compagnie. S’est distingué dès l’abord par son courage et son sang-froid, a été blessé le 27 janvier 1945, au cours d’un bombardement sur la position tenue par le bataillon dans les bois du moulin de Jebsheim ». Cette citation comporte l’attribution de la Croix de guerre 1939-1945 avec étoile de bronze.

Raymond Locci nous raconte quels meneurs d’hommes étaient les cadres du 1er Régiment de Chasseurs Parachutistes comme par exemple son commandant de compagnie, le capitaine Le Saux qui jamais ne s’est baissé ou couché sous les tirs d’artillerie ou la mitraille et qui calmement continuait à donner ses ordres. Il forçait l’admiration de ses hommes et de Raymond, de part son flegme, sa détermination et son courage à toutes épreuves : « on ne pouvait que le suivre et donner le meilleur de nous même! ».
Il passe avec son unité de l’armée de l’air à l’armée de terre le 01 août 1945.
Il est démobilisé le 19 décembre 1945 avec une permission libérable de 97 jours et rayé des contrôles du 1 RCP le 26-03-1946.
Il se rengage au titre du 1 RCP le 1 mai 1946 en tant que 2ème classe et il est nommé soldat de première classe le 1 octobre 1946.

Il se porte volontaire pour l’Indochine et embarque à Bône, sur le croiseur Duquesne, le 23 décembre 1946.
Suite à des problèmes mécaniques le croiseur stoppe ses machines en Mer Rouge pendant 8 jours le temps d’effectuer les réparations. Raymond débarque à Haïphong le 23 janvier 1947 après un périple d’un mois.

Le 1 mai 1947 il se rengage pour 2 ans et il est nommé caporal le 1 octobre 1947.

Il est cité à l’ordre du Régiment par le Général de Division Salan commandant les troupes françaises d’Indochine du Nord : LOCCI Raymond – caporal – 3/1 RCP :
« Combattant d’élite aux réflexes sûrs. Parachuté une première fois à PHU TO (Tonkin) le 13-05-1947, une deuxième fois à CHO Don (Tonkin) le 8 -10- 1947 où il s’est distingué au cours d’un regroupement au sol difficile, a participé brillamment à toutes les opérations de sa compagnie en particulier à la prise du centre industriel de BAN THI où purent être appréciées ses qualités de voltigeur de pointe».
Cette citation comporte l’attribution de la Croix de guerre des TOE avec étoile de bronze. Hanoi, le 23-12-1947.

Il est nommé caporal-chef le 1 avril 1948 et embarque à Haïphong le 30 juin 1948 sur le bateau « Pasteur ».

Il est nommé au grade de sergent sur le bateau le 1 juillet et arrive au port de Marseille le 22 juillet 1948. il rentre à Saint-Dié pour une permission de 120 jours et décide de se marier avec Paulette Patour qu’il avait rencontré à Saint-Dié en 1942. Il est mal vue par sa belle famille qui l’appelle « le Mercenaire »et qui ne veulent surtout pas qu’ils se marient. Quand Raymond arrive à Saint-Dié, il est en uniforme et il attend devant le magasin des beaux-parents : « une furie est descendue, ma future belle-mère qui me dit de rentrer pour ne pas rameuter tout le quartier! » En fin de compte ils vont pouvoir se marier, en même temps que la soeur de son épouse qui est enceinte. Mais Raymond oublie un petit détail : son état civil…car il est toujours sous sa fausse identité. Arrivé à la Mairie on leur dit que ce n’est pas possible car la date de naissance et le nom sont faux.

De plus Raymond étant sous-officier il doit obtenir l’accord de son chef de corps (il a oublié ce détail). Après une course contre la montre avec les services administratifs tout est en ordre et ils peuvent enfin se marier le 20 novembre 1948…car Raymond embarque à Marseille le 5 décembre pour rejoindre le 1er RCP à Sétif où il arrive le 9 décembre 1948 (sa femme restant à St-Dié).

