Le 1er Régiment de Chasseurs Parachutistes (1er RCP).

« LA VICTOIRE OU LA MORT »
En janvier 1943 la Compagnie de l’Air n°1 créée en juillet 1941 par le Capitaine Sauvagnac avec les anciens des 601ème et 602ème Groupes de l’Infanterie de l’Air (601 & 602ème GIA) quitte Alger pour s’installer à Fez au Maroc.
Le 1er février 1943 la Compagnie de l’Air n°1 devient le 1er bataillon de Chasseurs Parachutistes (1er BCP). Les jeunes volontaires rejoignent en nombre l’unité après pour beaucoup, avoir traversé la France occupée, être passés par les geôles espagnoles pour rejoindre l’Afrique du nord.
Fort de 700 brevetés parachutistes au 1 mai 1943, les effectifs permettent à présent de créer un 2ème bataillon qui va donner naissance au 1er Régiment de Chasseurs Parachutistes (1 RCP) après la dissolution du 1er BCP le 3 mai 1943.
Le 1er Régiment de Chasseurs Parachutistes est officiellement créé le 1er juin 1943.
Le colonel Geille « créateur » des parachutistes français prend le commandement du régiment avec comme second le commandant Faure.

Régiment d’élite, les nouveaux arrivés doivent suivre une formation parachutiste et un entraînement militaire très exigeants.
En octobre 1943 le 1er RCP quitte Fez pour s’installer à Oudja et suivre le stage de formation aux techniques aéroportées américaines à l’Airborne Training Center (ATC) de la célèbre 82nd US Airborne Division.

Pour être breveté parachutiste il faut effectuer 6 sauts.

En décembre 1943 le 1er RCP rejoint Alger après un entrainement intensif suivi pas ses hommes (équipés par les américains avec du matériel moderne) et qui en fait l’un des meilleurs régiments français de cette époque…si ce n’est le meilleur.
Du 31 mars au 7 avril 1944 le régiment arrive près de Trapani en Sicile. Pour la prise de l’île d’Elbe en juin 1944, il est prévu de parachuter le 1er RCP afin de préparer le débarquement des 12 000 soldats français mais suite aux réticences des aviateurs américains en raison de la forte défense anti-aérienne allemande, cette mission de parachutage est annulée.

Début juillet 1944 le régiment rejoint Rome où il est reçu (dans sa totalité) par le pape Pie XII au Vatican lors d’une audience privée.

Le 15 août 1944 avant le levé du jour, environ 7000 parachutistes américains, anglais avec quelques français (dont des hommes du 1er RCP) décollent d’Italie et participent au largage de la Force Rugby sur la Provence lors de l’opération Dragoon (débarquement de Provence).
Le 4 septembre 1944 le 1er RCP quitte Rome par voie aérienne pour atterrir à Valence dans la Drôme…les parachustistes français mettent à nouveau le pied sur le territoire métropolitain après plusieurs années d’absence pour nombreux d’entre eux.
Le 15 septembre 1944 il est regroupé face à la trouée de Belfort afin d’être largué sur le secteur de Thann – Cernay (68) pour favoriser une percée du 2ème Corps d’Armée (2ème CA) de la 1ère Armée Française pour libérer l’Alsace. La progression étant plus lente que prévue face à la résistance allemande cette mission de parachutage est également annulée. Impatient de participer à la libération du territoire national le Colonel Geille demande aux autorités militaires à combattre au plus vite… le 1er RCP est alors mis à la disposition du 2ème CA de la 1ère Division Blindée…c’est la campagne des Vosges qui commence.

