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Joseph Louis BALE III 1924 – 1945

Portrait du Pfc Joseph Louis BALE III – source internet, colorisation klm127.

Originaire du comté de Wayne, dans le Michigan, il est né à Detroit le14 janvier 1924.

Il est le fils de Maurice Isaac Bale (1900-1965) et Edith Mary Pearlman (1901-1989). Il est surnommé « Little Jœ », contrairement à un autre membre de sa famille qui porte le même prénom et qui est lui surnommé « Big Jœ ». Joseph L. Bale (célèbre dans le comté pour ses aptitudes sportives, et apparaissant régulièrement en tête d’équipe lors des championnats de baseball, de cross-country et de basketball).

Joseph L. Bale prépare son entrée au Michigan State College, lorsqu’éclate la deuxième guerre mondiale. Il est alors enrôlé dans l’armée américaine et rejoint les effectifs de la 3rd Infrantry Division, où il effectue sa formation initiale.

 Après ses classes, Le Private First Class (Pfc.) Joseph Louis Bale III, numéro de matricule 16105122, est affecté à l’Etat-major du second bataillon (Headquarters Company, 2nd Battalion) du 7th Infantry Regiment de la 3rd Infantry Division, de la Seventh U.S. Army. Le surnom donné aux soldats du 7th Infantry est “Cottonbalers” et leur devise « Volens et Potens » qui veut dire « Volonté et capacité » (Willing and Able).

Joseph participe aux débarquements d’Anzio en Italie et celui de Provence en France. Il effectue la longue remontée, des troupes alliées du sud de la France vers l’Alsace. Il est blessé à trois reprises au cours de son service actif et réintègre à chaque fois son unité à l’issue de ses convalescences successives.

Au moment du déclenchement de l’opération « Krautbuster » c’est à dire le franchissement du canal de Colmar, puis la prise des localités de Wihr-en-Plaine et de Horbourg ; Le Pfc. Joseph L. Bale qui appartient à la compagnie d’état-major du 2nd Battalion du 7th Infantry Regiment est sous les ordres du Major Duncan.

Dans la nuit du 29 au 30 janvier 1945, alors que le 2nd Battalion vient de franchir le canal  de Colmar et approche de Wihr-en-Plaine, les soldats américains se heurtent à deux chasseurs de chars « Jagdpanther » allemands. Ces derniers dispersent les fantassins américains par des tirs d’obus explosifs et de mitrailleuses, qui occasionnent des pertes notables, bousculent les Companies F et G et frappent de plein fouet la Company E qui se trouve en réserve, ainsi que le groupe d’état-major du bataillon.

Le Major Duncan appelle alors en renfort les équipes anti-char armés de bazookas, afin d’engager les blindés lourds allemands. Le Pfc. Joseph L. Bale, qui fait parti de l’une de ses équipes anti-char, se tourne alors vers le Major Duncan et lui dit : « Eh bien, Monsieur, nous voici au dernier round ! »  Le jeu de mots en anglo-saxon (round = roquette/munition) est bien choisi car il n’a en effet plus qu’une roquette.

 Le tir n’est pas aisé vu la distance à laquelle il se trouve par rapport au Jagdpanther (estimation à plus de 500 yards, soit 457 mètres) qui est très au-delà de la portée utile du bazooka (maximum 300 yards/270 mètres). Les soldats présents autour de Bale retiennent leur souffle… « J’avais l’impression que des années passèrent » se remémore plus tard le Major Duncan.

Le soldat Earl A. Reitan indique dans son livre autobiographique : « La roquette décrivit un arc et frappa le char, qui explosa et prit feu. L’équipage allemand sauta du blindé en flammes. Les hommes se roulèrent dans Ia neige pour éteindre le feu qui brulait leurs uniformes. Un second char leur vint en aide, récupéra les survivants et se replia. Une grande clameur vint de la compagnie E. J’entendis cette clameur et escaladais le mur, mais ne vis pas le tir miraculeux […]. »

Le Major Duncan notait les mêmes scènes de liesse parmi ses hommes : « Les soldats ne purent se réfréner. Ils hurlaient à pleins poumons. Certains pleuraient de joie sans retenue. »

Certains soldats américains voulurent ouvrir le feu sur l’équipage du Jagdpanther, mais ne disposant plus de roquettes de bazooka, ils jugèrent préférable de ne pas attirer l’attention sur eux.

