Jean GUICHARD 1919 – 2017

Jean est né le 22 octobre 1919 à Rochecorbon en Indre et Loire.
Etant de la classe 39/3 il doit normalement faire son service militaire en septembre 1939 mais il n’est mobilisé (à Paris) que le 8 juin 1940 et il est affecté au Bataillon de l’Air n°109 de Tours.

Le 12 juin il doit rejoindre son unité à pied, en car, en train et pour finir dans des camions Allemands car ils doivent franchir la ligne de démarcation avant une certaine date suite à la défaite française et l’armistice du 22 juin 1940.
Jean est démobilisé à Issoudun (Cher) le 24 août 1940 et le 4 octobre 1940 il est versé au Chantier de Jeunesse N° 32 « Jacques Coeur » (la devise est : « Devise : « A vaillant cœur, rien d’impossible ». ») à Lavelade-d’Ardèche jusqu’au 31 janvier 1941.

Une fois rentré à Paris il travaille à l’Arsenal de Puteaux du 21 avril au 15 Novembre 1941 puis à la société Burroughs du 18 novembre jusqu’en avril 1942. Il repasse en zone libre pour travailler dans la société Turbomeca à Saint-Pé-de-Bigorre (65) du 21 avril au 4 septembre 1942.

De retour à Paris il travaille aux établissements Leclerc dans le 11ème arrondissement du 8 septembre au 21 novembre 1942. Appelé au Service du Travail Obligatoire (STO) en Allemagne (à Hambourg), Jean repart en zone libre et travaille à nouveau chez Turbomeca à Bordes (64) du 1 décembre 1942 au 20 mars 1943.
Appelé à nouveau au STO (à Vienne en Autriche), il décide de s’échapper via la frontière espagnole. Le 24 mars 1943 à 17h il franchit la frontière au Col de la Peyre Saint Martin (il est passé par Nay-Ferrieres-Arrens-Cabane Domblos) en compagnie d’André Plion et de Claude Norguet qu’il à rencontré à Nay.

Ils couchent au refuge de Piedrafita sans couverture ni chauffage. Le 27 mars ils arrivent à Sallent et sont arrêtés par la Guardia Civile. Le 29 mars 1943, ils sont transférés vers la prison de Jaca (Hesca) et libérés le 9 avril 1943 (en même temps que ceux incarcérés depuis novembre 1942). Ils sont en liberté surveillée et logent à « l’hôtel Mur » jusqu’au 20 mai, date à laquelle ils sont transportés jusqu’à Madrid.

Le 24 mai 1943 ils rejoignent par voie ferrée, Setubal au Portugal.

Le 25 mai 1943, ils embarquent sur le paquebot « Gouverneur Général LEPINE » et arrivent le 27 mai dans le port de Casablanca où on les dirige vers le Camp de la Médiouna .

Après interrogatoires, ils doivent choisir l’unité où ils souhaitent être affectés. Avec André Plion, Jean opte pour le Bataillon de Choc (Claude Norguet choisit les Spahis). Ils partent en train de Casablanca vers Alger le 3 juin et y arrivent le 5.

Ils rencontrent des Forces Françaises Libres (FFL) qui « recrutent » en débauchant des soldats dans les unités du général Giraud, pour les troupes du Général de Gaulle en Tunisie. Le 7 juin Jean et André s’en vont avec eux par camions sous de fausses identités (faux papiers) : Jean s’appelle PARIS Robert du 5ème Bataillon de la Légion Etrangère.

Considérés comme déserteurs, ils sont arrêtés le 9 juin à Tebessa et sont internés à la prison militaire de Constantine jusqu’au 2 juillet puis dirigés sous escorte armée vers Alger, à la Caserne d’Orléans où ils restent du 4 au 12 juillet 1943 (le 12 juillet le Commandant Clippet les retrouve et les récupère pour le Bataillon de Choc qu’ils rejoignent à Staouéli le 19).

Malgré ce « faux départ » l’engagement de Jean GUICHARD au Bataillon de Choc prend effet au 3 juin 1943.

Il est affecté à la 4ème section de la 2ème Compagnie du Bataillon de Choc à Staouéli. L’entraînement est intense et mené par des instructeurs Anglais de juillet à septembre 1943.