Arrivé en fin de contrat en 1949 il rentre fin janvier en métropole et il est rayé des contrôle du 1er RCP le 2 mai 1949.
De retour à la vie civile il travaille avec son épouse dans le magasin de sa belle famille et monte une affaire de vente de volailles en gros. Leur famille s’agrandit avec l’arrivée de Lysianne(1950), Daniel(1951) et Corrine (1958).
Du 20 août au 16 septembre 1951, il effectue un stage de 4 semaines à l’Ecole des sous-officiers de Strasbourg. Il rentre chez lui avec le grade de sergent-chef.
Le 10 octobre 1956 il est nommé au grade de sous-lieutenant.
En octobre 1955 il souscrit un contrat de réserve active et il est rappelé à l’activité le 6 novembre 1956. il est affecté au SEPR de Nancy au titre des formations parachutistes à partir du 1er mars 1957.
Raymond Locci est titulaire du brevet parachutiste n° 12202.

Le 1 septembre 1957 il est affecté au 11ème Bataillon de Choc à Perpignan et il rejoint avec son unité l’Afrique du Nord.

En fin de contrat, il embarque à Philippeville sur le bateau « Djebel Dira » le 24 mai 1958 et arrive 1 jour plus tard à Marseille. il est hospitalisé une semaine à l’Hôpital Lyautey de Strasbourg du 21 juillet au 1 août 1958 avant de rentrer à Saint-Dié le 16 août 1958.
Il est promu au grade de lieutenant de réserve le 1 octobre 1958 et au grade de capitaine de réserve le 1 octobre 1963.

Les décorations de Raymond Locci :
Officier de la Légion d’Honneur depuis le 26-04-2005
Chevalier de la Légion d’Honneur le 11-02-1962
Croix de guerre 1939-1945 avec 1 étoile de bronze
Croix de guerre des TOE avec 1 étoile de bronze
Médaille des Evadés
Médaille coloniale agrafe EO
Médaille commémorative Indochine
Médaille du combattant volontaire
En parlant avec un copain il apprend que le concessionnaire auto où il travaille son ami, cherche un vendeur. Raymond lui dit qu’il est intéressé et c’est ainsi qu’il entame une carrière de commercial dans la vente de véhicules automobiles(pendant 8 ans) pour un concessionnaire de la marque Peugeot à Saint-Dié, où il gravit tous les échelons pour accéder au poste de chef des ventes et directeur commercial (pendant 7 ans).
Raymond prend une retraite bien méritée en 1982 et en profite pour voyager à travers le monde avec son épouse (Brésil, Japon, Californie…) jusqu’au décès de celle-ci il y a trois ans.

Toujours très actif, Raymond Locci est présent aux commémorations des combats de la campagne des Vosges au Ménil(88) et des combats de la campagne d’Alsace à Jebsheim (68) en mémoire de tous ses camarades morts au combat ou disparus depuis et nous espérons l’y retrouver encore pendant de nombreuses années.

Nous remercions très sincèrement Monsieur Locci, pour sa disponibilité et d’avoir bien voulu répondre à nos questions, samedi 8 mars 2025, afin de pouvoir retracer son parcours exceptionnel et lui rendre l’hommage qu’il mérite pour son engagement sans faille au service de la France et de notre Liberté.
MERCI Monsieur Locci!!!
















G’STYR Ernest Joseph 1920 – 1945

Il est né le 2 mars 1920 à Reichshoffen (67). C’est le fils de Charles G’STYR et de Louise Garny et ils vivent à Rombas (57).
Il est incorporé de force le 26 juin 1943 dans la « Kriegsmarine allemande » à la Vorpostenflottille n° 66ème (66.VP – 66ème flottille d’avant-poste) à Bodo en Norvège sur le « Vorpostenboot numéro V6613 » dont le nom est KFK221 « Kriegsfischkutter 221 » et qui est fait parti du Minensuchgruppe (groupe de chasseurs de mines) de la 66.VP.

Appelés par les Allemand Vorpostenboot ils ont été récupérés ou saisis en grand nombre sur les côtes allemandes et les côtes des territoires occupés. En raison du manque de « vrais » navires de guerre, plusieurs types de bateaux existants(bateaux de pêche, chalutiers, yachts…) ont été modifiés pour servir comme navire armé dans la Kriegsmarine. Ils servent dans toutes les zones côtières où la Kriegsmarine opére (patrouille, escorte, chasseur de mines et sous-marins…) et sont généralement armés avec des canons de 8,8cm et et des canons antiaériens de différents types et nombres. Les Vorpostenboot pouvaient se battre contre les vedettes et petits navires alliés qu’ils affrontaient mais ils n’étaient pas en capacité d’affronter des destroyers ou navires de guerre plus importants.
G’STYR Ernest est froidement assassiné le 8 mai 1945 le long des côtes de Bodo en Norvège, à bord du bateau V6613 par un sous-officier allemand nommé Ungerer et qui s’est par la suite suicidé pour échapper à son arrestation.
La mention « MORT POUR LA FRANCE » lui est accordée le 15 octobre 1957.