La percée des hommes du 1er RCP à travers le dispositif allemand dans le massif des Vosges résonne des noms des lieux ( Ferdrupt – col du Morbieu – forêt du Gehan, tête du Midi – le ménil – côte 1008 – col du Ménil – côte 1111 ) où ils vont se battre héroïquement dans des conditions matériel, climatique très difficiles et face à un adversaire en surnombre du 2 au 22 octobre 1944 au prix de lourdes pertes : 129 tués et 339 blessés.
Devant les pertes subies par l’ensemble de la 1ère Armée dans les Vosges le général de Lattre décide d’abandonner l’offensive dans ce secteur pour accentuer ses efforts dans la trouée de Belfort qui permettra de libérer Mulhouse le 21 novembre 1944.
Dans ses mémoires le général de Lattre écrit en conclusion de la bataille des Vosges : « …si le 2ème CA ne trouva pas dans les Vosges la récompense de son acharnement, et s’il n’eut pas la joie méritée d’entrer le premier en Alsace, c’est à lui pourtant que l’Alsace doit en partie sa délivrance. En anéantissant une division ennemie, en attirant dans la montagne 6 bataillons venus de la trouée de Belfort, 4 prélevés sur le front du 6ème corps US, 7 amenés d’Allemagne et 1 rapatriée de Norvège en concentrant sur lui toute l’attention et la majeure partie des moyens de l’allemand il a durablement pris à son compte la préparation de la Victoire ».
Le 28 novembre 1944 le colonel Geille quitte le 1er RCP pour rejoindre l’Etat-Major de l’Air et c’est son adjoint le commandant FAURE qui prend le commandement du Régiment.

Après un repos bien mérité dans la région de Lons-le-Saunier et avoir été recomplété en partie par le Bataillon Hémon constitué de jeunes engagés de la région parisienne (après la libération de Paris) le régiment est dirigé sur l’Alsace le 7 décembre 1944.
Le 1er RCP commence la campagne d’Alsace en étant rattaché à la 2ème Division Blindée (2ème DB) du général Leclerc qui doit fixer les troupes allemandes le long du Rhin en lançant des attaques en partant de Gerstheim (25 kms au sud de Strasbourg) vers Colmar pour permettre à la 36ème Division d’Infanterie US (36th IDUS) de déborder Colmar par le nord-est.
Du 13 au 22 décembre 1944 le 1er RCP combat à Witternheim(67), Neunkirch(67), Bindernheim(67), les bois de Mayhols, Friesenheim(67)…sous un déluge de feu et d’acier.

Pour donner une idée de l’intensité des combats le 1er bataillon du 1er RCP perd plus de 200 hommes (tués ou blessés) en seulement 3 jours dont 10 officiers et 43 sous-officiers.
Le 23 décembre au soir le 1er RCP est mis au repos à Plombières pour une courte durée car dès le 28 le régiment est à nouveau mis en alerte et acheminé dès le 30 à Hachimette (au nord-ouest de Colmar) en franchissant le col du Bonhomme alors qu’il y a 50 cm de neige au sol. Le nouvel an est célébré à coups de canons et de mitrailleuses. Du 1er au 8 janvier 1945 le régiment est dans le secteur d’Orbey(68) puis durant 2 semaines il occupe les cols du Bonhomme et de la Schlucht où embuscades et patrouilles sont le quotidien des parachutistes.

A noter que Certains paras portent la tenue de saut US M42 … alors que d’autres portent la tenue de montagne avec parka col en fourrure et pantalon de ski, chaussures et guêtres de montagne. C’est la seule unité à avoir touché cette tenue de montagne très appréciée en cette période de grand froid dans la Poche de Colmar -.photo 1 RCP.
Suite à la contre-offensive allemande sur Strasbourg le 2ème Bataillon du 1er RCP est dépêché en urgence à Benfeld le 9 janvier 1945 où il combat à Herbsheim(67) et Rossfeld(67).

Le 15 janvier 1945 le 1er RCP est mis à la disposition du Combat Command 6 de la 5ème Division Blindée du général de Vernejoul et va participer aux terribles combats de Jebsheim du 25 au 30 janvier(76 tués et 167 blessés), de Widensolen du 31 janvier au 1 février 1945(15 tués et 45 blessés) par des températures polaires de moins 20 degrés faisant face aux redoutables chasseurs alpins du Gebirgs-Jäger-Regiment 136 de la 2.Gebirgs-Division, unité d’élite de l’armée allemande.

Le général de Lattre écrira au sujet des combats de Jebsheim : « ..rien ne donne une idée de ce qu’est alors ce malheureux village. 500 cadavres allemands en transforment les rues en un véritable charnier. Nous mêmes y avons eu 300 hommes hors de combat et les américains au moins autant. Mais nous y avons fait 750 prisonniers et le 254ème RIUS plus de 300. JEBSHEIM est bien le symbole de la fraternité Franco-Américaine…il est aussi le symbole de l’héroïsme dépensé pour enfoncer le front allemand.. ».