Le blindé allemand détruit est à priori le Jagdpanther numéro 311 commandé par l’Unteroffizier Hüsing. Deux membres d’équipage sont tués dont Hüsing lui-même, probablement morts brûlés vifs dans le blindé. Les trois autres membres d’équipage du char sont blessés (dont le tireur Roth). Le second Jagdpanther, après avoir récupéré les survivants de l’équipage, se replie dans le village.

Plus tard, dans la matinée du 30 janvier 1945, les forces allemandes déclenchent une violente contre-attaque qui vise à reprendre Wihr-en-Plaine. Celle-ci est appuyée par le Jagdpanther rescapé de l’accrochage précédent, aux abords du village. Le Major Duncan ordonne alors à ses hommes de se mettre à couvert dans les bâtiments, puis demande un tir de soutien d’artillerie sur la localité pour stopper l’offensive allemande.

C’est à ce moment-là que le Pfc. Joseph L. Bale, auteur du tir « miraculeux » au bazooka, tente de détruire le second blindé allemand. Réapprovisionné en roquettes, il tir depuis l’intérieur du bâtiment où il se trouve. Afin d’accélérer sa cadence de tir, Bale veut charger lui-même son bazooka, ce qui est normalement la tâche du pourvoyeur. Alors qu’il veut insérer la roquette dans le tube de son bazooka, cette dernière lui glisse des mains qui sont engourdies par le froid, et explose au contact du sol : elle lui arrache les deux jambes ! Il meurt peu de temps après des suites de ses blessures. Dix-sept autres de ses camarades qui se trouvent à proximité sont également blessés ou commotionnés par cette explosion.

Pour son action on lui décerne à titre posthume, l’une des décorations les plus prestigieuses de l’armée américaine, à savoir la Distinguished Service Cross, ainsi que la Purple Heart (médaille des blessés) avec trois feuilles de chêne (3 fois blessés).

La citation présidentielle qui accompagne la remise de la Distinguished Service Cross est la suivante :

« Le Président des Etats-Unis d’Amérique, autorisé par Acte du Congrès du 9 juillet 1918, est fier de décerner la Distinguished Service Cross (à titre posthume) au soldat de première classe Joseph L. Bale (matricule : 16105122), de l’Armée des Etats-Unis, pour son extraordinaire héroïsme en lien avec des opérations militaires contre un ennemi armé durant son temps de service au 2e Bataillon du 7e Régiment d’Infanterie de la 3e Division d’Infanterie, au combat contre les troupes ennemies le 30 janvier 1945 à proximité de Wihr-en-Plaine, France.

Ce jour-là, le bataillon du soldat Bale fut attaqué et stoppé par des blindés ennemis qui écrasèrent plusieurs fusiliers, en tuant un grand nombre.

Sous les tirs de 88 mm, d’armes automatiques et de grenades à fusil, le soldat de première classe Joseph L. Bale attaque sans crainte avec son lance-roquettes, ignorant les obus qui explosaient à cinq yards alentours et les balles d’armes automatiques qui martelaient la position. Il mit hors de combat un blindé ennemi, obligeant les Allemands à battre en retraite. Plus tard dans la même matinée, alors que son bataillon était attaqué par un autre blindé à une centaine de yards de distance, il brava un tir d’artillerie en tentant à lui seul de détruire ce dernier, mais fut mortellement blessé.

Les actions intrépides du soldat de première classe Bale, sa bravoure et le zèle dont il fit preuve dans son dévouement au prix de sa vie, illustrent les plus hautes traditions des forces armées des Etats-Unis et rayonnent à grand crédit sur lui-même, la 3e Division d’Infanterie et l’Armée des Etats-Unis. »

Le Pfc. Joseph L. Bale III repose en paix pour l’éternité au milieu de ses frères d’armes au cimetière militaire américain d’Epinal.

Sa tombe (n°56) se trouve dans le Carré B, dans la Rangée 34.

En Mémoire de son sacrifice ultime pour la libération de Wihr-en-plaine, nous lui rendons l’hommage qu’il mérite et ne l’oublierons jamais !