Après-guerre dans le cadre de l’enquête de sa mort plusieurs témoins sont auditionnés :
Le 5 janvier 1946, Robert Boulanger, 27 ans, préparateur en pharmacie qui habite Montigny-les-Metz déclare au sujet de la mort d’Ernest G’STYR :
« J’ai été incorporé en son temps dans la marine de guerre allemande et affecté à la 66ème Flottille à Bodo en Norvège. Dans cette flottille j’avais comme camarade le marin G’Styr Ernet de Rombas (Moselle). Il était embarqué sur le bateau K.F.K. 6613. Lorsque je pouvais, j’allais rendre visite à mon camarade, lequel comme de nombreux « Malgré-nous » était anti-nazi. Un jour, G’Styr m’a laissé entendre que de part ses sentiments anti-allemands, il était mal vu de son commandant de bateau et de la plupart de l’équipage. G’Styr m’a ensuite ajouté, qu’un jour, UNGERER lui avait dit que si l’Allemagne capitulait, il lui, tirerait une balle dans la tête. Le 8 mai, j’ai appris incidemment qu’un meurtre avait été commis à bord du bateau K.F.K.221 (Kriegsfischkutter 221 – navire de pêche transformé en navire de combat) et que la victime en avait été mon pauvre camarade G’Styr. Avec un autre camarade du nom de Schambert, domicilié à Amnéville (Moselle) nous nous sommes livrés à une petite enquête et nous avons appris que le matin G’Styr, avait été tué en mer par l’Obersteueurmann Ungerer, lequel lui avait tiré une balle dans la nuque et que le corps avait été balancé par-dessus bord. Schambert et moi, avons fait un rapport de ces faits aux autorités alliées de Trondheim (Norvège), le 13 juillet 1945, ainsi qu’au vice-consul français de cette ville, Monsieur Klingenberger. Enfin le 1er août 1945, alors que j’étais prisonnier au camp français de Malvik (Norvège), j’ai été cité devant le capitaine américain Mooris au sujet des faits relatés plus hauts. Avec les renseignements fournis par Schambert, par moi-même et par deux autres marins de la Flottille 66 ; le capitaine Mooris procéda à l’arrestation meurtrier Ungerer. Cette arrestation a été opérée le 5 août 1945, dans le port de Trondheim. Ungerer, je ne sais comment réussit à sortir un révolver de sa poche et s’est tiré une balle dans la tête. Il devait succomber une heure plus tard à sa blessure. Je certifie que Ungerer est bien mort. Un rapport a d’ailleurs été établi e son temps à ce sujet.
Nul doute n’est possible que G’Styr a été assassiné par son commandant de bateau parce que bon français. La menace qu’il prenait à la légère d’être tué en cas de capitulation allemande s’est réalisée. Je ne puis vous dire si Ungerer a agi de sa propre initiative ou s’il en avait sollicité au préalable, l’autorisation du chef hiérarchique, le capitaine-Lieutenant-ingénieur Busch ».
Dans une lettre du 2 novembre 1945, Robert Boulanger précise :
«Voilà exactement les faits concernant la mort de Ernest G’Styr, assassiné pour avoir été trop fidèle à sa patrie la France, malgré l’uniforme allemand qu’il portait (Malgré-lui)
Le 28 décembre 1945 la gendarmerie de Rombas(57) prend la déposition de Gustave Schamber, 25 ans, accrocheur habitant Amnéville (Moselle) :