Colmar sera libérée le 2 février 1945 suite à ces combats victorieux dont le 1er RCP aura pris une glorieuse part.

Le 11 février 1945 au soir alors que la majorité des parachutistes du 1er RCP fête la Libération de la poche de Colmar en ville, une bombe à retardement allemande cachée dans la caserne Lacarre explose vers 23h tuant 5 hommes supplémentaires, en blesse 15 autres et détruit la quasi totalité des archives du régiment.
La campagne d’Alsace se solde par 176 tués et 512 blessés soit 60% de ses effectifs.
Durant les campagnes des Vosges et d’Alsace le 1er Régiment de Chasseurs Parachutistes paye un lourd tribut mais qui n’a d’égal que l’importance des actions qui lui furent confiées. Le haut commandement ne lui confiait que des missions difficiles dont la réussite ne pouvait être que l’expression de sa valeur.
1156 hommes tués ou blessés à qui nous seront toujours reconnaissants pour leur engagement et leur sacrifice au service de la France.

Le drapeau du 1er RCP porte dans ses plis les inscriptions des noms de VOSGES 1944 et COLMAR 1945.
Ses 2 citations :
Pour ses faits d’armes lors de la campagne des Vosges le régiment est cité :
Sur la proposition du ministre de l’Air,
Le général de Gaulle, président du gouvernement provisoire de la République Française, chef des armées, cite à l’ordre de l’armée aérienne
Le 1er Régiment de Chasseurs Parachutistes
« Magnifique régiment l’âme jeune et ardente, capable de toutes les audaces et de tous les efforts.
Sous le commandement du Colonel Geille, remarquablement secondé par le commandant Faure, vient de prouver, pendant quinze jours ininterrompus de combats pour la conquête des cols des Vosges, à la fois son habileté manœuvrière et sa volonté de vaincre.
Le 4 octobre 1944, s’infiltrant en pleine forêt à travers le dispositif de l’ennemi, il s’empare du col du Morbieu, capturant une batterie d’artillerie de 150, et de nombreux prisonniers.
Le 5, par une manœuvre osée, il enlève la crête de la forêt de Géhant, l’occupant à lui seul pendant douze jours, harcelant l’ennemi et le tenant en respect par des raids et des coups de main, au cours desquels il détruit deux chars allemands.
Du 16 au 18, franchissant de vive force le col du Ménil, il s’empare du mont de Rouge Gazon mettant l’ennemi en déroute, capturant des PC et un important butin. Unité forçant l’admiration. »
Cette citation comporte l’attribution de la Croix de Guerre 1939-1945 avec Palme.
Pour ses faits d’armes lors de la campagne d’Alsace le régiment est cité :
Sur la proposition du ministre de l’Air,
Le général de Gaulle, président du gouvernement provisoire de la République Française, chef des armées, cite à l’ordre de l’armée aérienne
Le 1er Régiment de Chasseurs Parachutistes
« Magnifique régiment qui sous les ordres du Lieutenant-Colonel Faure n’a cessé de faire preuve, au cours des durs combats auxquels il a pris part, des plus brillantes qualités de courage, d’allant et de ténacité.
Le 15 décembre 1944 a pris Witternheim et Neunkirch, repoussant le 15 une dure contre-attaque.
Le 10 janvier 1945, par une action sur Herbsheim et Rossfeld a permis la relève des unités encerclées, faisant de nombreux prisonniers dont plusieurs officiers.
Puis en liaison intime avec les blindés de la 5ème DB a participé les 28 et 29 janvier 1945 à la prise de Jebsheim où, après deux jours de combats incessants allant jusqu’au corps à corps, il réussit à s’emparer du village dont la possession était capitale pour la suite des opérations, et le 1er février 1945 a enlevé d’un seul bond Widensolen, élargissant ensuite la zone conquise par une succession d’opérations heureuses.
Unité d’élite au moral élevé, qui sait toujours imposer sa volonté à l’ennemi en toutes circonstances. »
Cette citation comporte l’attribution de la Croix de Guerre 1939-1945 avec Palme