Le 13 septembre 1943 ils embarquent sur le contre-torpilleur « Fantasque » à Alger pour débarquer en Corse, à Ajaccio le lendemain.
Le 27 septembre 1943 il écrit à ses parents via la Croix Rouge et reçoit une réponse le 18 octobre de la même année.


De fin septembre 1943 à octobre 1944, Jean GUICHARD participe à tous les combats du Bataillon de Choc en Corse (du 14 septembre au 4 octobre 1943), en Italie (opérations commandos), sur l’île d’Elbe (débarquement le 17 juin 1944 à Marina di Campo), débarquement à la Nartelle le 20 août 1944(plage de Saint Maxime), combat de Toulon du 21 au 25 août 1944, libération de Dijon le 11 septembre 1944 et campagne des Vosges du 2 octobre au 4 novembre 1944 (Servance – le Haut du Tôt).

Le 1er novembre 1944 il est nommé Caporal.

En novembre 1944 il ne participe pas aux combats de Belfort car il est désigné pour garder à Avenney la base arrière du Bataillon de Choc.
Il reprend les combats lors de la campagne d’Alsace à partir du 23 nombre 1944 : Etueffont(90), Masevaux(68), Bourbach-le-Haut, le col du Hundsruck…En Janvier 45 il est dans le secteur de Molsheim, Strasbourg et Sélestat.

Le 30 janvier 1945 à Jebsheim, par moins 20 degrés, avec 40 cm de neige, c’est l’hécatombe dans les rangs du Bataillon de Choc, qui en 2-3heures comptabilise 32 tués (dont 6 Officiers), 100 blessés (dont 10 Officiers) et 40 hommes qui souffrent de gelures, dont Jean Guichard (pneumonie).
Jean est évacué vers l’hôpital de campagne de Remiremont puis le 3 février 1945 vers DIJON et le 7 vers Auxerre. Il est en convalescence du 24 février au 22 avril 1945 à Paris à l’hôpital Béguin.
Remis sur pied il rejoint le 24 avril 1945, le Bataillon de Choc en Allemagne, à Reutlingen. Lors de la campagne d’Allemagne il passe par Sigmaringen et Ravensburg. Le 4 mai il est en Autriche à Bregenz où il termine la guerre. A partir du 8 mai 1945 commence l’occupation de l’Allemagne et l’Autriche.

Le 11 juin il est de retour à Paris, le 16 juin il défile sous l’Arc de Triomphe, le 24 juin il défile à Colmar, le 30 juin il défile à Thann, le 14 juillet il défile à Paris, le 18 juillet il défile à Reims avant de retourner en Allemagne (Karlsruhe, Stuttgart, Ravensburg).
Le 5 août 1945 il défile à Masevaux, le 22 août à Toulon et le 17 septembre à Weingarten (ce sera le dernier pour Jean).

Jean GUICHARD est démobilisé le 1 décembre 1945 à Rueil Malmaison.
Il est titulaire de la Croix de guerre 1939 – 1945 avec 2 citations.
Après-guerre Jean Guichard travaille dans l’industrie.
Le 20 juillet 1958 il est rappelé dans la 1ère Brigade de Gendarmerie de Versailles puis renvoyé dans ses foyers le 10 octobre 1958.
Il est pendant de nombreuses années le trésorier et le secrétaire de l’ Amicale des Anciens du Bataillon de Choc à Paris, où il organise tous les premiers samedis du mois un repas avec les Anciens de la Région Parisienne(jusqu’à une quarantaine de participants).

Le dernier repas avec lui a eu lieu le samedi 3 juin 2017, il y avait 6 personnes : Mr et Mme Guichard, Mme de MAISON, Mme MUELLE, André CORTES et Henri Simorre. A ce dernier Jean lui dit : « tu sais c’est la dernière fois que nous mangeons ensemble » …dimanche 4 juin vers midi, le téléphone sonne, c’est Mme Guichard, en pleurs qui annonce le décès de son mari !

A plus de 97 ans, Jean a certainement considéré qu’il avait bien vécu et a mis fin à ses jours avec le P.38 de prise qu’il gardait précieusement depuis la fin de la guerre.
Tous nos remerciements pour ce portrait, à Henri Simorre, ami de Jean Guichard, qui a bien connu les Anciens du Bataillon de Choc et qui est un fin connaisseur de leur Histoire.