« En décembre 1943 je me trouvais à Waren-Muritz en Allemagne où je faisais un cours de signalement. Dans ce pays j’ai fait la connaissance du marin G’Styr Ernest de Rombas. Attendus que nous étions tous deux de la même région nous sommes devenus de bons amis. Par la suite mon camarade a été affecté au garde côte 6613 de la 66ème Flottille stationnée à Bodo en Norvège. Moi-même j’ai été affecté sur le garde côte 6606, ayant le même port d’attache. Pendant nos heures de loisirs nous nous rendions visite le plus souvent possible. G’Styr qui était resté un fervent serviteur de la cause française avait très souvent des discussions avec le Obersteuermann Ungerer, lequel faisait fonction de commandant du bâtiment 6613 s’appelant aussi K.F.K.13. G’Styr faisait comprendre à ce nazi que l’Allemagne ne gagnerait pas la guerre. A noël 1944, à la suite d’une discussion Ungerer à dit à G ‘Styr : « si jamais nous perdons la guerre, je vous envoie une balle dans la tête le jour de la capitulation ». C’st G’Styr qui a répété ces propos et il n’a pas pris cette menace au sérieux. Le 7 mai 1945 à 18 heures j’ai vu mon camarade pour la dernière fois. Durant notre conversation qui a été très courte, il a dit : « il est temps que je puisse quitter le bâtiment pour retourner chez moi car je ne peux plus supporter mon entourage ».
Le 8 mai 1945 de très bonne heure, le 6613 est sorti en mer pour soi-disant faire un réglage des machines. A 10 heures j’ai vu ce bâtiment rentrer au port. Je suis allé à bord pour rendre visite à mon camarade. Ne le trouvant pas j’ai demandé après lui auprès de plusieurs hommes de l’équipage. Ils ont répondu, il doit être quelque part dans le bateau. Mes nouvelles recherches sont restées vaines. Je m’apprêtais à quitter le bâtiment lorsque j’ai été interpellé par le cuisinier, un allemand du nom de Presinski Gustave qui m’a invité à le suivre à la cuisine. Il a dit : « je dois t’apprendre une chose malheureuse, G’Styr a été tué par Ungerer ». Le cuisinier me recommanda de ne rien dire à personne, vu qu’à bord tout l’équipage avait reçu l’ordre de se taire. En conséquence je n’ai pu apprendre les motifs de l’assassinat. Le même jour vers 15 heures, j’ai appris que Ungerer était allé trouver le 7 mai à 24 heures, le commandant de la flottille 66, un nommé Bursch, afin d’avoir la permission de tuer G’Styr. Je n’ai pu savoir si cette permission lui a été accordée.
Deux semaines plus tard Prezinski a dit que mon camarade avait été jeté à la mer (à six milles environ du port de Bodo) après avoir été tué. Par la suite, fait prisonnier et interné au camp français de Malvik(Norvège) au début du mois d’août j’ai, avec deux camarades lorrains également témoins, les nommés Boulanger Robert et Lustemberger Aloïs porté plainte auprès d’un capitaine de l’armée américaine du tribunal militaire de Trondheim(Norvège). Huit jours plus tard, j’ai appris que Ungerer s’était fait justice lui-même en se tirant une balle dans la tête au moment de son arrestation. J’ai vu des photographies du cadavre de Ungerer. Je l’ai formellement reconnu et il ne fait aucun doute que cet assassin est aujourd’hui mort.
Un capitaine français nous a donné connaissance du résultat de l’enquête effectuée auprès de l’équipage du V6613. Il résulte que le jour de l’exécution G’Styr a eu une violente discussion avec son commandant. Au cours de cette discussion, le commandant a tiré une balle de révolver qui ne fit que percer les vêtements de G’Styr. Celui-ci se retira à l’arrière du vaisseau et là ; il fut abattu d’une balle dans la tête. Dans la vie civile Ungerer a été un agent de la gestapo, fait connu de G’Styr attendu qu’il était son ordonnance. A mon avis Ungerer a fait disparaître mon camarade parce qu’il avait peur que ce dernier le dénonce aux autorités compétentes à la première occasion ».
KFK = Kriegsfischkutter
VP = Vorpostenflottille
En complément d’informations :
https://archeosousmarine.net/chalutiers.php
https://www.wlb-stuttgart.de/seekrieg/km/vboote/vfl63-68.htm
Lettre complète du 2 novembre 1945 de Robert Boulanger :



Source : dossier AC21P219504/301796 du Service Historique de la Défense de Caen.